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Equipe Publication

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Le ministre de la Justice de la République Démocratique du Congo, Constant Mutamba, a réaffirmé son engagement à lutter contre ce qu’il appelle la « mafia judiciaire ». « J’ai lancé une commission à cet effet, et le rapport sera remis au président de la République », a-t-il déclaré lors d’un entretien avec les journalistes de la chaîne de télévision Télé 50. Cette initiative fait partir des efforts déployés pour réformer le système judiciaire du pays.

Le ministre a détaillé les actions qu’il a entreprises pour lutter contre les détournements de fonds et la corruption. Il a précisé que la commission, évoquée plus tôt, a été déployée sur l’ensemble du territoire national avec pour mission de recueillir les dénonciations concernant les actes mafieux affectant les dossiers judiciaires et pénitentiaires.

En outre, le ministre Mutamba a encouragé les populations à soutenir l’initiative par des dénonciations et des déclarations. Comme dans de nombreux pays, la justice joue un rôle crucial dans la sécurisation des transactions économiques et la création d’entités juridiques. Cependant, certains témoignages évoquent encore l’existence de pratiques de corruption, telles que le versement de pots-de-vin pour accélérer le traitement des dossiers.

Les déclarations du ministre Mutamba devront se traduire par des changements concrets. Dans une intervention similaire avec la presse, Daniel Mukoko Samba, vice-premier ministre et ministre de l’Économie, a souligné que l’une des causes de la vie chère dans le pays réside dans l’existence de barrières et de postes de contrôle non réglementaires, où de l’argent est extorqué aux agents économiques.

Plus globalement, le gouvernement congolais a fait de la lutte contre la corruption et les détournements un des principaux axes de sa gouvernance. Une agence de lutte contre la corruption a été mise en place et plusieurs ministères, dont celui des Finances, sont activement impliqués dans cette lutte. L’engagement du ministre Mutamba sur le terrain judiciaire est une initiative à suivre de près. Selon une enquête Afrobaromètre publiée en décembre 2023, la corruption persiste dans le pays en grande partie parce que les populations craignent de dénoncer les abus.

Georges Auréole Bamba

Dans son Plan national d’adaptation (PNA), la République Démocratique du Congo (RDC) prévoit une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 21% d’ici 2030. Toutefois, selon le dernier rapport pays du Fonds monétaire international (FMI) sur la RDC, publié en juillet 2024, l’État ne peut financer que 2% des efforts de réduction des émissions, les 19% restants dépendent de financements extérieurs.

Cette situation représente une opportunité unique pour les entreprises actives dans la chaîne de valeur des solutions énergétiques, surtout que le pays est l’un des principaux producteurs de minerais nécessaires à ces technologies.

De plus, la RDC possède un potentiel hydroélectrique considérable dans la région. Le fleuve Congo seul offre un potentiel de production de 100 000 MW, représentant environ 37% du potentiel africain et près de 6% du potentiel mondial. Le projet Grand Inga, quant à lui, propose un potentiel d’exploitation de 39 000 MW, consolidant ainsi l’hydroélectricité comme une solution majeure pour répondre aux besoins énergétiques du pays et aux ambitions climatiques.

En parallèle de l’hydroélectricité, le FMI souligne les opportunités offertes par d’autres technologies énergétiques propres, toutes aussi prometteuses.

Les autorités reconnaissent l’importance des programmes soutenus par le Fonds pour mobiliser le soutien des partenaires au développement et des investisseurs privés, et pour offrir un cadre stable pour atteindre les objectifs de développement de la RDC. Le Fonds s’engage à accompagner les autorités dans l’optimisation de la réglementation afin d’attirer les investissements nécessaires pour atteindre ces objectifs.

Olivier de Souza

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En RDC, le développement de l’élevage commercial peut positionner le pays comme un acteur majeur de la chaîne de valeur de la viande bovine sur le continent africain. Alors que le top 3 des principaux producteurs de cette catégorie est formé par l’Afrique du Sud, la Tanzanie et l’Égypte, la Banque mondiale indique dans son rapport diagnostique du secteur privé, publié en mars 2022, que le pays a les atouts pour bousculer cette hiérarchie.

En effet, les pâturages disponibles dans le pays couvrent près de 87 millions d’hectares et peuvent nourrir, selon l’institution, environ 40 millions de têtes de bétail. Si ce potentiel en matières premières peut permettre de débloquer l’aval de la chaîne et stimuler les maillons de la commercialisation, de la transformation et de la distribution, il faut rappeler que pour l’heure, la filière bovine reste encore à ses débuts.     

Selon les données de la Banque centrale du Congo (BCC), le cheptel bovin occupait en 2022, le 3e rang en termes d’importance avec 1,39 million de têtes derrière la volaille (19,3 millions) et les caprins (4,1 millions). Par comparaison, la Tanzanie possède plus de 30 millions de têtes de bovins en dépit d’une zone de pâturage plus limitée et des conditions climatiques plus sèches.  

Défis

Plus largement, les auteurs du rapport soulignent que l’industrie de la viande bovine doit faire face, à l’image des autres segments du secteur de la viande, à plusieurs défis qui nourrissent des importations de l’ordre de 124 millions $ de produits carnés et de produits laitiers depuis l’Union européenne (UE). Il s’agit notamment du coût prohibitif des aliments qui limite l’essor de la production, des maladies animales. Sur ce dernier volet, le manque d’accompagnement des ménages ruraux qui pratiquent essentiellement le petit élevage, notamment par les services vétérinaires publics, et la faiblesse de la recherche sont également des freins à l’amélioration de la productivité du secteur.  

Avec une politique beaucoup plus volontariste, un plan de développement plus spécifique et un cadre incitatif plus favorable, le pays pourrait non seulement améliorer la disponibilité au niveau local de cette source de protéines, mais aussi en tirer profit à l’export. En attendant le secteur public, il faut noter que certains acteurs privés ont déjà compris l’opportunité que présentait la chaîne de valeur bovine en RDC et investissent depuis quelques années pour se renforcer. 

Parmi les poids lourds, figure le groupe agroalimentaire GoCongo Holding Belgium qui a racheté, en 2022, la Pastorale du Haut-Lomami (PHL) qui était le second acteur du secteur de l’élevage dans la région du Grand-Katanga. L’opération a permis au groupe de porter son troupeau de bovins à près de 56 000 têtes sur une superficie de 73 000 hectares. 

Espoir Olodo

Le vice-premier ministre en charge de l’Économie de la République démocratique du Congo (RDC), Daniel Mukoko Samba, a annoncé une série de mesures visant à lutter contre la vie chère et à stimuler le pouvoir d’achat des Congolais. Ces initiatives s’inscrivent dans le cadre des efforts du gouvernement en vue de stabiliser l’économie et réduire l’inflation.

Lors d’une rencontre avec la presse ce 12 août 2024, Mukoko Samba a dévoilé un plan ambitieux ciblant neuf produits de première nécessité. Parmi les mesures phares, on note une réduction de 50% des droits d’entrée à l’importation et la suppression de la redevance rémunératoire informatique de 2,25% sur la valeur Caf de ces produits essentiels. Il s’agit notamment du maïs, de la farine de maïs, du lait en poudre, du riz importé, de la volaille, du poisson, de la viande et de l’huile végétale. Le vice-premier ministre a également annoncé la réduction ou la suppression de diverses taxes et prélèvements imposés par des agences publiques telles que l’Office congolais de contrôle (OCC) et la Direction générale des douanes et accises (DGDA). Ces mesures visent à alléger significativement la charge fiscale sur les produits de base.

Mukoko Samba a souligné que ces initiatives s’inspirent du modèle de subvention des carburants déjà en place en RDC. Il a rappelé que ce programme de subvention a permis de maintenir les prix de l’essence et du gazole respectivement à 3 475 et 3 465 francs congolais le litre, bien en deçà des prix du marché. Le coût de cette subvention pour l’État est estimé à près de 285 millions de dollars à fin 2023, avec des projections atteignant les 400 millions de dollars d’ici fin juin 2024.

Le ministre a reconnu que ces mesures ne constituent qu’une partie de la solution face aux défis économiques du pays. Il a insisté sur la nécessité d’une approche globale, incluant des investissements structurels dans les infrastructures de stockage et de logistique pour réduire les pertes post-récolte, qui atteignent jusqu’à 30% dans certaines régions comme le Kasaï. Dans le cadre de sa stratégie économique, Mukoko Samba a également mis en avant quatre priorités pour son ministère : la diversification des exportations, la levée des entraves à l’amélioration du pouvoir d’achat, le soutien à l’économie informelle et le financement de l’économie.

Le vice-premier ministre a appelé à la solidarité gouvernementale pour concrétiser les six engagements du président Félix Tshisekedi, soulignant l’importance de neutraliser certains freins économiques tels que la dépendance aux importations alimentaires, l’état précaire du système financier national et la dollarisation de l’économie. Alors que la banque centrale de la RDC vise un taux d’inflation de 11%, contre 15,3% actuellement, Mukoko Samba a promis une vigilance accrue contre les pratiques spéculatives et une période d’observation pour évaluer l’impact des nouvelles mesures sur les prix à la consommation.

Ces annonces interviennent dans un contexte où la RDC cherche à stabiliser son économie et à améliorer le niveau de vie de sa population, tout en attirant les investissements nécessaires pour soutenir une croissance économique durable à long terme.

Idriss Linge

La République démocratique du Congo souhaite renforcer sa sécurité économique avec la création d’un nouveau département de renseignement. Le président Félix Tshisekedi (photo) a signé l’ordonnance 24/073 instituant le Département d’intelligence économique et financière (Dief) au sein de l’Agence nationale des renseignements. Le Dief a pour mission de collecter et analyser les renseignements économiques, financiers et technologiques pour protéger les intérêts stratégiques de l’État. Il surveillera notamment les secteurs clés comme l’énergie, les télécommunications et le cyberespace.

Le nouveau département doit contrôler la gestion des fonds publics et superviser les activités économiques et financières, y compris les opérations bancaires et les paiements mobiles. Il est également chargé de surveiller l’exploitation des ressources naturelles. L’organisation du Dief comprendra trois directions principales : renseignements économiques, investissements et lutte contre la fraude, et études et planifications. Cette structure vise à couvrir l’ensemble des enjeux liés à l’intelligence économique et financière.

Cette initiative s’inscrit dans la volonté du gouvernement congolais de renforcer la sécurité économique du pays. Le Dief est présenté comme un outil essentiel pour protéger les intérêts nationaux et soutenir le développement économique de la RDC. Elle marque une étape dans les efforts du pays pour mieux contrôler ses ressources et attirer les investissements.

Le pays est actuellement à un moment unique de son histoire. Malgré la persistance des poches de crises dans sa partie est, les données macroéconomiques sont plutôt positives. Le gouvernement annonce avoir réalisé un excédent de 400 millions $ dans l’exécution de son budget, avec une part de l’endettement assez modeste. Sur le plan extérieur, les réserves de change du pays ont atteint les niveaux record de 6 milliards $, représentant 4 mois d’importations.

Mais la RDC doit travailler sur plusieurs fronts en même temps. Le déficit alimentaire reste un grand défi, tout comme les logiques d’optimisation des profits des multinationales minières ou de gros importateurs de produits de première nécessité. La nouvelle agence essayera de ce fait d’éclairer la prise des décisions face à ces différentes situations. On ignore cependant si les travaux de cette agence seront partagés avec l’ensemble des acteurs économiques. 

IL

La Zambie et la République démocratique du Congo (RDC) ont mis fin à une nouvelle crise commerciale brève, mais intense. Les deux pays se sont accordés dans l’après-midi de ce 12 août 2024 pour rouvrir leurs frontières après sa fermeture durant le week-end. Cette décision intervient après des négociations d’urgence entre les ministres du Commerce des deux pays, mettant un terme à un différend qui menaçait de perturber un des plus importants corridors mondiaux d’approvisionnement en cuivre.

La crise a débuté lorsque la RDC a unilatéralement interdit l’importation de bière, de boissons gazeuses et de chaux en provenance de Zambie, une mesure visant à stimuler la production locale. Cette décision a provoqué des protestations en Zambie, poussant Lusaka à fermer ses postes-frontière par mesure de sécurité.

La fermeture a immédiatement suscité des inquiétudes quant à son impact sur l’industrie minière régionale, la RDC étant le deuxième producteur mondial de cuivre et dépendant fortement des routes zambiennes pour ses exportations. « Cet incident souligne l’importance d’un dialogue continu entre nos nations », a d’ailleurs déclaré le ministre zambien du Commerce, Chipoka Mulenga.

L’accord conclu permet désormais aux produits zambiens d’entrer en RDC sans restrictions, mais pour les boissons interdites, seuls les produits qui avaient déjà obtenu un certificat d’importation pourront passer. Les observateurs restent toutefois prudents quant à la stabilité à long terme de cet arrangement. L’Association des Manufacturiers de Zambie a exprimé ses préoccupations concernant les implications durables de telles perturbations sur les chaînes d’approvisionnement régionales et l’emploi. Un porte-parole de l’association a souligné que « ces incidents répétés menacent la stabilité de nos opérations et, par conséquent, l’emploi dans la région ».

Les marchés mondiaux des métaux restent attentifs

Les échanges commerciaux entre la Zambie et la RDC ont connu certains changements au premier trimestre 2024. Les exportations zambiennes vers la RDC ont atteint 349,3 millions de dollars, mais sont en baisse par rapport aux 407,8 millions de dollars du premier trimestre 2023. Cependant, la RDC reste le troisième marché d’exportation pour la Zambie, soulignant l’importance continue de cette relation commerciale.

Du côté des importations, la Zambie a importé pour 43,7 millions de dollars de produits congolais au premier trimestre 2024, une baisse significative par rapport aux 63,2 millions de dollars de la même période en 2023. Malgré ces fluctuations, la RDC demeure un partenaire commercial crucial pour la Zambie, avec un volume d’échanges total de 393 millions de dollars pour le trimestre.

Ce n’est pas la première fois que des tensions surgissent à ce poste-frontière stratégique. Les chauffeurs de camion se plaignent depuis longtemps de harcèlement et de problèmes de sécurité du côté congolais. En septembre 2022, une protestation similaire avait bloqué le trafic pendant plusieurs jours, nécessitant l’intervention de hauts responsables gouvernementaux des deux pays.

Alors que la situation se normalise, les marchés des matières premières restent attentifs aux développements futurs. Même brève, une interruption à cette frontière peut avoir des répercussions significatives sur les marchés mondiaux des métaux. Sur le marché des matières premières, le prix du cuivre se stabilise en dessous des 9000 dollars, mais lundi, il a augmenté de 8400 à 8 950 dollars.

Idriss Linge

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Internet et les technologies de l’information et de la communication sont considérés par les Nations unies comme un levier indispensable à l’atteinte de plusieurs Objectifs de développement durables (ODD). Mais il est impératif de les utiliser à bon escient. C’est cet appel que le Bureau provincial de la jeunesse de Kinshasa a lancé ce lundi 12 août, Journée internationale de la jeunesse, qui se célèbre sous le thème : « Le progrès à portée de clic : la jeunesse et le secteur numérique au service du développement durable ».

Le Bureau provincial a appelé « la Jeunesse congolaise en général et kinoise en particulier à user des clics pour la sécurité et la salubrité de notre ville province de Kinshasa ; capitale, siège des institutions et miroir de la RDC ». Un appel qui s’aligne avec l’ambition de transformation de Kinshasa par le numérique, dévoilée le 3 août dernier par le nouveau gouverneur de la ville, Daniel Bumba Lubaki, lors de la présentation de son plan d’action 2024-2028 pour la capitale.

Mais pour que les « clics » favorisent la sécurité et la salubrité attendues à Kinshasa, il est nécessaire d’améliorer la faible qualité de vie numérique en RDC, en plus d’insister sur une éducation civique. Cela suppose améliorer l’accès à l’Internet mobile dont le taux de pénétration avoisine 51%, afin d’obtenir la contribution du maximum de jeunes. Revoir le coût d’accès à Internet est également important.

Tableau comparatif qualité de vie numérique 2023

 123tg unicef

Source : Surfshark

A travers les clics pour le progrès que prône cette journée internationale de la jeunesse, le Bureau provincial de la jeunesse de Kinshasa y voit l'opportunité de lancer une mobilisation générale dans la province pour dénoncer les injustices, sensibiliser sur l’équité, interpeller sur la responsabilité commune, militer pour la paix. Des défis qui entravent l’éclosion d’un climat propice au développement social et économique.

Muriel Edjo

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La récente fermeture de trois points de passage frontaliers entre la République Démocratique du Congo (RDC) et la Zambie introduit une complexité dans les échanges commerciaux entre ces deux pays voisins. Cette décision unilatérale de Lusaka, bien que présentée comme « temporaire », est de nature à perturber un flux commercial estimé à 1,8 milliard de dollars en 2023, selon des statistiques officielles.

Cette situation survient dans un contexte où la RDC a récemment suspendu pour 12 mois l’importation de certaines boissons zambiennes, selon son ministre du Commerce extérieur, dans le cadre d’une stratégie visant à soutenir la production locale de ce type de produits. La Zambie, pour sa part, justifie sa décision par la nécessité de prévenir une possible importation de risques d’instabilité sur son territoire, suite à des manifestations dans les localités frontalières avec la RDC contre des restrictions d’activités sur ces boissons.

Les arbitrages sont difficiles pour les dirigeants zambiens. En 2023, par exemple, la Zambie a exporté pour 1,6 milliard de dollars vers la RDC, contre seulement 182 millions de dollars d’importations. La RDC représente le troisième marché d’exportation pour ce pays, une position maintenue même au premier trimestre 2024 où les volumes vendus ont continué de baisser. Ainsi, cette fermeture des frontières pourrait donc pénaliser davantage les fournisseurs zambiens, dont le volume des activités pourrait reculer.

De son côté, le gouvernement congolais semble déterminé à rééquilibrer ses relations économiques, historiquement désavantageuses pour elle, avec ses voisins. Les premiers résultats sont encourageants : au premier semestre 2024, la RDC a enregistré un excédent commercial de 5,4 milliards de dollars, contre un déficit de 330 millions sur la même période en 2023. Cela lui permet de renforcer ses réserves de change, et ainsi défendre la valeur de sa monnaie, qui est le principal moteur de la hausse des prix dans son économie.

Néanmoins, des défis persistent. La partie sud-est de la RDC dépend fortement des importations zambiennes pour certains produits de première nécessité économique, comme le sel ou le soufre. De plus, si la situation se prolonge, la rareté des produits zambiens risquerait de déséquilibrer l’offre et par conséquent, on aura une accélération dans la hausse des prix, contrairement aux objectifs du gouvernement en la matière.

Mais au-delà des risques à court terme, cette situation révèle la volonté de Kinshasa de reconquérir une certaine souveraineté économique, notamment sur les produits de grandes consommations. Toutefois, il est crucial de gérer cette transition avec prudence pour éviter des perturbations économiques majeures et maintenir des relations commerciales stables avec ses voisins.

En fin de compte, cette situation, bien que contraignante à court terme, pourrait catalyser une redéfinition bénéfique des relations commerciales dans la région, avec des implications potentielles sur l’intégration économique de l’Afrique centrale et australe. La clé résidera dans la capacité des deux pays à négocier un équilibre entre la protection de leurs intérêts nationaux et le maintien d’un cadre d’échanges dynamique et mutuellement avantageux.

Idriss Linge

En Afrique, le manioc est l’une des principales cultures alimentaires. IL présente donc un important potentiel de développement. En RDC, selon la Banque mondiale, le développement de la chaîne de valeur du tubercule pourrait stimuler le tissu agro-industriel, créant ainsi de nombreuses opportunités économiques et d’emplois. Explications.

Intitulé « Mémorandum économique-pays pour la République Démocratique du Congo. Voies d’accès à la diversification économique et l’intégration commerciale régionale », le rapport publié en septembre 2023 met d’abord en évidence la place stratégique de la RDC dans l’offre mondiale en tubercules ainsi que l’importance de la culture au niveau local.

Une culture névralgique

Le pays francophone le plus peuplé du monde a produit 48,7 millions de tonnes de manioc en 2022, selon la base de données de la FAO (FAOStat), soit environ 15% du stock global. Ce volume en fait le second fournisseur mondial derrière le Nigeria (60,8 millions de tonnes).

Plus globalement, depuis 2001, le manioc a vu sa production presque tripler, passant de 15,4 millions de tonnes à 42,7 millions de tonnes en 2022 alors que celle de l’ensemble des autres racines et tubercules a été multipliée par deux selon les données de la Banque centrale du Congo (BCC) compilées par l’Agence Ecofin.  

Présentant plusieurs avantages comme la tolérance aux conditions météorologiques extrêmes, dont la sécheresse, la faible utilisation d’intrants, la souplesse de la récolte (la racine peut demeurer en terre un certain temps après être arrivée à maturité), le manioc représente actuellement près de 40% de la surface récoltée et 70% de la production agricole totale de la RDC.

D’après les données de la FAO, la consommation annuelle par tête du manioc en RDC avoisine les 500 kg de racines fraîches, soit environ 150 kg de farine fermentée, ce qui en fait la plus élevée d’Afrique centrale et l’une des plus élevées au monde.

Si comme dans les autres pays d’Afrique subsaharienne, le manioc était cultivé jusqu’à un passé récent pour l’autoconsommation, il s’agit désormais d’un produit perçu comme ayant une valeur commerciale à part entière. Cultivé dans toutes les provinces du pays, le manioc alimente les flux économiques vers les principales villes ainsi que les relations d’affaires entre les acteurs de la chaîne de valeur, qui tirent profit de la place du tubercule dans la satisfaction des besoins caloriques des ménages.

En effet, selon les données de l’Institut international d’agriculture tropicale (IITA), le manioc fournit plus de 60% des besoins énergétiques de la population congolaise. Il représente la denrée de base la plus importante, consommée sous différentes formes telles que la chickwangue (bâton de manioc), le fufu (pâte alimentaire à base de manioc mélangé ou non au maïs) ou sous forme de manioc bouilli ou grillé. D’après les données de la FAO, la consommation annuelle par tête du manioc en RDC avoisine les 500 kg de racines fraîches, soit environ 150 kg de farine fermentée, ce qui en fait la plus élevée d’Afrique centrale et l’une des plus élevées au monde.

Création de valeur ajoutée et diversification économique

Alors qu’actuellement le pays reste un importateur net de produits de base, la Banque mondiale souligne qu'un renforcement de la filière manioc pourrait jouer un rôle crucial dans l’émergence d’une agro-industrie. Avec un investissement important dans les équipements pour une transformation rapide, aussi bien en milieu rural que dans les zones industrielles, la RDC pourrait limiter les pertes de produits frais qui interviennent 48 à 72 heures suivant la récolte et se positionner durablement comme un fournisseur majeur de produits dérivés tels que la farine de manioc de haute qualité (HQCF).

Ce produit dérivé peut ainsi trouver sur le marché intérieur des débouchés importants dans la panification et la pâtisserie en tant que produit de substitution pour le blé, permettant ainsi de réduire la facture des importations et de contribuer à la sécurité alimentaire. D’après la Banque mondiale, l’impact de la guerre en Ukraine a déjà donné un coup de fouet aux efforts nationaux de réduction de la dépendance vis-à-vis du blé, conduisant notamment en avril 2022 à l’adoption par le gouvernement d’un projet d’incorporation, à hauteur de 20%, de la farine de manioc dans la production de pain.

Banque mondiale : « La demande croissante des pays occidentaux où le manioc devient un ingrédient alimentaire de base constitue une opportunité croissante de cibler les ports stratégiques des Pays-Bas et de la Belgique qui servent de grands centres de distribution pour la majeure partie du continent ».

Sur le plan macro-économique, le développement d’une industrie autour du manioc soutiendrait également les efforts de diversification de l’économie. Le pays qui partage ses frontières terrestres avec 9 voisins régionaux pourrait ainsi s’engager dans l’exportation en tirant profit de la demande et peut aussi cibler des marchés européens où le produit est de plus en plus convoité.

« La demande croissante des pays occidentaux où le manioc devient un ingrédient alimentaire de base constitue une opportunité croissante de cibler les ports stratégiques des Pays-Bas et de la Belgique qui servent de grands centres de distribution pour la majeure partie du continent », indique l’institution.

Des défis à relever

Si la RDC est un acteur majeur de la filière manioc, de nombreux obstacles devront être surmontés pour tirer le meilleur des opportunités qui s’annoncent et générer un maximum de valeur ajoutée sur le territoire national. En effet, si le pays trône à la seconde place dans la production, il reste en retard en matière de rendement avec seulement 8,15 tonnes par hectare en 2021 contre 10 tonnes pour la moyenne mondiale et très loin du record mondial de 41 tonnes, selon les données de la FAO. Il existe donc encore en RDC des opportunités significatives pour augmenter la production et répondre à la demande croissante pour les produits à base de manioc.

D’après la Banque mondiale, un soutien public renforcé à la filière et l’application de technologies agricoles intelligentes par rapport au climat pourraient permettre de doubler ou de quadrupler à terme le rendement du manioc dans le pays. Par ailleurs, les investissements dans la recherche et le développement de nouvelles variétés, la vulgarisation des bonnes techniques agricoles ainsi que la gestion intégrée de la fertilité des sols peuvent aussi contribuer à l’amélioration de la productivité.

Le document souligne ainsi que les micros, petites et moyennes entreprises (MPME) actives dans la chaîne de valeur du manioc pâtissent des coûts associés à la lourdeur bureaucratique, de la charge fiscale et parafiscale, des difficultés d’accès à la terre et au financement, du déficit d’infrastructures fiables (électricité et transport routier).

Au-delà des défis dans l’accroissement de la production, le rapport met en avant un environnement des affaires encore peu propice au développement de l’agro-industrie. Le document souligne ainsi que les micros, petites et moyennes entreprises (MPME) actives dans la chaîne de valeur du manioc pâtissent des coûts associés à la lourdeur bureaucratique, de la charge fiscale et parafiscale, des difficultés d’accès à la terre et au financement, du déficit d’infrastructures fiables (électricité et transport routier).

Face à ces défis, la Banque mondiale souligne que des solutions existent pour non seulement pérenniser les activités et les emplois créés par les MPME déjà présentes dans le secteur, mais aussi attirer de nouveaux investissements sur l'ensemble de la chaîne de valeur. Il s’agit notamment de la rationalisation des procédures administratives pour favoriser l’accès à la terre, de l’amélioration de l’accès des MPME au financement, par le biais d’outils adaptés, de l’élargissement des zones économiques spécialisées pour la transformation du tubercule ou encore du développement de programmes d’adaptation au changement climatique dans les zones de production de la culture.

Espoir Olodo

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L’inflation en République démocratique du Congo a ralenti à 15,25% début août, contre 23,75% fin janvier 2024, selon des données de la Banque centrale (BCC). Ce ralentissement est attribué à « la stabilité sur le marché des changes suite à l’orientation restrictive des politiques budgétaire et monétaire », selon une version officielle reprise par la BCC.

Les prix alimentaires, qui représentent 67,8% de l’indice, restent le principal moteur de l’inflation. Mais le secteur des transports impacte également l’inflation, notamment à cause de la hausse mondiale et locale des prix des carburants. Le marché local en général est contraint de s’adapter à cette augmentation, qui affecte l’ensemble de la chaîne de consommation.

À Kinshasa, mégapole de 20 millions d’habitants, le carburant est crucial pour l’électricité et la mobilité. Les variations de prix influencent largement l’économie locale. L’impact sur l’ensemble du pays est plus difficile à évaluer en raison des disparités régionales.

Le franc congolais se stabilise autour de 2850 pour un dollar, limitant le coût des importations. Les autorités attribuent cette amélioration aux politiques budgétaires et monétaires mises en place. Mais il y a aussi lieu de relever une amélioration des prix des principales matières premières (cuivre notamment), qui ont soutenu la balance commerciale des biens.

Malgré ces indicateurs positifs, la majorité des Congolais peinent à ressentir une amélioration concrète, leurs revenus stagnant face à une inflation certes ralentie, mais persistante. De nouvelles mesures pourraient être envisagées pour atteindre l’objectif national de 11% d’inflation.

Le gouvernement maintient des mesures de soutien, comme la suppression de la TVA sur le carburant et le pain. Cependant, une refonte structurelle des politiques publiques semble nécessaire, le budget de fonctionnement de l’État restant disproportionné par rapport aux investissements. Les six premiers mois de 2024 montrent une tendance à l’inversion, avec un objectif gouvernemental d’augmenter les dépenses en capital, selon le FMI. Les récents travaux sur les routes de desserte agricole s’inscrivent dans cette stratégie, dont les effets restent à observer.

Idriss Linge

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