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Equipe Publication

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En RDC, l’Association africaine de défense des droits de l’homme (Asadho) a récemment émis des allégations de détournement de 940 millions $ à l’encontre de la Snel, la compagnie publique d’électricité. Si la Snel n’a pas encore réagi, cette nouvelle sortie visant une entreprise appartenant à l’État montre l’importance que revêt pour la RDC la poursuite de la lutte contre la corruption.

Selon les détails relayés par plusieurs médias, le détournement présumé dénoncé par Asadho porte sur des fonds liés à des droits de douane et des amendes payées par des compagnies minières pour l’importation d’électricité dans les provinces du Lualaba et du Haut-Katanga. L’association indique que ces sommes, qui devaient être reversées à la Direction générale des douanes et accises (DGDA), n’ont pas été transférées par la Snel, malgré le fait que les entreprises minières avaient déjà effectué les paiements requis. Elle affirme qu’un réseau de corruption au sein de la Snel serait responsable et appelle la justice à mener des enquêtes.

Il faudra attendre davantage d’éléments et d’éventuels développements pour évaluer le niveau de crédibilité de ces allégations. Néanmoins, il est important de rappeler que la lutte contre la corruption est l’une des priorités du programme politique de Felix Tshisekedi depuis son arrivée au pouvoir en 2019.

Ces dernières semaines des hommes politiques invitent les populations et les agents économiques à ne plus se taire et à dénoncer les actes de corruption. Le ministère de la Justice a indiqué pour sa part que son administration travaille à assainir au mieux la gestion publique. Au niveau du ministère des Finances enfin, une mission est annoncée dans l’ensemble des régions du pays, pour effectuer divers contrôles sur le travail des représentants de cette administration.

Dans un entretien accordé en décembre 2023 à BBC, Jules Alingete, chef de l’Inspection générale des finances (IGF), a évoqué les efforts consentis par cet organisme depuis 2020 pour assainir la gestion des finances publiques. Selon lui, si en 2020, la situation était « catastrophique » marquée par des cas de corruption dans tous les secteurs ; les différents efforts auraient conduit à « des améliorations sensibles en termes de mobilisation des recettes, en termes de budgets, en termes de croissance économique, en termes de réserves de changes et d’autres paramètres économiques ».

Si la RDC a occupé en 2023 la 162e place sur 180 pays classés selon le niveau perçu de corruption dans le secteur public, il faut noter que le score du pays a progressé par rapport à 2019. De 18 sur 100 en 2019, l’indice de perception de la corruption (Corruption perceptions Index-CPI) de la RDC est passé à 20/100 en 2023, 100/100 étant la note attribuée aux pays perçus comme non corrompus.

Louis-Nino Kansoun

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En République Démocratique du Congo (RDC), Vodacom a déclaré un chiffre d’affaires de 37,5 millions de dollars pour ses services financiers au cours de son 1er trimestre se terminant le 30 juin 2024, principalement porté par son portefeuille M-Pesa. Cette performance représente une augmentation de 24,4 % par rapport à la même période en 2023, reflétant l’expansion continue des services financiers numériques dans le pays.

En dehors de sa participation de 34,7 % dans Safaricom au Kenya, la RDC se classe comme le troisième marché le plus important pour les services financiers de Vodacom, derrière la Tanzanie (51 millions de dollars) et l’Afrique du Sud (47,5 millions de dollars). La croissance en RDC est alimentée par une augmentation du nombre d’utilisateurs de M-Pesa, qui atteint désormais 5,48 millions.

Vodacom n’a pas fourni de détails spécifiques sur les moteurs de cette croissance en RDC, mais a souligné l’importance stratégique du pays dans son expansion internationale. « Dans nos opérations internationales, les revenus normalisés de M-Pesa ont augmenté de 10,9 %, soutenus par la Tanzanie et la RDC. Nos services financiers avancés, incluant les prêts, l’épargne, les transferts d’argent internationaux, l’assurance et les services aux commerçants, visent à approfondir l’inclusion financière sur tous nos marchés », a déclaré l’entreprise.

Bien que ce premier trimestre soit exceptionnel pour ce segment d’activités, Vodacom RDC doit encore rattraper la croissance de 48 % enregistrée sur la même période en 2023, laquelle s’est stabilisée à 40 % à la fin de l’exercice clos le 30 mars 2024. Cette dynamique laisse entrevoir des marges de progression importantes pour Vodacom et ses concurrents en RDC, pays dont le taux de bancarisation totale (mobile money inclu) était juste de 38 % à la fin mars 2024.

Avec plus de 21,74 millions d’abonnés, Vodacom RDC couvre une part significative du marché national. Bien que ce chiffre puisse sembler modeste par rapport à une population estimée à 105,6 millions d’habitants, il convient de considérer la structure démographique du pays. Selon les estimations des Nations Unies, 41 % de la population est âgée de moins de 14 ans et jusqu’à 52 % a moins de 19 ans, ce qui donne un aperçu plus précis de la pénétration de Vodacom.

Ce contexte démographique révèle également un potentiel de croissance considérable. Malgré les défis économiques, notamment un coût élevé de la vie, la RDC bénéficie d’une croissance soutenue, stimulée par son rôle clé dans l’approvisionnement en minéraux essentiels à la transition énergétique mondiale. Le revenu par habitant, bien que modeste, a progressé ces dernières années, renforçant ainsi les perspectives de développement pour Vodacom RDC.

Gorges Auréole Bamba

Moody’s Investors Service a salué les performances financières de Rawbank en améliorant sa note de dépôt à long terme de Caa1 à B3, une évolution notable annoncée le 16 août 2024. Cette décision est justifiée par une rentabilité accrue et un solide niveau de fonds propres, reflétant la robustesse financière de la banque. En 2023, les revenus d’intérêts sur les prêts ont bondi de 48 %, principalement grâce à la dynamique du secteur minier, en particulier dans la chaîne de valeur du cuivre, un pilier de l’économie de la République Démocratique du Congo où Rawbank est basée.

L’amélioration de la capitalisation de Rawbank a également été un facteur déterminant, avec un ratio de fonds propres sur actifs pondérés par les risques passant de 11,0 % en 2022 à 15,7 % en 2023. Cette solidité financière témoigne d’une meilleure résistance aux risques et renforce les perspectives de croissance future de la banque, soutenue par une gestion prudente des marges et une rétention des bénéfices nets qui ont presque doublé en 2023.

Cependant, quelques points d’attention subsistent, notamment un léger accroissement du ratio des prêts non performants, passé de 2,5 % en 2022 à 3,1 % en 2023. Ce phénomène reflète également l’expansion dynamique du portefeuille de prêts, particulièrement dans les segments de détail et PME, secteurs en pleine croissance pour Rawbank.

Malgré un contexte économique complexe en République Démocratique du Congo, Moody’s reste optimiste quant à la capacité de Rawbank à maintenir, voire améliorer, sa rentabilité et sa capitalisation à long terme. Cette nouvelle notation consolide la stratégie de la banque, visant à renforcer son rôle sur la scène internationale. À cet égard, le 6 août 2024, Rawbank a pris une participation dans l’Africa Finance Corporation, une institution multilatérale spécialisée dans le financement des infrastructures en Afrique, avec plus de 200 millions de dollars mobilisés uniquement pour la République Démocratique du Congo.

Georges Auréole Bamba 

Rawbank, leader du secteur bancaire en République démocratique du Congo, a inauguré, en collaboration avec le ministère de la Justice, Garde des Sceaux, des guichets bancaires avancés dans les services chargés de percevoir les droits, taxes et redevances diverses. Cette initiative vise la bancarisation des frais judiciaires en vue de limiter les manipulations d’argent par diverses personnes.

« Rawbank, en tant que partenaire, joue un rôle essentiel dans ce projet. Notre expertise et notre engagement en faveur de l’innovation financière sont des atouts précieux pour relever les défis auxquels notre société est confrontée. Grâce à cette synergie, nous établirons un système judiciaire plus moderne et efficace, générant une augmentation des recettes grâce à une meilleure traçabilité des paiements des frais de justice », a déclaré Christian Kamanzi, directeur général adjoint en charge de l’administration et des risques, représentant du directeur général, Mustafa Rawji.

Plus qu’une simple ouverture d’agence au sein du palais de justice, cette initiative répond à la volonté gouvernementale de lutter contre la corruption dans le secteur judiciaire, comme l’a souligné le ministre d’État Constant Mutamba : « Il y avait une confusion à ce sujet, tout le monde pouvait percevoir ces taxes et redevances. Le rapport de la Cour des comptes a révélé des détournements de plusieurs centaines de milliers de dollars par certains greffiers ».

Rawbank est consciente de l’urgence de la situation. « La bancarisation des frais de justice représente un tournant décisif pour notre pays. Elle renforcera la transparence et l’efficacité du système judiciaire, tout en garantissant une meilleure traçabilité des transactions financières liées aux procédures judiciaires », a affirmé Constant Kamanzi.

Un exemple concret de l’efficacité de ce processus est la collecte des recettes par la direction des cultes et associations du ministère de la Justice. Selon le ministre d’État Constant Mutamba, les montants perçus sont passés de 15 à 20 millions de Francs Congolais (CDF) par mois à près de 328 millions de CDF, un record jamais atteint. Le gouvernement espère donc une « explosion des recettes » grâce à ce partenariat avec le secteur bancaire.

Georges Auréole Bamba

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La British International Investment, institution de financement du développement du gouvernement britannique, a annoncé qu’elle s’engage à investir près de 35 millions de dollars américains dans la construction du nouveau port en eau profonde de Banana, dont la concession est attribuée à DP World de Dubaï. Cet apport est destiné à accélérer la mise en place des infrastructures de cette plateforme dont le développement se fera en 3 phases, pour un investissement global de 1,2 milliard $.

La première phase du projet dont les travaux sont en cours porte sur un investissement de 350 millions $ qui permettra d’ériger un quai de 600 m et 25 hectares d’espace de stockage, pour manutentionner environ 322 000 conteneurs par an. Le port, dont la capacité devrait augmenter progressivement au fil du temps, sera relié à un réseau d’infrastructures logistiques supplémentaires, notamment une zone franche et des voies multimodales pour raccorder facilement les pôles urbains du pays tels que Kinshasa, Boma et Matadi. Ces différentes infrastructures s’imbriqueront dans les autres réseaux routiers et ferroviaires prévus dans le plan national des transports pour établir un système multimodal plus maillé.  

Le chantier du port une fois achevé aidera à mettre fin à la dépendance de la République démocratique du Congo vis-à-vis des ports voisins, notamment de Pointe-Noire (République du Congo), de Dar es Salam (Tanzanie) ou de Lobito (Angola), ses principales portes d’entrée maritimes pour l’approvisionnement et le commerce international. L’éloignement de ces ports, qui abritent en même temps la plupart des entrepôts de stockage de chaine logistique de la RDC, impacte en effet grandement la facture des expéditions de minerais, et les coûts de revient des marchandises importées par le pays comme les denrées alimentaires, les vêtements, les produits pharmaceutiques et d’autres biens de consommation. Le nouveau port deviendra par ailleurs une plateforme majeure d’expédition des minerais critiques dont d’importantes réserves mondiales sont concentrées en RDC et en Zambie voisine.

Selon une étude menée par la British International Investment, les gains d’efficacité du projet Banana « devraient aider à réduire le coût du commerce en RDC de 12 %. Son développement permettra la création d’environ 85 000 emplois, d’environ 1,12 milliard USD d’échanges commerciaux supplémentaires et de 429 millions USD d’amélioration des perspectives économiques, ce qui équivaut à une augmentation de 0,65 % du PIB de la RDC ».

Henoc Dossa

Mohammed Bouhelal devrait jouer un rôle clé dans le positionnement international de Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo, en tant que place forte pour les données numériques. À la tête d’OADC Texaf Digital – Kinshasa, il supervise le premier centre de données de colocation neutre Tier-III du pays, inauguré officiellement dans la capitale le mercredi 14 août 2024. Cette infrastructure résulte d’une collaboration stratégique entre les groupes Open Access Data Center (OADC) et Texaf.

Le directeur général explique que « OADC Texaf Digital - Kinshasa est essentiel pour dynamiser de nombreux secteurs de l’économie de la RDC, créer des écosystèmes numériques riches et dynamiques, et offrir aux réseaux de distribution de contenu ainsi qu’aux fournisseurs de cloud un accès à un emplacement de peering de qualité dans le pays ». Il a également révélé que 12 grands opérateurs, nationaux et internationaux, se sont déjà connectés et ont adopté les solutions d’OADC Texaf Digital – Kinshasa, le secteur bancaire étant le premier à en bénéficier.

Ce centre de données arrive à un moment crucial pour la RDC dont le gouvernement place la transformation numérique au cœur du développement national. Dans le secteur public, cette infrastructure pourrait susciter plus d’efficacité pour des services tels que l’identification des personnes, les paiements, l’enseignement, les soins médicaux, l’agriculture, et la coordination de la logistique, entre autres.

Mohammed Bouhelal compte faire du centre de données d’une capacité de 2 mégawatts (MW) un atout stratégique pour la création d’un écosystème numérique dynamique. Il sera orienté pour répondre aux besoins des points d’échange Internet, des fournisseurs de contenu, des opérateurs de cloud, des transporteurs de données, des opérateurs de télécommunications et des fournisseurs d’accès Internet, leur permettant de développer leurs opérations en RDC de manière rentable, flexible et sécurisée.

Située à Silikin Village, la nouvelle infrastructure technologique d’OADC et Texaf ouvre ses portes quelques jours avant celle de Raxio, un autre centre de données neutre de niveau Tier-III, dont l’inauguration est également imminente.

Muriel Edjo

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Jean-Michel Sama Lukonde est le nouveau président du Sénat, la chambre haute du parlement congolais. L’information a été rendue publique le lundi 12 août au terme d’une élection ayant permis au candidat unique de la majorité au pouvoir de récolter 84 voix sur 96. Dans la foulée, il a annoncé un « plan visant à mettre en place un Sénat efficace, moderne et accessible » et un Sénat qui « devra exercer en toute indépendance le contrôle sur le gouvernement, les institutions d’appui à la démocratie, les entreprises publiques, les établissements publics et services publics ».

L’action publique, Jean-Michel Sama Lukonde la connait bien pour avoir été Premier ministre de février 2021 à février 2024. Né le 4 août 1977 à Paris, il est le fils de Stéphane Lukonde Kyenge, un homme politique de la province du Katanga assassiné en 2001. Après des études universitaires en Chimie industrielle et en informatique, en RDC et en Afrique du Sud, il débute sa vie professionnelle au sein du groupe audiovisuel sud-africain MultiChoice. Il s’oriente ensuite vers le secteur des mines en s’impliquant notamment dans des projets de la Gécamines, Métal mines, Huashin ou Rubamin. Il est nommé directeur de la Gécamines en 2019 par le président de la RDC, Félix Tshisekedi avant d’être porté aux fonctions de Premier ministre.

SA

Lors de sa visite de travail en République démocratique du Congo (RDC), la semaine dernière, Richard Nelson (photo), le coordonnateur du Programme Power Africa, a annoncé un nouvel investissement de 15,5 millions de dollars pour renforcer l’accès durable à l’électricité dans le pays. Concrètement, l’investissement qui s’étalera sur les trois prochaines années ira dans des projets d’électrification des milieux ruraux et la distribution de kits solaires pour les ménages, dans les zones reculées et non desservies par le réseau de distribution.

Cette enveloppe vient en renfort aux efforts déjà entrepris par le Programme en Afrique centrale et de l’est, comme l’acquisition, l’année dernière d’une participation de 85 % dans deux projets solaires. Notons qu’à court terme, Power Africa envisage de développer 350 MW d’électricité sur place, à travers en priorité l’énergie solaire.

D’ailleurs, Richard Nelson a laissé entendre que Power Africa s’investira davantage dans l’apport de solutions durables aux compagnies minières dans le pays. Celles-ci, faut-il le rappeler, présentent une demande électrique importante que le réseau de distribution peine à satisfaire. La situation est telle que de plus en plus d’opérateurs miniers développent leurs propres systèmes d’approvisionnement électrique.

« Nos efforts visent à avoir très bientôt un impact significatif notamment dans l’électrification des milieux ruraux », a-t-il déclaré, avant de mentionner que la mise en œuvre de ce projet sera réalisée par des entreprises privées partenaires.

Une fois réalisée, ce projet de Power Africa permettra de réduire le gap de l’accès à l’électricité dans le pays, qui selon l’Agence internationale de l’Énergie (AIE), compte parmi les 20 pays avec le plus grand déficit d’accès à l’électricité dans le monde. On estime à 78 millions, le nombre de personnes n’ayant pas accès à l’électricité en RDC.

Power Africa, qui est une initiative de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) lancée en 2013, veut ajouter 30 000 MW de capacité de production propre au mix africain d’ici 2030, afin de réaliser 60 millions de connexions électriques à cet horizon. Ceci implique la conception et la mise en place de programmes nationaux d’électrification, la modernisation des services de transmission et de distribution, le déploiement de technologies énergétiques propres, ainsi que la promotion des investissements dans le secteur de l’énergie.

L’initiative a déjà accompagné 42 pays africains dans leurs efforts pour l’électrification avec entre autres 14 300 MW de projets ayant atteint le closing financier, 7 600 MW ayant été mis en service à partir d’énergies propres.

Olivier de Souza

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En RDC, il faut en moyenne entre 10 et 15 ans pour développer une nouvelle mine de cuivre, de cobalt ou autre métal essentiel à la transition énergétique. C’est le deuxième temps le plus rapide au monde, après le Laos, selon un rapport publié le 18 juillet 2024 par S&P Global. Intitulé « Mine Development times : The US in perspective », ce rapport sur les États-Unis se concentre sur le temps nécessaire pour développer un projet minier, de la découverte à l’entrée en production. Pour réaliser son classement, S&P a pris en compte 268 mines réparties dans 23 pays. L’étude comprenait des mines de cobalt, de cuivre, d’or, de lithium, de nickel, de palladium, de platine, de vanadium et de zinc, en production ou non.

Si le document ne donne pas assez de détails ou d’explications sur le classement de la RDC, les critères avancés pour justifier le rang des États-Unis (2e temps de développement minier le plus long) apportent des éléments de réponse. Selon les auteurs, le temps long (29 ans en moyenne) pris chez l’Oncle Sam pour développer une mine s’explique principalement par la complexité des autorisations nécessaires (retard, imprévisibilité et coût de l’octroi de permis sur les terres fédérales). Ils évoquent également une volonté politique insuffisante malgré une forte dotation en ressources minérales, ou encore la faiblesse des investissements dans l’exploration.

Le rapport indique également que « le développement d’une mine aux États-Unis n’est pas seulement long et coûteux, mais il est également exceptionnellement incertain ». Aux États-Unis, apprend-on, même si les projets miniers obtiennent tous les permis nécessaires, ils sont soumis à un risque de litige (avec les parties prenantes) plus élevé comparativement à des pays comme le Canada ou l’Australie qui ont des temps de développement également élevé (27 et 20 ans respectivement).

Temps mis pour développer une mine par pays

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Source : S&P

On pourrait en déduire que les autorisations réglementaires sont moins complexes et plus faciles à obtenir dans les pays mieux classés comme la RDC. Aussi, étant donné le poids du secteur minier dans l’économie congolaise, il est normal que les efforts du gouvernement pour le développement minier y soient plus marqués. En revanche, il est difficile de déterminer si les risques de litige moins élevés dans un pays comme la RDC sont liés aux lois en vigueur ou à une moins forte sensibilité des parties prenantes aux questions d’ordre environnemental ou social.

L’attractivité du secteur minier congolais

Pour mesurer l’attractivité d’une juridiction minière pour les investisseurs, plusieurs critères sont à prendre en compte, en l’occurrence le potentiel minéral, mais aussi les politiques en vigueur. Concernant le premier point, la RDC est reconnue comme étant un des pays les mieux dotés au monde en ressources minérales indispensables à la transition énergétique, comme le cuivre, le cobalt ou encore le lithium.

Pour le deuxième point, si le temps nécessaire pour développer une mine (selon les critères susmentionnés) en RDC peut être vu comme un indicateur de politiques attractives pour les investisseurs, d’autres facteurs sont à prendre en compte. En 2023, l’Institut Fraser a mis la RDC au 67e rang sur 83 dans son classement des juridictions minières africaines, selon leur attractivité pour les investisseurs étrangers. Ces deniers ont évoqué des défis comme « la récente augmentation unilatérale du taux de redevance en RDC », ou « le manque de clarté des limites des concessions minières d’exploration et la corruption ».

Malgré les critiques à l’encontre du pays pour certains aspects de sa politique minière, il faut remarquer que depuis l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi, plusieurs efforts ont été consentis pour faire évoluer la perception qu’ont les investisseurs étrangers de l’environnement minier congolais. Actuellement deuxième producteur mondial de cuivre et leader de la production de cobalt, le pays cherche à attirer toujours plus d’investissements pour concrétiser son vaste potentiel minier tout en tirant davantage de profits de ce secteur.

Louis-Nino Kansoun

Ntambwa Basambombo et Christel Ilaka sont en passe de décrocher une récompense pour leur projet visant à moderniser l’inclusion financière en République démocratique du Congo. Leur entreprise, Vaultpay, spécialisée dans les technologies financières, figure parmi les 10 finalistes du prix de l’innovation en fintech du groupe panafricain Ecobank. En cas de victoire, ils remporteront la somme de 50 000 $.

La solution de Vaultpay se distingue par sa simplicité et son efficacité. En RDC, où la taille du pays complique l’implantation d’agences bancaires, Vaultpay permet d’ouvrir un compte bancaire directement depuis un téléphone portable. Ce compte, capable de recevoir et d’émettre des paiements, est lié à une carte virtuelle, disponible dès l’inscription, puis physiquement sous 24 heures. Tout comme les néobanques telles que Wise, Fortuneo, Hello Bank ou Revolut, Vaultpay s’adapte aux besoins d’un marché de 105 millions d’habitants où l’accès aux services financiers reste encore limité pour une majeure partie de la population.

Les fondateurs de Vaultpay tirent parti de leurs expériences variées et longues. Christel Ilaka a débuté sa carrière chez Rawbank, la plus grande banque de RDC en termes d’actifs, en tant que chargé de relation clientèle pendant cinq ans et demi, avant de rejoindre Google comme développeur pendant trois ans. Ntambwa Basambombo, quant à lui, cumule 13 ans dans le développement informatique, dont 6,5 ans chez Airbnb.

Leur parcours les a menés en 2023 à Y Combinator, un accélérateur américain ayant soutenu des milliers de startups à travers de l’appui technique et des capitaux risque. Vaultpay a reçu 500 000 $ de Y Combinator en septembre 2023, selon des informations de la base des données Ecofin Pro de l’Agence Ecofin. Malgré son positionnement innovant, Vaultpay devra faire face à une forte concurrence des neuf autres finalistes de la compétition Ecobank, qui sont tous porteurs de solutions tout aussi disruptives.

Georges Auréole Bamba

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