La junior minière Rome Resources a annoncé le 5 août le lancement de travaux de forage sur le prospect Kalayi, situé sur son projet Bisie au Nord-Kivu. Lancés quelques semaines avant une autre campagne similaire sur le prospect Mont Agoma du même projet, ces travaux visent à établir une estimation de ressources minérales d’ici la fin de l’année.
Les travaux à Kalayi consisteront en 12 trous de forage au diamant visant à tester la minéralisation sur 700 mètres et jusqu’à des profondeurs dépassant 100 mètres. Dans de précédents trous de forage, une minéralisation avec des teneurs comprises entre 1,05% d’étain et 7,21% d’étain a déjà été identifiée.
« Le prospect de Kalayi présente des similitudes frappantes avec la mine voisine d’Alphamin, Mpama South [la plus grande mine d’étain de RDC, NDLR] où les teneurs en étain augmentent avec la profondeur. Nous sommes impatients d’informer régulièrement le marché de l’avancement de ces travaux », a commenté Paul Barrett, DG de Rome Resources.
Selon les statistiques officielles, la production de cassitérite (minerai contenant l’étain) en RDC a atteint 33 558 tonnes en 2023. La production d’étain y est dominée par le secteur artisanal. Alors que la société Alphamin est le principal producteur industriel de ce métal, des compagnies s’activent pour découvrir d’autres gisements économiquement viables. Situé au nord de la mine d’Alphamin, le projet Bisie de Rome Resources pourrait permettre à terme à la RDC d’élargir sa présence sur un marché mondial dominé par les pays d’Asie.
Emiliano Tossou
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La RDC a ouvert la voie à un règlement à l’amiable du différend judiciaire qui l’oppose à l’Australien AVZ sur le projet Manono, le plus grand gisement de lithium du pays. C’est ce qu’a indiqué la compagnie minière le 5 août 2024, précisant que des discussions ont déjà eu lieu avec de hauts fonctionnaires congolais en mai à Bruxelles, puis en juin à Kinshasa.
Selon une correspondance datée du 18 juillet et relayée par AVZ, le ministre des Mines a néanmoins estimé que les prétentions de la compagnie australienne, dans le cadre d’un éventuel accord à l’amiable, sont « désavantageuses » pour la RDC. Dans le cadre de l’accord à l’amiable, la compagnie demande à la RDC le paiement des frais engagés dans les procédures judiciaires depuis 2022, ainsi que l’octroi à sa filiale locale d’un permis d’exploitation minière à Manono. M. Kizito Pakabomba a donc souligné la nécessité pour la partie congolaise de poursuivre l’arbitrage international jusqu’à ce qu’AVZ réduise ses revendications.
Le projet Manono héberge au moins 400 millions de tonnes de ressources minérales titrant 1,65% de lithium, selon une estimation d’AVZ. Il a fait l’objet de plusieurs travaux d’exploration dans le cadre d’une coentreprise regroupant AVZ et la société congolaise Cominière. Alors que cette coentreprise était proche d’obtenir un permis d’exploitation minière à Manono en 2022, un différend est né entre les deux partenaires.
Cominière a obtenu auprès d’un tribunal congolais la pleine propriété du projet et a ensuite conclu un nouvel accord en octobre 2023 avec le chinois Zijin Mining pour relancer le projet. AVZ a donc lancé différentes procédures d’arbitrage devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements et le tribunal arbitral de la Chambre de commerce internationale pour contester ces changements.
Alors que la RDC semblait bien partie il y a quelques années pour être l’un des principaux producteurs africains de lithium, le pays en est encore loin aujourd’hui. La résolution du différend sur le projet phare du pays s’avère donc cruciale pour faire revivre cet espoir de jouer un plus grand rôle dans l’approvisionnement mondial en minéraux nécessaires à la transition énergétique.
Emiliano Tossou
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Le réseau national de fibre optique n’a jusqu’à présent été déployé qu’à hauteur de 16%, selon le dernier rapport semestriel de l’Autorité de régulation des postes et télécommunications de la République démocratique du Congo (Arptc), soit 8 160 km sur les 50 000 km prévus. Conséquence, le taux de pénétration d’Internet fixe par fibre optique n’est que de 0,014%, selon les dernières données de marché du régulateur télécoms datées du 1er trimestre 2023.
Cette connectivité qui comptabilise 13 212 utilisateurs, en croissance de 24,22% par rapport à 2022, pour 11 fournisseurs d’accès identifiés, est soutenue par deux autres types de services fixes. Il y a l’Internet fixe hertzien terrestre qui enregistre 369 abonnés, en recul de 16,70% par rapport à la même période en 2022. 24 fournisseurs d’accès sont identifiés dans ce segment pour un taux de pénétration de 0,000 4%. Il y a l’Internet fixe par satellite qui enregistre 3 009 abonnés, en recul de 5,41%. Dix fournisseurs d’accès sont identifiés pour un taux de pénétration de 0,003%. Ensemble, ils représentent un taux de pénétration de l’Internet fixe de 0,017 4% en RDC.
Statistiques Internet fixe en RDC T1-2023
Source : Arptc.
Les utilisateurs d’Internet fixe en RDC sont principalement des entreprises et diverses institutions, publiques et privées. Cela explique pourquoi l’ARPU (revenu moyen par utilisateur) pour l’Internet fixe est nettement plus élevé comparé à celui de l’Internet mobile qui est de 2,20 $ sur la même période.
Mais ces données montrent surtout que l’accès à l’Internet fixe par fibre optique demeure faible dans le pays. Le réseau est encore concentré dans la ville province de Kinshasa. Une situation qui entrave l’efficacité opérationnelle de nombreuses activités dans d’autres régions et freine l’expansion de nombreux investisseurs comme ceux du secteur bancaire. À cela s’ajoute le coût d’accès.
Dans les économies à faible revenu comme la RDC, l’Union internationale des télécommunications (UIT) indique que le coût d’accès à l’Internet fixe à haut débit le plus abordable est encore supérieur à 10% du revenu national brut mensuel (GNI) par habitant. L’Organe spécialisé des Nations Unies préconise qu’il soit égal ou en dessous de 2% du GNI pour être considéré comme accessible. Il souligne par ailleurs qu’accroître le taux de pénétration du haut débit fixe de 10% dans les économies à faible revenu peut induire une croissance du Produit intérieur brut (PIB) de 2,0% à 2,3%.
Muriel Edjo
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Dans la localité de Kisangani, située dans la province de Tshopo au nord-est de la République Démocratique du Congo, un incendie survenu dans la nuit de dimanche à lundi a brûlé un bâtiment de la centrale régionale d’approvisionnement en médicaments. Cet incident force ainsi l’organisme à envisager la construction de nouveaux locaux. Les premières annonces sur les réseaux sociaux suggèrent que le bâtiment détruit abritait des archives, et des médias locaux mentionnent également des entrepôts de médicaments.
Ce lundi 5 août 2024, plusieurs personnes s’activaient encore à éteindre les dernières flammes de cet incendie dont les causes demeurent inconnues. Pour surmonter les conséquences de cette destruction, l’organisme devra trouver de nouvelles ressources financières. La Centrale d’achat en médicaments de Kisangani (Camekis), organisme à but non lucratif mandaté par le gouvernement congolais pour approvisionner les services de santé en médicaments, dont plusieurs essentiels, se retrouve face à un défi important.
En mai 2021, elle avait inauguré de nouveaux entrepôts et équipements pour un montant de 286 340 dollars, financé par l’Agence belge de coopération au développement. Cependant, cet incendie intervient à un moment où l’organisme rencontre déjà des difficultés pour accomplir ses missions. En juin 2024, ses responsables avaient averti sur les problèmes d’accès aux sites de livraison, en raison de l’état déplorable des routes et de l’insécurité.
Cette catastrophe souligne la nécessité pour Camekis de recevoir un soutien supplémentaire du gouvernement ou des bailleurs de fonds pour continuer ses missions cruciales de service public dans le secteur de la santé à l’est de la RDC. L’urgence est palpable, car au-delà de la province de Tshopo, l’organisme est également responsable de l’approvisionnement de quatre zones de santé dans la région de Maniema. Cet incendie rappelle qu’il existe des opportunités de mettre en place des modèles économiques solides dans le secteur de la santé et du médicament au Congo.
IL
Depuis le début de ses opérations en 2010, la mine d’or de Kibali, la plus grande d’Afrique, a versé près de 2,7 milliards de dollars aux entrepreneurs et fournisseurs locaux. C’est ce qu’a indiqué Mark Bristow, PDG de Barrick (la compagnie détentrice du projet), précisant que ces paiements et les autres investissements réalisés ont eu « un impact positif sur l’économie locale et les communautés ».
« Lorsque nous avons commencé à construire Kibali il y a 14 ans, c’était l’une des régions les moins développées de la RDC. La valeur que nous avons créée et l’infrastructure que nous avons construite ici l’ont depuis transformée en une nouvelle frontière économique et un centre commercial florissant, avec une communauté qui est passée de 30 000 à plus de 500 000 personnes », a déclaré M. Bristow lors d’une conférence de presse tenue début juillet à Kinshasa.
Cette sortie de Barrick intervient seulement quelques mois après l’annonce d’un accord entre la compagnie et l’Autorité de régulation de la sous-traitance dans le secteur privé (ARSP) pour développer une série d’initiatives de contenu local en RDC. Selon les détails rapportés par plusieurs sources concordantes, ledit accord permettra d’augmenter le nombre de sous-traitants et fournisseurs congolais travaillant avec la mine d’or Kibali dont 95% de la main-d’œuvre serait originaire de la RDC.
Dans un contexte où la question de l’impact des opérations minières sur la vie des communautés locales est de plus en plus discutée en Afrique, ces récents développements à Kibali revêtent un intérêt particulier. Le contenu local est souvent perçu comme une manière pour les gouvernements de renforcer leur souveraineté économique et de garantir que les populations locales bénéficient véritablement de l’exploitation des ressources naturelles.
Plusieurs pays africains ont ainsi mis en place des réglementations pour encourager ou imposer le contenu local dans les industries extractives. En RDC, l’État a suspendu début avril 2024 neuf sous-traitants travaillant dans les mines de cuivre et de cobalt de la société Eurasian Resources Group pour non-respect des règles en matière de contenu local.
Pour rappel, l’or s’échange à plus de 2 300 dollars l’once depuis avril 2024, une hausse de prix qui a permis à plusieurs producteurs du métal précieux d’augmenter leurs revenus. Plus grande mine d’or du continent africain, le projet Kibali, codétenu par Barrick et AngloGold Ashanti (45% chacun) ainsi que le gouvernement congolais (10%), a livré 763 000 onces d’or en 2023.
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La République Démocratique du Congo (RDC) figure parmi les 5 pays africains les plus attractifs pour l’investissement dans les énergies renouvelables des entreprises chinoises. On y retrouve aussi la Zambie, l’Angola, le Mozambique et l’Ouganda. C’est principalement ce qui ressort d’un récent rapport du cabinet de consulting Development Reimagined, dont les activités consistent à accompagner les entreprises, les gouvernements et organisations internationales à pénétrer le marché africain.
Le document, intitulé Horizons verts en 2024 : Explorer le potentiel des énergies renouvelables en Afrique pour les investisseurs chinois, précise que ces pays présentent un potentiel inexploité significatif et une demande convaincante pour les investisseurs. Les auteurs ont déterminé plusieurs critères qui placent ces pays dans cette liste et expliquent pourquoi les entreprises chinoises devraient privilégier ces destinations. Il s’agit de la faiblesse du financement total pour le climat, le faible accès à l’électricité, le niveau des investissements directs étrangers chinois, la faiblesse de la capacité en énergies renouvelables pour 2022, le niveau de déploiement des politiques incitatives, la part des sources d’énergie renouvelable dans l’électricité totale produite et le potentiel en énergies renouvelables.
Cependant, les auteurs indiquent que compte tenu de la nature dynamique du secteur et de l’évolution des contextes environnementaux, économiques et politiques, ces critères pourraient influencer les résultats de leurs recherches à court ou moyen termes. Ainsi, des développements ultérieurs pourraient entraîner des résultats ou des tendances différentes.
Pour montrer l’étendue des besoins, les auteurs ont indiqué que les contributions déterminées au niveau national de l’ensemble des pays africains représentent une demande estimée à 2 800 milliards de dollars, soit plus de 93% du PIB de l’Afrique. Les États eux-mêmes ne se sont jusque-là engagés (promesse) qu’à près de 10% de cette enveloppe. Cela représente un déficit de financement d’environ 2 500 milliards de dollars, notamment dans l’énergie et le transport sous-jacent de l’électricité produite.
Réglementation favorable
Or, si l’on tient compte des défis financiers tels que l’augmentation de la dette et les coûts d’emprunt prohibitifs, peu de nations africaines peuvent combler durablement ce déficit par leurs propres moyens. D’où l’importance pour les entreprises chinoises de se positionner sur cette opportunité. Ceci, d’autant plus qu’on estime que la demande en énergie devrait croître de 30 à 40% au cours des prochaines décennies, à cause de la démographie et l’urbanisation de masse.
Par ailleurs, les analystes de Development Reimagined affirment qu’une lecture croisée de la réglementation dans les 5 pays de la liste est favorable au développement des projets d’énergies renouvelables portés par les entreprises chinoises. Ils préconisent d’ailleurs de dupliquer, en concertation avec les autorités des pays concernés, le modèle de développement des énergies renouvelables en Chine.
Il faut savoir que ce modèle est l’un des plus réussis à l’échelle mondiale. Le pays est considéré comme le champion du monde des énergies renouvelables, car il installe le plus de capacités d’énergies propres pour sa consommation domestique. L’année dernière, la Chine a représenté à elle seule environ les deux tiers des capacités installées d’infrastructures renouvelables dans le monde, soit 297 GW sur les 473 développés, selon des données de l’Agence pour les énergies renouvelables (Irena).
Source : Irena
De plus, les entreprises chinoises détiennent la majorité des brevets sur les solutions renouvelables et les entreprises chinoises font la course en tête en ce qui concerne le financement des technologies renouvelables dans le monde. Selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et de l’International Finance Corporation (IFC) publié en 2022, sur les quelque 770 milliards de dollars investis chaque année dans les énergies propres dans les économies émergentes et en développement, les firmes chinoises cumulent les deux tiers de ce total avec 511 milliards de dollars investis.
« L’expérience de la Chine dans l’expansion rapide de son propre secteur des énergies renouvelables la positionne comme un partenaire précieux pour les pays africains cherchant à développer leurs capacités en énergie verte. Les investissements chinois peuvent fournir des financements essentiels, des technologies et une expertise pour aider les nations africaines à exploiter efficacement leur potentiel en énergies renouvelables. Les efforts de collaboration entre les pays africains et les investisseurs chinois peuvent favoriser un développement durable, stimuler la croissance économique et créer une situation gagnant-gagnant qui aborde les problèmes urgents du changement climatique tout en améliorant les communautés et les économies du continent africain », lit-on dans le rapport.
Olivier de Souza
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Début juillet 2024, Ivanhoe Mines et Gécamines ont annoncé l’entrée en service de la mine de Kipushi, après plusieurs années de travaux destinés à relancer la production. Le projet, exploité pendant plusieurs décennies avant d’être mis en régime de maintenance et entretien en 1993, pourrait, selon les nouvelles estimations, devenir la quatrième plus grande mine de zinc du monde. Surtout, il redevient opérationnel dans un contexte où le prix du zinc est en hausse depuis le début de l’année et où les perspectives du marché sont bonnes. Pour la RDC, qui a vu ses recettes minières augmenter au cours des dernières années, en raison de la hausse du prix du cuivre, il s’agit d’une nouvelle opportunité de croissance et de diversification des revenus tirés du secteur.
Selon le FMI, les recettes minières de la RDC sont passées de 4 milliards $ sur la période 2013-2017 à une moyenne de 5,5 milliards $ sur la période 2018-2022. Les principaux secteurs qui ont porté cette croissance sont le cobalt et le cuivre, pour lesquels le pays est respectivement le premier et le deuxième producteur mondial. Au-delà du cuivre et du cobalt, la RDC produit également d’autres minéraux comme l’étain, le coltan ou encore le zinc. Ce dernier est utilisé dans les secteurs de la construction, de l’automobile et de la galvanisation de l’acier, mais il fait également partie des métaux de la transition énergétique. « Le zinc est parfois le métal oublié, mais il est essentiel au succès de la transition énergétique, notamment en raison des besoins dans les segments du stockage de l’énergie […], des éoliennes et des panneaux solaires », indiquait à ce propos en juin dernier Andrew Green, DG d’International Lead & Zinc Study Group (ILZSG), cité par La Tribune des Métaux.
La plus grande mine de zinc de la RDC
Lors de l’annonce de l’inauguration de la mine Kipushi début juillet, les partenaires du projet ont indiqué qu’elle devrait produire au minimum 100 000 tonnes de concentré de zinc en 2024. Sur les années suivantes, la production devrait augmenter, avec une moyenne annuelle prévue de 278 000 tonnes au cours des cinq premières années.
Les 10 plus grandes mines de zinc au monde (en production)
Source : Wood Mackenzie, qui a comparé la production annuelle moyenne de zinc sur la durée de vie du projet Kipushi, soit 240 000 tonnes, et une teneur en zinc de 31,9 %, avec la production et les teneurs en zinc estimées en 2020.
Si l’on en croit une étude de faisabilité publiée en 2022 par Ivanhoe Mines, la durée de vie totale s’élèverait à 14 ans, avec une production moyenne annuelle de 240 000 tonnes sur la période. Et en plus du zinc, le projet aurait également la capacité de livrer du cuivre, du plomb ou encore du germanium. Considéré comme métal critique, le germanium est utilisé dans les semi-conducteurs, la fibre optique, les cellules solaires et l’électronique.
« Ce ne sont pas seulement les teneurs élevées en zinc qui font de Kipushi une mine extraordinaire », commente Guy-Robert Lukama Nkunzi, président du conseil d’administration de la Gécamines. Ce dernier précise que la mine montre un grand potentiel pour d’autres métaux qui sont essentiels pour répondre aux besoins industriels mondiaux.
Le bon timing pour arriver sur le marché
Dans une note publiée le 18 juillet 2024, le journal économique The Hindu Business Line indique que le prix du zinc a augmenté de 14% depuis le début de l’année. Ladite note cite plusieurs analystes qui annoncent de bonnes perspectives pour le marché.
À titre d’illustration, BMI Research, une filiale de Fitch Solutions, revoit à la hausse sa prévision de prix pour le zinc, le situant désormais à 2 600 dollars/tonne. Raison : « des fondamentaux de marché plus robustes poussent les prix à la hausse ». « La demande de zinc s’est renforcée ces derniers mois en raison des améliorations des perspectives de production industrielle mondiale. Après de fortes baisses en 2023, le prix du zinc devrait augmenter modérément au cours de la période de prévision, passant d’environ 2 700 $ la tonne en 2024 à environ 2 800 $ la tonne d’ici 2026 », explique pour sa part l’Australian Office of Chief Economist (AOCE).
Ces prévisions ne manquent pas de rappeler les niveaux de prix atteints par le zinc en 2022. En mars de cette année, le zinc voyait son prix augmenter pour atteindre 4 000 dollars la tonne, soit son plus haut pic depuis 2007, alors que plusieurs fonderies avaient dû fermer à cause de la crise énergétique causée par la guerre Russie-Ukraine. Le cours du zinc s’est par la suite corrigé, mais est resté à un niveau élevé (2 986 dollars la tonne) en septembre-octobre 2022, ce qui a poussé plusieurs analystes à envisager le seuil des 3 100 à 3 300 dollars la tonne.
Évolution prévue du flux de trésorerie annuel
Source : Ivanhoe, selon les hypothèses de prix du zinc à long terme.
Une nouvelle source de revenus miniers pour la RDC
Selon les prévisions du FMI, les recettes tirées du secteur minier par la RDC en matière de royalties devraient passer de 1 499 milliards de francs congolais en 2022 à 2 688 milliards de francs congolais en 2024. Les principaux contributeurs à cette hausse devraient être le cuivre et le cobalt.
Si le zinc n’est pas évoqué quand il s’agit de parler des produits miniers de la RDC, il n’en demeure pas moins une source de revenus pour l’État congolais. Selon les statistiques nationales, le pays a produit en 2022 un total de 13 578 tonnes de zinc, puis 11 321 tonnes en 2023 (voir tableau).
Évolution de la production de zinc de la RDC
La production reste donc assez faible. Mais l’arrivée de la mine Kipushi devrait changer la donne pour la RDC puis qu’il est prévu que la mine livre en moyenne 240 000 tonnes de zinc chaque année. Au-delà des royalties que devra payer Ivanhoe Mines sur cette production, la RDC détient également des intérêts directs dans le projet, à travers la Gécamines. L’entreprise publique dispose en plus le droit d’acheter et de transformer localement le concentré produit à Kipushi.
Les 10 projets miniers les plus riches en zinc au monde
Source : Wood Mackenzie, 2022
En janvier 2024, la Gécamines a conclu un nouvel accord avec Ivanhoe pour faire passer sa participation dans le projet Kipushi de 38% actuellement à 43% à partir du 25 janvier 2027. La structure du partenariat conclu par les deux parties implique que les intérêts d’Ivanhoe diminueront progressivement au fil des années au profit de la RDC.
« Le développement réussi de Kipushi créera de la prospérité à plusieurs niveaux. Nous créerons des emplois locaux et développerons l’économie locale, tout en renforçant structurellement la Gécamines et la République démocratique du Congo, en les plaçant sur la scène mondiale pour la production de minerais stratégiques », a déclaré le président de Gécamines, selon des propos relayés en juillet par Agence Ecofin.
Une des principales interrogations que suscite la gouvernance des ressources naturelles de la RDC est leur impact réel sur l’amélioration de la vie des populations. Selon la Banque mondiale, la RDC figure parmi les cinq nations les plus pauvres du monde. « En 2023, environ 74,6% des Congolais vivaient avec moins de 2,15 dollars par jour. Environ une personne sur six vivant dans une extrême pauvreté en Afrique subsaharienne habite en RDC », soutient l’organisation. Le gouvernement devrait donc veiller à ce que les engagements d’Ivanhoe en matière de contenu local, de création d’emplois et d’impact sur les populations soient respectés.
Louis-Nino Kansoun
Moins de 100 jours après sa nomination, Kizito Pakabomba a successivement rencontré le gotha mondial de l’industrie minière à Paris, discuté avec des diplomates étrangers basés à Kinshasa ou encore échangé avec les cadres de son ministère. Propulsé fin mai 2024 à la tête du stratégique portefeuille des Mines en RDC, ce diplômé de l’Université Libre de Bruxelles (ULB) possède une connaissance approfondie des secteurs extractifs et des marchés internationaux des matières premières. Au cours de ses deux premiers mois comme ministre des Mines de RDC, l’ancien cadre de TotalEnergies a pris le temps de se familiariser avec les grands dossiers de son département ministériel.
La question de la contribution des Mines au développement communautaire a ainsi été au cœur d’une réunion avec sa collègue des Affaires sociales, Nathalie-Aziza Munana, le 11 juillet dernier. Les deux ministres ont échangé sur la stratégie à mettre en œuvre pour optimiser la dotation de 0,3% du chiffre d’affaires des compagnies minières en faveur des communautés locales. L’ancien conseiller de Félix Tshisekedi a aussi reçu en audience une délégation de l’Entreprise générale du cobalt (EGE), fer de lance du gouvernement congolais pour mieux valoriser la production artisanale de cobalt.
Conduite par le président du conseil d’administration, Gino Buhendwa, et le directeur général Éric Kalala, cette délégation est venue présenter au ministre les progrès enregistrés depuis le lancement officiel des activités de cette société en 2021. Il faut souligner que l’opérationnalisation de l’EGC est stratégique pour la RDC, car la production artisanale représente environ 15% de l’offre mondiale de cobalt.
Outre l’EGC, d’autres défis attendent Kizito Pakabomba à la tête du ministère des Mines. On peut citer la question de la transformation locale des minéraux essentiels à la transition énergétique (cuivre, cobalt, etc.), la mise en œuvre du projet de fabrication de matériaux pour batteries électriques avec la Zambie ou encore la lutte contre la corruption et la promotion de la transparence ainsi que de la traçabilité dans la chaine d’approvisionnement des minéraux en RDC.
Emiliano Tossou
En RDC, plus personne n’est autorisé à importer de bières et de boissons gazeuses pendant un an. L’interdiction est contenue dans un arrêté ministériel, signé le 26 par Julien Paluku, ministre du Commerce extérieur. « En cas de nécessité d’approvisionnement dans les parties du territoire national où les consommateurs ont un accès difficile aux produits locaux, les opérateurs économiques peuvent bénéficier d’une dérogation d’importation par le ministre ayant le Commerce extérieur dans ses attributions », a précisé Julien Paluku.
Pour le ministre, qui a pris cette décision en concertation avec la Fédération des entreprises du Congo (FEC), le but est de protéger l’industrie locale face à la concurrence étrangère. Pour celui qui a été l’ancien gouverneur du Nord-Kivu de 2007 à 2019, avant d’être nommé ministre de l’Industrie, le savoir-faire congolais peut jouer un rôle important dans l’économie locale.
Né à Buramba, dans le Nord-Kivu, il y a fait son cursus scolaire avant de se rendre dans le sud, à Bukavu notamment, pour son graduat. Enseignant à Nyamilima, puis à Goma, il s’engage peu à peu en politique. Il est notamment chef de quartier des Virunga dans la ville de Goma, puis administrateur assistant chargé du territoire de Lubero, avant d’être nommé maire de la ville de Butembo en 2003. Cette fonction le pousse notamment à engager plusieurs travaux de réfection et d’aménagement urbain. Cette période semble avoir fondé son désir de protéger l’industrie locale qu’il a côtoyée à de nombreuses reprises dans divers secteurs. Ministre du Commerce extérieur depuis quelques semaines, il a annulé les autorisations d’importation des carreaux et faïences accordées, dans l’ouest de la RDC, aux sociétés Safricode Sarl et Roadex.
La décision de Julien Paluku de bloquer les importations de boissons gazeuses et de bière devrait aider à rediriger la demande vers la production des entreprises locales. D’après les données de la Banque centrale de RDC, la valeur des importations de boissons a augmenté de 9,8% en moyenne par an entre 2018 et 2022, passant de 627 millions $ à plus de 1 milliard $.
Servan Ahougnon
La ministre de l’Éducation, Raïssa Malu, a reçu une délégation de la Banque mondiale le 29 juillet dernier. Cette délégation, conduite par Albert Zeufack, le directeur des opérations de l’institution, est venue lui présenter son portefeuille de 1,4 milliard $ dédiés à l’éducation. Pour Raïssa Malu, cette rencontre marque un moment important dans la conduite du plan pour redorer le blason de l’éducation nationale.
Pour celle qui a été longtemps connue pour son combat visant à faire aimer les sciences aux jeunes Congolais, les éléments semblent enfin réunis pour mener les changements qu’elle souhaite implémenter dans l’éducation nationale. En effet, quelques jours plus tôt, « Education Cannot Wait (ECW) », Fonds des Nations unies destiné à l’éducation des enfants vivant en situation d’urgence, a annoncé vouloir débloquer 20 millions $ sur les trois prochaines années pour la RDC.
Fille du physicien Félix Malu wa Kalenga, qui a notamment dirigé le Centre nucléaire régional d’études nucléaires de Kinshasa (CREN-K) après les indépendances, Raïssa Malu est une passionnée de sciences et également physicienne comme son père. Elle organise en 2014 la première édition de la Semaine de la science et des technologies.
Membre du panel présidentiel de la RDC à la présidence de l’Union africaine pour l’exercice 2021-2022, elle a supervisé l’élaboration d’une feuille de route sur l’utilisation des technologies spatiales, dans la réalisation des objectifs de l’Agenda 2063 de l’organisation. Malgré tout, l’éducation reste une de ses priorités. Elle se bat pour faire apprécier les sciences par les jeunes congolais, notamment les femmes.
Elle dirige pendant 5 ans, le Projet d’éducation pour la qualité et la pertinence des enseignements aux niveaux secondaire et universitaire (PEQPESU). Son travail à cette fonction lui vaut d’être nommée ministre de l’Éducation en mai 2024. Depuis elle se bat pour impulser une nouvelle dynamique dans le secteur de l’éducation congolaise.
Servan Ahougnon