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Equipe Publication

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Un communiqué publié le 3 février sur le réseau social X (ex-Twitter) et attribué au M23, qui a récemment lancé une offensive dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), annonce un cessez-le-feu pour « des raisons humanitaires ». Ce document, qui n’est pas pour l’instant contesté, indique également que les rebelles n’envisagent pas de conquérir de nouvelles localités, notamment Bukavu, la capitale de la province du Sud-Kivu.

Cependant, une mise à jour sur l’évolution de la situation par les Nations unies indiquait, le week-end dernier, que le groupe armé et les forces rwandaises se trouvaient actuellement à environ 60 kilomètres au nord de Bukavu. Dans le Sud-Kivu, ces derniers se sont déjà emparés, le 21 janvier, de Minova, une ville stratégique située le long de la route menant à Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, également sous leur contrôle.

Les circonstances de l’annonce de ce cessez-le-feu restent inconnues. Cependant, selon l’agence américaine Bloomberg, elle résulterait des pressions du G7 (groupe des sept pays les plus industrialisés) sur le Rwanda, soutien du M23.

Situation humanitaire

Cette annonce intervient alors que le nombre de victimes continue d’augmenter, avec déjà près de 1 000 morts et des milliers de blessés. À cela s’ajoutent plusieurs centaines de milliers de déplacés. Face à la situation, le ministère de la Santé publique a lancé une opération de don de sang dans les villes plus calmes du pays pour soutenir les hôpitaux de Goma, débordés. Par ailleurs, le gouvernement s’active à la mise en œuvre d’un plan d’urgence humanitaire.

Elle survient également à l’approche d’un nouveau sommet régional organisé par les blocs d’Afrique australe et orientale. Bien que les présidents de la RDC et du Rwanda aient été invités, leur participation n’a pas encore été confirmée. La communauté internationale encourage une reprise des négociations dans le cadre des processus en cours, auxquels les autorités congolaises affirment rester attachées.

Le M23, considéré comme le groupe armé le plus nuisible parmi la centaine opérant dans l’est de la RDC, serait soutenu dans son opération actuelle par environ 4 000 soldats rwandais, selon des experts de l’ONU. Des informations que Kigali réfute sans réellement convaincre. Les revendications derrière ces nouvelles crises sont multiples et vont de la situation politique interne en RDC à des défis d’ordre ethnique.

Mais une constante demeure : ce chaos facilite l’accès et le contrôle illégal des gisements de ressources naturelles, dont le coltan, un matériau critique pour l’industrie des nouvelles technologies. Ce contexte affaiblit d’ailleurs les politiques mises en place depuis l’arrivée du nouveau gouvernement pour lutter contre ces activités minières illicites.

La situation est critique, et de nombreuses analyses n’excluent pas le risque d’une extension régionale du conflit. Bien que située à plus de deux heures de vol de l’épicentre des tensions, la crise est dans tous les esprits à Kinshasa, la capitale du pays. Malgré l’interdiction de toute forme de marche par les autorités locales, les violences survenues il y a quelques jours dans plusieurs ambassades, supermarchés et domiciles laissent encore des séquelles visibles.

Moutiou Adjibi Nourou, Agence Ecofin

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The M23 rebel group is consolidating its control over several mining towns in the eastern Democratic Republic of Congo (DRC). After taking over Rubaya in North Kivu, the rebels have also seized Lumbishi, a mining town in South Kivu, according to reports from residents and the territory's administrator. Rubaya hosts an artisanal coltan mine, which accounts for up to 15% of global production. Lumbishi is located in a resource-rich area abundant in coltan, gold, tourmaline, and cassiterite.

"This military advance is accompanied by efforts to establish a parallel civilian administration in M23-controlled areas, as well as an intensification of mining," notes the Washington-based Africa Center for Strategic Studies (ACSS). Several experts, including UN experts, warn that the M3 group is exacerbating the illicit mineral trade in the DRC, further hindering efforts to formalize artisanal mining practices in the country.

Another driver

To ensure responsible artisanal mining of gold in the country, the DRC government set up a company to buy, sell, and export this gold. Formerly Primera Gold, the firm was rebranded as DRC Gold Trading SA after coming under public control. In 2023, it operated solely in South Kivu, collecting up to 5.07 tonnes of gold and boosting the country's artisanal exports by an astonishing 12,000% year-on-year. However, the M23's increasing presence in this province is likely to disrupt the company’s activities.

The DRC’s vast wealth in critical minerals is one of the drivers of the conflict, and, according to a note from the Center for Strategic Studies of Africa published on January 29, it“will need to be addressed if a comprehensive peace is to be achieved”. “Rwanda, in particular, is alleged to be facilitating the illicit mining and trafficking of these minerals. The market value for these minerals is likely to exceed over $1 billion,” the note adds.

Cited by Reuters, Jason Stearns, a political scientist at Simon Fraser University and former UN investigator, highlighted that Rwanda's mineral exports now exceed $1 billion annually—roughly double what they were two years ago—with a significant portion believed to originate from the DRC. The Congolese government firmly asserts Rwanda's involvement in the plundering of its resources. Kisiti Pakabomba, Minister of Mines, reiterated this point at the Mining Indaba forum currently taking place in South Africa.

In February 2024, Rwanda and the European Union signed a memorandum of understanding aimed at ensuring a "sustainable supply of raw materials" for the EU in exchange for funding to develop Rwanda's mining supply chains and infrastructure. This agreement has since been criticized by the DRC and some Members of the European Parliament (MEPs), who view it as complicit with ongoing resource exploitation in the region.

This article was initially published in French by Pierre Mukoko

Edited in English by Ola Schad Akinocho

Le M23 étend son emprise sur plusieurs localités minières de l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). Après Rubaya, au Nord-Kivu, les rebelles auraient pris le contrôle de la cité minière de Lumbishi, dans le Sud-Kivu, rapporte l’AFP, citant notamment des habitants et l’administrateur du territoire. Rubaya abrite une mine artisanale de coltan (colombite-tantalite), qui représenterait jusqu’à 15 % de la production mondiale. Lumbishi se trouve, quant à elle, dans une zone minière riche en coltan, en or, en tourmaline et en cassitérite.

« Cette avancée militaire s’accompagne d’efforts pour mettre en place une administration civile parallèle dans les zones contrôlées par le M23, ainsi que d’une intensification de l’extraction minière », estime le Centre d’études stratégiques de l’Afrique (ACSS), basé à Washington. Selon de nombreux experts, dont ceux de l’ONU, ces rebelles alimentent le commerce illicite de minerais en RDC, posant ainsi un défi majeur aux efforts de formalisation de l’exploitation minière artisanale dans le pays.

Une des clé du conflit

Pour instaurer une chaîne d’approvisionnement responsable de l’or extrait sans engins ni infrastructures industrielles en RDC, le gouvernement a créé une société chargée de l’achat, de la commercialisation et de l’exportation de l’or issu de l’exploitation artisanale. Dénommée Primera Gold à sa création, elle a été rebaptisée DRC Gold Trading SA après son passage sous contrôle public. En 2023, elle n’était active que dans le Sud-Kivu, où elle a collecté jusqu’à 5,07 tonnes d’or, provoquant une hausse des exportations artisanales du pays de 12 000 % par rapport à l’année précédente. La présence grandissante du M23 dans cette province devrait sûrement perturber les activités de DRC Gold Trading SA.

La question minière « constitue un autre moteur du conflit qu’il faudra traiter pour parvenir à une paix durable », estime le Centre d’études stratégiques de l’Afrique dans une note publiée le 29 janvier. « Kigali est accusé de faciliter l’exfiltration des minerais à travers sa frontière. La valeur marchande de ces minerais dépassera probablement 1 milliard de dollars… », poursuit le document. 

« Les exportations de minéraux du Rwanda s’élèvent désormais à plus d’un milliard de dollars par an. C’est à peu près le double de ce qu’il y a deux ans. Et nous ne savons pas combien, mais une bonne partie de cette somme provient de la RDC », a déclaré Jason Stearns, politologue à l’Université Simon Fraser et ancien enquêteur de l’ONU, cité par Reuters. Pour le gouvernement congolais, le rôle clé du Rwanda dans le pillage de ses ressources ne fait pas l’objet d’un doute. Une situation rappelée par le ministre des mines, Kisiti Pakabomba, au forum Mining Indaba qui se déroule actuellement en Afrique du Sud.

En février 2024, le Rwanda et l’Union européenne ont signé un protocole d’accord afin de garantir un « approvisionnement durable en matières premières » pour l’UE, en échange d’un financement destiné à développer les chaînes d’approvisionnement et les infrastructures minières du Rwanda. Un accord aujourd’hui dénoncé par la RDC et certains députés européens.

Pierre Mukoko

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La République Démocratique du Congo (RDC) place le numérique au cœur de sa stratégie visant à améliorer la gestion des finances publiques. L’objectif est de renforcer la transparence, l'efficacité des institutions et la lutte contre la corruption. Dans la première revue du deuxième programme avec le Fonds Monétaire International (FMI), plusieurs réformes technologiques sont annoncées pour soutenir la croissance économique en 2025. Celles-ci devraient contribuer à l’objectif de hausse du produit intérieur brut (PIB) réel de 5,4 %.

Un accent particulier sera mis sur l’accélération du déploiement du logiciel de gestion intégrée des droits, taxes et redevances (LOGIRAD) dans différentes unités gouvernementales (mines, hydrocarbures, télécommunications, direction générale de la migration, affaires foncières, cadastre minier, portefeuille, justice et garde des sceaux, police du ministère public, emploi et travail, affaires étrangères et transports, voies de communication et systèmes d'ouverture).

Il est également prévu la mise en place d’un système intégré de gestion des impôts (ERP) à la Direction Générale des Impôts (DGI) et la numérisation des procédures douanières à la Direction Générale des Douanes et Accises (DGDA). « Nous visons à finaliser ces déploiements d'ici février 2025 », a déclaré le gouvernement au FMI.

2025 et après

Conscient des enjeux de la numérisation dans la bonne gouvernance, le gouvernement congolais se projette déjà sur de nouvelles solutions qui lui éviteront de gaspiller des ressources publiques. « Nous placerons résolument la dématérialisation et la numérisation des procédures au cœur de nos efforts de modernisation de la PFM (outils de gestion des finances, NDLR). Avec l'élévation de la numérisation des procédures au rang de priorité stratégique depuis l'entrée en fonction du nouveau gouvernement à la mi-juin 2024, nous travaillons à la mise en place d'un système intégré de gestion des finances publiques (SIGeFiP) d'ici septembre 2027 », indique-t-il. 

Selon le gouvernement, le nouveau « système comprendra un noyau composé de modules pour la budgétisation et l'exécution des programmes, la comptabilité et la gestion des flux de trésorerie. Les systèmes informatiques existants pour la gestion des impôts, des taxes, de la dette publique, des marchés publics et d'autres à développer seront interfacés avec le SIGeFiP, conformément au plan d'orientation global pour la numérisation du système PFM (POG) adopté en octobre 2023 ».

Si les avancées enregistrées et les futurs projets annoncés pour la modernisation de la gestion des finances publiques rassurent le FMI sur l'engagement de la RDC à mieux gérer ses ressources, des préoccupations persistent tout de même quant au succès à long terme de ces initiatives. Des défis comme la faible couverture Internet et le faible accès à l’électricité sont présentés par l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie comme des questions prioritaires à adresser pour soutenir la transformation numérique en Afrique. En RDC, ces deux défis se posent avec acuité.  

En avril 2024, le directeur des relations internationales de l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPTC), Bruno Yuma, affirmait que sur les 50 000 km de fibre optiques à déployer à travers le pays, seul près de 20% sont opérationnels. Pour ce qui est du taux d’électrification, il était estimé à 21,5% en 2024. Il est aussi à craindre que la dégradation de la situation sécuritaire à l’Est du pays ne vienne à modifier l’ordre des priorités.  

Muriel Edjo

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Alors que s’intensifient les actes d’agression des rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, Ivanhoe Mines, l’un des principaux opérateurs miniers de la RDC, est parvenu à mobiliser, le 24 janvier 2025, une somme de 750 millions de dollars sur le marché international des capitaux. Annoncée depuis fin 2024, l’opération visait initialement à lever 600 millions de dollars. Une offre abondante des investisseurs semble avoir poussé l’entreprise basée au Canada à accepter davantage.

La somme est remboursable sur cinq ans. Le taux d’intérêt de 7,87 % peut sembler élevé, mais il reste compétitif, voire meilleur que celui d’autres entreprises actives en Afrique ayant mobilisé des ressources sur ce type de marché. Le contexte de l’opération, marqué par une intensification du conflit à l’est de la RDC, aurait pu rendre les investisseurs sceptiques, d’autant qu’une partie de la garantie de l’opération repose sur le produit des activités de Kipushi Holdings, une autre filiale d’Ivanhoe Mines en RDC.

Plusieurs éléments peuvent expliquer l’issue positive de cette levée de fonds. La demande des principaux minerais exploités par l’entreprise à travers ses filiales en RDC, notamment le cuivre et le zinc, progresse sur les marchés. Les données du London Metal Exchange, la principale place d’échange des métaux, indiquent que les prix des contrats à terme, permettant de sécuriser les approvisionnements, sont en hausse. Par ailleurs, Ivanhoe et ses filiales sont des emprunteurs connus, avec un historique de remboursement de dettes plutôt positif, même si le montant actuel figure parmi les plus élevés mobilisés par l’entreprise.

Les ressources mobilisées contribueront majoritairement à financer les investissements supplémentaires annoncés pour Kamoa-Copper. Dans une communication récente aux investisseurs, les dirigeants de l’entreprise ont indiqué que, pour 2025, des investissements compris entre 1,42 et 1,67 milliard de dollars seraient nécessaires pour l’agrandissement de cette mine. Le projet Kipushi, quant à lui, ne devrait recevoir que peu d’investissements (25 millions de dollars, selon les prévisions).

Ivanhoe Mines, via cette filiale, a régulièrement sollicité le secteur financier pour ses activités ces dernières années. Parmi les banques ayant accompagné cette entreprise canadienne en RDC figurent Rawbank (80 millions de dollars en mai 2023, déjà remboursés) et la filiale congolaise du groupe nigérian FirstBank (50 millions de dollars à rembourser en mai 2025). En juin et juillet 2024, des montants respectifs de 60 millions de dollars ont été empruntés auprès de Trafigura Asie et de CITIC Group, ce dernier étant le premier actionnaire d’Ivanhoe Mines avec un peu plus de 22 % des parts. Ces deux derniers prêts ont été effectués dans le cadre d’un contrat de prévente de minerais à produire.

Il reste à suivre l’évolution de la valeur des titres du récent emprunt de 750 millions de dollars, cotés sur plusieurs places financières européennes et américaines. Début janvier, Ivanhoe a tempéré l’enthousiasme des actionnaires en annonçant des prévisions de production de cuivre inférieures aux attentes, tout en relevant ses prévisions de dépenses d’investissement par rapport aux estimations faites trois mois plus tôt. Sa communication aux investisseurs, prévue à la clôture des marchés le 19 février prochain, sera donc particulièrement scrutée.

Georges Auréole Bamba

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Le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) a lancé un appel urgent pour obtenir un financement de 22 millions de dollars afin de fournir une aide à 282 000 enfants affectés par le conflit en cours dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC).

« L’UNICEF lance un appel urgent de 22 millions de dollars pour apporter une aide d’urgence à 282 000 enfants dans l’est de la RDC, alors que la violence s’intensifie (...). Nous avons besoin que les parties au conflit mettent fin à l’escalade des violences armées, qui ne fait qu’exacerber les souffrances des enfants et aggraver les conditions humanitaires déjà épouvantables », a déclaré Jean-François Basse, représentant intérimaire de l’UNICEF en RDC.

Dans un communiqué, l’organisation indique avoir reçu des rapports faisant état d’une hausse alarmante du nombre d’enfants séparés de leur famille ou non accompagnés, les exposant à un risque accru d’enlèvement, de recrutement forcé et de violences sexuelles.

Concrètement, l’enveloppe de 22 millions de dollars servira à répondre aux besoins humanitaires urgents, notamment en fournissant l’accès à l’eau potable, à des installations sanitaires, à des fournitures médicales, à des traitements contre la malnutrition et à des services de protection de l’enfance.

Selon l’UNICEF, l’instabilité au Nord-Kivu et au Sud-Kivu a contraint 658 000 personnes à fuir, dont 282 000 enfants, au cours des trois derniers mois.

Olivier de Souza

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La République Démocratique du Congo a exporté 1,08 tonne d’or artisanal entre janvier et septembre 2024. Cela représente une baisse de 71 % en glissement annuel, a constaté l’Agence Ecofin à la lecture des statistiques publiées par le ministère congolais des Mines.

Si les autorités ne fournissent pas d’explications à cette chute des volumes exportés, elle peut s’expliquer par l’arrêt des activités de Primera Gold l’année dernière. L’émirati Primera Group s’est en effet retiré de la coentreprise formée avec le gouvernement congolais fin 2022 pour contrôler le négoce d’or dans la pays. Elle était jusqu’ici active seulement dans le Sud-Kivu. En 2023, les exportations totales du Sud-Kivu atteignaient ainsi 5,07 tonnes d’or contre 1,05 tonne sur les neuf premiers mois de 2024. Cette année-là, la coentreprise avait permis aux exportations artisanales congolaises d’enregistrer un gain de plus de 12 000 % par rapport à l’année précédente.

Après avoir racheté les parts de Primera Group, l’État congolais a fait de Primera Gold une entreprise publique rebaptisée DRC Gold Trading SA. Celle-ci s’active pour relancer les activités avec pour objectif de faire mieux à moyen terme. Il s’agit toujours d’intégrer les artisans miniers dans les circuits officiels de négoce d’or, alors que la contrebande domine encore dans les exportations congolaises.

« Les prévisions quinquennales tablent sur une moyenne de 150 tonnes d’or en cinq ans, représentant un chiffre d’affaires de plus de 12 milliards USD. Ce qui signifie en réalité que les exploitants bénéficieraient de plus de revenus annuellement en rentrant dans le circuit officiel que de passer par la contrebande de l’or qui appauvrit des communautés entières », indiquent les autorités.

Emiliano Tossou, Agence Ecofin

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La mine d’or Kibali, opérée par Barrick en République Démocratique du Congo (RDC), a connu une année 2024 marquée par une baisse de production sur les neuf premiers mois. La compagnie canadienne se montre néanmoins optimiste pour 2025, évoquant de « solides résultats » à venir, sans préciser s’il s’agira d’une hausse de la production, d’une stabilisation ou simplement d’une amélioration des performances opérationnelles.

Barrick et son partenaire de coentreprise AngloGold Ashanti tablaient en début d’année sur un objectif de production compris entre 711 000 et 800 000 onces d’or, après avoir livré 762 000 onces en 2023. Pourtant, au terme des trois premiers trimestres de 2024, la mine n’avait produit que 509 000 onces, enregistrant un recul de 8 % en glissement annuel.

Selon un communiqué publié par Barrick le 28 janvier, le dernier trimestre aurait été marqué par une « amélioration des performances », avec un « débit de traitement annuel record » depuis la mise en service de la mine. Toutefois, aucun chiffre précis n’a été communiqué, laissant planer une incertitude sur l’atteinte des objectifs annuels.

Pour 2025, Barrick met en avant plusieurs initiatives destinées à renforcer l’efficacité opérationnelle de Kibali. L’entreprise évoque une réorganisation interne avec des ajustements au sein du management, ainsi qu’un renforcement des campagnes d’exploration dans des zones proches du site, afin d’accroître les réserves exploitables et assurer la continuité de la production. Selon la direction, ces efforts placent Kibali dans une dynamique favorable pour la nouvelle année.

Les résultats définitifs de 2024, attendus dans les prochaines semaines, seront déterminants pour évaluer la trajectoire réelle de la mine. Ils permettront de savoir si l’objectif de production a été atteint et donneront une indication plus claire sur les perspectives pour 2025.

Située dans le nord-est de la RDC, Kibali est la plus grande mine d’or du continent africain. Elle est détenue à 45 % par Barrick, 45 % par AngloGold Ashanti et 10 % par la société publique congolaise Sokimo. Sur les neuf premiers mois de 2024, la production industrielle d’or de la RDC a atteint 19 355,41 kilogrammes, dont 99,5 % provenaient de Kibali, selon les dernières statistiques du ministère congolais des Mines. D’après Barrick, le projet Kibali aurait contribué à hauteur de 5,7 milliards de dollars à l’économie congolaise depuis son entrée en service.

Louis-Nino Kansoun, Agence Ecofin

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Le président Félix Tshisekedi a invité, le 29 janvier 2025, les acteurs du secteur public et privé de la République Démocratique du Congo (RDC) à contribuer à l’effort de guerre pour soutenir les forces armées du pays, engagées dans les combats contre l’agression dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, qui a gagné en intensité ces dernières semaines. « Nos soldats se battent avec héroïsme pour la défense de notre intégrité territoriale et de notre souveraineté. Ils ont besoin de notre soutien total, qu’il soit moral, matériel ou logistique », a-t-il déclaré.

Dans ce discours, le premier à la nation depuis l’intensification des combats le 23 janvier dernier, le chef de l’État a indiqué avoir instruit le gouvernement de mettre en place des mesures rigoureuses de réduction du train de vie des institutions et de leurs animateurs. Au secteur privé, il a demandé une contribution active à cette cause commune.

Cet appel à l’effort collectif marque l’entrée de la RDC dans une économie de crise, alors que le pays prévoyait de consolider les acquis d’une amélioration du cadre macroéconomique avec un deuxième programme conclu avec le Fonds monétaire international (FMI). Dans ce cadre, le gouvernement s’est engagé à améliorer les recettes et à rationaliser les dépenses. Il est, par exemple, prévu de réduire les dépenses par procédures exceptionnelles à moins de 8 % des dépenses totales d’ici fin 2025. Or, en 2023, dans un contexte moins tendu, les seules dépenses exceptionnelles de sécurité se sont élevées à 1,4 milliard de dollars, soit 11,5 % du budget global de l’État, selon un rapport du FMI.

Vers une hausse de dépenses de sécurité

Les implications d’un réaménagement des dépenses restent à déterminer. Sur la base de la loi de finances adoptée pour l’année 2025, le gouvernement s’est ménagé des marges budgétaires. Il pourra ainsi solliciter la ligne 78, réservée aux « équipements divers », dont les prévisions d’engagement s’élèvent à 11 102 milliards de francs congolais (3,8 milliards de dollars). La rubrique 63 des interventions de l’État offre une flexibilité supplémentaire avec une disponibilité d’engagements de l’ordre de 4 649 milliards de francs congolais.

La réorientation annoncée des prévisions de dépenses entraînera de fait une contribution passive du secteur privé, notamment celui en relation avec la commande publique. Les acteurs concernés verront leurs parts dans le budget être réduites au profit de l’effort de guerre qui devrait surtout bénéficier aux entreprises exportatrices d’armes et autres munitions. Quant à la contribution active des entreprises, le gouvernement semble laisser à chacune le soin de définir l’action la plus appropriée.

La réorientation annoncée des prévisions de dépenses entraînera de fait une contribution passive du secteur privé local, notamment pour les entreprises qui sollicitent la commande publique. Les acteurs concernés verront leur part du budget réduite au profit de l’effort de guerre, qui devrait surtout bénéficier aux entreprises étrangères exportatrices d’armes et autres munitions. Quant à la contribution active des entreprises, le gouvernement semble laisser à chacune le soin de définir l’action la plus appropriée.

Pour l’instant, les réactions de la communauté internationale restent au stade de l’indignation, de la condamnation des agresseurs que sont le Rwanda et le M23, ou des appels au dialogue et au respect du droit international. Si l’Union européenne a annoncé une aide de 60 millions d’euros, on attend toujours des annonces de financements supplémentaires, notamment de la part de la Chine, dont les entreprises sont les principales bénéficiaires des contrats miniers en RDC. La gestion de la crise du Mpox n’apporte pas plus d’optimisme : le pays attend toujours les promesses d’aide financière de la communauté internationale, qui tardent encore à se concrétiser.

Georges Auréole Bamba

Félix Tshisekedi : « une riposte rigoureuse et coordonnée est en cours »

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Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, s’est exprimé pour la première fois ce 29 janvier 2025 depuis le lancement de l’offensive des rebelles du M23, soutenus par l’armée rwandaise, à l’est du pays. Dans son adresse à la télévision nationale (RTNC), le chef de l’État congolais a lancé un appel à la résilience et à la résistance. Il a par ailleurs annoncé qu’« une riposte rigoureuse et coordonnée est en cours », assurant que « la RDC surmontera cette tempête ».

Le président de la RDC a également dénoncé « l’inaction » de la communauté internationale, dont « la passivité frôle la complicité ». À propos de la présence de milliers de soldats rwandais sur le sol congolais, il a évoqué « une violation flagrante de la Charte des Nations unies » et « un affront aux valeurs universelles ».

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