La situation sécuritaire à l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) s’est aggravée cette semaine, poussant le pays à demander, ce 24 janvier 2025, la tenue d’une session publique d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
De plus, le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, a interrompu son séjour à Davos, en Suisse, et a regagné Kinshasa le 23 janvier. Depuis, il a tenu plusieurs réunions de crise à la Cité de l’Union africaine. La première, organisée le soir même, a duré trois heures et a réuni la Première ministre, Judith Suminwa Tuluka, ainsi que les vices-Premiers ministres en charge de l’Intérieur et de la Défense, Jacquemain Shabani Lukoo et Guy Kabombo Muadiamvita. Cette réunion a été suivie, le lendemain, d’un Conseil supérieur de la défense et d’un Conseil des ministres. À l’ordre du jour : « l’évaluation de la situation sécuritaire et humanitaire dans le Nord-Kivu, particulièrement autour de la ville de Goma ».
À l’issue du Conseil de sécurité, le porte-parole de l’armée congolaise, le général-major Sylvain Ekenge, a annoncé le décès du général-major Peter Cirimwami, gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu. Ce dernier « est tombé l’arme à la main au champ d’honneur », a-t-il déclaré. Le 23 janvier, alors que le M23 lançait une offensive sur Saké, à 20 km à l’ouest de Goma, le gouverneur s’était rendu au front.
« Le commandant suprême a donné des instructions fermes pour que l’agresseur soit traqué jusque dans son dernier retranchement, qu’il soit repoussé loin de Goma et poursuivi jusqu’à la récupération de l’ensemble du territoire national qu’il occupe », a ajouté le général-major Sylvain Ekenge. La mise en œuvre de cette instruction entraînera des dépenses exceptionnelles en matière de sécurité, illustrant ainsi l’impact du conflit sur l’exécution du budget.
Dans la loi de finances 2025, la persistance de la guerre dans la partie est du pays, qui dure depuis plus de 20 ans, a en effet été identifiée comme « l’un des risques majeurs pesant sur les finances publiques ». En d’autres termes, pour les autorités, ce conflit pourrait compromettre l’équilibre budgétaire, limiter la capacité à financer les politiques publiques et menacer la stabilité économique.
Dépenses exceptionnelles de sécurité
Pour comprendre, il faut savoir qu’en 2023, les dépenses exceptionnelles de sécurité se sont élevées à 1,4 milliard de dollars, soit environ 2,2 % du PIB et 11,5 % du budget global de l’État, selon un rapport du Fonds monétaire international (FMI). De plus, depuis la proclamation de l’état de siège, le 6 mai 2021, dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, les taux d’exécution des dépenses exceptionnelles et d’interventions liées aux opérations sécuritaires dépassent largement les 100 %, selon un document annexé à la loi de finances 2025. Ces taux sont passés respectivement de 50 % et 254,7 % en 2020 à 336 % et 411,2 % en 2021, atteignant même 508 % et 2001,9 % en 2022. Cette situation réduit les autres dépenses, notamment celles consacrées aux investissements.
Par ailleurs, en perturbant l’activité économique, le conflit à l’est de la RDC entrave également la mobilisation des recettes fiscales. Les autorités citent notamment le cas du territoire de Rutshuru (Nord-Kivu), régulièrement occupé par les rebelles du M23. Les revenus collectés par son centre d’impôt synthétique, chargé de percevoir l’impôt des entreprises réalisant un chiffre d’affaires inférieur à 80 millions de francs congolais (FC), ont chuté, passant de 85,8 millions de FC en 2020 à seulement 11 millions de FC en 2023, selon un document annexé à la loi de finances 2025. « L’inaccessibilité des antennes fiscales d’Ituri, Djugu et Mambasa, due aux attaques répétées de groupes armés et de milices, a engendré un manque à gagner de près de 10,3 millions de FC en 2023 », ajoute le même document.
Pierre Mukoko
TikTok dans le viseur du régulateur en République Démocratique du Congo. Le dimanche 19 janvier, sur X (anciennement Twitter), Christian Bosembe (photo), président du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), a réagi à la suspension du réseau social chinois aux États-Unis. Selon lui, cette situation renforce la légitimité des préoccupations déjà exprimées en RDC sur le même sujet.
« Alors que les États-Unis viennent de suspendre TikTok, […] la RDC suit avec attention cette décision, qui met en lumière les graves menaces posées par ce réseau social. Cette mesure souligne des préoccupations légitimes concernant la sécurité nationale, la protection des données personnelles et la sacralité de la vie privée, des principes souvent violés par le manque de transparence et de contrôle rigoureux de TikTok », affirme-t-il.
Alors que les États-Unis viennent de suspendre TikTok, privant ainsi plus de 170 millions d’utilisateurs de cette plateforme, la République Démocratique du Congo suit avec attention cette décision, qui illustre les graves menaces que représente ce réseau social. Cette mesure met… pic.twitter.com/IDbj9fULJI
— Christian Bosembe (@CBosembe) January 19, 2025
« En tant que président du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication, je déplore profondément que TikTok soit devenu un vecteur de propagande nuisible dans notre pays », poursuit-il, allant jusqu’à accuser la plateforme de faciliter l’enrôlement des jeunes par des groupes terroristes.
Pour rappel, Christian Bosembe critique TikTok depuis 2023, année où il avait accusé la plateforme de promouvoir l’immoralité en diffusant des contenus inappropriés. Dans son post du 19 janvier, le président du CSAC affirme que « la RDC pourrait être contrainte d’envisager des mesures similaires à celles prises par les États-Unis, pouvant aller jusqu’à une suspension » si les préoccupations soulevées ne sont pas adressées.
Avec 672 millions d’installations en 2022, TikTok est l’application Android la plus téléchargée en RDC. La plateforme appartient à ByteDance, société fondée par le milliardaire chinois Zhang Yiming.
Servan Ahougnon, Agence Ecofin
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Lors du Forum économique mondial, qui s’achève ce 24 janvier 2025 à Davos, en Suisse, John Kerry a exprimé son soutien à la création de l’aire protégée à vocation communautaire baptisée Couloir vert Kivu-Kinshasa. Ce projet a été présenté le 22 janvier par le président Félix Tshisekedi, lors d’un panel intitulé : « Le dernier poumon de la Terre ».
« Avec le président Tshisekedi, nous avons discuté avec passion de ce projet et des perspectives qu’il offre… Le bassin du Congo ne doit pas être laissé seul. Nous avons tous vu ce qui se passe en Amazonie, rongée par des pratiques destructrices telles que l’élevage intensif ou l’exploitation forestière illégale. Ces tendances se répètent ailleurs, comme en Indonésie ou au Cambodge, où la déforestation illégale persiste », a déclaré John Kerry.
Pour l’ancien secrétaire d’État américain, l’initiative du Couloir vert Kivu-Kinshasa est « une idée formidable » qui mérite le soutien du secteur privé. « C’est une idée énorme et inspirante, et elle repose sur une coopération étroite entre le secteur public et privé. Cela exige une forte conviction du secteur privé, montrant qu’il est possible non seulement de faire du profit, mais aussi de faire le bien. » Il considère ce projet comme l’une des propositions les plus stimulantes auxquelles il a eu le privilège de contribuer ces dernières années.
La voix de John Kerry, actuellement co-président exécutif de Galvanize Climate Solutions, une société d’investissement mondiale fondée en 2021 pour accélérer la transition énergétique, pourrait influencer la perception des investisseurs vis-à-vis de ce projet congolais. Bien qu’il privilégie désormais son rôle d’acteur du secteur privé, John Kerry demeure une figure centrale des négociations climatiques. En tant qu’envoyé spécial pour le climat sous la présidence de Joe Biden, il a joué un rôle clé dans de complexes discussions internationales.
Une collaboration renforcée avec la RDC pourrait permettre de transformer le Couloir vert Kivu-Kinshasa en une opportunité unique, alliant conservation de la nature et génération de revenus économiques pour les acteurs privés et les populations locales.
Créé par décret le 15 janvier 2025 par la Première ministre, le Couloir vert Kivu-Kinshasa s’étend de l’est à l’ouest de la République Démocratique du Congo (RDC), sur une superficie de 544 270 km², soit un peu plus du quart du territoire national. Ce projet ambitionne de promouvoir une économie verte tout en préservant plus de 100 000 km² de forêts primaires, consolidant ainsi le rôle clé de la RDC dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Georges Auréole Bamba
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Selon les statistiques publiées par le ministère des Mines, la République Démocratique du Congo (RDC) a exporté 145 452 tonnes de cobalt au cours des neuf premiers mois de 2024, soit une moyenne trimestrielle de 48 484 tonnes. À ce rythme, les exportations annuelles pourraient atteindre 193 936 tonnes, surpassant ainsi le record de l’année précédente, établi à 152 798 tonnes.
Selon ces données officielles, le chinois CMOC a dominé les exportations de cobalt en RDC grâce à ses deux mines, Kisanfu et Tenke Fungurume (TFM). La compagnie a vendu 50 021 tonnes de cobalt issues de Kisanfu durant les trois premiers trimestres de l’année, contre 19 958 tonnes provenant de TFM sur la même période. Relégué depuis 2023 par CMOC au rang de deuxième producteur mondial de cobalt, le Suisse Glencore a exporté environ 32 000 tonnes de cobalt en neuf mois, provenant de ses deux opérations congolaises, MUMI et KCC.
Le ministère des Mines ne précise cependant pas les revenus générés par ces ventes record. Cela empêche d’évaluer si l’augmentation des volumes exportés a compensé les effets de la baisse des prix du cobalt sur les recettes d’exportation. En effet, le marché du cobalt est excédentaire depuis trois ans, ce qui a entraîné une chute significative des prix. Sur la Bourse des métaux de Londres, le prix au comptant du cobalt est passé d’environ 50 000 dollars la tonne en janvier 2023 à environ 24 000 dollars en janvier 2025.
Évolution des prix du cobalt depuis 2023

Cet excédent est en partie dû à l’augmentation des exportations congolaises de cobalt, principalement liée à l’accroissement des capacités de production de CMOC au cours des deux dernières années. La production de cobalt de CMOC a en effet été multipliée par plus de cinq depuis 2022, atteignant 114 165 tonnes en 2024. Selon le Cobalt Institute, la RDC devrait contribuer à 48 % de la croissance de l’offre mondiale de cobalt d’ici 2030, contre 37 % pour l’Indonésie.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
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Eiffage, the French construction group, has landed a €100 million deal to renovate and expand the Matadi container terminal in the Democratic Republic of Congo (DRC). The firm announced the news on January 20.
The contract was awarded to Eiffage's subsidiary, Eiffage Génie Civil Marine, by Matadi Corridor Terminaux à Conteneurs (MCTC), which obtained a concession in November 2024 to modernize, equip, and operate part of the terminal.
Under the project, Eiffage will build a new pile dock–350 m long and 30 m wide–in front of docks 5, 6, and 7. Additionally, three access walkways, each 20 meters wide, will cross the existing docks. The project also includes building an operations unit, a workshop, and rehabilitating a 7-hectare logistics platform. Works are to be completed within 27 months.
This initiative is part of phase two of the expansion program for Matadi's container terminal, which was launched in 2019. The investment plan aims to double the terminal's overall capacity from 200,000 to 400,000 TEUs (twenty-foot equivalent units).
However, some experts caution that the impact of this expansion may be limited without accompanying dredging and buoying projects on the Congo River between Matadi and the Atlantic Ocean. Such projects are essential for allowing larger ships to access the port. Located on the left bank of the Congo River, the Matadi port cannot accommodate large ships, due to insufficient draught. Consequently, the DRC has to rely on neighboring ports as staging areas for its imports and exports.
This article was initially published in French by Henoc Dossa, Ecofin Agency
Edited in English by Ola Schad Akinocho
The European Union (EU) and the Team Europe initiative have committed €1 billion to help establish the Kivu-Kinshasa Green Corridor in the Democratic Republic of Congo (DRC). Jozef Sikali, European Commissioner for Partnerships, announced the commitment at the World Economic Forum in Davos, Switzerland. Sikali spoke after a presentation by Congolese President Félix Tshisekedi.
"The European Union and its member states united under the Team Europe initiative, are committed to pooling their resources, projects, and investments to the tune of one billion euros along this corridor. I am pleased to announce that we have decided to mobilize an additional 42 million euros in grants, with the ambition of doubling this amount very quickly," Sikali stated.
Established by a decree signed on January 15, 2025, the Kivu-Kinshasa Green Corridor spans 544,270 square kilometers from east to west across the DRC. The protected area thus covers about 25% of the country's territory. The project aims to promote a green economy while preserving more than 100,000 square kilometers of primary forests, reinforcing the DRC's role in combating global warming.
500,000 jobs expected
According to President Tshisekedi, the initiative draws on lessons from the Virunga National Park project, combining forest conservation with environmental protection, sustainable job creation, food security, and conflict prevention.
"This corridor is not only a large-scale project but also a genuine opportunity for integrated transformation. It will generate more than 500,000 jobs, a significant portion of which will be dedicated to reintegrating demobilized youth from armed groups," Tshisekedi emphasized. A statement from the Congolese presidency indicates that the project should gulp a billion dollars in investment over the next three to four years.
The DRC is rich in strategic mining resources essential for the global economic and energy transition, which the World Bank values at around $24 trillion. Mining is the DRC’s main source of export and public financing revenues. In recent years, Congolese authorities have intensified efforts to maximize profits from their mineral resources. Among others, they renegotiated some contracts, increased the State’s stakes in assets, and ramped up control on exports and spending by international partners.
However, progress in improving living standards for the population has been slow. The gross national income per capita stands at just $1,560 in purchasing power parity, with many still living near or below the poverty line. This situation forces reliance on unsustainable cooking solutions like charcoal, which constitutes 67% of energy expenditure in the country and fuels a market valued at $4 billion annually, in an energy sector globally estimated at over $6 billion.
A significant supporter
The Kivu-Kinshasa Green Corridor aims to address these challenges by generating additional income for communities through mobility solutions that utilize renewable energies such as hydrogen and biofuels. The project also presents opportunities for private-sector investment aligned with these goals. The decree establishing the protected area includes tax incentives for conservation and development projects.
John Kerry, former U.S. Secretary of State and current Special Envoy for Climate Change, supports the initiative. "As a representative of the private sector, I pledge to continue working with my colleagues to make these projects a success. There's nothing worse than announcing a promising initiative without making it a reality. That won't be the case here. This project will happen," Kerry stated. The former American official is now Vice President of Galvanize Climate Solutions, an organization that mobilizes capital on a global scale to finance sustainable investments.
This article was initially published in French by Georges Auréole Bamba
Edited in English by Ola Schad Akinocho
L’Union européenne (UE) et l’initiative Team Europe se sont engagées à mobiliser un financement d’un milliard d’euros pour soutenir la création de l’aire protégée à vocation communautaire dénommée Couloir vert Kivu-Kinshasa. L’annonce a été faite par Jozef Sikali, commissaire européen chargé des partenariats, à l’issue de la présentation du projet par le président Félix Tshisekedi lors d’un panel au Forum économique mondial de Davos, en Suisse.
« L’Union européenne et ses États membres, réunis sous l’initiative Team Europe, s’engagent à rassembler leurs ressources, projets et investissements à hauteur d’un milliard d’euros le long de ce corridor. Je suis heureux d’annoncer que, dès à présent, nous avons décidé de mobiliser 42 millions d’euros supplémentaires sous forme de subventions, avec l’ambition de doubler ce montant très rapidement », a déclaré M. Sikali.
Créé par décret signé le 15 janvier 2025 par la Première ministre, le Couloir vert Kivu-Kinshasa s’étend de l’est à l’ouest de la République démocratique du Congo (RDC) sur une superficie de 544 270 km², soit un peu plus du quart du territoire national. Ce projet vise à promouvoir une économie verte tout en préservant plus de 100 000 km² de forêts primaires, renforçant ainsi le rôle de la RDC comme acteur clé dans la lutte contre le réchauffement climatique.
500 000 emplois attendus
Selon le président Félix Tshisekedi, l’initiative du Couloir vert Kivu-Kinshasa s’inspire des enseignements tirés du projet de création de l’aire protégée du parc national des Virunga. Ce projet combine la conservation des forêts, grâce à leur capacité d’absorption de carbone, avec la protection de l’environnement, la création d’emplois durables, la lutte contre l’insécurité alimentaire et la prévention des conflits.
« La création de ce couloir ne représente pas seulement un projet d’envergure, mais une véritable opportunité de transformation intégrée. Elle permettra de générer plus de 500 000 emplois, dont une part significative sera dédiée à la réintégration des jeunes démobilisés issus des groupes armés », a souligné le chef de l’État. Un investissement d’un milliard de dollars américains (pratiquement un milliard d’euros) sera nécessaire pour concrétiser ce projet au cours des trois à quatre prochaines années, précise un communiqué de la présidence de la République.
La RDC dispose de ressources minières stratégiques, essentielles à la transition économique et énergétique mondiale, dont la valeur totale est estimée à près de 24 000 milliards de dollars, selon la Banque mondiale. Le secteur minier reste la principale source des recettes d’exportation et de financement public. Ces dernières années, les autorités congolaises ont intensifié leurs efforts pour maximiser les retombées économiques de ces ressources naturelles, soit par la renégociation de contrats, soit par une augmentation de la participation de l’État, soit encore par un contrôle accru des exportations et des dépenses des partenaires multinationaux.
Cependant, les bénéfices pour la population progressent lentement. Le revenu national brut par habitant reste faible, à seulement 1 560 dollars en parité de pouvoir d’achat. Une grande partie de la population vit toujours sous le seuil de pauvreté ou à ses limites, ce qui l’oblige à recourir à des solutions de cuisson peu durables, comme le charbon de bois. Celui-ci représente 67 % des dépenses énergétiques du pays et alimente un marché évalué à 4 milliards de dollars par an, dans un secteur de l’énergie globalement estimé à plus de 6 milliards de dollars.
Soutien de John Kerry
Le Couloir vert Kivu-Kinshasa se positionne comme une réponse à ces défis. Il ambitionne de générer davantage de revenus pour les populations en promouvant des solutions de mobilité utilisant des énergies renouvelables, telles que l’hydrogène et les biocarburants. Ce projet représente également une opportunité pour le secteur privé, qui pourrait investir dans des initiatives alignées sur ces objectifs. Le décret créant cette aire protégée prévoit, d’ailleurs, des mesures d’incitation fiscale pour les projets et activités de conservation ou de développement réalisés dans le cadre de cette initiative.
Le projet a également bénéficié du soutien moral de John Kerry, ancien secrétaire d’État américain et envoyé spécial des États-Unis pour le climat. « En tant que représentant du secteur privé, je m’engage à continuer de travailler avec mes collègues pour la réussite de ces projets. Il n’y a rien de pire que d’annoncer une initiative prometteuse sans la concrétiser. Cela ne sera pas le cas ici. Ce projet se réalisera », a affirmé, M. Kerry, aujourd’hui vice-président de Galvanize Climate Solutions, une organisation mobilisant des capitaux à l’échelle mondiale pour financer des investissements durables.
Georges Auréole Bamba
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Le groupe français Eiffage a annoncé, le 20 janvier 2025, avoir décroché un contrat de 100 millions d’euros pour la rénovation et l’extension du terminal à conteneurs du port de Matadi, en République démocratique du Congo (RDC). Ce contrat a été attribué à sa filiale Eiffage Génie Civil Marine par la société Matadi Corridor Terminaux à Conteneurs (MCTC), qui avait obtenu, en novembre 2024, une concession pour moderniser, équiper et exploiter une partie du terminal.
Les travaux incluront la construction d’un nouveau quai sur pieux de 350 mètres de long et 30 mètres de large, positionné devant les quais 5, 6 et 7 existants, ainsi que trois passerelles d’accès de 20 mètres de large traversant les quais actuels. Le projet prévoit également la construction d’un bâtiment d’opérations, d’un bâtiment atelier, ainsi que la réhabilitation de 7 hectares de plateforme logistique. Le chantier devrait s’étendre sur une période de 27 mois.
Ces travaux s’inscrivent dans le cadre de la phase 2 du programme d’extension du terminal à conteneurs du port de Matadi, lancé en 2019. Ce plan d’investissement vise à doubler la capacité globale du terminal, en la portant de 200 000 à 400 000 EVP (équivalent vingt pieds).
Cependant, certains experts relativisent l’impact de ce programme en l’absence d’un projet de dragage et de balisage du fleuve Congo, entre Matadi et l’océan Atlantique, qui permettrait aux gros navires d’accéder au port. En effet, le port de Matadi, situé sur la rive gauche du fleuve Congo, ne dispose pas d’un tirant d’eau suffisant pour accueillir de grands navires, contrairement aux ports maritimes. Cette limitation oblige la RDC à utiliser des ports voisins comme relais pour ses importations et exportations.
Henoc Dossa, Agence Ecofin
Pour justifier l’instruction donnée au ministre de l’Emploi et du Travail de rapporter son arrêté du 31 décembre 2024 portant ajustement du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) en République démocratique du Congo (RDC), la Première ministre, Judith Suminwa Tuluka, invoque dans son courrier daté du 10 janvier 2025 un « vice de forme » et l’« incompétence matérielle de l’auteur ». Outre ces irrégularités juridiques, un regroupement d’organisations patronales, comprenant la Fédération des entreprises du Congo (FEC), l’Association nationale des entreprises du portefeuille de la RDC (ANEP), la Confédération des PME du Congo (COPEMECO) et la Fédération nationale des PME du Congo (FANAPEC), met en avant « des risques d’injustice sociale et de déséquilibre économique et social ».
« Cet arrêté omet d’intégrer une tension salariale conforme aux dispositions légales, rendant son application techniquement impossible, d’une part, et engendre une injustice sociale manifeste, en excluant de nombreuses catégories de travailleurs, principalement dans les secteurs agroindustriel et pastoral, des salaires minimums garantis, les privant ainsi des avantages du SMIG et de la sécurité sociale, d’autre part », écrit le regroupement patronal dans une lettre adressée le 15 janvier au ministre de l’Emploi et du Travail, Éphraïm Akwakwa Nametu.
Tension salariale
Dans l’arrêté contesté, la question de la tension salariale (écart entre le salaire le plus élevé et le salaire le plus bas) n’est pas abordée. Le texte se limite à revaloriser le taux journalier du SMIG du manœuvre ordinaire à 14 500 francs congolais (5,07 $). Il précise également que ce nouveau taux, applicable dès février 2025, est majoré « de 3 % au moins par année entière de service ininterrompu passé par le travailleur dans une même entreprise ».
Le décret du Premier ministre du 22 mai 2018, qui fixe le taux journalier du SMIG actuellement en vigueur, établit une tension salariale allant de 1 à 10 entre le manœuvre ordinaire et le cadre de collaboration. Ainsi, le SMIG journalier du manœuvre ordinaire est fixé à 7075 francs congolais (FC), tandis que celui d’un cadre de collaboration de 4e échelon et de la 17e classe s’élève à 70 750 FC. Pour le patronat, l’absence d’une précision similaire dans l’arrêté du 31 décembre 2024 rend impossible la déduction des SMIG journaliers pour les autres catégories de travailleurs.
En RDC, il existe sept grandes catégories de travailleurs : manœuvre, travailleur spécialisé, travailleur semi-qualifié, travailleur qualifié, travailleur hautement qualifié, agent de maîtrise, et cadre de collaboration. La tension salariale permet ainsi de déterminer les SMIG journaliers des autres catégories à partir de celui du manœuvre ordinaire, en tenant compte des échelons et des classes.
Allégement fiscal
Selon nos informations, le patronat souhaite d’ailleurs une révision de la tension salariale. Il est question de privilégier « le personnel relevant de la classification générale des emplois ». Dans leur lettre adressée au ministre de l’Emploi et du Travail, la FEC, l’ANEP, la COPEMECO et la FANAPEC posent aussi comme condition préalable à la revalorisation du SMIG, l’adoption de mesures d’allégement fiscal en faveur des secteurs agroalimentaire et pastoral, présentés comme étant en difficulté. « En l’absence de ces mesures, attendues depuis la revalorisation du SMIG en 2018, ces secteurs appliquent toujours le SMIG de 2008, avec des conséquences négatives sur les prestations de sécurité sociale », explique un acteur du secteur.
Ces questions seront sans doute au cœur des discussions avant l’adoption d’un nouveau texte sur l’ajustement du SMIG. La Première ministre a en effet demandé au ministre de l’Emploi et du Travail de reprendre le processus à zéro, « en impliquant cette fois-ci toutes les parties prenantes, notamment le Conseil national du travail ». La non-consultation préalable de cet organe, qui regroupe plusieurs représentants des organisations patronales, a été identifiée comme l’un des vices de forme ayant conduit Judith Suminwa Tuluka à instruire l’annulation de l’arrêté du 31 décembre 2024.
Combien de temps prendra ce nouveau processus ? Difficile à prévoir. La Première ministre a néanmoins exhorté Éphraïm Akwakwa Nametu à agir rapidement. « Compte tenu de l’actualité de la problématique (…) de protéger le pouvoir d’achat des populations, je vous demande de me présenter, dans les plus brefs délais, les éléments pertinents et nécessaires à la prise du décret sur le SMIG », a-t-elle justifié.
Pierre Mukoko
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The United States Agency for International Development (USAID) has backed a project to professionalize the artisanal copper-cobalt supply chain in the Democratic Republic of Congo (DRC). The U.S. government announced a $2 million funding for the project in a January 14 release. The project is led by Entreprise Générale de Cobalt (EGC), a company helmed by Éric Kalala (pictured). The EGC is a fully-owned subsidiary of the public firm Gécamine.
"USAID’s funding a total of $2 million will enhance the capacity of EGC, the state entity mandated to lead this transformation, by strengthening its field operations and implementing standards to ensure that Congolese artisanal copper-cobalt is mined responsibly and adheres to international standards, including the Voluntary Principles on Security and Human Rights," the USAID release reads.
EGC CEO Éric Kalala has already met various donors to secure funding for the project’s pilot phase which covers five sites. For example, Kalala visited the European Commission’s headquarters last November, alongside Gécamines’ chairman, Guy-Robert Lukama. Kalala also facilitated the partnership with Cobalt for Development (C4D), a project led by the German cooperation agency GIZ.
The USAID’s support should help advance this pilot exploration program. Once feasibility studies are completed, cooperatives will be selected to operate on these sites under specifications that ensure responsible exploitation aligned with international market standards. EGC plans to purchase all production from these cooperatives and sell it internationally, ensuring traceability. If successful, this model could be extended to all artisanal mining sites in the country.
The U.S. Department of Labor recently added the DRC’s cobalt to its list of goods produced by child labor. The Congolese government and industry stakeholders consider this decision to be harsh, given that child labor issues primarily affect artisanal mining. Meanwhile, only about 20% of the country’s output is artisanal and the U.S. knows this since they claim to have been supporting the Congolese mining sector for over two decades.
This article was initially published in French by Pierre Mukoko
Edited in English by Ola Schad Akinocho