En RDC, plus personne n’est autorisé à importer de bières et de boissons gazeuses pendant un an. L’interdiction est contenue dans un arrêté ministériel, signé le 26 par Julien Paluku, ministre du Commerce extérieur. « En cas de nécessité d’approvisionnement dans les parties du territoire national où les consommateurs ont un accès difficile aux produits locaux, les opérateurs économiques peuvent bénéficier d’une dérogation d’importation par le ministre ayant le Commerce extérieur dans ses attributions », a précisé Julien Paluku.
Pour le ministre, qui a pris cette décision en concertation avec la Fédération des entreprises du Congo (FEC), le but est de protéger l’industrie locale face à la concurrence étrangère. Pour celui qui a été l’ancien gouverneur du Nord-Kivu de 2007 à 2019, avant d’être nommé ministre de l’Industrie, le savoir-faire congolais peut jouer un rôle important dans l’économie locale.
Né à Buramba, dans le Nord-Kivu, il y a fait son cursus scolaire avant de se rendre dans le sud, à Bukavu notamment, pour son graduat. Enseignant à Nyamilima, puis à Goma, il s’engage peu à peu en politique. Il est notamment chef de quartier des Virunga dans la ville de Goma, puis administrateur assistant chargé du territoire de Lubero, avant d’être nommé maire de la ville de Butembo en 2003. Cette fonction le pousse notamment à engager plusieurs travaux de réfection et d’aménagement urbain. Cette période semble avoir fondé son désir de protéger l’industrie locale qu’il a côtoyée à de nombreuses reprises dans divers secteurs. Ministre du Commerce extérieur depuis quelques semaines, il a annulé les autorisations d’importation des carreaux et faïences accordées, dans l’ouest de la RDC, aux sociétés Safricode Sarl et Roadex.
La décision de Julien Paluku de bloquer les importations de boissons gazeuses et de bière devrait aider à rediriger la demande vers la production des entreprises locales. D’après les données de la Banque centrale de RDC, la valeur des importations de boissons a augmenté de 9,8% en moyenne par an entre 2018 et 2022, passant de 627 millions $ à plus de 1 milliard $.
Servan Ahougnon
La ministre de l’Éducation, Raïssa Malu, a reçu une délégation de la Banque mondiale le 29 juillet dernier. Cette délégation, conduite par Albert Zeufack, le directeur des opérations de l’institution, est venue lui présenter son portefeuille de 1,4 milliard $ dédiés à l’éducation. Pour Raïssa Malu, cette rencontre marque un moment important dans la conduite du plan pour redorer le blason de l’éducation nationale.
Pour celle qui a été longtemps connue pour son combat visant à faire aimer les sciences aux jeunes Congolais, les éléments semblent enfin réunis pour mener les changements qu’elle souhaite implémenter dans l’éducation nationale. En effet, quelques jours plus tôt, « Education Cannot Wait (ECW) », Fonds des Nations unies destiné à l’éducation des enfants vivant en situation d’urgence, a annoncé vouloir débloquer 20 millions $ sur les trois prochaines années pour la RDC.
Fille du physicien Félix Malu wa Kalenga, qui a notamment dirigé le Centre nucléaire régional d’études nucléaires de Kinshasa (CREN-K) après les indépendances, Raïssa Malu est une passionnée de sciences et également physicienne comme son père. Elle organise en 2014 la première édition de la Semaine de la science et des technologies.
Membre du panel présidentiel de la RDC à la présidence de l’Union africaine pour l’exercice 2021-2022, elle a supervisé l’élaboration d’une feuille de route sur l’utilisation des technologies spatiales, dans la réalisation des objectifs de l’Agenda 2063 de l’organisation. Malgré tout, l’éducation reste une de ses priorités. Elle se bat pour faire apprécier les sciences par les jeunes congolais, notamment les femmes.
Elle dirige pendant 5 ans, le Projet d’éducation pour la qualité et la pertinence des enseignements aux niveaux secondaire et universitaire (PEQPESU). Son travail à cette fonction lui vaut d’être nommée ministre de l’Éducation en mai 2024. Depuis elle se bat pour impulser une nouvelle dynamique dans le secteur de l’éducation congolaise.
Servan Ahougnon
La République démocratique du Congo et la République populaire de Chine ont exploré divers projets de coopération dans le secteur du numérique, lundi 29 juillet à Beijing. Les échanges entre le ministre congolais des Postes, Télécommunications et Numérique, Augustin Kibassa Maliba et le vice-ministre chinois de l'industrie et des technologies de l'information, Zhang Yunming, ont porté sur des projets d'infrastructures numériques et la formation de jeunes congolais en Chine. C’était en marge du Forum sino-africain sur la coopération numérique qui s’est tenu du 29 au 31 juillet sous le thème : « Dessiner conjointement un plan numérique et partager les réalisations en matière de développement ».
Sur la question des infrastructures numériques, les deux parties ont convenu de la mise en place d’une équipe de travail pour accélérer leur concrétisation. « Nous allons encourager les entreprises chinoises à investir en RDC pour la construction des infrastructures numériques. La RDC occupe une place importante sur le Continent africain. Les entreprises chinoises déjà installées en RDC vont augmenter leurs investissements... », a déclaré Zhang Yunming.
Les infrastructures numériques sont essentielles pour soutenir la transformation numérique de la RDC, engagée depuis 2019 par le président de la République, Félix Tshisekedi. Dans divers domaines, elles sont le socle pour une connectivité internet de qualité, la numérisation des services de l’Etat, le stockage et la protection des données publiques, la sécurité des réseaux. La RDC qui affiche un faible indice de préparation au TIC et occupe la 132 place sur 134, selon le Network Readiness Index (NRI) 2023 de Portulans Institute pourrait bénéficier de l’expertise technologique de la Chine qui affiche un indice très élevé et occupe la 20e place.
Selon la Banque mondiale, le World Economic Forum (WEF) ou encore l’Union internationale des télécommunications, le numérique a le pouvoir d’améliorer les conditions de vie des populations. En RDC où la majorité de la population vit avec moins de 3 dollars par jour, les infrastructures numériques peuvent contribuer à une meilleure collaboration des différentes composantes de l’administration publique à l’échelle territoriale, à la bonne gouvernance, à l’élaboration de politiques publiques plus ciblées, à améliorer l’accès des populations aux services de santé et éducatifs, au développement d’opportunités économiques.
L’économie de la RDC est encore fortement dépendante des ressources minières, selon le Fonds monétaire international (FMI). Il est nécessaire que le pays diversifie ses sources de revenus pour se prémunir de chocs extérieurs du aux aléas internationaux. Bien orienté, le numérique pourrait y contribuer.
Muriel Edjo
En 2023, la RDC a dépassé le Pérou en matière de production de cuivre, livrant 2,8 millions de tonnes du métal rouge contre 2,4 millions de tonnes pour son rival sud-américain. Si le Pérou devait reprendre sa place de deuxième producteur mondial en 2024 avec 3 millions de tonnes attendues, le cabinet Wood Mackenzie prédit que la dynamique devrait définitivement changer à partir de 2026-2027.
Croissance régulière de la production congolaise
La production congolaise de cuivre augmente de façon constante depuis plusieurs années. Leader du secteur en Afrique, devant la Zambie, le pays a produit 2,36 millions de tonnes en 2022 selon les données officielles, ce qui représentait déjà une hausse en glissement annuel de 31%.
La courbe d’évolution des volumes de cuivre produits par les mines congolaises montre que la dynamique de croissance a été régulière sur les dix dernières années. Alors qu’il produisait à peine 1 million de tonnes en 2014, le pays a réussi à passer la barre de 1,8 million de tonnes en 2021, puis celle de 2 millions de tonnes en 2022. Cette performance peut être attribuée à la mise en service de nouvelles mines, y compris celles de Deziwa en janvier 2020 et de Kamoa-Kakula en mai 2021. Kamoa-Kakula, montée en régime depuis, a la capacité de devenir la deuxième plus grande mine de cuivre au monde.
Production des 10 dernières années
Année |
2014 |
2015 |
2016 |
2017 |
2018 |
2019 |
2020 |
2021 |
2022 |
2023 |
Million (tonnes) |
1,03 |
1,03 |
1,02 |
1,09 |
1,2 |
1,4 |
1,6 |
1,8 |
2,4 |
2,8 |
Année |
Million (tonnes) |
2014 |
1,03 |
2015 |
1,03 |
2016 |
1,02 |
2017 |
1,09 |
2018 |
1,2 |
2019 |
1,4 |
2020 |
1,6 |
2021 |
1,8 |
2022 |
2,4 |
2023 |
2,8 |
Graphique : évolution de la production de cuivre de la RDC
Cette croissance régulière de la production congolaise sur la dernière décennie et le potentiel minéral inexploité du pays explique sans doute la prévision de Wood Mackenzie susmentionnée. Soulignons à ce propos qu’un autre récent rapport de S&P Global Market Intelligence indique que la RDC concentre 65% des nouvelles annonces des réserves de cuivre identifiées dans le monde en 2023.
« Dans les années à venir, le Congo [RDC, NDLR] va dépasser le Pérou […]. Le Congo possède aujourd’hui des mines à haute teneur en minerai, plus importantes que celles du Chili et du Pérou », déclarait en mai dernier Wood Mackenzie.
Deuxième producteur mondial de cuivre au bon moment
Alors que le Pérou prévoit de produire 3 millions de tonnes en 2024, il faudra pour la RDC dépasser ce cap dans les années à venir pour devenir durablement le nouveau dauphin du Chili (leader mondial avec plus de 5 millions de tonnes). Si elle y arrive, elle pourrait profiter des perspectives reluisantes annoncées actuellement sur le marché du métal rouge.
Plusieurs sources médiatiques concordantes ont rapporté, lundi 8 juillet, que le contrat de cuivre pour août le plus échangé sur le Shanghai Futures Exchange a augmenté de 0,5% à 80 530 yuans (11 080 dollars). Sur une tendance haussière depuis le mois de mars où il a franchi la barre de 9 000 dollars la tonne, le prix du cuivre a continué de grimper pour établir un nouveau record à plus de 11 000 dollars. Plusieurs analystes dont Citibank ou Macquarie voient le métal rouge à 15 000 dollars la tonne d’ici 2025, alors que les spécialistes sont unanimes sur un potentiel de croissance à long terme encore plus grand pour le prix du cuivre, en raison de son importance pour la transition énergétique.
Transformation locale et valeur ajoutée
Longtemps cantonnée au rôle d’exportateur de matières premières, la RDC cherche désormais à transformer localement son cuivre pour produire des matériaux directement utilisables par l’industrie des batteries pour véhicules électriques. Kinshasa étudie actuellement la faisabilité d’un projet de partenariat avec la Zambie pour atteindre cet objectif. Cette initiative pourrait représenter un changement de paradigme pour l’économie congolaise, ajoutant une valeur significative aux exportations de cuivre et stimulant le développement industriel local.
Pour rappel, le cuivre représente environ 70% des recettes d’exportations de la RDC.
Louis-Nino Kansoun
En République démocratique du Congo, le taux de pénétration d’Internet reste faible, atteignant seulement 27,2 % de la population totale au début de 2024, selon les données de Datareportal. Cela représente une opportunité de revenu pour les opérateurs télécoms, tant pour ceux déjà présents sur le marché que pour de potentiels nouveaux acteurs.
Pour ce qui est particulièrement de l’Internet mobile, segment le plus développé dans le pays, les dernières données de l’Autorité de régulation des postes et télécommunications du Congo (ARPTC) (décembre 2023) indiquent qu’il affiche un taux de pénétration de 31,5% représentant 29,98 millions d’abonnés. L’Internet fixe n’affichait qu’environ 16 000 abonnés pour un taux de pénétration de 0,017% au premier trimestre 2023.
Sur un marché de 103,9 millions d’habitants desservi par près de 33 fournisseurs d’accès Internet (FAI) identifiés, dont quatre opérateurs de réseaux mobiles (Vodacom, Africell, Orange, Airtel) - avec une population en âge de travailler (15-64 ans) de 51% - il ressort qu’environ 20 millions de personnes demeurent encore privées des opportunités qu’offre l’Internet mobile. Cela représente également un marché potentiel.
Bien que leur chiffre d’affaires ait augmenté, avec un revenu moyen par abonné (ARPU) de 2,38 USD, en hausse de 7,82% par rapport au trimestre précédent, le faible accès à l’Internet mobile continue d’affecter les revenus des opérateurs télécoms. À titre d’illustration, au premier trimestre 2023, le revenu moyen enregistré par les opérateurs télécoms du Congo voisin, où le nombre d’abonnés à l’Internet mobile atteignait 3,1 millions, était de 2,36 USD, un chiffre légèrement supérieur aux 2,15 USD de la RDC sur la même période.
La majorité de la consommation des services mobiles reste concentrée à Kinshasa, la capitale. Selon l’ARPTC, cette « zone se distingue avec le plus grand nombre d’abonnements mobiles, représentant près de 25% du total national ».
Selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), plusieurs solutions peuvent contribuer à réduire la fracture numérique en Afrique. Il s’agit notamment de renforcer la couverture réseau à grande échelle, de faciliter l’accès du plus grand nombre à des téléphones mobiles de qualité et de promouvoir un coût d’accès à Internet plus abordable, le ramenant à un niveau égal ou inférieur à 2% du revenu national brut mensuel par habitant.
En 2019, la RDC s’est dotée d’un Plan national destiné à faire du numérique un atout de croissance économique. L’amélioration de ces divers indicateurs est un prérequis essentiel à la réussite de cette initiative. Les investisseurs privés ont encore des marges de manœuvre.
Muriel Edjo
La téléphonie mobile est aujourd’hui un véritable catalyseur du développement économique et social en Afrique. Les différents services qu’elles proposent contribuent chacun à l’amélioration des conditions de vie de millions de personnes. En RDC, en particulier, le marché télécoms n’a pas encore atteint son véritable potentiel. Cela pourrait changer rapidement au cours des dix prochaines années, avec le retour des ressources du Fonds de développement du service universel (FDSU) amputé au secteur depuis 2013. Une bonne nouvelle en perspective pour les différentes composantes du marché télécoms national résolues à jouir des dividendes de la transformation numérique engagée par l’État depuis 2019.
Le Fonds de développement des services universels (FDSU) des télécommunications reprend officiellement ses fonctions bientôt. Au cours des dix dernières années, cet outil chargé de promouvoir les télécommunications dans les zones rurales et périurbaines de la République démocratique du Congo (RDC) était en berne. Les 3% du chiffre d’affaires annuel des opérateurs télécoms collectés étaient destinés au renforcement du budget de l’État et non à développer le réseau télécom, expliques le rapport sur les droits numériques et l’inclusion en Afrique Londa 2023 de Paradigm Initiative. En septembre 2022, le président de la République, Félix Tshisekedi, a instruit le Premier ministre de sortir le FDSU de son hibernation dans un délai raisonnable, conformément à loi-cadre n° 013/2002 du 16 octobre 2002 sur les télécommunications (modifiée et promulguée en 2020). Après consultations avec les acteurs du secteur des télécoms, il est actuellement attendu la promulgation du décret portant création, organisation et fonctionnement du FDSU et la nomination de son personnel de direction. L’organe, ressuscité, est au cœur de nombreux enjeux. Il devra également relever de nombreux défis propres au contexte actuel de l’économie numérique en RDC.
Le marché congolais
Au cours des dix dernières années, le marché des télécoms congolais a certes enregistré des évolutions, leur impact est demeuré relativement limité en l’absence du FDSU. Au quatrième trimestre 2013, sur une population de 75 621 700 habitants, le taux de pénétration de la téléphonie mobile était de 37,33% pour 28 231 900 abonnés. Cinq opérateurs télécoms desservaient le marché. À la même période en 2023, sur une population de 95 207 000 habitants, le taux de pénétration de la téléphonie mobile était de 59,1% pour 56 268 376 abonnés.
Synthèse du marché de la téléphonie mobile 2013 - 2023
Indicateurs |
4e trimestre |
4e trimestre |
Variation |
Total abonnés |
28 231 900 |
56 268 376 |
99.31 % |
Taux de pénétration |
37,33% |
59,1% |
21,77% |
Abonnés data mobile |
2 167 631 |
29 984 072 |
1283.26 % |
Nbre d’opérateurs |
5 |
4 |
|
Population de la RDC |
75 621 700 |
95 207 000 |
25.9 % |
La majorité des abonnés aux services télécoms demeure concentrée dans les zones urbaines où vit 46,8% de la population. Selon l’Autorité de régulation des postes et télécommunications du Congo (Arptc), la ville-province de Kinshasa, enregistre le plus grand nombre d’abonnements mobiles. Il représente près de 25% du total national.
Les abonnements par province et par service : fin décembre 2023
Source : ARPTC.
Nombre d’abonnements au service d’Internet mobile par province : fin décembre 2023
Source : ARPTC.
Pour le régulateur télécoms, la « stagnation » du taux de pénétration du mobile à 59% - avec un faible pourcentage de la population au moins couverte par un réseau 3G (55%) et 4G (40%) - révèle un marché mobile encore loin de la saturation. Le FDSU a le pouvoir de tout changer.
Sécurité, économie et social
Les services télécoms sont aujourd’hui essentiels à divers secteurs d’activités. Le fonds de développement du service universel, dans son essence, contribue à l’expression de l’utilité des télécoms. Son objectif – financer le déploiement des infrastructures télécoms dans les zones peu, mal ou pas du tout desservies – répond déjà à un enjeu de sécurité nationale. Les télécommunications jouent un rôle crucial dans les communications d’urgence. La crise de la Covid-19 a démontré l’importance des dispositifs d’alerte précoce. La téléphonie mobile est une composante de ce dispositif en ceci qu’il permet la sensibilisation des populations à large échelle ou la mobilisation rapide des forces de sécurité ou médicales en cas d’épidémie comme c’est actuellement le cas avec la variole du singe (Mpox) dont le gouvernement faisait état de 11 166 cas suspects, dont 450 décès dans une communication datée du 20 juillet.
Au Congo voisin où le fonds pour l’accès et le service universel des communications électroniques (Fasuce) a été rendu opérationnel en 2020, c’est 300 000 personnes dans 180 localités difficiles d’accès qui ont été connectées au cours des trois dernières années, selon l’Agence de régulation des postes et des communications électroniques (ARPCE).
Au-delà de la gestion de crises sécuritaires, l’amélioration de la couverture télécoms et de l’accès aux services par le FDSU est un levier d’inclusion numérique. Le fonds favorisera la pleine participation des zones rurales reculées et celles qui demeurent jusqu’à présent non couvertes à la transformation numérique initiée par le gouvernement depuis 2019. Ce sont des milliers de personnes qui pourront s’informer, conserver un lien social avec la famille, travailler.
Le FDSU est aussi un puissant levier économique. La téléphonie mobile apporte divers services à valeur ajoutée comme l’Internet et le Mobile Money. La Banque mondiale estime qu’augmenter le taux de pénétration du haut débit mobile entraîne une augmentation de 1,8% du Produit intérieur brut (PIB) dans les pays à revenu moyen et de 2,0% du PIB dans les pays à faible revenu. En RDC, élargir la base d’utilisateurs d’Internet mobile peut débloquer divers avantages en cascades : une plus grande participation des populations à l’économie numérique, plus de consommation des innovations locales tirées du secteur des startups, un attrait des investisseurs étrangers, un accroissement des revenus des opérateurs télécoms qui s’appuient sur les infrastructures construites par le FDSU pour fournir leurs services.
Le Mobile Money est un service de téléphonie mobile qui rencontre un grand succès en Afrique. Alors que le taux de bancarisation demeure très faible sur le continent, il a contribué à une plus grande inclusion financière. En améliorant l’accès à la téléphonie mobile, le FDSU aura aussi une incidence sur ce segment de marché qui a enregistré 2 645 188 utilisateurs au 4e trimestre 2023. Dans plusieurs pays d’Afrique, étendre la portée du Mobile Money en renforçant la couverture réseau peut contribuer à l’accès d’un plus grand nombre de personnes à petits revenus aux envois de fonds internationaux de la famille, à la réception des aides sociales comme cela a été le cas au Togo pour les ménages les plus pauvres pendant la Covid-19. La micro-épargne est également un service qui rencontre du succès dans d’autres pays, ou encore le micro-crédit qui permet aux ménages de surmonter des chocs financiers imprévus. En fonction des pays, divers services peuvent être proposés pour répondre aux besoins locaux. Dans le rapport « Digital Finance Platforms to empower all : accelerating the SDG impact of digital financial inclusion in Sub-Saharan Africa », il est souligné qu’une adoption réussie du Mobile Money dans les pays en développement, et plus particulièrement en Afrique, est en mesure d’ajouter un point de pourcentage au taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) par habitant chaque année. Publié le 27 octobre 2022 par Vodafone, Vodacom et Safaricom, en collaboration avec le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), le document souligne que chaque augmentation d’un point de pourcentage aux taux de croissance du PIB dans un pays entraîne une diminution de la proportion des personnes pauvres de 2,59 %.
Mais pour obtenir toutes ces retombées, le FDSU doit impérativement s’adapter au contexte actuel du marché télécoms en RD Congo.
Défis à relever
Les obstacles qui entravent l’accès de tous aux services télécoms à valeur ajoutée en Afrique et en RD Congo en particulier sont les mêmes. Le Kenya qui a compris la nécessité de faire évoluer le fonds de développement du service universel des télécoms pour qu’il cadre avec le contexte du marché a introduit sa modification en 2022. Elle prévoit entre autres, en plus du déploiement du réseau télécom, de connecter à Internet 884 écoles secondaires publiques réparties dans 47 Comtés ; transformer 56 bibliothèques publiques en centres de ressources électroniques dotés d’ordinateurs, d’une connectivité Internet et de logiciels pour les malvoyants ; de numériser le contenu éducatif.
Au Congo, le FDSU devra se concentrer sur la couverture réseau. Permettre à un plus grand nombre de personnes d’être couvert par un réseau mobile. Actuellement, près de 38 millions de personnes demeurent privées de tout moyen de communication. Selon l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie mobile (GSMA), la couverture réseau en RDC en 2022 était de 75% pour les réseaux 2G et de 54% pour les réseaux mobiles à haut débit (3G/4G). Ces résultats étaient le fruit d’environ 6 000 sites mobiles installés dans le pays. Pour étendre la couverture télécoms dans les zones vierges et passer de 75 à 80%, il faudrait prévoir environ 150 sites supplémentaires. Pour passer d’une couverture de 90 à 95%, il faudrait créer 5 700 nouveaux sites mobiles. Pour passer d’une couverture de 98 à 99%, il faudrait encore plus de 2 000 sites. Selon la banque mondiale, le coût des investissements requis pour assurer une couverture mobile à large bande quasi universelle en RDC d’ici 2030 est évalué à 864 millions de dollars.
Favoriser l’accès au mobile
Le fonds doit également favoriser l’accès aux appareils mobiles de qualité. Sans téléphones, même dans un périmètre doté d’une couverture réseau, il n’est pas possible d’accéder aux différents services mobiles. Subventionner les téléphones pour les pauvres peut être une approche dans le pays où environ 74,6% de personnes vivaient avec moins de 2,15 dollars par jour en 2023. Selon l’Union internationale des télécommunications, 48% de la population détenait un téléphone mobile en RDC en 2023. Soit une croissance de 51,2%. Une enquête de Target, réalisée en 2021 sur 2000 personnes réparties dans les 26 provinces de RDC, révélait que 49,9% des Congolais seulement possédaient un smartphone. 54% des hommes en possédaient contre 46% chez les femmes. 55% de détenteurs étaient des personnes âgées de 18 à 24 ans ; 59% des utilisateurs de 25 à 34 ans. 35% des Congolais usagers de smartphones utilisent un smartphone Tecno, marque de Transsion. Itel, autre marque de Transsion est la deuxième marque de téléphone la plus utilisée (25%). Viennent ensuite Samsung (22%), iPhone et Huawei (5%). LG et Sony (2%), Nokia, Motorola, Alcatel et Wiko représentent 1%. Les autres marques non identifiées sont utilisées par 6% des Congolais. L’UIT estime le coût d’un téléphone accessible lorsqu’il représente 15 à 20% du revenu mensuel.
Des tarifs abordables
Le coût des services télécoms est également un obstacle majeur à la consommation par les populations. Le FDSU doit avoir un impact dans les zones jugées « non rentables » par les opérateurs télécoms. Les services qui y sont offerts doivent être moins chers que dans les zones urbaines pour permettre aux plus pauvres d’y accéder. Dans plusieurs pays comme le Cameroun, le Sénégal ou encore la Côte d’Ivoire, c’est l’approche qui est privilégiée vu que les opérateurs télécoms n’ont pas directement effectué d’investissements à rentabiliser. La maintenance des équipements n’est pas également à leur charge, mais à celle de l’Autorité de régulation des télécommunications en charge de la gestion du fonds de service universel.
En RDC, le coût d’accès aux forfaits Internet mobile le plus consommé (2 Gigaoctets) est encore perçu comme cher. Alors que la Commission du haut débit milite pour un tarif en dessous ou égal à 2% du revenu national brut (RNB) mensuel par habitant, dans le pays il équivaut encore à 32,7% du RNB.
En remettant le FDSU dans son rôle, de nombreux changements sont attendus dans le secteur télécoms national. Bien géré, cet outil peut devenir un atout majeur du gouvernement dans la réalisation avec succès du plan national numérique au travers duquel il souhaite diversifier son économie et transformer sa population.
Muriel Edjo
En juin 2024, la troisième usine de traitement du complexe cuprifère Kamoa-Kakula est entrée en production. Derrière ce succès qui augmente la capacité de production annuelle de la plus grande mine de cuivre en RDC, on retrouve un homme : Robert Friedland. Né en 1950 à Chicago, dans l’État de l’Illinois, c’est le fondateur et coprésident exécutif d’Ivanhoe Mines, compagnie canadienne qui pilote le projet Kamoa-Kakula.
L’épopée congolaise de M. Friedland commence à la fin du 20e siècle. Ivanhoe Mines obtient en 1996 des licences d’exploration sur 50 000 km² dans l’ancienne province du Katanga. L’homme d’affaires vient de faire fortune en vendant pour le compte d’une de ses sociétés un important gisement de nickel au Canada pour 4,3 milliards de dollars canadiens, et recherche de nouveaux terrains de jeu. Et le temps lui donne vite raison, puisque moins d’une décennie sépare le début des travaux d’exploration (2001) de la découverte d’un gisement.
En 2008, Ivanhoe annonce en effet la découverte du gisement de Kamoa et signe en mai 2015 un accord avec le chinois Zijin Mining pour le développer. Un an après cet accord, un nouveau gisement de cuivre à haute teneur, Kakula, est découvert en juin 2016 et les travaux de construction de la première usine démarrent en 2020. Kamoa-Kakula entre en production en 2021 et contribue depuis cette date à la croissance de la production congolaise de cuivre, qui a atteint 2,8 millions de tonnes en 2023.
« Nous étudions des options pour augmenter la production de cuivre vers notre prochain objectif de 800 000 tonnes par an […] Un taux de production qui propulserait le complexe cuprifère de Kamoa-Kakula vers l’un des deux plus grands producteurs de cuivre de notre planète », indique désormais l’homme d’affaires américano-canadien.
Pour rappel, Kamoa-Kakula a livré 393 551 tonnes de concentré de cuivre en 2023, pour un chiffre d’affaires de 2,7 milliards de dollars. Le complexe est détenu à parts égales par Ivanhoe et Zijin (39,6% chacun) et à 20% par le gouvernement congolais. Crystal River Global Limited, qui a investi en même temps que Zijin en 2015, contrôle la participation de 0,8% restante.
Emiliano Tossou
Les sociétés minières, coopératives et artisans miniers sont désormais interdits d’activité sur l’ensemble des concessions minières du Sud-Kivu. Dans un arrêté rendu public le 19 juillet 2024, le gouverneur de cette province, Jean-Jacques Purusi, a en effet ordonné la suspension des opérations jusqu’à nouvel ordre.
Selon le document, cette décision vise à « remettre de l’ordre » dans l’exploitation minière en vue de préserver les vies humaines et assurer la traçabilité de la production des minerais sur ces sites. Les services compétents n’arriveraient plus à remplir correctement leurs missions, en raison du « désordre occasionné par les exploitants ». Arrivé à la tête du Sud-Kivu en juin, le gouverneur cherche à assainir l’exploitation minière dans une province chère à son cœur.
C’est en effet dans cette partie de la RDC qu’il a vu le jour en 1964, avant de s’envoler quelques décennies plus tard en Belgique pour ses études supérieures. Titulaire d’un doctorat de l’université de Gand en Belgique, c’est un spécialiste reconnu des questions de droits de l’Homme.
Professeur invité dans des universités européennes et africaines, il a travaillé, de 1994 à 2008, comme expert des Nations unies dans le cadre d’opérations de maintien de la paix au Rwanda, au Kosovo, au Togo, au Liberia et au Soudan. Ces décennies d’expérience devraient désormais être mises à profit pour réorganiser l’exploitation minière au Sud-Kivu. Dans cette province riche en minerais, notamment or, coltan et étain, les cas de violations de droits de l’Homme dans les mines côtoient ceux liés aux exportations illégales de minerais.
Emiliano Tossou
La République démocratique du Congo a vu son offre de formation en compétences numériques renforcée le vendredi 19 juillet. Cela s’est traduit par l’inauguration à Kinshasa de l’Institut africain de Huawei pour le développement des technologies de l’information et de la communication. Il s’agit d’un centre dédié à la formation et à l’innovation numérique. Il servira aussi de base pratique du programme Future Cheetahs, lancé en avril dernier par Huawei pour doter le marché TIC local d’une nouvelle génération de talents hautement qualifiés.
Selon Augustin Kibassa Maliba, le ministre des Postes, Télécommunications et Numérique, « cet institut est un centre d’excellence que nous avons toujours espéré voir le jour (…) où les personnes talentueuses et visionnaires du pays auront la possibilité d’explorer, d’innover et de contribuer à la transformation numérique de notre société et de créer ainsi des millionnaires congolais ».
Ce centre vient s’ajouter aux initiatives de formations formelles, mais fragmentées qui existent en RDC, comme le déplorait la Banque mondiale en 2020 dans son rapport intitulé Democratic Republic of Congo Digital Economy Assessment. L’institution financière soutenait que ce sont les structures de formation informelles naissantes qui jouaient un rôle toujours important, mais ne bénéficiaient d’aucun soutien pour accroître leurs actions. Conséquence, la RDC affiche toujours un faible niveau de développement des compétences numériques. Dans le Network Readiness Index 2023 de Portulans Institute, le pays occupe la 102e place sur 134 pays classés en la matière.
Aujourd’hui, alors que le gouvernement accélère l’avènement de l’économie numérique et encourage l’investissement local et étranger dans la tech, il se pose le problème de la disponibilité de la main-d’œuvre adéquate et en quantité suffisante pour répondre aux nouvelles exigences du marché du travail. La Société financière internationale estime que 230 millions d’emplois en Afrique subsaharienne nécessiteront des compétences numériques d’ici 2030. Près de 65% des personnes recrutées pour des emplois dans les entreprises africaines devront avoir au moins des compétences numériques de base.
Le faible niveau de compétences numériques en RDC — qui accentuent le taux de chômage et la pauvreté — ne touche pas uniquement Kinshasa où la majorité des offres de formation est concentrée. En plus des investissements de Huawei et de plusieurs autres acteurs internationaux tels qu’Orange, UIT, Smart Africa, l’État doit jouer sa partition comme le prévoit le plan national du numérique.
Muriel Edjo
Le gouvernement de la République démocratique Congo a adopté en Conseil des ministres une nouvelle feuille de route pour étoffer, sur une période de 5 ans, la flotte de Congo Airways avec 3 Airbus A320. Le plan envisagé selon un modèle location-achat devrait permettre de régler l’urgence actuelle relative à la sécurisation de son Certificat de transporteur aérien (CTA) et de son agrément IATA (Association du transport aérien international), menacés de suspension.
La mesure permettra aussi de poursuivre le programme de relance du transporteur, dont les indicateurs sont actuellement prometteurs, selon le ministère des Transports. « La relance de Congo Airways se justifie au regard de son impact significatif sur la souveraineté nationale et la mobilité des personnes et des biens, ainsi que sur la vie économique et sociale. Les indicateurs de performance démontrent une rentabilité et une viabilité satisfaisante avec la desserte graduelle de 47 destinations domestiques et intra-africaines suivant son programme d’exploitation », lit-on dans le compte rendu du Conseil.
Depuis 2022, l’État se montre très impliqué dans le redressement de la compagnie aérienne national, qui joue un rôle important dans la mobilité vers l'intérieur du pays. Actuellement, l’écosystème du transport aérien congolais est dominé par quelques compagnies privées et des charters qui se concentrent sur le trafic domestique, du fait des interdictions de l’Union européenne qui les a intégrés dans sa liste noire pour raisons de sécurité.
Avant l’éruption du Covid-19 qui l’a davantage fragilisée alors qu’elle était déjà confrontée à des problèmes de trésorerie, Congo Airways transportait près de 400 000 passagers par an, selon les statistiques de 2018.
Feriol Bewa