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Internet mobile en RDC : une coalition mondiale pour changer la donne

Internet mobile en RDC : une coalition mondiale pour changer la donne

Le taux d’accès à Internet mobile en Afrique est en dessous de 50%. Pourtant, près de 82% de la population est couverte par un réseau mobile. Alors que les gouvernements se mobilisent pour des tarifs abordables, le coût des équipements d’accès demeure un défi.

La République démocratique du Congo (RDC) fait partie des pays ciblés par la nouvelle Coalition mondiale pour l'accessibilité des téléphones portables. Lancée mercredi 10 juillet à Londres au Royaume-Uni par l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA), cette initiative vise à faciliter l’acquisition de mobiles par les populations des pays à revenu faible ou intermédiaire (PRFI), généralement situés en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, afin de favoriser la consommation d’Internet.

La coalition regroupe plusieurs acteurs, dont la Banque mondiale, l’Union internationale des télécommunications (UIT), WEF Edison Alliance, les fabricants de mobiles, le groupe Orange, MTN Group et Vodacom Group. Elle représente de nombreux enjeux de développement pour la RDC.

Selon Guangzhe Chen, vice-président de la Banque mondiale pour les infrastructures, « il est essentiel de rendre les appareils connectés à Internet plus abordables pour accélérer la numérisation dans les pays en développement et veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte. Nous avons vu le pouvoir des technologies numériques pour stimuler la croissance et la création d’emplois et pour faciliter l’accès à l’éducation et aux services de santé, mais les gens doivent d’abord être connectés pour que cela devienne une réalité. Cette coalition rassemble des acteurs clés du secteur et de la communauté du développement pour contribuer à concrétiser cette aspiration ».

Atout de développement

En Afrique, le mobile est actuellement le principal, et souvent le seul, moyen d’accéder à Internet, selon GSMA. En RDC, 29,98 millions de personnes accèdent à Internet mobile contre 16 000 pour l’Internet fixe, soit un taux de pénétration respectif de 31,5% et 0,017%, selon l’Autorité de régulation des postes et télécommunications du Congo (ARPTC). Dans un pays où le gouvernement considère l’économie numérique comme un atout pour le développement, favoriser l’accès au mobile peut augmenter la consommation d’Internet et générer une croissance des revenus pour les fournisseurs d’accès.

Plus important encore, Internet a une incidence sur l’indice de développement humain, car le service est aujourd’hui essentiel pour s’informer, chercher un emploi, accéder aux services publics et privés, acheter et vendre, s’instruire, etc. La Banque mondiale estime qu’augmenter le taux de pénétration du haut débit mobile entraîne une augmentation de 1,8% du Produit intérieur brut (PIB) dans les pays à revenu moyen et de 2,0% du PIB dans les pays à faible revenu.

Pouvoir d’achat

Cependant, favoriser l’accès au mobile en RDC exige de relever plusieurs défis. Dans son rapport « Device Pricing 2022 », Alliance for Affordable Internet (A4AI) révèle que le coût moyen d’un smartphone est encore très élevé en Afrique subsaharienne, en général. Il équivalait à 39% du revenu mensuel moyen par habitant contre 20% au niveau mondial.

En 2023, environ 74,6 % des Congolais vivaient avec moins de 2,15 dollars par jour. Environ une personne sur six vivant dans une extrême pauvreté en Afrique subsaharienne habite en RDC, indique la Banque mondiale. Dans ces conditions, acheter un téléphone mobile est moins important que satisfaire les besoins quotidiens.

Mais les solutions qu’étudient GSMA et ses partenaires pour rendre le mobile plus accessible peuvent changer la donne dans le pays et dans toute l’Afrique.

Approches

À défaut de supprimer les taxes que les États à faible revenu jugent nécessaires pour leur économie, la Coalition pour l’accessibilité du mobile propose aux acteurs du secteur télécoms mondial d’explorer ensemble d’autres approches.

Par exemple, privilégier les appareils moins personnalisés, avec des fonctionnalités de base et une série d'applications pertinentes, dont le prix de détail est inférieur à 50$. En Afrique, des marques comme celles développées par le groupe Transsion (Itel, Tecno et Infinix), Xiaomi ou encore Oppo ont opté pour cette approche spécifique pour le continent, conscients du faible pouvoir d’achat.

Encourager l’assemblage de mobiles en local est également une solution envisagée, nécessitant la collaboration des fabricants de mobiles. Les appareils reconditionnés sont aussi une option déjà largement adoptée en Europe, aux États-Unis et en Asie.

L’achat échelonné sur plusieurs mois est également une option déjà appliquée par quelques opérateurs télécoms. Au Kenya, Safaricom a réussi à accroître sa base de consommateurs 4G ainsi.

En RDC, la mise en œuvre de toutes ces approches identifiées par la Banque mondiale pourrait susciter des changements sur le marché télécoms, aussi bien pour les opérateurs télécoms que pour les populations, ainsi que pour les start-up fournissant des services numériques dans des secteurs comme le transport, l’e-commerce, la fintech, la santé, et l’agriculture.

Muriel EDJO

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