A l’issue d’une réunion avec les opérateurs miniers actifs dans le Sud-Kivu, tenue le lundi 23 septembre 2024, le gouverneur de la province a annoncé que les entreprises en règle seront autorisées à reprendre leurs activités dès ce mardi. Jean-Jacques Purusi Sadiki a précisé qu’il signera un arrêté à cet effet.
Le gouverneur avait suspendu les activités minières dans sa province le 18 juillet dernier. Jean-Jacques Purusi Sadiki a expliqué que cette décision visait à permettre aux entreprises minières opérant sur son territoire de se mettre en règle. Cela signifie qu’elles doivent s’acquitter de « tous les frais dus au gouvernement central à Kinshasa », tels que les frais superficiaires, proportionnels et liés à l’exportation, a-t-il précisé.
Selon une enquête préliminaire menée il y a quelques semaines, 550 exploitants miniers opéraient sans autorisation, sur un total de 650 exploitants recensés. Après des concertations avec les autorités, les acteurs du secteur ont été invités à signer l’Acte d’engagement pour la transparence, la bonne gouvernance du secteur minier et le développement de la province du Sud-Kivu.
Toutes ces initiatives visent également à rétablir l’ordre dans une activité qui alimente l’insécurité au Sud-Kivu et dans l’est du pays, en fournissant des sources de revenus aux groupes rebelles. Selon l’organisation belge International Peace Information Service (IPIS), les groupes rebelles peuvent s’impliquer directement dans l’exploitation minière artisanale ou imposer des taxes sur la production d’autres exploitants. « La recherche sur les barrages routiers démontre que les acteurs armés n’ont pas besoin d’avoir un contrôle direct sur les sites miniers pour bénéficier du secteur minier artisanal », précise un rapport de l’IPIS publié en 2019.
La province du Sud-Kivu est riche en or et en métaux 3T (étain, tantale, tungstène). Environ 400 000 personnes sont actives dans l’exploitation minière dans l’est de la RDC, tirant une part substantielle de leurs revenus de cette activité.
Emiliano Tossou
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Selon l’évaluation quotidienne de Fastmarkets, le prix du cobalt a atteint la semaine dernière son plus bas niveau depuis janvier 2016. D’après l’agence britannique spécialisée dans les prix des métaux, le cobalt se négociait entre 22 046,2 et 26 014,5 dollars la tonne le 19 septembre 2024, poursuivant ainsi une tendance baissière qui dure depuis plus de deux ans. Cette baisse continue est causée par une offre excédentaire alimentée notamment par la RDC, premier producteur mondial de cobalt.

Selon le Cobalt Institute, l’offre mondiale de cobalt a atteint 210 000 tonnes en 2023 et devrait augmenter à 245 000 tonnes cette année. La production congolaise de cobalt s’est établie à environ 140 000 tonnes en 2023, soit une hausse de 21 % en glissement annuel, d’après les statistiques officielles. Cette progression est principalement due à l’entreprise chinoise CMOC, qui exploite les mines de cuivre-cobalt de Kisanfu et Tenke Fungurume. La compagnie a d’ailleurs signalé une augmentation de 178 % de sa production de cobalt au premier semestre 2024.

Or, la demande mondiale de cobalt a atteint 197 000 tonnes l’année dernière et devrait progresser à 237 000 tonnes en 2024. À court terme, aucune hausse des prix due à une demande supérieure à l’offre n’est donc attendue. Face à cette situation, la RDC a envisagé, plus tôt cette année, l’introduction de quotas d’exportation pour favoriser une remontée des prix, car la baisse des cours du cobalt affecte directement son économie.
Dans un rapport qui date de juillet 2024, le FMI estime que la chute des cours du cobalt « va vraisemblablement peser davantage sur la position extérieure » du pays en 2024. Cela signifie que la baisse des revenus d’exportation de cobalt, induite par la chute des prix, pourrait réduire les réserves de devises étrangères et compliquer le financement des importations en RDC. Il faut néanmoins dire que, pour l’instant, les prix restent au-dessus des 21 305,4 dollars la tonne projetés pour 2024 par le FMI dans son rapport.

Malgré la baisse actuelle des prix, les perspectives à long terme pour le cobalt restent positives, soutenues par la transition énergétique mondiale et l’augmentation prévue de la production de véhicules électriques. Selon un scénario « Net Zero Emission » élaboré par l’Agence internationale de l’énergie, la demande mondiale de cobalt devrait ainsi doubler d’ici 2030, atteignant 410 000 tonnes.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
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Eurasian Resources Group (ERG), une compagnie minière basée au Luxembourg, a signé cette semaine un accord de financement pré-export avec la Bank of China London Branch et Glencore International. ERG a obtenu un prêt de 150 millions de dollars pour financer ses opérations en RDC, notamment celles de Metalkol, une unité dédiée au retraitement des résidus de cuivre et de cobalt.
Un accord de financement pré-export permet à une entreprise d'emprunter des fonds en utilisant ses futurs revenus d'exportation comme garantie, lui fournissant ainsi les liquidités nécessaires avant la vente des produits. Selon les détails fournis par la compagnie, la garantie pour obtenir ce financement de 150 millions de dollars repose sur un contrat d'approvisionnement en cathodes de cuivre provenant de l'opération Metalkol en RDC. Les fonds permettront, selon l'entreprise, de 'maintenir les investissements continus du groupe à Metalkol et dans la région élargie de Kolwezi
« Nous sommes ravis que Glencore et la Bank of China aient collaboré avec nous pour mettre en place cette facilité de financement pré-export pour Metalkol, ce qui nous permettra de prioriser le programme d’investissement de l’entreprise », a déclaré Nicolas Treand, PDG d’ERG Africa, sans donner plus de détails.
La RDC est devenue un pays stratégique pour ERG en raison de ses ressources en minerais, notamment le cobalt et surtout le cuivre, dont le prix a connu plusieurs mois de hausse récente. La société, détenue à 40 % par l'État kazakh (les 60 % restants étant contrôlés par les fondateurs ou leurs ayants droit), possède quatre mines en RDC : Frontier, Comide, Metalkol et Boss Mining, ainsi que d'autres projets à divers stades de développement.
Plus tôt cette année, le gouvernement a suspendu neuf sous-traitants travaillant dans les mines de cuivre et de cobalt d'ERG pour « non-respect des règles en matière de contenu local », selon Bloomberg. Avant cet incident, le ministère congolais des Mines avait suspendu les opérations de Boss Mining, une exploitation de cuivre et de cobalt appartenant à ERG, en l'accusant de pollution environnementale. En février 2024, l'entreprise congolaise Gécamines a exprimé son intérêt pour racheter ces actifs dans le cadre de sa stratégie visant à renforcer son rôle sur le marché mondial des métaux, mais aucun développement n'a été annoncé depuis.
Louis-Nino Kansoun
Le complexe cuprifère Kamoa-Kakula, exploité en RDC par Ivanhoe Mines, a atteint un record de production de concentré de cuivre en août 2024. Selon la société, le projet, qui a vu la mise en service d’une troisième usine de traitement durant ce mois, a produit un total de 40 347 tonnes de concentré.
Si l’entrée en service du troisième concentrateur du complexe explique en partie cette performance, les deux autres usines ont également enregistré des résultats solides. « Le 31 août, les concentrateurs des phases 1, 2 et 3 ont produit un record quotidien combiné de 2 096 tonnes de cuivre. Cela inclut 1 760 tonnes de cuivre provenant des concentrateurs des phases 1 et 2, qui représentent également un record pour l’entreprise », déclare Ivanhoe Mines dans un communiqué publié ce 4 septembre 2024.
L’entreprise précise également que Kamoa-Kakula a produit environ 263 000 tonnes de cuivre depuis le début de l’année, dont 14 000 tonnes grâce à sa troisième usine.
Pour rappel, le projet Kamoa-Kakula a produit un total de 393 551 tonnes de concentré de cuivre en 2023, soit une augmentation de 18 % par rapport à l’année précédente. Pour 2024, les propriétaires du projet visent une production comprise entre 440 000 et 490 000 tonnes de concentré de cuivre.
Une fois la troisième usine du complexe pleinement opérationnelle, Ivanhoe et ses partenaires, Zijin Mining et l’État congolais, prévoient une production annuelle de 600 000 tonnes de concentré de cuivre. Cela ferait de Kamoa-Kakula la troisième plus grande mine de cuivre au monde.
LNK
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Le plan de modernisation du corridor de Lobito bénéficie d’un prêt de 200 millions USD de la Banque de développement de l’Afrique australe (DBSA), grâce à un montage financier impliquant l’US International Development Finance Corp dont l’engagement total est de 553 millions USD. « Le financement soutiendra la construction et la modernisation de l’infrastructure ferroviaire, y compris l’achat de 50 % des wagons nécessaires auprès d’une entreprise manufacturière sud-africaine ».
Ce projet soutenu par les États-Unis et l’Union européenne porte sur la remise aux normes de la ligne principale de 1 289 km entre Lobito, Negrao et la frontière de Luau, ainsi que d’un embranchement ferroviaire de 28 km entre Negrao et Bimbas. Il prend aussi en compte le développement d’installations portuaires pour l’évacuation de minerais de cuivre et de cobalt depuis la République démocratique du Congo et la Zambie, toutes deux enclavées, via l’Angola.
L’intérêt pour les USA et l’UE est selon certains observateurs, de sécuriser leurs approvisionnements en minéraux critiques dans le contexte actuel de transition énergétique pour laquelle ces ressources sont perçues comme des matières essentielles.
« Le corridor de Lobito devrait devenir la route la plus compétitive pour l’exportation de ces minéraux, ce qui permettra aux exportateurs de réaliser d’importantes économies de temps et d’argent. Il améliorera non seulement les perspectives économiques de l’Angola et de la RDC, mais favorisera également une plus grande connectivité et un meilleur commerce au sein de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) », mentionne la DBSA dans son communiqué.
L’entreprise de négoce Trafigura a annoncé, le jeudi 22 août 2024, la première expédition de cuivre congolais vers le port de Baltimore aux États-Unis via le corridor de Lobito. Il a fallu six jours au train transportant cette première cargaison de cathodes de cuivre depuis Kolwezi pour arriver au port de Lobito, une durée présentée comme « démontrant l’efficacité du trajet ouest désormais disponible pour les minéraux et métaux produits dans la Copperbelt congolaise ».
Il faut noter que la Chine, qui exploite déjà des mines en RDC et en Zambie, porte également un grand intérêt à la mise en place d’infrastructures de soutien logistique vers les ports tanzaniens. L’empire du Milieu est en effet le principal bailleur de fonds du projet de modernisation des chemins de fer de la Tazara, proposés comme alternative au corridor de Lobito.
Henoc Dossa, Agence Ecofin
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Kamoa Copper SA, un acteur majeur de la production de cuivre et de cobalt en République démocratique du Congo et à l’échelle mondiale, a signé, le 22 août 2024, 13 contrats de sous-traitance avec des petites et moyennes entreprises congolaises. « Kamoa Copper soutient l’entrepreneuriat en publiant ses appels d’offres sur le site de l’ARSP et en créant ou facilitant des partenariats entre entrepreneurs locaux et internationaux », a déclaré Riaan Vermeulen, directeur général de l’entreprise, lors de cet événement, selon des sources médiatiques.
Le producteur minier a également mis en avant la participation notable de PME gérées ou promues par des femmes. Ces contrats portent principalement sur des fournitures des prestations de services techniques. « La durée des contrats qui était auparavant de 12 mois est passée à 36 mois, afin de permettre à ces entreprises d’obtenir la crédibilité auprès des institutions financières dont elles ont besoin pour se développer, créer des emplois et distribuer la richesse au sein de nos communautés », explique l’entreprise sur son compte X.
La publication des offres sur le site de l’Agence nationale de sous-traitance (ARSP) est la preuve que chacun de ces contrats dépasse les 100 millions de francs congolais (environ 35 000 $). Une mise à jour de la loi sur la sous-traitance stipule qu’un appel à manifestation d’intérêt est requis pour tout contrat dépassant ce seuil. Cette législation permet à des entreprises ayant un siège social en RDC et 51 % d’actionnariat local de participer à un marché dont les revenus pour le pays sont estimés à 8,5 milliards de dollars, soit 13,5 % du PIB estimé de l’année 2022, selon des données de la Banque mondiale.
En 2023, les dépenses d’exploitation de Kamoa Copper SA ont dépassé le milliard de dollars, couvrant divers achats, le transport et les services extérieurs. L’entreprise n’a pas précisé quelle part de ces dépenses est liée à la conformité avec la loi sur la sous-traitance. Entre 2022 et 2023, Kamoa Copper a annoncé environ 2 milliards de dollars de dépenses similaires.
Georges Auréole Bamba
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Le groupe minier chinois CMOC a annoncé en fin de semaine dernière une hausse en glissement annuel de 670% à 762 millions $ de son bénéfice net attribuable au premier semestre 2024. Selon les détails énoncés dans son bilan, cette performance a été portée entre autres par la croissance de sa production (qui a dépassé les objectifs) et « des progrès majeurs réalisés sur ses opérations en RDC ».
Si les détails fournis ne permettent pas de mesurer le poids réel des opérations congolaises (TFM et KFM) dans les performances de CMOC, ils permettent de s’en faire une idée. La production de cuivre de CMOC a augmenté de 100,74% au premier semestre, totalisant 313 788 tonnes, alors que celle de cobalt a augmenté de 178,22% à 54 024 tonnes sur la même période.
En effet, ces hausses interviennent alors que la société chinoise signale que l’usine de traitement de TFM Est a atteint ses objectifs de production au cours de la période, « avec cinq lignes de production désormais opérationnelles ». Grâce à ce progrès, le projet dispose maintenant d’une capacité de production annuelle de 450 000 tonnes de cuivre et 37 000 tonnes de cobalt, ce qui en fait la 5e plus grande mine de cuivre et la 2e plus grande mine de cobalt au monde. Quant au second projet, il a maintenu une « production élevée » avec une « capacité annuelle dépassant 150 000 tonnes de cuivre et 50 000 tonnes de cobalt, consolidant ainsi sa position de plus grande mine de cobalt au monde ».
L’analyse de ces données montre que CMOC a donc une capacité de production annuelle de 600 000 tonnes de cuivre et 87 000 tonnes de cobalt. Si la compagnie chinoise produit également du molybdène, du tungstène, du niobium, des engrais phosphatés, la hausse de ses performances au premier semestre est à mettre principalement à l’actif du cobalt et du cuivre. CMOC cite par exemple comme autres facteurs expliquant ses bonnes performances « la hausse des prix des métaux sur les marchés mondiaux, notamment du cuivre et du cobalt ».
Pour la RDC, l’amélioration des capacités de production de CMOC présente un certain nombre d’enjeux. Leader mondial de la production de cobalt et 2e producteur mondial de cuivre, le pays d’Afrique central devrait pouvoir compter sur les mines TFM et KFM pour consolider ses statuts dans ces deux secteurs. L’objectif final reste pour la RDC de tirer davantage de revenus (impôts, taxes, redevances, etc.) de l’exploitation de ses ressources minières.
Selon les données du FMI, ces revenus sont passés d’une moyenne de 4 milliards $ sur la période 2013-2017 à une moyenne de 5,5 milliards $ sur la période 2018-2022, « grâce à l’augmentation de la production des principaux produits miniers d’exportation (cuivre et cobalt) et par la part plus importante des profits des entreprises minières attribuée au gouvernement ».
Louis-Nino Kansoun
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Le marché mondial du cobalt, un métal stratégique pour les batteries des véhicules électriques, est confronté depuis quelques années à une surabondance persistante de l’offre. Selon une note publiée le 22 août 2024 par Reuters, qui cite les analystes de Macquarie Bank, cette situation devrait se prolonger jusqu’en 2027.
L’excédent sur le marché du cobalt découle notamment de l’augmentation rapide de la production en RDC, premier producteur mondial. En effet, depuis quelques années, la RDC a intensifié sa production de cobalt. Selon les données du ministère congolais des Mines, la RDC a produit en 2023 un total de 139 840 tonnes de cobalt, contre 77 963 tonnes en 2019. Selon nos calculs, il s’agit d’une hausse de 79,36 %.
Évolution de la production de cobalt en RDC en tonne

Source : ministère des Mines
Si l’on en croit les données d’Agence Ecofin, la hausse de la production congolaise de cobalt a été principalement portée par deux grandes compagnies, en l’occurrence le chinois CMOC et le Suisse Glencore. CMOC, active sur deux mines en RDC, a surpassé Glencore en 2023 pour devenir le leader mondial de la production avec 55 526 tonnes.
Cette augmentation de l’offre congolaise, si elle a permis de conforter la position de leader du pays sur le marché mondial, pose aujourd’hui des questions sur la gestion d’un excédent massif qui fait chuter les prix. Selon la note de Reuters susmentionnée, les prix du cobalt sont passés de 82 000 dollars la tonne en mars 2022 à environ 24 900 dollars actuellement. Cela n’est pas sans rappeler l’histoire récente qui a vu les prix de la tonne de cobalt grimper à plus de 95 000 dollars en 2018, avant de chuter à 26 000 dollars en 2019.
Des enjeux importants pour la RDC
Premier producteur mondial de cobalt, la RDC tire de ce secteur des revenus importants. Dans un rapport publié récemment par le FMI qui fait état d’une hausse des recettes minières du pays de 2018 à 2022, l’institution a indiqué que cette hausse « pourrait s’expliquer par l’augmentation de la production des principaux produits miniers d’exportation de la RDC (cuivre et cobalt) et par la part plus importante des profits des entreprises minières attribuée au gouvernement ».
Pour l’État congolais, une baisse persistante des prix du cobalt dû à la surabondance de l’offre pourrait impliquer des revenus miniers qui croissent moins vite que prévu. Pour le Cobalt Institute qui prédisait un marché excédentaire jusqu’en 2025, la demande de cobalt devrait d’ici 2030 rattraper dans une certaine mesure l’offre, passant à 388 000 tonnes (contre 187 000 tonnes en 2022).
En attendant de voir les prochains développements, la situation de surabondance actuelle de l’offre et l’impact sur les prix devrait être l’occasion pour la RDC d’envisager de diversifier ses revenus miniers. La transformation locale du cobalt pourrait offrir une solution pour ajouter de la valeur au métal extrait, réduire la dépendance aux fluctuations des prix mondiaux, et créer des emplois. Le développement d’une industrie de batteries sur le sol congolais pourrait également positionner le pays en tant qu’acteur clé dans la chaîne d’approvisionnement mondiale des véhicules électriques.
Louis-Nino Kansoun
La RDC et la compagnie Ivanhoe Mines tablent sur 2025 pour la résolution des problèmes persistants liés à l’instabilité de l’approvisionnement électrique dans le sud du pays et qui impactent le complexe minier de Kamoa-Kakula. Ivanhoe a indiqué début juillet qu’elle travaille avec la Société nationale d’électricité (Snel) pour apporter d’ici cette échéance « des solutions aux causes identifiées de l’instabilité ».
Dans le détail, les deux parties collaborent pour augmenter la capacité de transmission et améliorer la fiabilité du réseau. Les travaux, dont le coût n’a pas été communiqué, sont financés, apprend-on, par la filiale locale d’Ivanhoe Mines.
L’instabilité électrique impacte la production de cuivre
L’instabilité du réseau électrique a entrainé des interruptions fréquentes de l’approvisionnement en électricité, ce qui a compliqué l’extraction dans les zones à haute teneur de la mine Kakula. Ces zones sont particulièrement sensibles aux interruptions électriques, car la disponibilité des pompes à eau souterraine, cruciales pour l’exploitation, est réduite en cas de coupure de courant.
Selon les données d’Ivanhoe, ces difficultés ont entrainé une baisse de la production au premier trimestre de 8% à 86 203 tonnes. Au deuxième trimestre, le complexe Kamoa-Kakula a livré 100 812 tonnes, portant le total du premier semestre 2024 à 186 925 tonnes (en baisse de 5% en glissement annuel).
Pourtant, la compagnie a maintenu ses prévisions de production pour l’exercice 2024 (entre 440 000 et 490 000 tonnes contre 393 551 tonnes en 2023). Cela peut s’expliquer par la mise en service en juin d’un nouveau concentrateur censé augmenter la capacité de traitement du projet, mais aussi par les solutions à court terme trouvées en attendant la mise en œuvre complète des plans convenus avec la Snel. Depuis mi-mars, Ivanhoe importe une partie de son électricité de la Zambie et du Mozambique, tout en poursuivant l’extension de sa capacité de génération d’électricité de secours sur le site.
La problématique du déficit énergétique et son impact sur le secteur minier
La situation actuelle sur la plus grande mine congolaise de cuivre remet sur le devant de la scène la problématique du déficit énergétique de la RDC et son impact sur le secteur minier.
Un rapport de l’Observatoire d’études et d’appui à la responsabilité sociale et environnementale (Oearse), publié en 2021, indiquait que dans le secteur minier congolais, « la différence entre l’offre et la demande d’électricité est très significative et affecte la performance et le rendement du secteur ».
Le même document indique que « ce déficit qualitatif et quantitatif de l’énergie électrique handicape les entreprises et accroît leurs coûts de 10 à 15% », et met en évidence des pertes potentielles en matière de recettes fiscales et d’exportations pour la RDC, ainsi qu’un manque à gagner en ce qui concerne les revenus et les redevances pour les populations, en raison de la non-valorisation et la sous-transformation (conséquentes) des ressources minérales.
« Dans le code minier révisé, nous avons mis cette obligation de transformer localement les minerais, le problème dont [sic] fait face la RDC est lié à l’énergie. Rien que dans le Katanga aujourd’hui, il y a un déficit de 1 200 MW. Seul l’État peut répondre à ce déficit […] », déclarait Albert Yuma, alors président de la Fédération des Entreprises du Congo (FEC), cité par l’Oearse.
Plusieurs pistes de solutions s’offrent à la RDC pour apporter des réponses aux problèmes énergétiques. Au-delà des espoirs que suscite le projet hydroélectrique Grand Inga, le pays peut également explorer la piste de la coopération régionale. Par exemple, début juillet, les sociétés Trafigura et ProMarks ont conclu un protocole d’accord pour étudier la viabilité technique et économique de la construction d’un interconnecteur électrique haute tension de 2 000 MW. Ce projet vise à exporter l’excédent d’électricité produite par les barrages hydroélectriques du nord de l’Angola vers la Copperbelt en RDC et en Zambie.
Louis-Nino Kansoun
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Après quatre ans d’enquête, la justice suisse a mis fin à la procédure ouverte contre Glencore pour des faits de corruption. Le parquet fédéral a obtenu un accord avec le négociant de matières premières qui doit verser une amende de 2 millions de francs suisses (2,34 millions $) et s’acquitter de dommages et intérêts à hauteur de 150 millions de dollars.
Selon un communiqué du ministère public de la Confédération suisse (MPC) diffusé lundi 5 août, Glencore est condamné pour ne pas avoir pris « toutes les mesures d’organisation raisonnables et nécessaires pour empêcher la corruption d’agents publics étrangers ». La corruption présumée aurait eu lieu en RDC, lors de l’acquisition en 2011 de participations minoritaires dans deux sociétés minières par un partenaire commercial de Glencore.
« Le MPC a déclaré dans l’ordonnance de sanction sommaire qu’il n’avait pas identifié d’employés de Glencore ayant eu connaissance des actes de corruption commis par le partenaire commercial […]. Glencore n’admet pas les conclusions du MPC, mais dans l’intérêt de la résolution de cette affaire, a accepté de ne pas faire appel de l’ordonnance », indique la compagnie dans un communiqué distinct.
Pour rappel, cet accord avec la justice suisse intervient après d’autres procédures similaires au Royaume-Uni et aux États-Unis en 2022, pour des faits de corruption dans l’octroi de contrats pétroliers au Nigeria, en Côte d’Ivoire et au Cameroun notamment. En RDC, Glencore exploite actuellement du cuivre et du cobalt sur deux mines.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
En RDC, la compagnie minière Alphamin Resources, qui exploite la plus grande mine industrielle d’étain du pays, prévoit de livrer entre 17 000 et 18 000 tonnes en 2024, en hausse par rapport aux 12 568 tonnes de 2023. L’atteinte de cet objectif impliquerait un nouveau record annuel pour les exportations congolaises d’étain qui ont totalisé 33 558,68 tonnes en 2023.
Dans une mise à jour publiée le 10 juillet par Alphamin, la société indique qu’elle a produit 4 027 tonnes d’étain au deuxième trimestre, 28% de plus que le volume du premier trimestre. Si Alphamin fait un meilleur deuxième semestre que le premier, la compagnie permettrait aux exportations congolaises de continuer sur cette trajectoire ascendante.
Selon les données publiées plus tôt, cette année, par le ministère des Mines, le volume d’étain exporté par la RDC en 2023 (en hausse de près de 300% par rapport à 2013) était déjà le plus haut niveau atteint sur les 10 dernières années. Depuis 2013 où les exportations ont totalisé 8 406,81 tonnes, elles n’ont plus jamais baissé d’une année à l’autre (voir graphique).
Évolution des exportations congolaises d’étain depuis 2013

Source : ministère des Mines
En dehors de la production industrielle, l’étain est également exploité de façon artisanale en RDC. Les mines artisanales se répartissent dans différentes provinces, en l’occurrence le Haut-Lomami, Maniema ou encore le Tanganyika.
La nouvelle hausse en vue de la production congolaise d’étain coïncide avec un relatif regain de santé pour le prix de la matière première, ce qui pourrait permettre au pays d’accroître les recettes. Alphamin dans son rapport indique par exemple que le prix moyen de vente réalisé pour ses produits au deuxième trimestre 2024 était en hausse de 20% par rapport à celui du premier trimestre (32 314 $/t contre 26 863 $/t). Pour rappel, à plus long terme, les analystes prédisent que l’étain devrait bénéficier de la transition énergétique, en raison de son utilisation accrue dans les cellules photoélectriques solaires, les véhicules électriques et l’électronique.
Nino Kansoum
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En 2023, la RDC a dépassé le Pérou en matière de production de cuivre, livrant 2,8 millions de tonnes du métal rouge contre 2,4 millions de tonnes pour son rival sud-américain. Si le Pérou devait reprendre sa place de deuxième producteur mondial en 2024 avec 3 millions de tonnes attendues, le cabinet Wood Mackenzie prédit que la dynamique devrait définitivement changer à partir de 2026-2027.
Croissance régulière de la production congolaise
La production congolaise de cuivre augmente de façon constante depuis plusieurs années. Leader du secteur en Afrique, devant la Zambie, le pays a produit 2,36 millions de tonnes en 2022 selon les données officielles, ce qui représentait déjà une hausse en glissement annuel de 31%.
La courbe d’évolution des volumes de cuivre produits par les mines congolaises montre que la dynamique de croissance a été régulière sur les dix dernières années. Alors qu’il produisait à peine 1 million de tonnes en 2014, le pays a réussi à passer la barre de 1,8 million de tonnes en 2021, puis celle de 2 millions de tonnes en 2022. Cette performance peut être attribuée à la mise en service de nouvelles mines, y compris celles de Deziwa en janvier 2020 et de Kamoa-Kakula en mai 2021. Kamoa-Kakula, montée en régime depuis, a la capacité de devenir la deuxième plus grande mine de cuivre au monde.
Production des 10 dernières années
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Année |
2014 |
2015 |
2016 |
2017 |
2018 |
2019 |
2020 |
2021 |
2022 |
2023 |
|
Million (tonnes) |
1,03 |
1,03 |
1,02 |
1,09 |
1,2 |
1,4 |
1,6 |
1,8 |
2,4 |
2,8 |
|
Année |
Million (tonnes) |
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2014 |
1,03 |
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2015 |
1,03 |
|
2016 |
1,02 |
|
2017 |
1,09 |
|
2018 |
1,2 |
|
2019 |
1,4 |
|
2020 |
1,6 |
|
2021 |
1,8 |
|
2022 |
2,4 |
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2023 |
2,8 |
Graphique : évolution de la production de cuivre de la RDC
Cette croissance régulière de la production congolaise sur la dernière décennie et le potentiel minéral inexploité du pays explique sans doute la prévision de Wood Mackenzie susmentionnée. Soulignons à ce propos qu’un autre récent rapport de S&P Global Market Intelligence indique que la RDC concentre 65% des nouvelles annonces des réserves de cuivre identifiées dans le monde en 2023.
« Dans les années à venir, le Congo [RDC, NDLR] va dépasser le Pérou […]. Le Congo possède aujourd’hui des mines à haute teneur en minerai, plus importantes que celles du Chili et du Pérou », déclarait en mai dernier Wood Mackenzie.
Deuxième producteur mondial de cuivre au bon moment
Alors que le Pérou prévoit de produire 3 millions de tonnes en 2024, il faudra pour la RDC dépasser ce cap dans les années à venir pour devenir durablement le nouveau dauphin du Chili (leader mondial avec plus de 5 millions de tonnes). Si elle y arrive, elle pourrait profiter des perspectives reluisantes annoncées actuellement sur le marché du métal rouge.
Plusieurs sources médiatiques concordantes ont rapporté, lundi 8 juillet, que le contrat de cuivre pour août le plus échangé sur le Shanghai Futures Exchange a augmenté de 0,5% à 80 530 yuans (11 080 dollars). Sur une tendance haussière depuis le mois de mars où il a franchi la barre de 9 000 dollars la tonne, le prix du cuivre a continué de grimper pour établir un nouveau record à plus de 11 000 dollars. Plusieurs analystes dont Citibank ou Macquarie voient le métal rouge à 15 000 dollars la tonne d’ici 2025, alors que les spécialistes sont unanimes sur un potentiel de croissance à long terme encore plus grand pour le prix du cuivre, en raison de son importance pour la transition énergétique.
Transformation locale et valeur ajoutée
Longtemps cantonnée au rôle d’exportateur de matières premières, la RDC cherche désormais à transformer localement son cuivre pour produire des matériaux directement utilisables par l’industrie des batteries pour véhicules électriques. Kinshasa étudie actuellement la faisabilité d’un projet de partenariat avec la Zambie pour atteindre cet objectif. Cette initiative pourrait représenter un changement de paradigme pour l’économie congolaise, ajoutant une valeur significative aux exportations de cuivre et stimulant le développement industriel local.
Pour rappel, le cuivre représente environ 70% des recettes d’exportations de la RDC.
Louis-Nino Kansoun
En RDC, le gouverneur de la province du Sud-Kivu, Jean-Jacques Purusi (photo), a ordonné la suspension de toutes les activités minières sur le territoire de sa province. Dans une décision rendue publique le vendredi 19 juillet, l’autorité administrative donne jusqu’à 72 heures aux différentes sociétés, coopératives et artisans miniers pour quitter les sites miniers.
Mais cette suspension, dont la durée n’est pas encore connue, n’aura qu’un impact limité sur la production congolaise de cuivre. Cette dernière se concentre en effet dans d’autres provinces, en l’occurrence le Lualaba et le Haut-Katanga qui abritent les plus grandes mines de cuivre et de cobalt. Le Sud-Kivu est aussi une province riche en minerais, mais surtout en or, coltan ou étain. L’exploitation minière y est surtout artisanale, avec des sociétés à capitaux chinois opérant parfois à la limite de la légalité.
Nommé en juin à la tête de la province, le gouverneur Jean-Jacques Purusi veut remettre de l’ordre dans le secteur et assurer la traçabilité de la production minière. Une réunion avec les différents acteurs du secteur a ainsi été convoquée pour le 30 juillet en vue de faire l’état des lieux de l’exploitation minière et évaluer les modalités de régularisation des activités minières.
Pour rappel, la RDC tire jusqu’à 70 % de ses revenus d’exportations de l’exploitation du cuivre. L’exploitation de l’or est également une source de revenus non négligeable. L’accord signé entre l’État et la société émiratie Primera Group a permis un bond de 12 000% des exportations d’or artisanal en 2023. Primera a opéré dans le Sud-Kivu, une province dont le potentiel reste sous-exploité à cause de l’exploitation illégale des ressources.
Emiliano Tossou
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Avec une production maximale de 490 000 tonnes de concentré attendue en 2024, Kamoa-Kakula est la plus grande mine de cuivre de RDC et d’Afrique. Pour porter la production annuelle à plus de 600 000 tonnes dès 2025, ses propriétaires ont mis en service une nouvelle unité.
En RDC, Ivanhoe Mines a annoncé le 11 juin la production du premier concentré de cuivre à partir du nouveau concentrateur mis en service le mois dernier à son complexe cuprifère Kamoa-Kakula. Ce troisième concentrateur actif sur le projet devrait entrer en production commerciale au troisième trimestre 2024, précise la compagnie minière canadienne.
Avec cette nouvelle unité de traitement, Kamoa-Kakula devrait se positionner en 2025 comme la troisième plus grande mine de cuivre au monde, derrière les mines Escondida (Chili) et Grasberg (Indonésie). Le complexe dispose en effet désormais d’une capacité de production de plus de 600 000 tonnes de cuivre par an. Il contribuera à maintenir la RDC parmi les leaders du secteur, alors que le pays vient de passer en deux ans du statut de 4ème producteur mondial de cuivre en 2021 à celui de deuxième producteur mondial en 2023.
Il faut souligner que l’objectif final d’Ivanhoe Mines et de ses partenaires de coentreprise est de faire de Kamoa-Kakula la deuxième plus grande mine de cuivre au monde, avec une production totale de plus de 800 000 tonnes. Un quatrième concentrateur avec une capacité de traitement annuelle de 5 millions de tonnes de minerais au moins est donc déjà à l’étude par les ingénieurs de la mine.
Pour rappel, Ivanhoe Mines et le chinois Zijin Mining détiennent respectivement 39,6 % d’intérêts dans Kamoa-Kakula, contre 20 % d’intérêts pour le gouvernement congolais. Une production de 440 à 490 000 tonnes de concentré de cuivre est attendue au complexe en 2024.
Emiliano Tossou
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