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Equipe Publication

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The Democratic Republic of Congo (DRC) has exported 145,452 tonnes of cobalt in the first nine months of 2024, averaging 48,484 tonnes per quarter. The figures were disclosed by the Congolese Ministry of Mines. Annual exports could reach 193,936 tonnes, surpassing last 2023's record of 152,798 tonnes.

According to the data, CMOC, a Chinese firm, has dominated cobalt exports from the DRC over the period reviewed, thanks to its operations at the Kisanfu and Tenke Fungurume (TFM) mines. CMOC exported 50,021 tonnes from the two mines over the period. Glencore followed with around 32,000 tonnes exported from the MUMI and KCC mines. The Swiss firm became the world’s second-largest cobalt exporter in 2023; it was the first before that year.

The Ministry of Mines has not disclosed the revenues generated from these record sales, making it difficult to determine whether the increase in export volumes has compensated for declining cobalt prices. The cobalt market has been in surplus for the past three years, leading to a significant price drop. On the London Metal Exchange, cobalt prices fell from around $50,000 per tonne in January 2023 to approximately $24,000 per tonne in January 2025.

Cobalt: Price evolution since 2023

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This surplus can be partly attributed to increased Congolese cobalt exports linked to CMOC's expanded production capacity over the past two years. CMOC's cobalt production surged more than fivefold since 2022, reaching 114,165 tonnes in 2024. According to the Cobalt Institute, the DRC is expected to account for 48% of global cobalt supply growth by 2030, compared to 37% for Indonesia.

This article was initially published in French by Emiliano Tossou (Ecofin Agency)

Edited in English by Ola Schad Akinocho

 

The issue of security has gotten worse in the eastern Democratic Republic of Congo (DRC). As a result, the Congolese government requested an emergency public session of the UN Security Council on January 24, according to a press release from the Foreign Ministry.

Due to the escalating crisis, President Félix-Antoine Tshisekedi cut short his participation at the World Economic Forum in Davos, Switzerland, returning to Kinshasa on January 23. After returning, he convened crisis meetings at the Cité de l'Union Africaine. The first meeting last Friday lasted three hours and included Prime Minister Judith Suminwa Tuluka and Deputy Prime Ministers Jacquemain Shabani Lukoo and Guy Kabombo Muadiamvita. The agenda focused on assessing the security and humanitarian situation in North Kivu, particularly around Goma.

After a recent Security Council meeting, Congolese army spokesman Major General Sylvain Ekenge announced the death of Major General Peter Cirimwami, the military governor of North Kivu province. Cirimwami "fell on the field of honor with his weapon in his hand," Ekenge stated. He had been at the front lines during an M23 offensive near Saké, just 20 kilometers west of Goma.

"The supreme commander has given firm instructions for the attackers to be hunted down to their last entrenchment, pushed away from Goma, and pursued until the full recovery of the occupied territory," Ekenge added. Implementing these directives will require exceptional security expenditures, highlighting the conflict's significant impact on budget execution.

The conflict in eastern DRC has been going on for over two decades. Under the 2025 budget law, it is identified as "one of the major risks weighing on public finances." Authorities warn that this conflict could jeopardize budget balance, limit public policy financing capabilities, and threaten economic stability.

Exceptional Security Spending 

In 2023, exceptional security spending reached $1.4 billion—approximately 2.2% of GDP and 11.5% of the overall state budget, according to an International Monetary Fund (IMF) report. Since declaring a state of siege in May 2021 in Ituri and North Kivu provinces, execution rates for security-related expenditures have exceeded 100%. The rates surged from 50% and 254.7% in 2020 to 336% and 411.2% in 2021, reaching 508% and an astonishing 2001.9% in 2022. This situation has constrained other expenditures, particularly capital investments.

Furthermore, the conflict disrupts economic activity and hampers tax revenue mobilization. For instance, revenues collected from Rutshuru territory—a region frequently occupied by M23 rebels—plummeted from 85.8 million Congolese francs (CF) in 2020 to just CF11 million in 2023. The authorities noted that “access to tax branches in Ituri, Djugu, and Mambasa has been severely limited due to ongoing attacks by armed groups and militias, resulting in a shortfall of nearly CF10.3 million in 2023”.

Pierre Mukoko

 

Le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) a annoncé qu’il va étendre l’utilisation du système automatisé de collecte de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) dès février 2025, après une phase pilote lancée en septembre 2024. Cette initiative a été mise en avant lors de la première revue du deuxième programme avec le Fonds monétaire international (FMI). Le déploiement comprendra la certification, la configuration technique et l’homologation des logiciels et équipements, avec une généralisation prévue pour l’ensemble des entreprises assujetties d’ici le premier semestre 2025.

Ce système vise à moderniser le processus de collecte de la TVA en s’appuyant sur des logiciels standardisés et des dispositifs électroniques fiscaux (DEF). Ces outils garantiront la conformité des entreprises en enregistrant et surveillant les factures en temps réel. Grâce à cette réforme, le gouvernement prévoit une augmentation des recettes de 242 milliards de francs congolais (84,7 millions USD) dans le budget 2025, soit environ 0,1 % du PIB.

Cette réforme s’inscrit dans un effort plus large de rationalisation des exonérations de TVA, qui constituent une part significative des dépenses fiscales. En 2023, ces exonérations représentaient 52 % des dépenses fiscales, soit 3,4 % du PIB et près de 30 % des recettes du gouvernement central. Le gouvernement prévoit de réformer les régimes fiscaux préférentiels, de réduire les incitations injustifiées et de publier les dépenses fiscales en annexe à la loi de finances. Un plan stratégique visant à réduire ces exonérations sera élaboré d’ici 2025, avec des mesures concrètes prévues pour 2026.

Pour l’instant, le gouvernement n’a pas encore communiqué sur les enseignements tirés de la phase pilote de mise en œuvre du système automatisé de collecte de la TVA. Il reconnaît toutefois que le projet présente plusieurs défis à relever. Parmi eux, la capacité des entreprises à se conformer aux nouvelles exigences, notamment si cela implique des coûts supplémentaires. Par ailleurs, l’adoption progressive du système pourrait poser des problèmes d’harmonisation des logiciels entre les entreprises et l’administration fiscale, tandis que les aspects techniques liés à l’installation des dispositifs électroniques demeurent des obstacles à surveiller de près.

Les enjeux de cette réforme s’inscrivent pleinement dans les engagements pris par la RDC dans le cadre de son second programme avec le FMI. L’automatisation de la collecte de la TVA vise non seulement à renforcer l’efficacité fiscale, mais également à élargir l’assiette fiscale, afin de réduire la dépendance aux revenus volatils issus des industries extractives. En augmentant les recettes intérieures, le gouvernement ambitionne de stabiliser ses finances publiques tout en finançant des priorités clés telles que la santé, l’éducation et les infrastructures.

Cependant, des défis logistiques et techniques risquent de ralentir sa mise en œuvre. Dans un contexte où les infrastructures technologiques et énergétiques demeurent limitées, le succès de cette réforme dépendra d’une gestion rigoureuse et d’une communication transparente avec l’ensemble des parties prenantes. Si elle aboutit, cette initiative pourrait transformer la gouvernance économique de la RDC en jetant les bases d’une croissance plus inclusive et durable, un objectif partagé par l’État et le FMI.

Georges Auréole Bamba

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Lors du sommet africain de l’énergie « Mission 300 », qui se tient actuellement à Dar es-Salaam, en Tanzanie, le fournisseur de solutions énergétiques décentralisées Husk Power a annoncé avoir reçu une subvention de 500 000 USD de l’ONG américaine Acumen. Ce financement est destiné à soutenir son entrée sur le marché de la République Démocratique du Congo (RDC).

Ce financement s’inscrit dans le cadre de l’initiative Hardest-to-Reach (H2R) d’Acumen, qui ambitionne de fournir de l’électricité à 72 millions de personnes en Afrique subsaharienne d’ici dix ans. Il permettra à Husk d’établir une présence en RDC, d’y construire ses premiers mini-réseau solaire et de développer un portefeuille de projets d’énergie renouvelable décentralisée. 

« Nous sommes ravis de soutenir l’expansion de Husk en RDC à ce moment crucial, car elle a le potentiel de transformer des vies en créant des millions de connexions énergétiques abordables et propres sur un marché très mal desservi où près de 80 millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité », a déclaré Sandra Halilovic, responsable du mécanisme de développement des pays les plus difficiles à atteindre chez Acumen.

La RDC est le deuxième pays au monde avec la plus grande population non électrifiée, soit 78 millions de personnes, selon le Tracking SDG 7 : The Energy Progress Report, publié en 2024 par la Banque mondiale en partenariat avec d’autres institutions. L’électrification progresse lentement dans le pays, avec une hausse annuelle moyenne du taux d’accès de seulement 0,7 % entre 2010 et 2022, indique la Banque mondiale.

Le déficit d’un réseau national interconnecté et le faible taux d’électrification rurale rendent les solutions hors réseau indispensables. L’arrivée de Husk Power pourrait donc faciliter l’accès à l’énergie sur ce marché à fort potentiel. En s’appuyant sur ses solutions solaires et son expérience au Nigeria, un autre géant africain confronté aux mêmes défis d’accès à l’électricité, Husk peut contribuer à renforcer l’offre énergétique, en particulier dans les zones rurales.

Abdoullah Diop, Agence Ecofin

Le Conseil d’administration de la Fédération des Entreprises du Congo (FEC) a désigné, le 23 janvier 2025, Thierry Ngoy Kasumba comme nouvel administrateur délégué. Il succède à Kimona Bononge, qui a occupé ce poste pendant 10 ans, soit deux mandats de 5 ans. Sa mission consistera à défendre les intérêts du secteur privé tout en maintenant un dialogue constructif avec le gouvernement.

La nomination de Thierry Ngoy Kasumba intervient d’ailleurs alors que les discussions entre le patronat, les syndicats des travailleurs et le gouvernement sur la hausse du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) ont été relancées le 21 janvier.

Il dire que 10 jours avant, la Première ministre, Judith Suminwa Tuluka, a instruit le ministre de l’Emploi et du Travail de rapporter son arrêté du 31 décembre 2024 portant ajustement du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) en République Démocratique du Congo (RDC) et de reprendre le processus à zéro. Pour justifier sa décision, elle évoque dans son courrier un « vice de forme » et l’« incompétence matérielle de l’auteur ».

En plus de ces irrégularités juridiques, la FEC et d’autres organisations patronales estiment que ce texte présente « des risques d’injustice sociale et de déséquilibre économique et social », car il n’a pas intégré une tension salariale permettant de calculer les SMIG de toutes les catégories de travailleurs. La fixation de cette tension salariale devrait d’ailleurs être au cœur des discussions, de même que la question des mesures d’allégement fiscal, considérées comme nécessaires pour permettre aux secteurs agroalimentaire et pastoral, présentés comme étant en difficulté, de supporter la hausse attendue du SMIG.

En tant que responsable de l’exécution des décisions et de la gestion quotidienne de l’organisation, Thierry Ngoy Kasumba devra donc s’assurer que les intérêts des membres de la FEC soient préservés. Sa longue expérience professionnelle lui sera certainement d’un grand apport.

Le nouvel administrateur délégué cumule en effet plus de 32 ans d’expérience dans la gestion des entreprises et des institutions financières. Diplômé en sciences économiques de l’Université de Kinshasa et titulaire de plusieurs certifications internationales, il a occupé des postes de haute responsabilité au sein de Citigroup et de la Trust Merchant Bank, avant de prendre les rênes du Fonds national de la microfinance en 2011.

Olivier de Souza

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lundi, 27 janvier 2025 12:40

DRC Considers Banning TikTok, Like the US

TikTok is under scrutiny from regulators in the Democratic Republic of Congo (DRC). On January 19, Christian Bosembe, Head of the Higher Broadcast Council (CSAC), reacted to the social media’s recent ban in the US. According to Bosembe, Washington’s move further legitimates concerns raised in the DRC regarding TikTok.

"While the United States has just suspended TikTok, [...] the DRC is closely following this decision, which highlights the serious threats posed by this social network. This measure underscores legitimate concerns about national security, the protection of personal data, and the sanctity of privacy—principles often violated by TikTok's lack of transparency and rigorous control," Bosembe stated.

He added that TikTok has become a "vector of harmful propaganda" in the DRC, even accusing the platform of facilitating the recruitment of young people by terrorist groups. Bosembe has been vocal about this matter since 2023. That year, he accused TikTok of promoting immorality through inappropriate content. In his recent comments, he warned that "the DRC may be forced to consider measures similar to those taken by the United States, up to and including suspension" if these issues are not addressed.

With 672 million downloads in 2022, TikTok is the most downloaded Android app in the DRC. The platform is owned by ByteDance, a company founded by Chinese billionaire Zhang Yiming.

Servan Ahougnon, Agence Ecofin

 

Former US Secretary of State John Kerry strongly supports the Kivu-Kinshasa Green Corridor Project in the Democratic Republic of Congo (DRC). Kerry backed the community-based project at the World Economic Forum, last week. The project was presented on January 22 by Congolese President Félix Tshisekedi during a panel discussion titled "The Last Lung of the Earth".

"With President Tshisekedi, we passionately discussed this project and the prospects it offers," Kerry stated. "The Congo Basin must not be left alone. We've all seen what's happening in the Amazon. It is being eroded by destructive practices such as intensive livestock farming and illegal logging. These trends are mirrored in Indonesia and Cambodia, where illegal deforestation continues."

Kerry described the Kivu-Kinshasa Green Corridor initiative as "a great idea" that warrants private sector backing. "It's a huge and inspiring idea that relies on close cooperation between the public and private sectors. It requires strong conviction from the private sector to show that it is possible not only to make a profit but also to do good." He considers this project one of the most stimulating proposals he has contributed to in recent years.

Kerry is currently the Executive Co-Chairman of Galvanize Climate Solutions, a global investment firm founded in 2021 to accelerate the energy transition. His endorsement could significantly influence investor perceptions of the Kivu-Kinshasa Green Corridor project. While he now focuses on his role in the private sector, Kerry remains a key figure in climate negotiations, having played an essential role in international discussions as Special Envoy for Climate Change under President Biden.

Boosting collaboration with the DRC could make the Kivu-Kinshasa Green Corridor a unique opportunity combining nature conservation with economic benefits for private investors and local communities. 

Created by decree on January 15, 2025, by the Prime Minister, the Kivu-Kinshasa Green Corridor stretches from east to west across the DRC, spanning 544,270 square kilometers—over a quarter of the country's territory. The project aims to foster a green economy while preserving more than 100,000 square kilometers of primary forests, solidifying the DRC's role in combating global warming.

Georges Auréole Bamba

 

Le président Félix Tshisekedi a présidé, dans la nuit du 26 janvier 2025, une réunion de crise pour évaluer la situation sécuritaire et humanitaire dans la province du Nord-Kivu, où les offensives des groupes armés rebelles se sont intensifiées jusqu’aux abords de Goma, capitale provinciale et principale ville de cette région de la République Démocratique du Congo (RDC).

« Nous sommes dans une situation de guerre. L’actualité évolue rapidement et peut encore basculer à tout moment. L’objectif ici était d’évaluer ce qui peut être fait pour protéger les populations », a déclaré Patrick Muyaya Katembwe, ministre de la Communication, lors d’un point de presse. Ce dernier a par ailleurs évoqué l’aggravation du bilan humanitaire, évoquant des « bombes tombées sur des camps de déplacés », qui ont causé de nombreuses victimes.

Cette réunion s’est tenue dans un contexte marqué par des informations contradictoires. Certaines sources affirmaient que Goma était passée sous le contrôle des rebelles, soutenus par des forces rwandaises, tandis que d’autres rapportaient que les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) continuaient de résister aux assaillants.

Propagation de fausses nouvelles

Sur les réseaux sociaux, notamment Twitter, des campagnes de désinformation viennent amplifier la confusion. Une vidéo largement partagée montre des rebelles entrant dans Goma, prétendument acclamés par la population. Toutefois, une analyse des images suggère que les applaudissements auraient été ajoutés en post-production. Il est en plus impossible de confirmer la date exacte ou le contexte de cette vidéo. Par ailleurs, des rumeurs faisant état de la nomination d’un nouveau gouverneur militaire à Goma ont été formellement démenties par le Vice-Premier ministre en charge de la Défense, Guy Kabombo Muadiamvita.

Le conflit à l’est de la RDC, particulièrement dans les zones frontalières avec le Rwanda, s’inscrit dans une dynamique de violences qui dure depuis plus de trois décennies. Cependant, la situation a connu une aggravation récente. Le 26 janvier au soir, le Conseil de sécurité des Nations unies s’est réuni en urgence à la demande de la RDC. À cette occasion, la ministre congolaise des Affaires étrangères a dénoncé les violations des accords de paix par le Rwanda et exigé le retrait immédiat des troupes rwandaises présentes sur le territoire congolais. Elle a également réclamé des sanctions ciblées contre les responsables politiques et militaires rwandais jugés responsables de la dégradation de la situation sécuritaire à l’est du pays.

De son côté, Kigali accuse Kinshasa d’abriter des camps d’entraînement de mercenaires représentant une menace pour sa sécurité.

En réaction à cette escalade des tensions, la RDC a annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec le Rwanda et rappelé son ambassadeur à Kigali. En réponse, les autorités rwandaises ont également retiré leur représentant à Kinshasa.

Crise humanitaire sans précédent

Sur le terrain, la situation humanitaire atteint des proportions alarmantes. Selon l’ONU, les hôpitaux, déjà saturés, peinent à faire face à l’afflux de blessés. L’ONU a annoncé une aide médicale d’urgence de 17 millions de dollars, mais cette somme paraît largement insuffisante pour répondre aux besoins croissants. Le nombre de déplacés internes dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu a atteint près de 4,6 millions, un record mondial pour un seul pays, selon des données des Nations unies. Malgré les condamnations internationales des violences perpétrées en RDC, le soutien financier de la communauté internationale demeure limité.

Les violences actuelles et leurs conséquences humanitaires risquent de s’intensifier dans les jours à venir. Les autorités congolaises font face à des défis majeurs : restaurer la sécurité, protéger les populations civiles et mobiliser des aides internationales supplémentaires. Dans ce contexte, la communauté internationale est appelée à jouer un rôle plus actif pour éviter une crise humanitaire encore plus grave dans cette région déjà meurtrie par des décennies de conflit.

Georges Auréole Bamba

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Durant au moins deux jours, Goma et ses environs ont été privés d’électricité et d’eau potable en raison d’une nouvelle offensive des rebelles du M23 à l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). Les hostilités ont endommagé les lignes électriques reliant les sites de production à la ville, plongeant une grande partie de la population dans le noir et limitant l’accès à l’eau potable.

La société Virunga Energies a annoncé, le 24 janvier, que les lignes alimentant Goma et le territoire de Nyiragongo avaient été endommagées par des affrontements sur l’axe Kimbumba-Goma. Deux jours plus tôt, la Société nationale d’électricité (SNEL) rapportait la destruction, dans la matinée du 22 janvier, de sa ligne haute tension reliant la centrale de Ruzizi à Bukavu, où un poste de distribution alimente également Goma. Dans leurs communiqués respectifs, ces entreprises ont assuré que des interventions techniques seraient réalisées dès que les conditions sécuritaires le permettraient.

Ces incidents surviennent alors que l’Autorité de régulation de l’électricité (ARE) a récemment mis en place un comité de pilotage pour encadrer la distribution d’électricité à Goma. Ce comité a pour objectif de clarifier les périmètres d’intervention des différents acteurs énergétiques, notamment la SNEL, SOCODEE, Virunga Energies et NURU SASU. Toutefois, la guerre en cours risque de retardé ce travail de régulation.

La situation a un impact sur l’activité économique locale. La Regideso, société publique responsable de la distribution d’eau, ne parvient plus à garantir un approvisionnement normal en raison de la dépendance de ses stations de pompage à l’énergie électrique. Par ailleurs, des consommateurs stratégiques d’électricité, tels que l’aéroport de Goma, les camps militaires de Mubambiro et Katindo, ainsi que la RTNC, ont été invités à recourir à des solutions alternatives.

En outre, de nombreuses entreprises ont recours à des générateurs pour maintenir leurs activités, ce qui entraîne une augmentation leurs coûts d’exploitation. Parmi les secteurs les plus touchés figure la distribution de produits frais, qui dépend fortement d’une alimentation électrique stable, rapporte l’Agence congolaise de presse (ACP).

Contacté par téléphone, un habitant a néanmoins indiqué que la situation commençait à s’améliorer : « Depuis samedi soir (25 janvier), l’électricité a été rétablie dans une partie de la ville. L’eau aussi est en partie revenue. » Cependant, alors que les combats se poursuivent, la fourniture d’électricité et d’eau potable demeure incertaine.

Olivier de Souza

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La situation sécuritaire à l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) s’est aggravée cette semaine, poussant le pays à demander, ce 24 janvier 2025, la tenue d’une session publique d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

De plus, le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, a interrompu son séjour à Davos, en Suisse, et a regagné Kinshasa le 23 janvier. Depuis, il a tenu plusieurs réunions de crise à la Cité de l’Union africaine. La première, organisée le soir même, a duré trois heures et a réuni la Première ministre, Judith Suminwa Tuluka, ainsi que les vices-Premiers ministres en charge de l’Intérieur et de la Défense, Jacquemain Shabani Lukoo et Guy Kabombo Muadiamvita. Cette réunion a été suivie, le lendemain, d’un Conseil supérieur de la défense et d’un Conseil des ministres. À l’ordre du jour : « l’évaluation de la situation sécuritaire et humanitaire dans le Nord-Kivu, particulièrement autour de la ville de Goma ».

À l’issue du Conseil de sécurité, le porte-parole de l’armée congolaise, le général-major Sylvain Ekenge, a annoncé le décès du général-major Peter Cirimwami, gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu. Ce dernier « est tombé l’arme à la main au champ d’honneur », a-t-il déclaré. Le 23 janvier, alors que le M23 lançait une offensive sur Saké, à 20 km à l’ouest de Goma, le gouverneur s’était rendu au front.

« Le commandant suprême a donné des instructions fermes pour que l’agresseur soit traqué jusque dans son dernier retranchement, qu’il soit repoussé loin de Goma et poursuivi jusqu’à la récupération de l’ensemble du territoire national qu’il occupe », a ajouté le général-major Sylvain Ekenge. La mise en œuvre de cette instruction entraînera des dépenses exceptionnelles en matière de sécurité, illustrant ainsi l’impact du conflit sur l’exécution du budget.

Dans la loi de finances 2025, la persistance de la guerre dans la partie est du pays, qui dure depuis plus de 20 ans, a en effet été identifiée comme « l’un des risques majeurs pesant sur les finances publiques ». En d’autres termes, pour les autorités, ce conflit pourrait compromettre l’équilibre budgétaire, limiter la capacité à financer les politiques publiques et menacer la stabilité économique.

Dépenses exceptionnelles de sécurité

Pour comprendre, il faut savoir qu’en 2023, les dépenses exceptionnelles de sécurité se sont élevées à 1,4 milliard de dollars, soit environ 2,2 % du PIB et 11,5 % du budget global de l’État, selon un rapport du Fonds monétaire international (FMI). De plus, depuis la proclamation de l’état de siège, le 6 mai 2021, dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, les taux d’exécution des dépenses exceptionnelles et d’interventions liées aux opérations sécuritaires dépassent largement les 100 %, selon un document annexé à la loi de finances 2025. Ces taux sont passés respectivement de 50 % et 254,7 % en 2020 à 336 % et 411,2 % en 2021, atteignant même 508 % et 2001,9 % en 2022. Cette situation réduit les autres dépenses, notamment celles consacrées aux investissements.

Par ailleurs, en perturbant l’activité économique, le conflit à l’est de la RDC entrave également la mobilisation des recettes fiscales. Les autorités citent notamment le cas du territoire de Rutshuru (Nord-Kivu), régulièrement occupé par les rebelles du M23. Les revenus collectés par son centre d’impôt synthétique, chargé de percevoir l’impôt des entreprises réalisant un chiffre d’affaires inférieur à 80 millions de francs congolais (FC), ont chuté, passant de 85,8 millions de FC en 2020 à seulement 11 millions de FC en 2023, selon un document annexé à la loi de finances 2025. « L’inaccessibilité des antennes fiscales d’Ituri, Djugu et Mambasa, due aux attaques répétées de groupes armés et de milices, a engendré un manque à gagner de près de 10,3 millions de FC en 2023 », ajoute le même document.

Pierre Mukoko

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