Le marché mondial du cobalt, un métal stratégique pour les batteries des véhicules électriques, est confronté depuis quelques années à une surabondance persistante de l’offre. Selon une note publiée le 22 août 2024 par Reuters, qui cite les analystes de Macquarie Bank, cette situation devrait se prolonger jusqu’en 2027.
L’excédent sur le marché du cobalt découle notamment de l’augmentation rapide de la production en RDC, premier producteur mondial. En effet, depuis quelques années, la RDC a intensifié sa production de cobalt. Selon les données du ministère congolais des Mines, la RDC a produit en 2023 un total de 139 840 tonnes de cobalt, contre 77 963 tonnes en 2019. Selon nos calculs, il s’agit d’une hausse de 79,36 %.
Évolution de la production de cobalt en RDC en tonne
Source : ministère des Mines
Si l’on en croit les données d’Agence Ecofin, la hausse de la production congolaise de cobalt a été principalement portée par deux grandes compagnies, en l’occurrence le chinois CMOC et le Suisse Glencore. CMOC, active sur deux mines en RDC, a surpassé Glencore en 2023 pour devenir le leader mondial de la production avec 55 526 tonnes.
Cette augmentation de l’offre congolaise, si elle a permis de conforter la position de leader du pays sur le marché mondial, pose aujourd’hui des questions sur la gestion d’un excédent massif qui fait chuter les prix. Selon la note de Reuters susmentionnée, les prix du cobalt sont passés de 82 000 dollars la tonne en mars 2022 à environ 24 900 dollars actuellement. Cela n’est pas sans rappeler l’histoire récente qui a vu les prix de la tonne de cobalt grimper à plus de 95 000 dollars en 2018, avant de chuter à 26 000 dollars en 2019.
Des enjeux importants pour la RDC
Premier producteur mondial de cobalt, la RDC tire de ce secteur des revenus importants. Dans un rapport publié récemment par le FMI qui fait état d’une hausse des recettes minières du pays de 2018 à 2022, l’institution a indiqué que cette hausse « pourrait s’expliquer par l’augmentation de la production des principaux produits miniers d’exportation de la RDC (cuivre et cobalt) et par la part plus importante des profits des entreprises minières attribuée au gouvernement ».
Pour l’État congolais, une baisse persistante des prix du cobalt dû à la surabondance de l’offre pourrait impliquer des revenus miniers qui croissent moins vite que prévu. Pour le Cobalt Institute qui prédisait un marché excédentaire jusqu’en 2025, la demande de cobalt devrait d’ici 2030 rattraper dans une certaine mesure l’offre, passant à 388 000 tonnes (contre 187 000 tonnes en 2022).
En attendant de voir les prochains développements, la situation de surabondance actuelle de l’offre et l’impact sur les prix devrait être l’occasion pour la RDC d’envisager de diversifier ses revenus miniers. La transformation locale du cobalt pourrait offrir une solution pour ajouter de la valeur au métal extrait, réduire la dépendance aux fluctuations des prix mondiaux, et créer des emplois. Le développement d’une industrie de batteries sur le sol congolais pourrait également positionner le pays en tant qu’acteur clé dans la chaîne d’approvisionnement mondiale des véhicules électriques.
Louis-Nino Kansoun