Longue de 115 km, la ligne ferroviaire Kisangani–Ubundu, située dans la province de la Tshopo, fera prochainement l’objet d’une réhabilitation pour un coût estimé à 257 millions de dollars. Un contrat a été signé le 4 juillet 2025 entre le ministre congolais des Transports et Voies de communication, Jean-Pierre Bemba, et un consortium composé de la société sud-coréenne Korea Engineering Consultants Corp (KECC) et de Masco Énergies & Construction (MEC), partenaire congolais.
Peu d’informations ont été rendues publiques sur les termes de ce contrat. Le président de MEC, Madua Masudi, a simplement indiqué qu’il s’agit d’un contrat de concession, précisant que les travaux devraient démarrer avant la fin du mois de juillet 2025 pour une durée prévue de 36 mois. D’après les services de communication du ministère des Transports, la banque Equity BCDC devrait apporter un « appui financier », sans plus de précisions.
La nature exacte de la collaboration entre MEC et KECC n’a pas été détaillée. L’expérience de KECC constitue néanmoins un atout. Fondée en 1963, cette société sud-coréenne est spécialisée dans l'ingénierie et la consultation multidisciplinaire. Elle propose une gamme complète de services, allant des études de faisabilité à la supervision de travaux, en passant par la conception détaillée et la gestion de projets. KECC revendique des réalisations sur trois continents : Afrique, Asie et Amérique du Sud.
À l’inverse, peu d’éléments sont disponibles à ce jour sur les références de Masco Énergies & Construction. On sait seulement que l’entreprise a signé en novembre 2023 un protocole d’accord avec le ministère congolais de l’Industrie pour la construction d’une cimenterie à Maiko, toujours dans la province de la Tshopo. Ce projet, inscrit dans le cadre du Plan directeur d’industrialisation de la RDC, prévoit également la construction d’une centrale électrique de 120 MW destinée à alimenter la cimenterie, avec un excédent d’énergie pour les populations voisines.
La réhabilitation de la ligne Kisangani–Ubundu constitue la première phase d’un projet plus large visant à reconnecter Kisangani à Kalemie, via Ubundu, Kindu et d’autres villes stratégiques. La deuxième phase, qui doit relier Ubundu à Kalemie, est encore en attente de la finalisation des études techniques. L’objectif du gouvernement congolais est de renforcer l’intégration nationale en assurant une liaison ferroviaire continue entre le nord et le sud du pays.
Depuis 2019, le transport de passagers est suspendu sur cette section, en raison des difficultés structurelles de la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC). Selon l’entreprise publique, la vétusté des infrastructures, l’absence d’entretien et le délabrement du matériel roulant ont conduit à cette interruption. Seules deux des quatre locomotives acquises en 2016 sont encore en service.
Par ailleurs, en mai dernier, le gouvernement congolais a lancé un appel à manifestation d’intérêt international pour la réhabilitation et la modernisation du réseau ferroviaire dans les provinces de l’Uélé et de la Mongala, au nord-est du pays. L’appel porte sur le tronçon Bumba–Aketi–Buta–Mungbere, long de 870 km, avec un écartement de 0,60 mètre et des rails de 18, 23 et 33 kg/m.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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Accès au financement, déficit de logements, électrification, agriculture… Représentant régional de la Société financière internationale (SFI ou IFC en anglais) pour la République démocratique du Congo (RDC), le Burundi et le Congo-Brazzaville, Malick Fall détaille les principaux freins au développement du secteur privé en RDC. Dans cet entretien, il revient aussi sur les réformes engagées avec les autorités congolaises et les projets en cours pour débloquer les investissements dans des secteurs clés.
Bankable : Comment l'IFC évalue-t-elle aujourd'hui les principaux obstacles à l'accès au financement en RDC ?
Malick Fall : L'accès au financement est un sujet très pertinent pour l’IFC, en particulier l'accès au financement des PME puisqu'il s'agit d'un secteur porteur a fort potentiel d'emplois, et l'agenda de la création d'emplois est une priorité majeure pour le Groupe de la Banque mondiale dont l'IFC fait partie.
Il existe plusieurs obstacles à l'accès au financement des PME. Elles sont majoritairement informelles, et donc il est plus complexe pour elles d'avoir accès à des instruments financiers formels. Elles disposent d'états financiers souvent non audités, ce qui ne leur permet pas de pouvoir démontrer leur solvabilité. Leur taille souvent très petite et leur vulnérabilité par rapport aux variations économiques les rendent aussi plus risquées aux yeux des institutions financières.
La situation reste préoccupante, avec un déficit de financement des PME représentant 27 % du PIB en 2024, soit environ 11 à 12 milliards de dollars. Plus de la moitié des petites et moyennes entreprises sont confrontées à des difficultés d’accès au financement.
Conscients des défis structurels entravant l’accès au financement pour les petites et moyennes entreprises en République Démocratique du Congo, nous avons élaboré et mis en œuvre une stratégie ciblée visant à renforcer leur inclusion financière. Celle-ci repose sur la mobilisation de financements dédiés, déployés à travers les institutions financières locales qu’il s’agisse de banques commerciales ou de sociétés de microfinance.
À ce jour, notre portefeuille s’élève à un peu plus de 100 millions de dollars, et nous ambitionnons de plus que doubler cet engagement en diversifiant nos instruments, notamment par des lignes de crédit, des garanties, et des prises de participation. Ces interventions sont systématiquement accompagnées d’une assistance technique, afin de renforcer les capacités des institutions financières à mieux servir des segments clés tels que les femmes entrepreneures ou les acteurs du secteur agricole. L’objectif est clair : doter les institutions financières des moyens nécessaires pour soutenir durablement la croissance des PME, moteur essentiel du développement économique inclusif.
Bankable : En février 2023, l’IFC estimait le déficit de financement des micro, petites, moyennes entreprises à 26 % du PIB. Quelle est la situation aujourd'hui, un an plus tard, et quelles réformes structurelles recommandez-vous pour combler le gap ?
Malick Fall : La situation reste préoccupante, avec un déficit de financement des PME représentant 27 % du PIB en 2024, soit environ 11 à 12 milliards de dollars. Plus de la moitié des petites et moyennes entreprises sont confrontées à des difficultés d’accès au financement. L’ampleur de ce déficit souligne l’urgence de réformes structurelles profondes, que nous menons en étroite collaboration avec le ministère des Finances et la Banque centrale du Congo.
Dans ce cadre, nous avons activement contribué à la révision de la loi sur le crédit-bail, un instrument de financement particulièrement adapté aux besoins des PME. Cette réforme vise à rendre le crédit-bail plus attractif et accessible, en permettant aux entreprises d’accéder à des équipements sans avoir à mobiliser des garanties qu’elles ne possèdent souvent pas.
Par ailleurs, nous accompagnons les autorités congolaises dans le développement du marché des capitaux, un levier essentiel pour diversifier les sources de financement et mobiliser des ressources à long terme. Ce type de financement est crucial pour des secteurs stratégiques comme l’industrie, qui nécessitent des investissements durables pour soutenir leur croissance.
L’étude a notamment mis en lumière que le stock total de crédit hypothécaire en RDC ne dépasse pas 30 millions de dollars soit moins de 1 % de l’ensemble des crédits distribués dans le pays.
Nous collaborons également étroitement avec la Banque centrale pour la mise en place d’un bureau de crédit national. Cet outil est essentiel pour permettre aux institutions financières d’accéder à des informations fiables et actualisées sur le profil de crédit des emprunteurs. Une telle transparence réduite considérablement l’asymétrie d’information et, par conséquent, le risque associé à l’octroi de prêts.
Chaque fois que nous avons soutenu la création de ce type de dispositif dans d’autres contextes, nous avons observé une augmentation significative du volume de prêts accordés. En effet, une meilleure connaissance du risque permet aux institutions financières de prêter avec plus de confiance, ce qui favorise une inclusion financière plus large. Ce projet s’inscrit dans un ensemble d’initiatives que nous menons, en complément de nos investissements, pour renforcer l’infrastructure financière du pays et rendre la distribution du crédit plus sûre, plus efficace et plus inclusive
Bankable : L'accès au logement reste aussi extrêmement limité pour la majorité des Congolais, notamment à raison de l'absence d'un véritable marché hypothécaire. Vous aviez indiqué récemment que l'IFC s'intéresse aussi à cette problématique. Quelle initiative concrète avez-vous engagée à ce sujet ?
Malick Fall : Écoutez, la question du logement est un enjeu majeur en République Démocratique du Congo, un pays vaste, à la démographie dynamique, la population urbaine croit très rapidement et dont l’urbanisation progresse à un rythme soutenu. Pourtant, le déficit de logements y demeure alarmant. Une étude approfondie que nous avons menée en 2022 a révélé un déficit estimé à 4 millions d’unités. Pour commencer à combler cet écart, il faudrait construire plus de 250 000 logements par an, dont près de la moitié à Kinshasa.
Malheureusement, les financements disponibles pour le secteur restent extrêmement limités. L’étude a notamment mis en lumière que le stock total de crédit hypothécaire en RDC ne dépasse pas 30 millions de dollars soit moins de 1 % de l’ensemble des crédits distribués dans le pays. Ce chiffre illustre à lui seul l’ampleur du défi.
Pour y répondre, il est impératif de mettre en œuvre des réformes structurelles visant à sécuriser les transactions immobilières, renforcer la confiance des investisseurs et créer un environnement propice à l’engagement du secteur privé. Le développement d’un écosystème de financement du logement, accessible et durable, est essentiel pour répondre aux besoins croissants de la population et soutenir une urbanisation inclusive.
En partenariat avec la Banque mondiale, nous avons proposé un programme de réforme du climat des affaires dans le secteur du logement. Ce programme comprend notamment un appui à la réforme du notariat, afin de renforcer la sécurité juridique des transactions immobilières.
L’étude a également mis en évidence plusieurs obstacles majeurs à l’investissement privé dans le secteur du logement. L’un des plus préoccupants est l’insécurité foncière : près de 80 % des litiges traités par les tribunaux en RDC concernent des conflits liés à la propriété foncière. Il est donc impératif d’apporter des réponses concrètes et durables à ces problématiques.
En partenariat avec la Banque mondiale, nous avons proposé un programme de réforme du climat des affaires dans le secteur du logement. Ce programme comprend notamment un appui à la réforme du notariat, afin de renforcer la sécurité juridique des transactions immobilières. Un notaire doté de responsabilités accrues peut jouer un rôle clé dans la fiabilisation des échanges entre acheteurs et vendeurs, ce qui contribuerait à stimuler l’activité dans ce secteur.
Par ailleurs, nous avons identifié des réformes prioritaires pour améliorer l’accès au crédit. À l’heure actuelle, le certificat d’enregistrement qui constitue le titre de propriété n’est généralement délivré qu’après la mise en valeur du terrain. Cette pratique empêche les promoteurs immobiliers d’utiliser le foncier comme garantie pour obtenir un financement bancaire. Une réforme de ce mécanisme permettrait aux banques de mieux sécuriser leurs prêts et de financer plus activement le développement du logement.
Bankable : À quelle échéance pensez-vous que ce programme peut aboutir ?
Malick Fall : Il est essentiel d’agir avec diligence, mais également avec rigueur. Nous travaillons activement à la mise en œuvre des réformes nécessaires, mais ce qui importe avant tout, c’est de bien les concevoir. Lorsqu’il s’agit d’intervenir sur le cadre réglementaire et légal, la précipitation peut compromettre la qualité et l’impact des mesures adoptées.
Il est donc fondamental que ce processus soit inclusif, associant l’ensemble des parties prenantes concernées, afin de garantir que les textes qui en découleront soient à la fois pertinents, applicables et porteurs de résultats concrets. En somme, il faut avancer rapidement, mais sans précipitation avec méthode, concertation et vision à long terme.
Bankable : La RDC ambitionne de tripler son taux d'accès à l'électricité d'ici 2030, dans le cadre du Compact énergétique national, en mobilisant près de 20 milliards de dollars d'investissement privé. L’IFC prépare des projets dans ce domaine. Quels en seront les contours ?
Malick Fall : Le secteur de l’électricité constitue un pilier stratégique de l’action de l’IFC en République Démocratique du Congo. Il est en effet impossible de parler d’industrialisation sans un accès fiable et durable à l’énergie. Or, le déficit énergétique du pays reste considérable, tant en milieu urbain que rural.
C’est pourquoi nous travaillons activement sur plusieurs projets structurants. Nous saluons notamment l’initiative Compact M300, qui vise à améliorer la coordination entre les différents acteurs du secteur. Une meilleure synergie permettra de renforcer la complémentarité des interventions et d’accélérer les résultats sur le terrain.
Parmi nos initiatives phares figure le programme Scaling Mini-Grid, que nous menons conjointement avec la Banque mondiale. Ce programme a pour objectif de créer des plateformes favorisant le développement de mini-réseaux électriques dans les zones les plus isolées, où l’accès à l’électricité reste très limité.
En ce qui concerne l’IFC, nous intervenons sur l’ensemble de la chaîne de valeur : production, transmission et distribution. Nous soutenons des projets en tant qu’investisseur, mais aussi en tant que co-développeur, afin de structurer des projets viables, bancables, et capables d’attirer des financements à long terme, qu’ils proviennent de l’IFC ou d’autres partenaires financiers intéressés par ce secteur stratégique.
Bankable : Vous pouvez déjà nommer quelques projets ?
Malick Fall : Oui, bien sûr. Comme mentionné, nous travaillons actuellement sur l’initiative Scaling Mini-Grid, en partenariat avec la Banque mondiale. Ce projet est en cours de déploiement dans la région du Kasaï. Il vise à créer un cadre clair et incitatif pour attirer des opérateurs privés dans la production et la distribution d’électricité à travers des mini-réseaux. Nous avons beaucoup d’espoir pour cette initiative : si elle réussit, elle pourrait être répliquée dans d’autres régions de la RDC, voire dans d’autres pays africains confrontés à des défis similaires.
Nous travaillons également sur un projet dans le domaine de la transmission électrique. Comme je l’ai souligné, il est essentiel d’étendre les réseaux de transport pour garantir une distribution équitable de l’électricité sur l’ensemble du territoire. Ces projets sont actuellement en phase de préparation, et nous espérons pouvoir en partager davantage dès qu’ils auront atteint un stade plus avancé.
Bankable : L'agriculture est un autre pilier du programme de l'IFC en RDC. En 2023, vous avez été parmi les organisateurs de l'Agribusiness Forum. Plus d'un an après, qu'est-ce qui s'est fait de concret à partir des observations, des recommandations de cette grande discussion ?
L’agriculture représente également un secteur clé pour le développement économique de la République Démocratique du Congo. Le pays dispose d’un potentiel agricole exceptionnel, avec des millions d’hectares de terres arables et des ressources en eau abondantes. Si ce potentiel est pleinement exploité, la RDC pourrait devenir une véritable puissance agricole sur le continent.
Pourtant, malgré ces atouts, le pays importe chaque année près de 2 milliards de dollars de denrées alimentaires pour répondre à ses besoins de consommation. C’est une anomalie économique, compte tenu de ses capacités naturelles. À l’inverse, avec les réformes appropriées et un environnement propice à l’investissement, la RDC pourrait non seulement atteindre l’autosuffisance alimentaire, mais également générer plus de 2 milliards de dollars d’exportations agricoles.
Nous avons récemment investi dans un projet agricole de 5 000 hectares dans le Katanga, dédié à la production de maïs et de blé. Il s’agit d’un premier investissement structurant, qui, nous l’espérons, servira de catalyseur pour d’autres initiatives similaires à travers le pays.
L’un des enseignements majeurs issus de l’Agribusiness Forum, que nous avons organisé conjointement avec le ministère des Finances, le ministère de l’Agriculture et la Banque africaine de développement, est la nécessité d’améliorer le cadre d’investissement pour attirer durablement les capitaux privés dans le secteur agricole. C’est dans cette perspective que nous avons engagé un travail approfondi sur les zones économiques spéciales (ZES), afin de créer des espaces sécurisés et compétitifs pour les investisseurs.
Ces zones doivent offrir des garanties fondamentales : sécurité foncière, accès à des infrastructures de base (transport, électricité, eau), et un environnement juridique stable et incitatif. Ce sont des conditions essentielles pour mobiliser des investissements de long terme, souvent intensifs en capital. Nous nous réjouissons des progrès réalisés à ce jour. En collaboration avec la Banque mondiale, nous avons contribué à l’élaboration de plusieurs décrets visant à rendre les ZES plus opérationnelles et attractives. Ces avancées réglementaires sont cruciales pour renforcer la crédibilité du dispositif et stimuler l’investissement privé.
Par ailleurs, nous avons récemment investi dans un projet agricole de 5 000 hectares dans le Katanga, dédié à la production de maïs et de blé. Il s’agit d’un premier investissement structurant, qui, nous l’espérons, servira de catalyseur pour d’autres initiatives similaires à travers le pays.
Bankable : Vous ne communiquez pas suffisamment sur les opportunités qu'offre ce nouveau cadre pour les investissements dans le secteur agricole…
Malick Fall : Il s’agit d’un processus en cours. Il est vrai que des progrès significatifs ont été réalisés, mais nous ne sommes pas encore au terme du chemin. Chaque étape doit être franchie avec rigueur et dans le bon Momentum. Nous entretenons une excellente collaboration avec les autorités congolaises sur les questions liées aux zones économiques spéciales, et les avancées obtenues jusqu’ici sont encourageantes.
Toutefois, comme pour toute réforme structurelle, il est essentiel de prendre le temps nécessaire pour garantir la solidité et la durabilité des résultats. Nous poursuivons activement ce travail, en partenariat étroit avec le gouvernement et la Banque mondiale. Et bien entendu, nous communiquerons sur les résultats de ce processus en temps opportun, dès que les conditions seront réunies pour le faire de manière claire et constructive.
Interview réalisée par Aboudi Ottou
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Maniema province has become the Democratic Republic of Congo’s leading center for legal artisanal gold exports. Since DRC Gold Trading SA opened its Kindu branch on March 25, 2025, the province has exported 447.028 kilograms of gold. That’s 42.3% of all the country’s official artisanal gold exports.
The shift follows DRC Gold Trading SA’s withdrawal from South Kivu. The region once accounted for over 90% of legal artisanal gold exports in 2023 and 2024. But worsening insecurity, including the advance of M23 rebels, forced the company to halt operations there in March. As a result, most South Kivu gold now avoids official channels and fuels informal cross-border trade.
This disruption undermines the company’s February pledge to export at least 5 tons of artisanal gold in 2025, worth about $1.3 billion.
To fill the gap left by South Kivu, DRC Gold Trading SA opened new branches this year in Buta (Bas-Uélé), Bunia (Ituri), and Isiro (Haut-Uélé). Yet early results show exports lag far behind expectations. Nationwide, the company shipped only 1,057.88 kilograms of gold in the first half of 2025, meeting just 21% of its annual target.
This article was initially published in French by Timothée Manoke, intern
Edited in English by Ange Jason Quenum
En l’espace de seulement trois mois, depuis l’ouverture de sa succursale à Kindu le 25 mars 2025, la province du Maniema s’est hissée au premier rang des zones de collecte d’or artisanal légal par DRC Gold Trading SA. Selon les données de l’entreprise publique, 447,028 kg d’or — soit 42,3 % des exportations nationales — ont été canalisés par cette antenne.
Cette montée en puissance survient dans un contexte de retrait de l’entreprise au Sud-Kivu, région qui représentait à elle seule plus de 90 % des exportations légales d’or artisanal entre 2023 et 2024. La persistance de l’insécurité, marquée notamment par l’avancée des rebelles du M23, a contraint DRC Gold Trading SA à suspendre ses opérations dans cette province depuis mars dernier. En conséquence, l’essentiel de la production aurifère locale échappe désormais au circuit officiel, alimentant les réseaux transfrontaliers informels.
Cette situation compromet les ambitions initiales de l’entreprise, qui visait, selon sa direction, l’exportation d’au moins 5 tonnes d’or artisanal en 2025, pour une valeur estimée à 1,3 milliard de dollars américains, selon une déclaration de février.
Pour compenser la perte du Sud-Kivu, de nouvelles succursales ont été ouvertes en 2025 à Buta (Bas-Uélé), Bunia (Ituri) et Isiro (Haut-Uélé). Toutefois, les résultats du premier semestre restent en deçà des attentes : seulement 1 057,88 kg d’or ont été exportés à l’échelle nationale, soit à peine 21 % de l’objectif annuel.
Timothée Manoke, stagiaire
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Depuis le 29 juin 2025, le processus d'importation en République démocratique du Congo a été modifié. Les nouvelles dispositions imposent désormais une inspection des marchandises directement dans les entrepôts des fournisseurs, avant toute expédition vers le territoire congolais.
Une séance de travail s’est tenue le 24 juin entre les importateurs, les experts de Bureau Veritas, de l’Office congolais de contrôle (OCC) et du Guichet unique du commerce extérieur (GUICE). Selon le compte rendu de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), cette réunion faisait suite à la note circulaire du 27 mai 2025, qui instaure de nouvelles procédures d’inspection avant expédition des biens vers la RDC.
Bureau Veritas, organisme de contrôle agréé par l’OCC, joue un rôle central dans ce nouveau dispositif. À l’issue de son examen, il délivre soit une Notification préliminaire (PN) pour les marchandises jugées conformes aux normes congolaises, soit un Avis de refus d’attestation (ARA) pour celles qui ne le sont pas. Cette vérification à l’entrepôt permet aux exportateurs d’apporter les corrections nécessaires avant l’expédition.
Il revient désormais aux importateurs d’informer leurs fournisseurs que toute marchandise destinée à la RDC doit faire l’objet d’un contrôle préalable obligatoire. Ce contrôle, mené par Bureau Veritas, porte sur la qualité, la quantité, le prix et la conformité des marchandises, conformément au contrat qui lie l’organisme de contrôle à l’OCC. Les fournisseurs devront également transmettre l’ensemble des documents requis dans le cadre de cette procédure.
Selon le nouveau manuel des procédures, toutes les demandes d’inspection doivent être introduites via la plateforme en ligne Verigates.
Le changement majeur introduit par cette réforme concerne l’Attestation de vérification (AV), devenue désormais indispensable pour le dédouanement. Ce document est délivré par le GUICE une fois le dossier validé dans son intégralité en ligne. Il constitue désormais la pièce maîtresse du processus douanier.
Cette réforme s’inscrit dans la continuité du mandat confié à Bureau Veritas BIVAC depuis 2017 par l’OCC, pour assurer le contrôle des importations selon les standards nationaux et internationaux. Elle poursuit deux objectifs : optimiser la fluidité des contrôles aux frontières, en les anticipant dans les pays exportateurs, et réduire les délais de traitement au niveau des postes frontaliers.
Certaines catégories de marchandises bénéficient toutefois d’exemptions. Sont notamment dispensés de ce contrôle préalable : les biens de faible valeur (inférieurs à 2 500 dollars), les bagages accompagnés, les dons à caractère humanitaire et les produits frais comme les fruits, légumes ou poissons.
Timothée Manoke, stagiaire
Cement prices in Kindu, capital of the Maniema province, have fallen sharply following the arrival of a new shipment from the Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC). The city had faced several weeks of cement shortages, but the delivery of 530 tons from Ubundu (Tshopo) has helped ease the crisis.
Before the shipment, a 50 kg bag of gray cement was selling for as much as $50 on the local market. Since the boat docked, prices have dropped to around $35 to $36 per bag, representing a nearly 30% decrease. The price reduction is bringing relief to the construction sector in Kindu, which had been under pressure due to high material costs.
According to the Congolese Employers Federation (FEC), this shipment signals positive momentum for economic activity in the city. Raymond Ngadi Tshikunga, director of the SNCC's river-rail operations for Kindu–Maniema, told Radio Okapi that more deliveries are expected in the coming weeks. The vessel will return to Ubundu to transport additional goods.
This logistical operation also marks the reopening of the vital river corridor connecting Kindu to Ubundu, a key supply route for the city. SNCC has announced plans to run cargo rotations every 30 to 40 days, which could help ensure a more stable flow of goods to the area.
The African Development Bank (AfDB) is moving ahead with preparatory work for the construction of a bridge over the Oubangui River, aimed at linking Zongo in the Democratic Republic of Congo (DRC) with Bangui, the capital of the Central African Republic (CAR). During a site mission on July 3, 2025, alongside an AfDB delegation, Billy Tshibambe, head of the infrastructure unit, announced that while the project is still in its technical, legal, and institutional structuring phase, formal financing is expected in 2026.
The bridge is part of a broader multinational initiative coordinated by the AfDB. It also includes developing missing road links along the corridors from Bangui (CAR) to Kisangani (DRC) and Kampala (Uganda), and from Kisangani to Bujumbura (Burundi). The project aligns with the strategic Trans-African Highway (TAH) No. 8 (Lagos-Mombasa) and incorporates trade and transit facilitation measures, as well as the installation of one-stop border posts.
Preparatory studies for the various project components are estimated at $3.1 million. These were originally scheduled for completion in June 2024. For the bridge, the plan includes finalizing preliminary design studies (APS), detailed design studies (APD), bidding documents for contractor selection, and the appointment of construction oversight firms.
For the missing segments of the road corridors, APS studies are also required. A separate transport, trade, and transit facilitation study is planned, which includes the construction of one-stop border posts (PCUFs) between DRC, CAR, Burundi, and Uganda. A road safety and infrastructure preservation program is also under consideration.
Funding Awaits Technical, Environmental Reviews
At this stage, stakeholders from the DRC, CAR, Burundi, and Uganda are awaiting the completion of technical and environmental studies before any funding is mobilized. A steering committee will be established to oversee the project, working closely with relevant sectoral ministries, particularly the Ministry of Land Planning in the DRC.
This initiative also ties into a broader regional effort launched in June 2024, with the signing of a letter of intent between the Congolese government, the European Union, France, and several technical partners. The aim is to develop African Corridor No. 6 (Akula-Gemena-Zongo-Bangui), a 400-kilometer route designed to open up the Grand Équateur region and boost trade connectivity between the DRC and CAR.
Boaz Kabeya (Intern)
La Banque africaine de développement (BAD) poursuit les travaux préparatoires en vue de la construction d’un pont sur la rivière Oubangui, destiné à relier la ville de Zongo, en République démocratique du Congo (RDC), à Bangui, capitale de la République centrafricaine (RCA). En mission sur le site le 3 juillet 2025 aux côtés d’une délégation de la BAD, le chef de la cellule infrastructures, Billy Tshibambe, a annoncé que le financement du projet, encore en phase de structuration technique, juridique et institutionnelle, devrait faire l’objet d’un accord formel en 2026.
La construction de ce pont s’inscrit dans le cadre d’un projet multinational coordonné par la BAD. Il comprend également l’aménagement des chaînons manquants des corridors routiers Bangui (RCA) – Kisangani (RDC) – Kampala (Ouganda) et Kisangani – Bujumbura (Burundi). Ce projet, adossé à l’axe stratégique de la Transafricaine TAH n°8 (Lagos–Mombasa), intègre également des mesures de facilitation du commerce et du transit, ainsi que l’installation de postes de contrôle unique aux frontières.
Les études préparatoires de ces différents volets sont estimées à 3,1 millions de dollars. Elles auraient dû s’achever en juin 2024. Pour la construction du pont, y compris son raccordement aux réseaux routiers existants, il est prévu de finaliser les études d’avant-projet sommaire (APS), les avant-projets détaillés (APD), les dossiers d’appel d’offres (DAO) pour la sélection des entreprises, ainsi que la désignation des bureaux de contrôle des travaux.
Concernant les chaînons manquants des corridors routiers précités, les APS devront également être réalisés. Une étude de facilitation des transports, du commerce et du transit est aussi prévue sur ces axes, incluant la construction de postes de contrôle frontaliers (PCUFs) entre la RDC, la RCA, le Burundi et l’Ouganda. Un programme de sécurité routière et de préservation du patrimoine routier est également envisagé.
À ce stade, les différentes parties prenantes – RDC, RCA, Burundi et Ouganda – attendent la finalisation des études techniques et environnementales avant toute mobilisation de fonds. Un comité de pilotage sera institué pour le suivi du projet, en coordination avec les ministères sectoriels concernés, notamment celui de l’Aménagement du territoire en RDC.
Ce projet s’inscrit aussi dans une autre dynamique enclenchée en juin 2024, avec la signature d’une lettre d’intention entre le gouvernement congolais, l’Union européenne, la France et plusieurs partenaires techniques, en vue du développement du corridor africain n°6 (Akula–Gemena–Zongo–Bangui). Ce corridor de plus de 400 km vise à désenclaver la région du Grand Équateur et à renforcer la connectivité commerciale entre la RDC et la RCA.
Boaz Kabeya, stagiaire
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Après plusieurs semaines de pénurie, la ville de Kindu, capitale de la province du Maniema, connaît une baisse notable des prix du ciment gris. Cette tendance s’explique par l’arrivée d’un bateau de la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC) ayant livré une cargaison de 530 tonnes de ciment en provenance d’Ubundu (Tshopo), répondant ainsi à la commande des opérateurs économiques locaux.
Avant ce ravitaillement, le sac de 50 kg de ciment atteignait jusqu’à 50 dollars américains sur le marché local. Depuis l’accostage du navire, les prix ont chuté à environ 35-36 dollars, soit une baisse de près de 30 %. Cette évolution redonne un souffle nouveau aux activités du secteur du bâtiment dans cette ville.
D'après la Fédération des entreprises du Congo (FEC), la livraison de cette cargaison envoie un signal encourageant pour la reprise de l'activité économique. Pour Raymond Ngadi Tshikunga, directeur de la région fleuve-rails de la SNCC Kindu–Maniema, cité par Radio Okapi, de nouvelles livraisons sont attendues dans les prochaines semaines. Le bateau repartira vers Ubundu pour ramener de nouvelles marchandises.
Toutefois, cette opération logistique marque aussi la reprise du trafic sur le corridor fluvial reliant Kindu à Ubundu, jugé essentiel pour l’approvisionnement de la ville en biens. Dans la foulée, la SNCC annonce désormais une rotation des convois tous les 30 à 40 jours, ce qui pourrait garantir une stabilité dans les flux de marchandises.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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Smuggling of cheap goods from Uganda has forced 15 of Ariwara’s 25 factories to shut down since 2022, the Association of Tenants and Manufacturers of the Aru Territory told Radio Okapi.
The closures have hit companies producing soap, water, bread, wine, and other alcoholic drinks. This wave of shutdowns has weakened Ariwara’s economy, driven up unemployment, and fueled juvenile delinquency.
“We ask the provincial and national governments to support these companies that have closed and those still operating under many difficulties, in order to understand their situation,” said Samuel Nyabho Mugabhayo, president of the local branch of the Federation of Congolese Enterprises (FEC).
Ariwara sits just 12 kilometers from the Ugandan border and has long been a key commercial hub for trade between Ituri and Uganda. Smugglers have flooded Ariwara with products like coffee, tobacco, and other consumer goods for years.
Gold mined in Ituri and Haut-Uélé also flows through Ariwara. Reports show armed groups profit from smuggling these minerals, which are then trafficked through Uganda, Burundi, and Rwanda, with their origins often concealed.
This article was initially published in French by Boaz Kabeya, Intern
Edited in English by Ange Jason Quenum