In Lualaba province, the Business Federation of Congo (Fédération des Entreprises du Congo—FEC) is challenging decisions made by the Directorate of Customs (DGDA). In a letter dated May 5, 2025, to DGDA Director General Bernard Kabese Musangu, FEC provincial president Germain Pungwe Mabwe called these decisions "irregular" and "potentially detrimental to the business and investment climate" in the province.
The dispute centers on the DGDA’s move to open proceedings against FEC members involved in processing and exporting cobalt from artisanal mining. Official statements of offence have been issued against these companies.
According to the DGDA, between 2020 and 2024, the firms failed to source cobalt from Entreprise Générale du Cobalt (EGC) or its approved partners, as mandated by the November 5, 2019 decree on safeguarding activities related to artisanally-mined strategic minerals.
The FEC argues that strict enforcement of this decree ignores the reality on the ground. The Federation said that at the time, sourcing cobalt via EGC was impossible because the state-owned company was not yet operational.
"If the services of the Ministry of Mines have not yet sanctioned this infraction linked to the obligation to source cobalt from EGC, this shows that the preconditions for the effective application of the provisions of the said decree have not been met," Germain Pungwe Mabwe writes.
The FEC also points to the Manual of procedures for traceability of mining products, noting that "if the obligation to source strategic mineral substance (cobalt) from the EGC is not explicitly mentioned as a mandatory document in this manual, the DGDA's requirement could be perceived as a non-compliant addition to the procedures established to date."
This situation underscores the challenges of implementing regulatory reforms where institutional capacity may not match legislative ambition. The FEC letter does not clarify whether its members attempted to comply with the rules before encountering EGC’s inoperability.
EGC announced the launch of its artisanal cobalt activities in March 2021, stating it had published responsible mining standards. In September 2023, it held a workshop to validate responsible purchasing standards. The procedures manual cited by the FEC was established by ministerial order before the November 5, 2019 decree, which nullified all contrary provisions.
The exact volume of cobalt exports deemed non-compliant by the DGDA remains unknown, but Lualaba province accounts for a significant share of the country’s artisanal cobalt output.
This article was initially published in French by Georges Auréole Bamba
Edited in English by Ola Schad Akinocho
Dans un entretien accordé à Jeune Afrique, le ministre des Hydrocarbures, Aimé Sakombi Molendo (photo), a annoncé que la République démocratique du Congo (RDC) va revoir « totalement » son Code pétrolier. Selon lui, le projet de réforme sera présenté au Conseil des ministres d’ici trois mois, avant d’être transmis au Parlement pour adoption.
Pour justifier cette réforme, le ministre explique que l’actuel Code est à l’origine de l’échec de l’appel d’offres lancé le 28 juillet 2022 pour l’attribution de 27 blocs pétroliers. Sa fiscalité est jugée peu attractive. Parmi les raisons ayant freiné l’intérêt des compagnies pétrolières, Molendo Sakombi cite également l’absence de données sismiques précises et la présence d’aires protégées dans les blocs proposés.
À l’issue du Conseil des ministres du 2 mai dernier, le gouvernement a indiqué que 52 nouveaux blocs pétroliers venaient d’être ouverts à l’exploration. Avec trois blocs déjà attribués (Mbandaka, Lokoro et Busira) à la Compagnie minière congolaise, le portefeuille atteint désormais 55 blocs dans la Cuvette centrale, selon le compte rendu de la réunion.
D’après le ministre des Hydrocarbures, ces blocs ont été « détoxifiés » en excluant toutes les aires protégées. Ce nouveau découpage, réalisé avec l’appui technique du ministère de l’Environnement, visait également à répondre aux critiques formulées par des ONG environnementalistes.
Mais cela ne semble pas les rassurer. Après l’annonce de cette ouverture à l’exploration, la coalition « Notre terre sans pétrole » a immédiatement réagi, demandant l’arrêt de la procédure et l’annulation de l’attribution des trois premiers blocs. Ce collectif, qui rassemble plus de 170 organisations, estime que cette décision va à l’encontre de la stratégie de la RDC, qui entend se positionner comme un acteur clé dans la lutte mondiale contre le dérèglement climatique.
Entreprises américaines
« Le gouvernement ne reculera plus », a réagi le ministre face à ces critiques. Il a précisé que la politique actuelle vise à explorer et produire, tout en préservant les intérêts des générations futures.
Selon lui, la révision du Code s’accompagnera d’une mise à jour des données géologiques, afin d’offrir aux investisseurs une meilleure lisibilité sur le potentiel pétrolier du pays. Il affirme que des opérations sismiques seront lancées dans les prochains mois pour constituer une base de données fiable et sécurisée.
Molendo Sakombi indique que cette démarche s’inspire notamment des recommandations des compagnies pétrolières internationales, ainsi que des expériences des pays voisins, comme l’Angola et le Congo-Brazzaville, avec lesquels la RDC entretient désormais une coopération technique.
Le ministre précise également que des discussions avancées sont en cours avec des entreprises américaines spécialisées dans le retraitement des données sismiques. Une telle collaboration, selon lui, pourrait ouvrir la voie à des partenariats futurs avec de grandes compagnies pétrolières américaines.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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Le ministère des Transports, des Voies de communication et du Désenclavement a transmis, par courrier officiel daté du 8 mai 2025, la liste de 240 ports fluviaux et lacustres non homologués devant faire l’objet d’une fermeture immédiate. Le document, référencé N° VPM/MTVCD/CAB/563/2025 et signé par le Vice-Premier ministre Jean-Pierre Bemba, est adressé à son homologue du ministère de l’Intérieur, de la Sécurité, de la Décentralisation et des Affaires coutumières.
Selon ce courrier, la mesure s’inscrit dans la continuité des résolutions des 46 ᵉ et 52 ᵉ réunions du Conseil des ministres, tenues respectivement les 28 août et 9 octobre 2020, sur la régulation du secteur fluvial. Elle fait également suite à la lettre ministérielle N° VPM/MTVCD/CAB/458/2024 du 15 octobre 2024 relative à la fermeture des ports dits « clandestins ».
Le Vice-Premier Ministre, Ministre des Transports, Voies de Communication et Désenclavement, Jean-Pierre Bemba a transmis au Vice-Premier Ministre, Ministre de l'Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires Coutumières, Shabani Lukoo, la liste des ports illégaux recensés sur… pic.twitter.com/TM8oSeEAqJ
— Ministère des Transports RDC (@TransportsRDC) May 9, 2025
Parmi les sites concernés figurent des ports situés dans plusieurs provinces du pays. Le document précise les noms, les localisations et, dans certains cas, les propriétaires des infrastructures concernées.
Lors de la 17 ᵉ réunion ordinaire du Conseil des ministres, tenue le 11 octobre 2024, le président Félix Tshisekedi avait instruit le gouvernement de renforcer la sécurité de la navigation fluviale et lacustre, à la suite d’un naufrage sur le lac Kivu. Il avait notamment insisté sur la nécessité de lutter contre les ports clandestins, de superviser efficacement les étapes de construction des embarcations, et de renforcer le suivi technique régulier par des experts du ministère des Transports.
À la suite de cette instruction, le ministère avait déjà annoncé une première opération de fermeture de ports non autorisés, en réponse à une série d’incidents enregistrés sur les voies navigables.
Boaz Kabeya, stagiaire
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Le vice-Premier ministre et ministre de l’Économie nationale, Daniel Mukoko Samba, a indiqué, le 6 mai 2025, que les pertes et manques à gagner des sociétés de distribution de produits pétroliers se sont élevés à 31,5 millions de dollars en 2024. Ce qui représente une baisse de 89 % par rapport aux 288,6 millions de dollars enregistrés en 2023. Ces déficits sont compensés par l’État afin de maintenir les prix à la pompe. Ce mécanisme est communément appelé subventions aux carburants.
« Nous avons observé que les pertes et les manques à gagner ont sensiblement diminué », a confirmé, sans donner de chiffre, Calixte Ahokpossi, chef de mission du Fonds monétaire international (FMI), qui a entamé au début du mois la première revue du nouveau programme conclu avec la République démocratique du Congo (RDC).
Cette forte baisse a toutefois de quoi surprendre. Dans le dernier rapport du FMI sur la RDC, publié en janvier 2025, les autorités estimaient les déficits du premier semestre 2024 à 77 millions de dollars, soit plus du double du montant annuel finalement annoncé par le ministre de l’Économie nationale. Selon les chiffres désormais certifiés, ces manques à gagner s’élèveraient finalement à 16 millions de dollars pour le premier semestre et à 15,52 millions pour le second.
#RDC |06.05.2025 Le FMI salue les efforts du Gouvernement congolais dans la réduction des pertes et manques à gagner (PMAG) du secteur pétrolier : -89% entre 2023 et 2024. pic.twitter.com/SRjsH5rfVC
— Ministère de l'Économie Nationale, RDC (@EconatRDC) May 6, 2025
Pour l’heure, les autorités n’ont pas expliqué cet écart. Mais selon le même rapport du FMI, elles se sont engagées « à renforcer la transparence dans le calcul et la certification des pertes et des manques à gagner dus aux compagnies pétrolières, en améliorant les capacités opérationnelles du Comité de régulation des prix des produits stratégiques, mis en place en février 2023, et en impliquant l’ensemble des ministères concernés ». Ce qui laisse supposer que l’évaluation de ces déficits a pu être erronée.
Les mesures d’amélioration envisagées renforcent d’ailleurs cette hypothèse. Il s’agit notamment d’une révision des méthodes de calcul des pertes de revenus, d’un suivi rigoureux des paramètres clés influençant la structure des prix des produits pétroliers, ainsi que de l’arrêt de la rémunération cumulative des entreprises de logistique pétrolière dans la structure tarifaire, par la suppression de la mutualisation de leurs coûts d’exploitation.
Feuille de route
Ces mesures s’inscrivent dans la poursuite de la mise en œuvre de la feuille de route adoptée en novembre 2023, conformément aux conclusions de l’audit réalisé en mai 2023 sur la structure des prix, et à la mission d’assistance technique du FMI de juillet 2023. C’est dans ce cadre que le gouvernement a lancé le marquage moléculaire, en septembre 2024 dans la zone orientale, une technologie permettant d’empêcher le détournement de carburant subventionné vers des usages non éligibles. La décision d’exclure le secteur minier des subventions au diesel dans la zone sud s’inscrit également dans cette dynamique.
Dans son rapport de juillet 2024, le FMI a reconnu que la mise en œuvre de cette feuille de route avait permis « de contenir l’accumulation des passifs vis-à-vis des entreprises pétrolières, qui ont été ramenés de 545 millions de dollars à 122 millions de dollars en 2023 ». L’institution de Bretton Woods encourage donc le gouvernement à poursuivre ses efforts pour réduire les manques à gagner des sociétés pétrolières. Ces subventions pourraient néanmoins repartir à la hausse en 2025, en raison d’une baisse de 13 % des prix à la pompe, laquelle a provoqué une hausse de la consommation nationale de produits pétroliers finis, qui frôle désormais les 50 %.
Pierre Mukoko et Boaz Kabeya, stagiaire
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La Banque africaine de développement (BAD) a publié, entre le 27 février et le mois de mars 2025, les avis généraux de passation de marchés pour deux projets majeurs destinés au secteur agricole en République démocratique du Congo (RDC). Il s’agit du Projet d’appui au développement des chaînes de valeur (PADCV), d’un montant de 311,6 millions de dollars, et du Projet d’appui à la gouvernance et au développement des compétences (PAGDC), doté de 130,5 millions de dollars. Au total, ce sont 442,1 millions de dollars de marchés publics qui sont ouverts.
Selon ces avis (avis PADCV et avis PAGDC), les marchés portent sur la réalisation de travaux, l’acquisition de biens et la fourniture de services de consultance. Les dossiers d’appel d’offres devraient être disponibles à partir de mars 2025. En l’absence d’un calendrier détaillé de passation des marchés, il est pour l’instant difficile de connaître l’échéancier précis du processus. On sait toutefois que les crédits de la BAD — d’un montant de 377,9 millions de dollars, le solde étant financé par l’État congolais et les parties prenantes — sont actifs jusqu’en 2029. L’objectif est de réduire de 60 % les importations alimentaires sur les cinq prochaines années, actuellement évaluées à environ trois milliards de dollars par an.
Le PADCV et le PAGDC s’inscrivent dans le cadre du Programme de transformation agricole (PTA), une initiative phare du gouvernement congolais. Évalué à 6,6 milliards de dollars et étalé sur dix ans (2023–2032), le PTA vise à moderniser l’agriculture nationale en augmentant la productivité, en connectant les zones rurales aux marchés, en renforçant les compétences des jeunes et des femmes, et en améliorant la gouvernance des filières agricoles.
Ce programme se déploie en trois phases. La première, d’une durée de trois ans pour un coût de 2,3 milliards de dollars, couvre neuf provinces : Kongo-Central, Kwango, Maï-Ndombe, Kasaï Oriental, Lomami, Sud-Kivu, Tshopo, Sud-Ubangi et Nord-Ubangi. Ces régions ont été sélectionnées en raison de leur potentiel agricole et de leur capacité à devenir des pôles de production.
À l’occasion de la 42 ᵉ édition Macfrut, du salon international dédié à la filière fruits légumes et organisé chaque année au Rimini Expo Centre en Italie, la RDC a officiellement lancé, le 8 mai 2025, la phase opérationnelle du PTA. Les avis généraux de passation de marchés du PADCV et du PAGDC y ont été présentés. « Les entreprises italiennes, reconnues pour leur avance technologique dans ce domaine, sont donc appelées à jouer un rôle majeur », indique un communiqué publié à l’issue de l’événement.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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La société publique Lignes Maritimes Congolaises (LMC) s’apprête à renforcer sa flotte avec l’acquisition de deux navires, a annoncé le 6 mai 2025 à Matadi le président du conseil d’administration de la société, Lambert Mende Omalanga, à l’issue d’un entretien avec le gouverneur du Kongo Central, Grâce Bilolo.
« Je suis venu annoncer au gouverneur de la province du Kongo Central, Grâce Bilolo, que nous sommes en procédure d’acquisition de deux unités flottantes dans le cadre de l’amélioration des conditions de travail de notre direction provinciale », a-t-il déclaré.
Selon Lambert Mende, deux navires ont été commandés auprès de chantiers navals situés à Rotterdam, aux Pays-Bas. Cette acquisition s’inscrit dans le cadre du plan de relance quinquennal (2023–2027), qui prévoit l’achat de cinq nouveaux navires financés par l’État, ainsi que l’acquisition de navires polyvalents d’occasion.
L’objectif du plan est de renforcer la flotte de l’armateur public et d’accroître sa participation au transport maritime du commerce extérieur congolais. Il vise à faire passer sa part de marché de 0,3 % en 2021 à 2 % d’ici 2027, ce qui représenterait une hausse du volume transporté de 45 000 tonnes à 395 195 tonnes, soit un taux de croissance estimé à 778 %.
Dans cette optique, LMC prévoit également d’aménager des ports secs à Matadi, Boma, Lufu et Kinshasa, de renforcer la zone de stockage de Dar es Salaam, et de construire un port sec à Kolwezi (Lualaba). L’entreprise envisage en outre d’acquérir des conteneurs pour optimiser la chaîne logistique et améliorer la fluidité des échanges commerciaux.
Cette relance intervient après plus de deux décennies d’absence de flotte maritime. Autrefois dotée de dix navires de haute mer, LMC, créée en 1974 pour assurer le transport maritime international des marchandises congolaises, avait vu l’ensemble de sa flotte liquidée.
Selon Lambert Mende, LMC a également été mandatée par le gouvernement pour percevoir les droits de trafic maritime, aussi appelés shipping royalties, une mesure censée compenser les préjudices subit par l’entreprise dans le passé.
Ronsard Luabeya, stagiaire
Le 8 mai 2025, le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku Kahongya, a signé un arrêté suspendant temporairement l'importation de plusieurs produits d’hygiène dans la zone Ouest de la République démocratique du Congo (RDC), selon les services de communication de son ministère. La mesure concerne notamment les couches pour bébés à usage unique, les lingettes, les papiers hygiéniques, les mouchoirs et les serviettes.
Les autorités justifient cette décision par la volonté de protéger l’industrie locale, particulièrement dans les provinces de Kinshasa, du Kongo-Central et du Kwilu, où plusieurs unités de transformation sont déjà opérationnelles.
À Kinshasa, des entreprises telles qu’Unity Manufacturing, Lani Services et Bopeto SARL produisent localement des couches jetables, serviettes hygiéniques, lingettes, mouchoirs et papiers sanitaires. Ces structures contribuent à l’approvisionnement du marché national et à la réduction des importations. Toutefois, leurs capacités de production ne sont pas toujours publiées, ce qui rend difficile une évaluation précise de leur aptitude à couvrir l’ensemble de la demande.
Lani Services SARL, basée dans la capitale, est spécialisée dans la fabrication de papiers hygiéniques, mouchoirs, serviettes et papiers de base. L’entreprise met en avant l’origine congolaise de ses produits, distribués auprès des ménages, des établissements médicaux, des hôtels et des restaurants. De son côté, Bopeto SARL exploite une unité de transformation qui fabrique et conditionne une gamme complète de produits en papier sanitaire sous sa marque éponyme, destinée au marché urbain de Kinshasa et ses environs.
En cas de rupture ou de difficulté d’accès aux produits locaux, le ministère prévoit néanmoins des dérogations gratuites pour les importateurs, sous réserve d’une demande justifiée et validée par le Guichet unique intégral du commerce extérieur (SEGUCE-RDC).
Boaz Kabeya, stagiaire
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Dans la province du Lualaba, la Fédération des entreprises du Congo (FEC) dénonce les décisions prises par la Direction générale des douanes et accises (DGDA). Dans un courrier daté du 5 mai 2025, adressé au directeur général de la DGDA, Bernard Kabese Musangu, le président provincial de la FEC, Germain Pungwe Mabwe, qualifie ces décisions d’« irrégulières » et « potentiellement préjudiciables au climat des affaires et aux investissements » dans la province.
Les décisions contestées concernent l’ouverture de poursuites contre des membres de la FEC opérant dans le traitement et l’exportation du cobalt issu de l’exploitation artisanale. Des procès-verbaux d’infractions ont également été dressés à leur encontre.
La DGDA reproche à ces entreprises de ne pas s’être approvisionnées, entre 2020 et 2024, auprès de l’Entreprise générale du cobalt (EGC) ou via des négociants et coopératives partenaires, comme l’exige le décret du 5 novembre 2019 relatif à la sauvegarde des activités liées aux substances minérales stratégiques d’exploitation artisanale.
Pour la FEC, cette application stricte du décret méconnaît la réalité du terrain. Elle estime qu’il était, à l’époque, impossible de se procurer du cobalt via l’EGC, cette entreprise publique n’étant pas encore opérationnelle.
« En effet, si les services du ministère des Mines n’ont pas encore sanctionné cette infraction liée à l’obligation de s’approvisionner en cobalt auprès de l’EGC, cela indique évidemment que les conditions préalables à l’application effective des dispositions dudit décret ne sont pas réunies », soutient Germain Pungwe Mabwe.
Autre argument invoqué par le patron provincial de la FEC : le Manuel des procédures de traçabilité des produits miniers — de l’extraction à l’exportation. Pour ce dernier, « si l’obligation de s’approvisionner en substance minérale stratégique (cobalt) auprès de l’EGC n’est pas explicitement mentionnée comme document obligatoire dans ce manuel, l’exigence de la DGDA pourrait être perçue comme un ajout non conforme aux procédures établies jusqu’à ce jour ».
Cette situation met en lumière les difficultés d’application des réformes réglementaires dans un contexte où les capacités institutionnelles ne sont pas toujours alignées avec l’ambition des textes. Il conviendrait toutefois d’examiner dans quelle mesure l’opérationnalisation progressive de l’EGC a effectivement empêché l’application du décret du 5 novembre 2019. Le courrier de la FEC ne précise pas si ses membres ont entrepris des démarches pour se conformer à la réglementation avant d’être confrontés à l’inopérationnalité de l’EGC.
Pour rappel, en mars 2021, l’EGC annonçait le lancement de ses activités d’encadrement, d’achat et de commercialisation du cobalt artisanal en RDC. Elle affirmait alors avoir publié les normes d’exploitation minière responsable encadrant ses opérations. En septembre 2023, elle organisait un atelier de validation de ses normes d’achat et d’approvisionnement responsables.
Par ailleurs, le manuel de procédures invoqué par la FEC a été institué par un arrêté ministériel antérieur au décret du 5 novembre 2019, lequel a rendu caduques toutes dispositions contraires.
À ce stade, le volume exact des exportations de cobalt jugées non conformes par la DGDA n’est pas connu. Il est néanmoins établi que la province du Lualaba abrite une part importante de la production artisanale de cobalt du pays.
Georges Auréole Bamba
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Christophe Bitasimwa Bahi a été nommé au poste d’inspecteur général des finances. L’annonce a été faite le 7 mai à la télévision nationale. Il est secondé par Emmanuel Tshibingu Nsenga.
Christophe Bitasimwa Bahi remplace Jules Alingete Key, une figure dont le passage à la tête de l’Inspection générale des finances (IGF) a marqué la République démocratique du Congo (RDC) et au-delà. Après près de cinq ans aux commandes de cette structure chargée de lutter contre la corruption, la fraude et les détournements de fonds publics, cet économiste congolais s’est forgé une réputation d’intransigeant redouté par les gestionnaires des finances publiques.
Dès sa nomination en juillet 2020, il lance une croisade contre la corruption, marquée par un coup d’éclat inattendu : à la suite d’un audit de la Banque centrale du Congo, il désactive plusieurs cartes de crédit directement reliées au compte du Trésor public, utilisées par des autorités politiques. Impôts du secteur minier détournés, écoles fictives créées pour capter des subventions, emplois fictifs… rien n’échappe à la « sentinelle des deniers publics », qui obtient la condamnation de certains gestionnaires à de lourdes peines de prison.
Cette détermination lui vaut également des critiques. Jules Alingete est accusé d’être instrumentalisé à des fins politiques. Ses méthodes sont contestées et certains de ses rapports vivement critiqués. En juillet 2024, une enquête est même ouverte à son encontre, portant sur un contrat avec la Gécamines, soulevant des interrogations sur la transparence de certaines opérations menées sous sa gestion.
À bientôt 62 ans, Jules Alingete Key vient d’être admis à faire valoir ses droits à la retraite, selon une information communiquée par la porte-parole du président de la République, Tina Salama. Avant son départ, l’IGF a présenté son plan d’action pour 2025. Ce plan prévoit la reprise des missions de contrôle. Plusieurs domaines sont concernés : les acquisitions immobilières des établissements et entreprises publics, le paiement des avantages dus aux mandataires publics, le respect des règles de passation des marchés publics, la conformité fiscale des prestataires et fournisseurs en relation avec les entités publiques, ainsi que les paiements liés aux soins médicaux et aux missions de service à l’étranger.
C’est sur cette feuille de route que seront jugés les premiers pas de Christophe Bitasimwa Bahi à la tête de cet organe rattaché à la présidence de la République. Ce dernier possède une expérience de plus de 25 ans dans le secteur des finances publiques. Il a occupé plusieurs postes de responsabilité, notamment à l’Inspection des finances et dans diverses entreprises publiques. Avant sa nomination, il était, depuis 2013, secrétaire général aux Finances.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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La mine de Kibali, située dans la province du Haut-Uélé en République démocratique du Congo (RDC), a produit 141 000 onces (soit 4 384,6 kg) d’or au premier trimestre 2025, selon le rapport trimestriel publié le 7 mai par Barrick Mining, opérateur du site.
Cette production est en recul de 16 % par rapport à la même période en 2024, où elle avait atteint 168 000 onces, et de 20,3 % par rapport au dernier trimestre 2024, qui s’était soldé par 177 000 onces.
Pour l’ensemble de l’année, Barrick table sur une production comprise entre 688 000 et 755 000 onces. Or, les résultats du premier trimestre restent inférieurs à la moyenne trimestrielle nécessaire pour atteindre cet objectif, estimée entre 172 000 et 188 750 onces.
Le groupe minier annonce toutefois « des teneurs plus élevées pour plus tard dans l’année, principalement grâce à l’exploitation souterraine ». Il ne précise toutefois pas si cela suffira à redresser la trajectoire et à atteindre les objectifs annuels.
En 2024, la production de Kibali avait déjà reculé de 10 % en raison d’une baisse des teneurs en or, atteignant 688 000 onces. Malgré ce repli, la contribution de la mine au chiffre d’affaires de Barrick avait augmenté de 30 %, à 316 millions de dollars. En tenant compte de la part de 45 % détenue par Barrick, le chiffre d’affaires global de Kibali est estimé à 702,2 millions de dollars.
Cette hausse s’explique par l’envolée des cours de l’or, qui se poursuit. Le 22 avril, le prix de l’once au comptant a franchi pour la première fois la barre des 3 500 dollars, porté par les tensions commerciales sino-américaines et les différends entre le président Donald Trump et la Réserve fédérale (FED). Selon une note publiée fin avril par JP Morgan, le prix de l’or pourrait dépasser les 4 000 dollars l’once en 2026.
Pierre Mukoko
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