Alors que le changement climatique présente de nombreux risques sur les systèmes agricoles tributaires des précipitations, le renforcement des investissements dans l’irrigation offre d’immenses possibilités pour stimuler la production agricole en RDC. C’est ce qu’indique le Rapport national sur le climat et le développement (CCDR) pour le pays publié par la Banque mondiale en novembre dernier.
Si la RDC dispose de quelque 900 millions de mètres cubes d’eaux de surface et 420 millions de mètres cubes d’eaux souterraines, le secteur agricole ne profite pas encore de ces ressources en eau qui sont parmi les plus importantes du globe. Sur les 8 millions d’hectares actuellement cultivés, la superficie agricole irriguée reste en effet inférieure à 90 000 hectares.
Et pourtant, d’après la Banque mondiale, l’agriculture irriguée peut être au moins deux fois plus productive que l’agriculture pluviale. Elle est en plus l’une des premières conditions pour améliorer la résilience des chaînes de valeur agricoles aux changements climatiques. C’est pourquoi l’institution financière plaide pour une hausse des investissements publics et une mise en place des incitations financières pour accompagner l’irrigation gérée par les agriculteurs. Selon le rapport, avec de telles mesures, les superficies mises en valeur peuvent augmenter significativement.
Selon le premier scénario qui est le plus faible, le pays pourrait atteindre 200 000 hectares de terres irriguées à l’horizon 2040 avec un financement public supplémentaire de 43 millions $ par an et un effet de levier sur les investissements propres des agriculteurs de 8 millions $ par an. Le second dit « modéré » cible 400 000 ha tandis que le scénario le plus ambitieux devrait permettre le développement d’un million d’hectares de terres irriguées, ce qui ferait de l’agriculture irriguée, le second utilisateur d’eau derrière l’électricité, d’ici 2050.
Dans tous les cas de figure, la Banque mondiale estime que les ressources en eau disponibles sont suffisantes pour soutenir la demande en eau d’irrigation non seulement pour les spéculations de grande valeur économique comme les cultures horticoles et maraîchères, mais aussi les denrées de base comme le maïs, le manioc et le riz.
Face à cette opportunité, les auteurs du rapport recommandent le développement de l’irrigation avec la participation des producteurs d’une manière graduelle à partir des zones à fort potentiel, notamment celles où la demande des agriculteurs est forte, les marchés d’écoulement et les ressources en eau accessibles, ainsi que les régions qui sont sujettes à des épisodes de sécheresse plus fréquents.
Par ailleurs, les experts mettent en avant la nécessité d’établir un cadre règlementaire et institutionnel permettant aux agriculteurs d’améliorer leurs connaissances des pratiques d’irrigation climato-intelligentes ainsi que l’accès aux financements et aux solutions technologiques abordables.
Espoir Olodo
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La RDC et la compagnie Ivanhoe Mines tablent sur 2025 pour la résolution des problèmes persistants liés à l’instabilité de l’approvisionnement électrique dans le sud du pays et qui impactent le complexe minier de Kamoa-Kakula. Ivanhoe a indiqué début juillet qu’elle travaille avec la Société nationale d’électricité (Snel) pour apporter d’ici cette échéance « des solutions aux causes identifiées de l’instabilité ».
Dans le détail, les deux parties collaborent pour augmenter la capacité de transmission et améliorer la fiabilité du réseau. Les travaux, dont le coût n’a pas été communiqué, sont financés, apprend-on, par la filiale locale d’Ivanhoe Mines.
L’instabilité électrique impacte la production de cuivre
L’instabilité du réseau électrique a entrainé des interruptions fréquentes de l’approvisionnement en électricité, ce qui a compliqué l’extraction dans les zones à haute teneur de la mine Kakula. Ces zones sont particulièrement sensibles aux interruptions électriques, car la disponibilité des pompes à eau souterraine, cruciales pour l’exploitation, est réduite en cas de coupure de courant.
Selon les données d’Ivanhoe, ces difficultés ont entrainé une baisse de la production au premier trimestre de 8% à 86 203 tonnes. Au deuxième trimestre, le complexe Kamoa-Kakula a livré 100 812 tonnes, portant le total du premier semestre 2024 à 186 925 tonnes (en baisse de 5% en glissement annuel).
Pourtant, la compagnie a maintenu ses prévisions de production pour l’exercice 2024 (entre 440 000 et 490 000 tonnes contre 393 551 tonnes en 2023). Cela peut s’expliquer par la mise en service en juin d’un nouveau concentrateur censé augmenter la capacité de traitement du projet, mais aussi par les solutions à court terme trouvées en attendant la mise en œuvre complète des plans convenus avec la Snel. Depuis mi-mars, Ivanhoe importe une partie de son électricité de la Zambie et du Mozambique, tout en poursuivant l’extension de sa capacité de génération d’électricité de secours sur le site.
La problématique du déficit énergétique et son impact sur le secteur minier
La situation actuelle sur la plus grande mine congolaise de cuivre remet sur le devant de la scène la problématique du déficit énergétique de la RDC et son impact sur le secteur minier.
Un rapport de l’Observatoire d’études et d’appui à la responsabilité sociale et environnementale (Oearse), publié en 2021, indiquait que dans le secteur minier congolais, « la différence entre l’offre et la demande d’électricité est très significative et affecte la performance et le rendement du secteur ».
Le même document indique que « ce déficit qualitatif et quantitatif de l’énergie électrique handicape les entreprises et accroît leurs coûts de 10 à 15% », et met en évidence des pertes potentielles en matière de recettes fiscales et d’exportations pour la RDC, ainsi qu’un manque à gagner en ce qui concerne les revenus et les redevances pour les populations, en raison de la non-valorisation et la sous-transformation (conséquentes) des ressources minérales.
« Dans le code minier révisé, nous avons mis cette obligation de transformer localement les minerais, le problème dont [sic] fait face la RDC est lié à l’énergie. Rien que dans le Katanga aujourd’hui, il y a un déficit de 1 200 MW. Seul l’État peut répondre à ce déficit […] », déclarait Albert Yuma, alors président de la Fédération des Entreprises du Congo (FEC), cité par l’Oearse.
Plusieurs pistes de solutions s’offrent à la RDC pour apporter des réponses aux problèmes énergétiques. Au-delà des espoirs que suscite le projet hydroélectrique Grand Inga, le pays peut également explorer la piste de la coopération régionale. Par exemple, début juillet, les sociétés Trafigura et ProMarks ont conclu un protocole d’accord pour étudier la viabilité technique et économique de la construction d’un interconnecteur électrique haute tension de 2 000 MW. Ce projet vise à exporter l’excédent d’électricité produite par les barrages hydroélectriques du nord de l’Angola vers la Copperbelt en RDC et en Zambie.
Louis-Nino Kansoun
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Une délégation de la société turque IF Elektronik Ltd vient de séjourner en République démocratique du Congo. Lundi 29 juillet, elle s’est entretenue avec Séraphin Umba Kapepe, le directeur de cabinet du ministre des Postes, Télécommunications et Numérique, sur la réalisation d’une base de données couplée au système informatique turc MEIR (Mobile Equipment Identity Register).
Le système MEIR, crée en 2008 par IF Elektronik Ltd, est depuis lors utilisé par l’État turc pour enregistrer les équipements mobiles et garantir la collecte exacte des taxes et des frais fixés par le gouvernement. Le système permet également d’assurer l’exploitation légale de tous les appareils mobiles dans le pays, empêchant l’entrée de téléphones clonés, contrefaits, ou volés, contribuant ainsi à un écosystème mobile légal.
Orthan Karadogan, le directeur général d’IF Elektronik Ltd, a expliqué que, selon les calculs effectués par la société, « le système génèrera un revenu annuel minimum de 342 millions de dollars à la République démocratique du Congo avec une croissance annuelle du marché estimée à 10% ». Il a proposé à l’État congolais l’introduction du système dans le pays sous le modèle BOT (Build-Operate-Transfer) de 10 ans. « Tous les coûts d’investissement initiaux, s’élevant à 50 millions de dollars, seront pris en charge par IF Elektronik Ltd, sans demande de capital de la part de l’État congolais. IF Elektronik couvrira tous les frais de matériel, de logiciels, de licences, d’installation et d’exploitation », a-t-il indiqué, soulignant que le projet peut être opérationnel en 6 mois.
Plusieurs propositions ont également été faites au gouvernement par IF Elektronik Ltd dans la suite du projet MEIR : le recrutement 30 ingénieurs locaux. Ces derniers seront formés sur Unix, Oracle Big Data, et le système MEIR afin qu’ils reprennent la gestion de la base de données au terme du contrat BOT de 10 ans. L’ouverture d’un centre de formation en codage avec une priorité accordée aux étudiants. La création conjointe d’un Centre de compétences pour commercialiser le projet aux pays voisins.
La mission de prospection d’IF Elektronik Ltd en RDC intervient deux mois après celle effectuée le 3 juin à Libreville au Gabon. Les représentants de la société y ont discuté avec le ministre gabonais de l’Économie numérique et des Nouvelles technologies de l’information, le général de brigade Bonjean Rodrigue Mbanza. Fruit de plusieurs mois d’échange, cette rencontre marquait une étape de plus vers un accord de partenariat ferme.
La solution de sécurité mobile M.E.I.R que propose le turc IF Elektronik Ltd vise presque les mêmes objectifs que le Registre des appareils mobiles (RAM) déployé en 2020 par le gouvernement de RDC. Les Congolais doivent y enregistrer le numéro d’identité internationale de leur téléphone (IMEI). Une mesure destinée à combattre les appareils contrefaits, source de divers risques sanitaire, sécuritaire et économique.
Muriel Edjo
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En RDC, l’amélioration de la gouvernance foncière est un enjeu majeur pour le développement d’une agriculture durable et résiliente face au changement climatique. C’est ce qu’indique le Rapport sur le climat et le développement (CCDR) pour le pays, publié par la Banque mondiale en novembre dernier.
Alors que dans le pays, les petits producteurs fournissent l’essentiel de l’offre alimentaire comme dans le reste de l’Afrique subsaharienne (hors Afrique du Sud), ceux-ci doivent faire face au défi de l’insécurité foncière. D’après l’institution, la plupart des terres cultivées n’ont pas de titre de propriété et ne sont pas correctement enregistrées. Une situation qui freine l’investissement à long terme et plombe l’amélioration de la productivité agricole au niveau des exploitants.
Dans les zones rurales, la Banque mondiale rappelle que 16 millions de petits exploitants congolais constituent l’épine dorsale de la sécurité alimentaire et de l’agriculture, avec une propriété foncière moyenne de 1,6 hectare. Dans un tel contexte, les auteurs du rapport estiment qu’une bonne gouvernance foncière consisterait en la mise en œuvre de politiques et de lois visant la sécurisation des droits fonciers, tout en reconnaissant l’usage durable des terres et des droits des communautés coutumières.
Un tel cadre réglementaire qui serait associé à la numérisation des registres fonciers ainsi qu’un renforcement du système judiciaire permettrait notamment de lutter contre les expropriations foncières et de contribuer à la résilience de la population agricole face aux chocs. Ce sujet est particulièrement sensible en ce qui concerne les femmes qui éprouvent déjà des difficultés socio-économiques à accéder à la terre et dont 84% de la population en âge de travailler dépend de l’agriculture comme source de revenus et d’emplois contre 62% pour les hommes, selon l’organisation.
Au-delà des petits exploitants, la Banque mondiale souligne que les investisseurs étrangers font aussi face à de nombreux défis pour accéder aux terres rurales. L’institution financière cite notamment l’obligation de céder 51% de leurs parts à un partenaire local conformément à la loi agricole de 2011.
Il faut noter que la Banque mondiale n’est pas la seule organisation à pointer du doigt les défis liés à la gestion du foncier. Dans son dernier rapport statistique des projets d’investissements agréés en RDC sur la période 2019-2023, l’Agence nationale pour la promotion des investissements (Anapi) a souligné que cette question compte parmi les principaux freins au développement du secteur agricole, aux côtés du manque de routes de desserte agricole et de l’absence d’une offre financière axée sur l’agriculture.
Espoir Olodo
La Société financière internationale (SFI), membre du groupe de la Banque mondiale, a récemment affirmé son intérêt pour les secteurs du logement et de l’urbanisme en République Démocratique du Congo (RDC). Malick Fall, qui représente la SFI au Burundi, au Congo et en RDC, a exprimé la volonté de l’institution de soutenir le secteur privé en vue de promouvoir le développement durable à travers des initiatives stratégiques dans ces domaines, selon des propos rapportés par l’Agence congolaise de presse. Malick Fall s’est exprimé lors de sa visite au ministre congolais en charge de l’urbanisme et de l’habitat, Pius Muabilu.
Cette annonce survient dans un contexte où la RDC fait face à un besoin de logement estimé à 4 millions d’unités, selon des données d’un rapport 2023 d’ONU Habitat. Ce chiffre devrait rapidement augmenter compte tenu de la croissance démographique du pays. La population est projetée à plus de 278 millions d’habitants en 2050, dont 60% vivant dans les villes. Par ailleurs, le pays devrait continuer d’attirer de nombreux investisseurs en quête d’opportunités sur les minerais de la transition énergétique.
Les opportunités d’investissement dans le secteur de l’immobilier et de l’urbanisme en RDC sont donc nombreuses, allant de la construction directe à la prestation de services d’aménagement, tels que le mobilier locatif, les installations d’infrastructures électriques ou d’eau, et autres services d’aménagement intérieur. Cependant, il y a aussi des défis à relever, notamment en ce qui concerne la complexité de la question foncière et la nécessité de renforcer la prévision et la sécurité juridiques des promoteurs immobiliers.
L’engagement de la SFI dans le secteur peut donc se traduire par plusieurs actions, comme on l’a déjà vu dans d’autres pays. Elle peut ainsi aider à mobiliser des capitaux privés de long terme pour le secteur du logement, en renforçant les capacités du secteur bancaire national, par des lignes de garanties ou de financement longs. Elle peut également travailler avec le gouvernement pour renforcer la sécurité juridique des promoteurs immobiliers.
De plus, la SFI peut encourager à l’adoption de technologies et de pratiques innovantes dans la construction et le financement du logement, afin de rendre les logements plus abordables et accessibles. Cela prendrait la forme d’une assistance technique aux acteurs du secteur privé pour améliorer leurs compétences et leur efficacité dans le domaine du logement, ou encore la promotion des partenariats public-privé.
Une collaboration entre le gouvernement, les institutions internationales et le secteur privé est essentielle pour répondre à la demande croissante de logements, développer la chaîne des valeurs du business de l’immobilier, tout en améliorant les conditions de vie de la population congolaise. Le secteur de l’immobilier et de l’urbanisme possède ainsi le potentiel de devenir un levier de croissance important pour le pays, diversifiant son économie actuellement concentrée sur le secteur minier.
Idriss Linge
Après quatre ans d’enquête, la justice suisse a mis fin à la procédure ouverte contre Glencore pour des faits de corruption. Le parquet fédéral a obtenu un accord avec le négociant de matières premières qui doit verser une amende de 2 millions de francs suisses (2,34 millions $) et s’acquitter de dommages et intérêts à hauteur de 150 millions de dollars.
Selon un communiqué du ministère public de la Confédération suisse (MPC) diffusé lundi 5 août, Glencore est condamné pour ne pas avoir pris « toutes les mesures d’organisation raisonnables et nécessaires pour empêcher la corruption d’agents publics étrangers ». La corruption présumée aurait eu lieu en RDC, lors de l’acquisition en 2011 de participations minoritaires dans deux sociétés minières par un partenaire commercial de Glencore.
« Le MPC a déclaré dans l’ordonnance de sanction sommaire qu’il n’avait pas identifié d’employés de Glencore ayant eu connaissance des actes de corruption commis par le partenaire commercial […]. Glencore n’admet pas les conclusions du MPC, mais dans l’intérêt de la résolution de cette affaire, a accepté de ne pas faire appel de l’ordonnance », indique la compagnie dans un communiqué distinct.
Pour rappel, cet accord avec la justice suisse intervient après d’autres procédures similaires au Royaume-Uni et aux États-Unis en 2022, pour des faits de corruption dans l’octroi de contrats pétroliers au Nigeria, en Côte d’Ivoire et au Cameroun notamment. En RDC, Glencore exploite actuellement du cuivre et du cobalt sur deux mines.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
En RDC, la compagnie minière Alphamin Resources, qui exploite la plus grande mine industrielle d’étain du pays, prévoit de livrer entre 17 000 et 18 000 tonnes en 2024, en hausse par rapport aux 12 568 tonnes de 2023. L’atteinte de cet objectif impliquerait un nouveau record annuel pour les exportations congolaises d’étain qui ont totalisé 33 558,68 tonnes en 2023.
Dans une mise à jour publiée le 10 juillet par Alphamin, la société indique qu’elle a produit 4 027 tonnes d’étain au deuxième trimestre, 28% de plus que le volume du premier trimestre. Si Alphamin fait un meilleur deuxième semestre que le premier, la compagnie permettrait aux exportations congolaises de continuer sur cette trajectoire ascendante.
Selon les données publiées plus tôt, cette année, par le ministère des Mines, le volume d’étain exporté par la RDC en 2023 (en hausse de près de 300% par rapport à 2013) était déjà le plus haut niveau atteint sur les 10 dernières années. Depuis 2013 où les exportations ont totalisé 8 406,81 tonnes, elles n’ont plus jamais baissé d’une année à l’autre (voir graphique).
Évolution des exportations congolaises d’étain depuis 2013
Source : ministère des Mines
En dehors de la production industrielle, l’étain est également exploité de façon artisanale en RDC. Les mines artisanales se répartissent dans différentes provinces, en l’occurrence le Haut-Lomami, Maniema ou encore le Tanganyika.
La nouvelle hausse en vue de la production congolaise d’étain coïncide avec un relatif regain de santé pour le prix de la matière première, ce qui pourrait permettre au pays d’accroître les recettes. Alphamin dans son rapport indique par exemple que le prix moyen de vente réalisé pour ses produits au deuxième trimestre 2024 était en hausse de 20% par rapport à celui du premier trimestre (32 314 $/t contre 26 863 $/t). Pour rappel, à plus long terme, les analystes prédisent que l’étain devrait bénéficier de la transition énergétique, en raison de son utilisation accrue dans les cellules photoélectriques solaires, les véhicules électriques et l’électronique.
Nino Kansoum
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Le nouveau gouverneur de la ville - province de Kinshasa, Daniel Bumba Lubaki, fait du numérique un axe prioritaire de son programme de développement de la capitale de la République démocratique du Congo pour la période 2024-2028. C’est le dernier des sept axes contenus dans son plan d’action pour la période 2024-2028 intitulé « Kinshasa Ezo Bonga », présenté au public le samedi 3 août. Il est budgétisé à hauteur de 10,9 dollars américains.
Daniel Bumba Lubaki ne dévoile pas spécifiquement les grands investissements qui soutiendront son projet de transformation numérique de Kinshasa. Mais l’on peut supputer que le nouveau gouverneur souhaite bâtir un écosystème, attrayant aussi bien pour les consommateurs de produits numériques, que pour les innovateurs et les investisseurs, semblable à celui de certaines capitales africaines comme Johannesburg en Afrique du Sud, Accra au Ghana, ou encore Dakar au Sénégal.
La transformation numérique annoncée de Kinshasa pourrait faire grimper la ville dans le classement des 1000 meilleurs écosystèmes startup du monde, qu’elle a rejoint cette année même si c’est l’un des derniers. Classée en fonction de plusieurs critères, notamment, la qualité et le coût d’Internet, la disponibilité des infrastructures numériques, la capitale congolaise se retrouve à la 878e place mondiale.
Sur les 38 villes africaines classées, Kinshasa occupe la 34e place, loin derrière Le Caire (Égypte), Cape Town et Johannesburg (Afrique du Sud), Victoria (Seychelles), Dakar (Sénégal), Accra (Ghana), Port-Louis (Maurice), Addis-Abeba (Éthiopie), Tunis (Tunisie) et Casablanca (Maroc) qui représentent le Top10 du continent.
Plusieurs enjeux sont en prendre en compte dans la transformation numérique de Kinshasa, notamment l’amélioration des services publics, l’efficacité administrative, le développement économique, l’inclusion numérique. Il n’est pas seulement question de modernisation technologique de la capitale, mais aussi d’amélioration de la qualité de vie de sa population. Cela sous-entend entre autres de nouvelles opportunités d’emplois, un meilleur accès aux services sociaux, une présence plus effective de l’autorité publique dans la sécurisation des biens et des personnes.
Muriel Edjo
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L’entrée de la République démocratique du Congo (RDC) dans la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) en juillet 2022 ouvre de nouvelles perspectives pour le commerce du maïs dans la région. Jusque-là la dynamique des importations y était portée par le Kenya. La RDC a le potentiel de devenir un nouveau relais de croissance pour les échanges transfrontaliers de cette céréale sur le marché commun.
La consommation de maïs y a doublé en vingt ans, passant de 1,1 million de tonnes en 2003 à 2,2 millions de tonnes en 2023, selon le Département américain de l’agriculture (USDA). Pour la FAO, les importations de maïs et de farine de maïs ont atteint environ 69 millions de dollars en 2022. La plateforme des statistiques sur le commerce mondial chiffre les importations de maïs à 38 millions $ pour 2022 et 2023.
Par ailleurs, les perspectives d’accroissement de la demande demeurent positives grâce à la croissance démographique anticipée pour les prochaines décennies et à l’importance continue du maïs dans les habitudes de consommation, tant en milieu rural qu’urbain, où il est utilisé sous forme d’épis grillés, de semoule ou de farine pour la fabrication du foufou.
Au regard de ces différentes tendances, le marché congolais peut devenir un débouché intéressant pour la Tanzanie et l’Ouganda, les principaux exportateurs de cette graminée dans la sous-région. Il peut contribuer à compenser les fréquentes perturbations commerciales liées aux disputes sur les normes phytosanitaires et procédures techniques avec le Kenya qui absorbe habituellement entre 80 et 90% de leurs ventes.
Déjà en Tanzanie, l’Agence nationale de réserves alimentaires (NFRA) a annoncé le 21 mai dernier, avoir conclu une entente commerciale pour expédier 500 000 tonnes de maïs vers la RDC à destination de la Quincy Company, une société installée dans la province du Katanga.
Si, globalement, la RDC peut jouer un rôle dans une possible reconfiguration des flux du maïs en Afrique de l’Est, certains experts estiment que son apport futur reste néanmoins tributaire des marges de croissance qui seront couvertes dans un contexte des échanges dominé par le secteur informel, la capacité des responsables institutionnels à mettre en place de textes et lois qu’impliquent l’entrée dans la communauté et la capacité à apporter des solutions à toutes les barrières non tarifaires, qui pèse sur les corridors commerciaux dans cette région du monde.
Espoir Olodo
À la fin du mois de mai 2024, 35,2% des chefs d’entreprises actives en République Démocratique du Congo ont exprimé une opinion favorable quant à l’évolution de l’environnement économique, selon des données publiées par la Banque centrale. C’est la septième fois consécutive que cet indicateur progresse. Il a d’ailleurs atteint son niveau le plus élevé depuis juin 2023, lorsqu’il était à seulement 27,1%.
« Cette évolution est principalement due à l’optimisme affiché par les chefs d’entreprise évoluant dans différentes branches d’activité, notamment ceux de la branche “Extraction minière”, sur fond d’une bonne tenue des cours mondiaux des produits d’exportation », a fait savoir l’institution d’émission et de contrôle de la monnaie dans ce pays d’Afrique centrale.
Le secteur minier fait preuve d’un réel dynamisme, notamment avec l’annonce de la découverte de réserves de cuivre qui ont été présentées par S&P Market Intelligence comme étant les plus importantes au monde en 2023. À la fin du mois de juin 2024, l’African Finance Corporation a d’ailleurs accordé un prêt de 150 millions de dollars à Kamoa Copper, une filiale en RDC du groupe minier Ivanhoe Mines Limited, dont le premier actionnaire est un groupe d’investisseurs chinois, comprenant la société d’investissement à capitaux publics Citic Group, avec 22,7% de participations. Cette dynamique autour du cuivre survient alors que les prix mondiaux de cette ressource sont à des niveaux historiquement élevés, même si leur progression a légèrement ralenti au cours de juin dernier.
Un autre secteur qui anime le sentiment positif des patrons congolais est celui de la construction. Entre la commande publique visant à améliorer diverses infrastructures, l’effervescence autour du secteur minier qui crée davantage d’opportunités et la volonté du gouvernement de diversifier l’économie, notamment dans l’agriculture, les perspectives sont nombreuses.
Ce sentiment de plus en plus positif des patrons congolais s’inscrit dans un contexte où des défis persistent. La situation sécuritaire dans l’est du pays reste préoccupante, et les infrastructures nécessitent encore de lourds investissements pour lesquels le pays, comme c’est le cas pour beaucoup d’autres en Afrique subsaharienne hors Afrique du Sud, n’est pas certain de mobiliser facilement des ressources adéquates à court terme. Cependant, la croissance du sentiment positif chez les patrons est un indicateur de l’amélioration de la confiance envers les politiques publiques menées par les autorités.
Idriss Linge
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