Le vice-Premier ministre et ministre de l’Économie nationale, Daniel Mukoko Samba, a indiqué, le 6 mai 2025, que les pertes et manques à gagner des sociétés de distribution de produits pétroliers se sont élevés à 31,5 millions de dollars en 2024. Ce qui représente une baisse de 89 % par rapport aux 288,6 millions de dollars enregistrés en 2023. Ces déficits sont compensés par l’État afin de maintenir les prix à la pompe. Ce mécanisme est communément appelé subventions aux carburants.
« Nous avons observé que les pertes et les manques à gagner ont sensiblement diminué », a confirmé, sans donner de chiffre, Calixte Ahokpossi, chef de mission du Fonds monétaire international (FMI), qui a entamé au début du mois la première revue du nouveau programme conclu avec la République démocratique du Congo (RDC).
Cette forte baisse a toutefois de quoi surprendre. Dans le dernier rapport du FMI sur la RDC, publié en janvier 2025, les autorités estimaient les déficits du premier semestre 2024 à 77 millions de dollars, soit plus du double du montant annuel finalement annoncé par le ministre de l’Économie nationale. Selon les chiffres désormais certifiés, ces manques à gagner s’élèveraient finalement à 16 millions de dollars pour le premier semestre et à 15,52 millions pour le second.
#RDC |06.05.2025 Le FMI salue les efforts du Gouvernement congolais dans la réduction des pertes et manques à gagner (PMAG) du secteur pétrolier : -89% entre 2023 et 2024. pic.twitter.com/SRjsH5rfVC
— Ministère de l'Économie Nationale, RDC (@EconatRDC) May 6, 2025
Pour l’heure, les autorités n’ont pas expliqué cet écart. Mais selon le même rapport du FMI, elles se sont engagées « à renforcer la transparence dans le calcul et la certification des pertes et des manques à gagner dus aux compagnies pétrolières, en améliorant les capacités opérationnelles du Comité de régulation des prix des produits stratégiques, mis en place en février 2023, et en impliquant l’ensemble des ministères concernés ». Ce qui laisse supposer que l’évaluation de ces déficits a pu être erronée.
Les mesures d’amélioration envisagées renforcent d’ailleurs cette hypothèse. Il s’agit notamment d’une révision des méthodes de calcul des pertes de revenus, d’un suivi rigoureux des paramètres clés influençant la structure des prix des produits pétroliers, ainsi que de l’arrêt de la rémunération cumulative des entreprises de logistique pétrolière dans la structure tarifaire, par la suppression de la mutualisation de leurs coûts d’exploitation.
Feuille de route
Ces mesures s’inscrivent dans la poursuite de la mise en œuvre de la feuille de route adoptée en novembre 2023, conformément aux conclusions de l’audit réalisé en mai 2023 sur la structure des prix, et à la mission d’assistance technique du FMI de juillet 2023. C’est dans ce cadre que le gouvernement a lancé le marquage moléculaire, en septembre 2024 dans la zone orientale, une technologie permettant d’empêcher le détournement de carburant subventionné vers des usages non éligibles. La décision d’exclure le secteur minier des subventions au diesel dans la zone sud s’inscrit également dans cette dynamique.
Dans son rapport de juillet 2024, le FMI a reconnu que la mise en œuvre de cette feuille de route avait permis « de contenir l’accumulation des passifs vis-à-vis des entreprises pétrolières, qui ont été ramenés de 545 millions de dollars à 122 millions de dollars en 2023 ». L’institution de Bretton Woods encourage donc le gouvernement à poursuivre ses efforts pour réduire les manques à gagner des sociétés pétrolières. Ces subventions pourraient néanmoins repartir à la hausse en 2025, en raison d’une baisse de 13 % des prix à la pompe, laquelle a provoqué une hausse de la consommation nationale de produits pétroliers finis, qui frôle désormais les 50 %.
Pierre Mukoko et Boaz Kabeya, stagiaire
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