La pression monte sur le Rwanda alors que les États-Unis ont indexé sa violation du territoire de la République démocratique du Congo (RDC) et exigé son retrait. « Nous affirmons notre soutien ferme au peuple congolais ainsi qu'à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de la RDC et exhortons le Rwanda à en faire de même », a déclaré, le 28 janvier 2025, l’ambassadrice Dorothy Shea (photo), chargée d’affaires par intérim des États-Unis aux Nations Unies, lors d’un briefing au Conseil de sécurité.
Le même jour, Marco Rubio, nouveau ministre des Affaires étrangères de l’administration du président Donald Trump, a eu un échange téléphonique avec Paul Kagame, exprimant sa confusion face à l’escalade de la situation à l’est de la RDC en raison de l’avancée des rebelles du M23, soutenus par les autorités rwandaises.
Cette ultime condamnation s’ajoute à celles de plusieurs autres puissances de la communauté internationale. Réunis lundi à Bruxelles (Belgique), les ministres européens des Affaires étrangères avaient déjà, par la voix de Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, demandé au Rwanda de retirer ses troupes du territoire congolais et de cesser son soutien au M23.
Ces réactions de la diplomatie internationale surviennent alors que, dans plusieurs villes de la RDC, des populations ont manifesté, parfois violemment, pour exprimer leur colère face à la situation que vivent leurs compatriotes à l’est du pays. À Kinshasa, la capitale, des actes de vandalisme ont été signalés contre des représentations diplomatiques et des intérêts privés étrangers. Les pays ciblés sont accusés par certains de complicité et par d’autres d’immobilisme face à la dégradation de la situation sécuritaire à l’est de la RDC.
Le gouvernement, tout en comprenant « le cri de colère et d’exaspération » des populations, a condamné les manifestations violentes « sous toutes leurs formes » et présenté ses regrets aux pays et aux personnes affectés par ces agressions. Néanmoins, même pour les autorités, les discours seuls ne suffisent plus. « Le Rwanda a prouvé que vos déclarations ne lui importent guerre », a par exemple indiqué la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, lors d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, tenue une nouvelle fois ce 28 janvier. Depuis la réunion d’urgence du 26 janvier, la RDC demande des sanctions contre son voisin.
Sur le terrain du conflit, « les rebelles du M23 et l’armée rwandaise prennent progressivement possession de Goma », estime l’ONU. De son côté, la RDC a nommé, ce 28 janvier, un gouverneur militaire au Nord-Kivu. Il s’agit d’Évariste Somo Kakule, promu à la même occasion au grade de général-major. L’officier, qui était jusqu’ici à la tête de la 31e Brigade de réaction rapide, basée à Kindu, dans la province du Maniema, remplace le général-major Peter Cirimwami, tué lors des combats à Saké, le 23 janvier dernier.
Georges Auréole Bamba
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