Yogo Dubois est un entrepreneur congolais spécialisé dans les technologies financières. Depuis 2024, il est le fondateur et président-directeur général de Rego, une start-up fintech qui ambitionne de révolutionner l’accès aux services financiers en Afrique subsaharienne.
Concrètement, Rego facilite l’identification numérique et l’évaluation du crédit. Sa plateforme offre des solutions sécurisées, évolutives et inclusives, permettant aux entreprises et aux particuliers d’accéder plus facilement aux services financiers.
En intégrant des technologies avancées telles que le cryptage, l’authentification biométrique et l’analyse alternative des données, Rego garantit une sécurité optimale et favorise l’autonomie financière. De la vérification d’identité au profilage de crédit, elle comble ainsi le fossé entre innovation et inclusion financière.
Yogo Dubois est le président de la DRC Fintech Association, une organisation engagée dans le développement du secteur des technologies financières en République Démocratique du Congo (RDC). Il siège également au conseil d’administration de Africa Fintech Network, une plateforme réunissant les leaders de la fintech en Afrique, ainsi que de Onafriq en RDC, une fintech panafricaine dont il est aussi actionnaire.
Diplômé de la Frankfurt School of Finance & Management en Allemagne, il obtient un master en marketing en 2017, suivi d’un master en gestion et administration des affaires en 2019. En 2024, il obtient une certification d’analyste en banque commerciale et en crédit auprès du Corporate Finance Institute.
Sa carrière débute en 2002 chez Airtel DRC, où il occupe successivement les postes de représentant du service client et gestionnaire de produits. En 2008, il devient chef régional du développement commercial chez InTarget Mobile Advertising, une entreprise spécialisée dans la publicité et le marketing mobile en Afrique. En 2016, il rejoint Onafriq en tant que directeur commercial pour l’Afrique australe et de l’Est.
En 2017, Yogo Dubois intègre la société sud-africaine Siyavula Education, spécialisée dans la technologie éducative. En 2020, il est nommé directeur régional du développement commercial en Afrique subsaharienne pour Mondia Group, une entreprise de commerce mobile.
Melchior Koba, We Are Tech
Depuis le samedi 1er février 2025, des habitants de plusieurs villes de la République Démocratique du Congo (RDC) rencontrent des difficultés d’accès à certaines plateformes sociales, notamment TikTok, le deuxième réseau social le plus utilisé dans le pays après Facebook, avec 4,44 millions d’abonnés en janvier 2024, ainsi qu’à X, qui est largement utilisée par les administrations et les personnalités publiques pour leurs communications.
Des perturbations ont été signalées dans plusieurs grandes villes, notamment Kinshasa, Goma, Bukavu et Lubumbashi. De nombreux internautes ont rapporté qu’ils ne pouvaient plus accéder à leurs applications, tandis que d’autres ont contourné ces restrictions en utilisant des réseaux privés virtuels (VPN).
Selon l’organisation NetBlocks, spécialisée dans la surveillance de l’Internet, les données suggèrent une restriction ciblée sur les réseaux sociaux et puis les plateformes de téléchargement d’applications, ce qui rend aujourd’hui l’accès aux VPN plus difficile.
À ce jour, aucune annonce officielle n’a été faite concernant ces restrictions, mais de nombreux observateurs estiment qu’il s’agit d’une mesure visant à limiter la diffusion d’informations en lien avec la situation sécuritaire à l’est du pays. Tandis que le gouvernement accuse certains acteurs d’exploiter les réseaux sociaux pour diffuser de fausses informations ou attiser les tensions, plusieurs organisations de la société civile dénoncent une atteinte à la liberté d’expression.
À l’instar de la RDC, plusieurs gouvernements africains recourent aux restrictions d’Internet en période de crise politique ou sécuritaire. Selon le rapport Global Cost of Internet Shutdowns, publié en janvier dernier par la plateforme britannique Top10VPN, l’Afrique subsaharienne aurait perdu près de 1,5 milliard de dollars en 2024 en raison des coupures d’Internet, du blocage des réseaux sociaux et de la réduction du débit. Au-delà des pertes économiques directes pour les entreprises numériques et les travailleurs indépendants, ces restrictions freinent les transactions en ligne, perturbent les chaînes d’approvisionnement et affectent des secteurs clés comme le commerce électronique et les services numériques.
Samira Njoya, We Are Tech
Lire aussi :
TikTok dans le collimateur du régulateur en RDC
Sécurité : la RDC envisage une surveillance des réseaux sociaux
Digital technology is central to the strategy of the Democratic Republic of Congo (DRC) to enhance public finance management. This strategy aims to improve transparency, institutional efficiency, and combat corruption. In the first review of its second program with the International Monetary Fund (IMF), the DRC announced several technological reforms to bolster economic growth in 2025, focusing on raising the country’s real gross domestic product or real GDP by 5.4%.
The strategy will specifically aim to rapidly deploy the LOGIRAD integrated management software for duties, taxes, and royalties across various government sectors, including mines, hydrocarbons, telecommunications, migration, land affairs, and justice.
The government also plans to implement an integrated tax management system (ERP) at the Direction Générale des Impôts (DGI) and digitize customs procedures at the Direction Générale des Douanes et Accises (DGDA). "We aim to finalize these deployments by February 2025," the government informed the IMF.
2025 and beyond
Looking beyond 2025, the Congolese government recognizes the importance of digitization for good governance and is exploring new solutions to prevent waste of public resources. "We will resolutely place dematerialization and digitization of procedures at the heart of our efforts to modernize public financial management (PFM) tools," they said. With digitization elevated to a strategic priority since mid-June 2024, we are working to set up an integrated public financial management system (SIGeFiP) by September 2027,” the authorities added.
The new system, the government claims, “will feature modules for budgeting, program execution, accounting, and cash flow management. Existing IT systems for managing taxes, duties, public debt, and procurement will be integrated with SIGeFiP under the global digitization plan for PFM adopted in October 2023”.
While these initiatives signal a commitment to better resource management that reassures the IMF, concerns linger about their long-term success. Challenges such as low internet coverage and inadequate access to electricity are critical issues identified by the World Association of Telephone Operators as barriers to digital transformation in Africa. These issues are significant in the DRC.
Last April, Bruno Yuma, Director of International Relations at the DRC’s telecom and posts regulator (ARPTC), noted that only about 20% of the planned 50,000 kilometers of fiber optics had been deployed nationwide. Meanwhile, the electrification rate was estimated at just 21.5% in 2024. Furthermore, there are concerns that the deteriorating security situation in eastern DRC may shift priorities away from these crucial digital initiatives.
This article was initially written in French by Muriel Edjo
Edited in English by Ola Schad Akinocho
The Foreign Affairs Minister of the Democratic Republic of Congo (DRC), Thérèse Kayikwamba Wagner, wrote a letter to three international soccer clubs, asking them to stop promoting Rwanda as a tourist destination. The clubs are Arsenal, Bayern Munich, and Paris Saint-Germain (PSG).
"Rwanda is waging a murderous war in eastern Congo, forcing more than 500,000 people to flee their homes this year. It is unacceptable that a regime involved in such atrocities should benefit from a positive image through partnerships with world-renowned soccer clubs," the Congolese official wrote in her letter.
Kayikwamba Wagner further suggests that Rwanda's "Visit Rwanda" campaign may be funded by the illegal exploitation of mining resources from the DRC. She references a report by the UN Panel of Experts, which claims that at least 150 tonnes of coltan have been fraudulently exported to Rwanda from the DRC.
"Rwanda's plundering of Congolese mineral resources represents a billion dollars injected into the Rwandan economy. Rather than funding the economic development of the DRC, these revenues are used to finance expensive sponsorship deals with European soccer clubs," she argued. "The DRC would like you to put an end to these blood-stained sponsorship agreements with an aggressor country. If not for your conscience, do it for the victims of Rwandan abuse."
The Congolese minister's appeal targets a crucial aspect of Rwandan soft power: sports. Rwanda has already established itself as a host for the Basketball Africa League, the NBA's only African tournament, and has been actively lobbying to host the first African Formula 1 Grand Prix since 1993.
This article was initially published in French by Servan Ahougnon (Ecofin Agency)
Edited in English by Ola Schad Akinocho
Washington envisage de « fermer » l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), selon une déclaration d’Elon Musk, responsable de l’efficacité gouvernementale sous l’administration Trump, datée du 3 février 2025. Cette décision, qui pourrait avoir des répercussions directes sur la République Démocratique du Congo (RDC), l’un des principaux bénéficiaires de l’aide américaine en Afrique, survient dans le cadre d’une réorganisation de l’aide extérieure américaine.
En janvier dernier, la nouvelle administration américaine a déjà signé un décret gelant l’aide étrangère des États-Unis pour 90 jours, à l’exception d’Israël, de l’Égypte et de l’aide alimentaire d’urgence. La récente déclaration d’Elon Musk survient le même jour qu’une autre annonce majeure concernant l’USAID. Le secrétaire d’État Marco Rubio a en effet annoncé qu’il prenait la direction par intérim de l’agence pour répondre à des « insubordinations » internes qui rendaient impossible l’examen prévu des activités de l’agence. Selon ses propos, relayés par plusieurs médias internationaux, l’agence agirait parfois en décalage avec les priorités stratégiques des États-Unis.
De potentielles répercussions sur la RDC
La RDC est l’un des plus grands bénéficiaires de l’aide américaine en Afrique. Selon des données relayées le 23 janvier 2025 par l’ambassade des États-Unis dans le pays, l’USAID a fourni plus de 6 milliards de dollars d’assistance humanitaire et de développement à la RDC au cours des 10 dernières années, soit une moyenne de 600 millions de dollars par an. Ce montant représente pratiquement le double de ce que le contrat Sicomines est censé injecter dans les infrastructures chaque année jusqu’en 2040.
« En tant que plus grand donateur bilatéral, travaillant dans 25 des 26 provinces de la RDC, l’USAID fait progresser la santé et l’éducation, protège l’environnement, fournit une aide humanitaire vitale et soutient une croissance économique qui profite à tous les citoyens », avait indiqué l’ambassade dans un communiqué.
En 2024, avant l’élection de Donald Trump, des initiatives majeures ont été annoncées, notamment une aide supplémentaire de 424 millions de dollars, dont 414 millions pour l’aide humanitaire en réponse aux conséquences des conflits et des déplacements, et 10 millions pour l’assistance sanitaire contre l’épidémie de Mpox. L’USAID a également fourni 50 000 doses de vaccins contre la Mpox à la RDC, le pays le plus touché par cette maladie. Cette annonce a porté le total de l’aide humanitaire des États-Unis en RDC à plus de 838 millions de dollars pour l’année fiscale 2024.
L'Ambassadrice des États-Unis en RDC, Lucy Tamlyn, et le représentant des États-Unis auprès des agences des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, Jeffrey Prescott, ont eu le plaisir de rencontrer aujourd'hui la Première Ministre Judith Suminwa. Lors de leur… pic.twitter.com/5YsE650zFp
— U.S.Embassy Kinshasa (@USEmbKinshasa) August 7, 2024
Il est encore trop tôt pour affirmer que la fermeture de l’USAID se concrétisera, d’autant plus que la déclaration d’Elon Musk ne fournit pas suffisamment de détails à ce sujet. Toutefois, si cela devait se produire, les impacts pour la RDC pourraient être importants, car plusieurs programmes vitaux risqueraient d’être suspendus, affectant des millions de personnes dépendantes de cette aide pour des services de base essentiels.
Selon Jacques Mukena, spécialiste en gouvernance et économie à l’Institut congolais Ebuteli, interrogé par RFI, l’hypothèse selon laquelle les États-Unis pourraient chercher à négocier pour maintenir ces aides n’est pas à écarter. « Il y aura peut-être une obligation pour le pays de s’aligner davantage sur les intérêts stratégiques des États-Unis », projette-t-il. « Ils pourraient exiger une réduction de l’influence chinoise, notamment sur le contrôle des minerais stratégiques », a-t-il ajouté.
Louis-Nino Kansoun
Un communiqué publié le 3 février sur le réseau social X (ex-Twitter) et attribué au M23, qui a récemment lancé une offensive dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), annonce un cessez-le-feu pour « des raisons humanitaires ». Ce document, qui n’est pas pour l’instant contesté, indique également que les rebelles n’envisagent pas de conquérir de nouvelles localités, notamment Bukavu, la capitale de la province du Sud-Kivu.
Cependant, une mise à jour sur l’évolution de la situation par les Nations unies indiquait, le week-end dernier, que le groupe armé et les forces rwandaises se trouvaient actuellement à environ 60 kilomètres au nord de Bukavu. Dans le Sud-Kivu, ces derniers se sont déjà emparés, le 21 janvier, de Minova, une ville stratégique située le long de la route menant à Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, également sous leur contrôle.
Les circonstances de l’annonce de ce cessez-le-feu restent inconnues. Cependant, selon l’agence américaine Bloomberg, elle résulterait des pressions du G7 (groupe des sept pays les plus industrialisés) sur le Rwanda, soutien du M23.
Situation humanitaire
Cette annonce intervient alors que le nombre de victimes continue d’augmenter, avec déjà près de 1 000 morts et des milliers de blessés. À cela s’ajoutent plusieurs centaines de milliers de déplacés. Face à la situation, le ministère de la Santé publique a lancé une opération de don de sang dans les villes plus calmes du pays pour soutenir les hôpitaux de Goma, débordés. Par ailleurs, le gouvernement s’active à la mise en œuvre d’un plan d’urgence humanitaire.
Elle survient également à l’approche d’un nouveau sommet régional organisé par les blocs d’Afrique australe et orientale. Bien que les présidents de la RDC et du Rwanda aient été invités, leur participation n’a pas encore été confirmée. La communauté internationale encourage une reprise des négociations dans le cadre des processus en cours, auxquels les autorités congolaises affirment rester attachées.
Le M23, considéré comme le groupe armé le plus nuisible parmi la centaine opérant dans l’est de la RDC, serait soutenu dans son opération actuelle par environ 4 000 soldats rwandais, selon des experts de l’ONU. Des informations que Kigali réfute sans réellement convaincre. Les revendications derrière ces nouvelles crises sont multiples et vont de la situation politique interne en RDC à des défis d’ordre ethnique.
Mais une constante demeure : ce chaos facilite l’accès et le contrôle illégal des gisements de ressources naturelles, dont le coltan, un matériau critique pour l’industrie des nouvelles technologies. Ce contexte affaiblit d’ailleurs les politiques mises en place depuis l’arrivée du nouveau gouvernement pour lutter contre ces activités minières illicites.
La situation est critique, et de nombreuses analyses n’excluent pas le risque d’une extension régionale du conflit. Bien que située à plus de deux heures de vol de l’épicentre des tensions, la crise est dans tous les esprits à Kinshasa, la capitale du pays. Malgré l’interdiction de toute forme de marche par les autorités locales, les violences survenues il y a quelques jours dans plusieurs ambassades, supermarchés et domiciles laissent encore des séquelles visibles.
Moutiou Adjibi Nourou, Agence Ecofin
Lire aussi :
Avancée du M23 : un défi pour la formalisation de la mine artisanale en RDC
Les États-Unis appellent le Rwanda au respect de l'intégrité territoriale de la RDC
Conflit à l’est : des manifestations perturbent l’activité économique à Kinshasa
The M23 rebel group is consolidating its control over several mining towns in the eastern Democratic Republic of Congo (DRC). After taking over Rubaya in North Kivu, the rebels have also seized Lumbishi, a mining town in South Kivu, according to reports from residents and the territory's administrator. Rubaya hosts an artisanal coltan mine, which accounts for up to 15% of global production. Lumbishi is located in a resource-rich area abundant in coltan, gold, tourmaline, and cassiterite.
"This military advance is accompanied by efforts to establish a parallel civilian administration in M23-controlled areas, as well as an intensification of mining," notes the Washington-based Africa Center for Strategic Studies (ACSS). Several experts, including UN experts, warn that the M3 group is exacerbating the illicit mineral trade in the DRC, further hindering efforts to formalize artisanal mining practices in the country.
Another driver
To ensure responsible artisanal mining of gold in the country, the DRC government set up a company to buy, sell, and export this gold. Formerly Primera Gold, the firm was rebranded as DRC Gold Trading SA after coming under public control. In 2023, it operated solely in South Kivu, collecting up to 5.07 tonnes of gold and boosting the country's artisanal exports by an astonishing 12,000% year-on-year. However, the M23's increasing presence in this province is likely to disrupt the company’s activities.
The DRC’s vast wealth in critical minerals is one of the drivers of the conflict, and, according to a note from the Center for Strategic Studies of Africa published on January 29, it“will need to be addressed if a comprehensive peace is to be achieved”. “Rwanda, in particular, is alleged to be facilitating the illicit mining and trafficking of these minerals. The market value for these minerals is likely to exceed over $1 billion,” the note adds.
Depuis @MiningIndaba à Cape Town, nous dénonçons avec force le pillage de nos ressources minérales par le Rwanda, qui mène une agression inacceptable contre notre pays🇨🇩 @MinMinesRDC pic.twitter.com/hKTlElABiG
— Kizito Pakabomba (@kizpaka) February 2, 2025
Cited by Reuters, Jason Stearns, a political scientist at Simon Fraser University and former UN investigator, highlighted that Rwanda's mineral exports now exceed $1 billion annually—roughly double what they were two years ago—with a significant portion believed to originate from the DRC. The Congolese government firmly asserts Rwanda's involvement in the plundering of its resources. Kisiti Pakabomba, Minister of Mines, reiterated this point at the Mining Indaba forum currently taking place in South Africa.
In February 2024, Rwanda and the European Union signed a memorandum of understanding aimed at ensuring a "sustainable supply of raw materials" for the EU in exchange for funding to develop Rwanda's mining supply chains and infrastructure. This agreement has since been criticized by the DRC and some Members of the European Parliament (MEPs), who view it as complicit with ongoing resource exploitation in the region.
This article was initially published in French by Pierre Mukoko
Edited in English by Ola Schad Akinocho
Le M23 étend son emprise sur plusieurs localités minières de l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). Après Rubaya, au Nord-Kivu, les rebelles auraient pris le contrôle de la cité minière de Lumbishi, dans le Sud-Kivu, rapporte l’AFP, citant notamment des habitants et l’administrateur du territoire. Rubaya abrite une mine artisanale de coltan (colombite-tantalite), qui représenterait jusqu’à 15 % de la production mondiale. Lumbishi se trouve, quant à elle, dans une zone minière riche en coltan, en or, en tourmaline et en cassitérite.
« Cette avancée militaire s’accompagne d’efforts pour mettre en place une administration civile parallèle dans les zones contrôlées par le M23, ainsi que d’une intensification de l’extraction minière », estime le Centre d’études stratégiques de l’Afrique (ACSS), basé à Washington. Selon de nombreux experts, dont ceux de l’ONU, ces rebelles alimentent le commerce illicite de minerais en RDC, posant ainsi un défi majeur aux efforts de formalisation de l’exploitation minière artisanale dans le pays.
Une des clé du conflit
Pour instaurer une chaîne d’approvisionnement responsable de l’or extrait sans engins ni infrastructures industrielles en RDC, le gouvernement a créé une société chargée de l’achat, de la commercialisation et de l’exportation de l’or issu de l’exploitation artisanale. Dénommée Primera Gold à sa création, elle a été rebaptisée DRC Gold Trading SA après son passage sous contrôle public. En 2023, elle n’était active que dans le Sud-Kivu, où elle a collecté jusqu’à 5,07 tonnes d’or, provoquant une hausse des exportations artisanales du pays de 12 000 % par rapport à l’année précédente. La présence grandissante du M23 dans cette province devrait sûrement perturber les activités de DRC Gold Trading SA.
La question minière « constitue un autre moteur du conflit qu’il faudra traiter pour parvenir à une paix durable », estime le Centre d’études stratégiques de l’Afrique dans une note publiée le 29 janvier. « Kigali est accusé de faciliter l’exfiltration des minerais à travers sa frontière. La valeur marchande de ces minerais dépassera probablement 1 milliard de dollars… », poursuit le document.
Depuis @MiningIndaba à Cape Town, nous dénonçons avec force le pillage de nos ressources minérales par le Rwanda, qui mène une agression inacceptable contre notre pays🇨🇩 @MinMinesRDC pic.twitter.com/hKTlElABiG
— Kizito Pakabomba (@kizpaka) February 2, 2025
« Les exportations de minéraux du Rwanda s’élèvent désormais à plus d’un milliard de dollars par an. C’est à peu près le double de ce qu’il y a deux ans. Et nous ne savons pas combien, mais une bonne partie de cette somme provient de la RDC », a déclaré Jason Stearns, politologue à l’Université Simon Fraser et ancien enquêteur de l’ONU, cité par Reuters. Pour le gouvernement congolais, le rôle clé du Rwanda dans le pillage de ses ressources ne fait pas l’objet d’un doute. Une situation rappelée par le ministre des mines, Kisiti Pakabomba, au forum Mining Indaba qui se déroule actuellement en Afrique du Sud.
En février 2024, le Rwanda et l’Union européenne ont signé un protocole d’accord afin de garantir un « approvisionnement durable en matières premières » pour l’UE, en échange d’un financement destiné à développer les chaînes d’approvisionnement et les infrastructures minières du Rwanda. Un accord aujourd’hui dénoncé par la RDC et certains députés européens.
Pierre Mukoko
Lire aussi :
Exploitation artisanale responsable : Éric Kalala décroche un financement de 2 millions $
Or artisanal : les exportations de la RDC chutent de 71 % à fin septembre 2024
Achat de l’or artisanal : après le Sud-Kivu, DRC Gold Trading s’implante dans le Tanganyika
Sud-Kivu : la reprise de l’exploitation minière autorisée pour les entreprises en règle
La République Démocratique du Congo (RDC) place le numérique au cœur de sa stratégie visant à améliorer la gestion des finances publiques. L’objectif est de renforcer la transparence, l'efficacité des institutions et la lutte contre la corruption. Dans la première revue du deuxième programme avec le Fonds Monétaire International (FMI), plusieurs réformes technologiques sont annoncées pour soutenir la croissance économique en 2025. Celles-ci devraient contribuer à l’objectif de hausse du produit intérieur brut (PIB) réel de 5,4 %.
Un accent particulier sera mis sur l’accélération du déploiement du logiciel de gestion intégrée des droits, taxes et redevances (LOGIRAD) dans différentes unités gouvernementales (mines, hydrocarbures, télécommunications, direction générale de la migration, affaires foncières, cadastre minier, portefeuille, justice et garde des sceaux, police du ministère public, emploi et travail, affaires étrangères et transports, voies de communication et systèmes d'ouverture).
Il est également prévu la mise en place d’un système intégré de gestion des impôts (ERP) à la Direction Générale des Impôts (DGI) et la numérisation des procédures douanières à la Direction Générale des Douanes et Accises (DGDA). « Nous visons à finaliser ces déploiements d'ici février 2025 », a déclaré le gouvernement au FMI.
2025 et après
Conscient des enjeux de la numérisation dans la bonne gouvernance, le gouvernement congolais se projette déjà sur de nouvelles solutions qui lui éviteront de gaspiller des ressources publiques. « Nous placerons résolument la dématérialisation et la numérisation des procédures au cœur de nos efforts de modernisation de la PFM (outils de gestion des finances, NDLR). Avec l'élévation de la numérisation des procédures au rang de priorité stratégique depuis l'entrée en fonction du nouveau gouvernement à la mi-juin 2024, nous travaillons à la mise en place d'un système intégré de gestion des finances publiques (SIGeFiP) d'ici septembre 2027 », indique-t-il.
Selon le gouvernement, le nouveau « système comprendra un noyau composé de modules pour la budgétisation et l'exécution des programmes, la comptabilité et la gestion des flux de trésorerie. Les systèmes informatiques existants pour la gestion des impôts, des taxes, de la dette publique, des marchés publics et d'autres à développer seront interfacés avec le SIGeFiP, conformément au plan d'orientation global pour la numérisation du système PFM (POG) adopté en octobre 2023 ».
Si les avancées enregistrées et les futurs projets annoncés pour la modernisation de la gestion des finances publiques rassurent le FMI sur l'engagement de la RDC à mieux gérer ses ressources, des préoccupations persistent tout de même quant au succès à long terme de ces initiatives. Des défis comme la faible couverture Internet et le faible accès à l’électricité sont présentés par l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie comme des questions prioritaires à adresser pour soutenir la transformation numérique en Afrique. En RDC, ces deux défis se posent avec acuité.
En avril 2024, le directeur des relations internationales de l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPTC), Bruno Yuma, affirmait que sur les 50 000 km de fibre optiques à déployer à travers le pays, seul près de 20% sont opérationnels. Pour ce qui est du taux d’électrification, il était estimé à 21,5% en 2024. Il est aussi à craindre que la dégradation de la situation sécuritaire à l’Est du pays ne vienne à modifier l’ordre des priorités.
Muriel Edjo
Lire aussi :
TVA : la RDC prévoit d’étendre la collecte automatisée à toutes les entreprises en 2025
Alors que s’intensifient les actes d’agression des rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, Ivanhoe Mines, l’un des principaux opérateurs miniers de la RDC, est parvenu à mobiliser, le 24 janvier 2025, une somme de 750 millions de dollars sur le marché international des capitaux. Annoncée depuis fin 2024, l’opération visait initialement à lever 600 millions de dollars. Une offre abondante des investisseurs semble avoir poussé l’entreprise basée au Canada à accepter davantage.
La somme est remboursable sur cinq ans. Le taux d’intérêt de 7,87 % peut sembler élevé, mais il reste compétitif, voire meilleur que celui d’autres entreprises actives en Afrique ayant mobilisé des ressources sur ce type de marché. Le contexte de l’opération, marqué par une intensification du conflit à l’est de la RDC, aurait pu rendre les investisseurs sceptiques, d’autant qu’une partie de la garantie de l’opération repose sur le produit des activités de Kipushi Holdings, une autre filiale d’Ivanhoe Mines en RDC.
Plusieurs éléments peuvent expliquer l’issue positive de cette levée de fonds. La demande des principaux minerais exploités par l’entreprise à travers ses filiales en RDC, notamment le cuivre et le zinc, progresse sur les marchés. Les données du London Metal Exchange, la principale place d’échange des métaux, indiquent que les prix des contrats à terme, permettant de sécuriser les approvisionnements, sont en hausse. Par ailleurs, Ivanhoe et ses filiales sont des emprunteurs connus, avec un historique de remboursement de dettes plutôt positif, même si le montant actuel figure parmi les plus élevés mobilisés par l’entreprise.
Les ressources mobilisées contribueront majoritairement à financer les investissements supplémentaires annoncés pour Kamoa-Copper. Dans une communication récente aux investisseurs, les dirigeants de l’entreprise ont indiqué que, pour 2025, des investissements compris entre 1,42 et 1,67 milliard de dollars seraient nécessaires pour l’agrandissement de cette mine. Le projet Kipushi, quant à lui, ne devrait recevoir que peu d’investissements (25 millions de dollars, selon les prévisions).
Ivanhoe Mines, via cette filiale, a régulièrement sollicité le secteur financier pour ses activités ces dernières années. Parmi les banques ayant accompagné cette entreprise canadienne en RDC figurent Rawbank (80 millions de dollars en mai 2023, déjà remboursés) et la filiale congolaise du groupe nigérian FirstBank (50 millions de dollars à rembourser en mai 2025). En juin et juillet 2024, des montants respectifs de 60 millions de dollars ont été empruntés auprès de Trafigura Asie et de CITIC Group, ce dernier étant le premier actionnaire d’Ivanhoe Mines avec un peu plus de 22 % des parts. Ces deux derniers prêts ont été effectués dans le cadre d’un contrat de prévente de minerais à produire.
Il reste à suivre l’évolution de la valeur des titres du récent emprunt de 750 millions de dollars, cotés sur plusieurs places financières européennes et américaines. Début janvier, Ivanhoe a tempéré l’enthousiasme des actionnaires en annonçant des prévisions de production de cuivre inférieures aux attentes, tout en relevant ses prévisions de dépenses d’investissement par rapport aux estimations faites trois mois plus tôt. Sa communication aux investisseurs, prévue à la clôture des marchés le 19 février prochain, sera donc particulièrement scrutée.
Georges Auréole Bamba
Lire aussi :
En 2025, Ivanhoe prévoit d’investir 1,7 milliard $ pour ses opérations en RDC
Cuivre : la production de la plus grande mine de RDC a atteint 437 061 tonnes en 2024
Zinc : Ivanhoe prévoit de quadrupler la production de la mine de Kipushi en 2025
Cuivre : réduction des objectifs de production 2024 de la plus grande mine de RDC