La société ETIC International Africa Holdings Ltd a signé, le 5 août 2025, un protocole d’accord avec le ministère de l’Industrie de la République démocratique du Congo (RDC) en vue de développer un agropole dans la province de la Tshopo. L’accord a été paraphé à Kinshasa par le ministre Louis Watum Kabamba et le directeur technique d’ETIC International Africa Holdings, Claude Malebabo.
Selon ce dernier, l’agropole devrait s’étendre sur une superficie d’environ 100 000 hectares et comprendre plusieurs composantes : zone d’aménagement agricole planifié, centres d’agrégation, logements sociaux, espaces de stockage, infrastructures de transport, ainsi que des installations liées à la commercialisation des produits agricoles.
Une mission d’identification a été effectuée dans la Tshopo pour lancer la première phase du projet. Mais après cet accord-cadre, d’autres autorisations restent nécessaires, notamment au niveau provincial, précisent les promoteurs, ajoutant qu’une feuille de route est en cours de finalisation.
Selon Claude Malebabo, ETIC International Africa Holdings est un conglomérat basé à Accra, au Ghana, regroupant plusieurs entreprises spécialisées. La holding affirme vouloir promouvoir une mécanisation durable de l’agro-industrie, à travers des investissements privés socialement responsables. Elle défend l’idée qu’une agriculture connectée aux marchés est une voie efficace pour améliorer les revenus des petits exploitants et lutter contre la pauvreté rurale en Afrique.
ETIC dit vouloir accompagner le développement agricole en RDC et se présente également comme porteuse d’un projet de technopole minier, toujours dans la province de la Tshopo.
Cependant, peu d’informations sont disponibles sur ETIC International Africa Holdings. La société ne dispose pas de site internet. Dans la base sud-africaine B2BHint, une entreprise portant le même nom est répertoriée : créée le 2 février 2022, elle est enregistrée en Afrique du Sud, avec siège à Pretoria.
Boaz Kabeya
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Porté par le groupe Texaf, Silikin Village est devenu, en cinq ans, un acteur clé de l’écosystème entrepreneurial à Kinshasa, avec ses 9 500 m² d’espaces de travail équipés et connectés. Dans cet entretien, sa directrice exécutive en charge des programmes d’innovation revient sur la vision stratégique du projet, les dispositifs d’accompagnement, les enjeux d’accessibilité et les ambitions régionales de ce hub congolais de l’innovation.
Bankable : Silikin Village se présente comme un hub d’entrepreneuriat et d’innovation. Très concrètement, quels types d’accompagnement proposez-vous aux start-up et aux porteurs de projets ?
Cécilia Bituka : Silikin Village propose un accompagnement complet et structuré, visant à répondre aux besoins des entrepreneurs à différents stades de développement. Initialement, notre focus était sur les projets en phase d’idéation et de structuration. Aujourd’hui, nous avons élargi notre approche pour accompagner des entrepreneurs plus matures, qui souhaitent renforcer leur présence sur le marché et accéder à des solutions de financement adaptées à leurs besoins spécifiques.
Un exemple concret de cet accompagnement est le programme Grandir & Faire Grandir, un programme d’accélération hybride, alliant les modèles de start-up studio et d’accélérateur. Il est spécifiquement destiné aux entrepreneurs dans le domaine de la tech, et se concentre sur cinq secteurs clés : fintech, agritech, cleantech, edtech et healthtech. La première cohorte, composée de cinq entrepreneurs, bénéficiera de ce programme sur une période de neuf mois, avec l’objectif de favoriser la croissance du marché et la préparation à l’investissement.
Depuis ses débuts, Silikin Village a bénéficié du soutien de bailleurs de fonds publics et privés, ce qui a permis de mettre en place des espaces modernes, connectés et propices à l’innovation pour les plus de 300 porteurs de projets et entrepreneurs accompagnés depuis 5 ans.
Par ailleurs, en tant que structure d’accompagnement à l’entrepreneuriat et à l’innovation (SAEI), Silikin Village ne se limite pas à l’accompagnement des start-up. Nous proposons également des services de conseil en innovation destinés aux grandes entreprises qui souhaitent réinventer leur approche de la recherche et du développement (R&D) et participer activement à la création d’un écosystème innovant dans leur domaine.
Ce double engagement permet à Silikin Village de se positionner comme un véritable catalyseur d’innovation, en co-créant des solutions durables et en dynamisant l’écosystème entrepreneurial de Kinshasa.
Bankable : À ce jour, combien avez-vous investi dans cet accompagnement, et quels résultats concrets avez-vous obtenus ?
CB : Silikin Village a été fondé en 2020 grâce à la vision d’un groupe privé, le groupe Texaf, qui a dès le départ opté pour une approche de co-construction. Leur premier investissement majeur a été la réhabilitation de la concession Cotex, couvrant près de 3,2 hectares, dont une partie a été dédiée à l’accueil des acteurs de l’écosystème entrepreneurial.
Depuis ses débuts, Silikin Village a bénéficié du soutien de bailleurs de fonds publics et privés, ce qui a permis de mettre en place des espaces modernes, connectés et propices à l’innovation pour les plus de 300 porteurs de projets et entrepreneurs accompagnés depuis 5 ans.
Bankable : À l’issue du premier trimestre 2025, les revenus locatifs de Texaf se sont établis à 7,7 millions d’euros, en hausse de 29 % sur un an, notamment grâce à l’ouverture de la phase III de Silikin Village.Au-delà de l’impact économique, Silikin est-il aussi un investissement rentable pour le groupe ?
CB : Texaf Digital, à travers Silikin Village, est rentable (depuis 2025), certes à un niveau encore modeste par rapport à d'autres activités historiques du groupe comme Carrigres ou Utexafrica, qui continuent de générer l’essentiel de nos résultats financiers. Cela dit, il ne faut pas évaluer Silikin uniquement sous l’angle de la rentabilité immédiate.
Silikin Village représente avant tout un investissement stratégique sur le long terme. Il incarne notre vision d’un développement économique durable et inclusif, centré sur l’innovation et l’entrepreneuriat local. La croissance régulière de ses revenus — portée notamment par l’ouverture de la phase III — confirme qu’il existe une demande croissante pour ce type d’infrastructure haut de gamme à Kinshasa. Nous sommes donc confiants dans sa montée en puissance, tant en termes d’impact que de viabilité financière.
Bankable : Certains porteurs de projets jugent vos espaces de coworking peu accessibles. Comment conciliez-vous la promotion de l’innovation avec les exigences de rentabilité ?
CB : Il s’agit là d’une préoccupation tout à fait légitime, surtout dans un contexte où de nombreux entrepreneurs lancent leur activité avec des ressources limitées. C’est précisément pour répondre à cette réalité que nous avons conçu, chez Silikin Village, une offre flexible et évolutive, capable de s’adapter à la diversité des besoins au sein de notre écosystème.
Nous proposons trois formats d’espaces de travail, pensés pour accompagner chaque étape du parcours entrepreneurial : un espace de coworking ouvert, accessible à 150 dollars TTC par mois, entièrement équipé (mobilier haut de gamme, climatisation, internet haut débit, services de nettoyage, imprimante, sécurité), idéal pour les indépendants ou les petites équipes à la recherche d’un cadre dynamique et collaboratif ; des espaces cloisonnés, offrant un environnement plus calme pour les professionnels souhaitant plus de concentration, tout en restant connectés à la communauté ; ainsi que des bureaux privés, conçus pour les start-up en phase de croissance ou les structures nécessitant confidentialité et stabilité.
Bien entendu, la rentabilité reste une condition incontournable à la pérennité de notre initiative. Mais elle n’est en aucun cas contradictoire avec notre mission : créer un espace inclusif, durable, au service de l’innovation, et qui accompagne concrètement les entrepreneurs congolais et internationaux dans leur développement.
Afin de lever les freins à l’accès, nous avons également mis en place une offre découverte à 10 dollars par jour. Elle permet aux freelances, curieux ou porteurs de projet de tester l’expérience Silikin Village sans engagement, dans une logique d’ouverture et de démocratisation.
Au-delà de l’espace physique, c’est surtout l’accès à une véritable communauté d’entrepreneurs, de mentors, d’experts et d’innovateurs qui fait la force de notre écosystème. Ce capital relationnel, souvent décisif dans les premiers pas d’un projet, constitue l’un des piliers de notre accompagnement.
Bien entendu, la rentabilité reste une condition incontournable à la pérennité de notre initiative. Mais elle n’est en aucun cas contradictoire avec notre mission : créer un espace inclusif, durable, au service de l’innovation, et qui accompagne concrètement les entrepreneurs congolais et internationaux dans leur développement.
Bankable : Il était question de porter la superficie de Silikin Village à près de 9 000 m² d’espaces de travail d’ici fin 2024. Où en êtes-vous dans la réalisation de cet objectif ?
CB : Cet objectif a non seulement été atteint, mais même dépassé ! En 2020, nous avons démarré avec un campus de 700 m², et aujourd’hui, Silikin Village propose 9 500 m² d’espaces de travail connectés et bien équipés.
Ce développement a permis d’accueillir plus de 193 PME et start-up et 840 membres actifs dans notre écosystème, qui bénéficient quotidiennement de nos infrastructures modernes. Cette expansion a été rendue possible grâce à une planification stratégique solide et à la collaboration avec nos partenaires locaux et internationaux.
Bankable : Silikin Village a accompagné les discussions autour du Startup Act et de la création de zones économiques dédiées à l’innovation. Lors du Conseil des ministres du 23 mai 2025, le gouvernement a adopté quatre projets de décrets précisant les modalités d’application de cette ordonnance-loi relative à la promotion de l’entrepreneuriat et des start-up. Que changent concrètement ces nouveaux textes pour votre dynamique actuelle, et quel rôle pensez-vous pouvoir jouer dans leur mise en œuvre ?
CB : Les décrets du Startup Act apportent un cadre juridique structuré et favorable à l’innovation et à l’entrepreneuriat. Ils ouvrent de nouvelles perspectives pour les start-up et renforcent les initiatives privées comme la nôtre.
Silikin Village, en tant qu’acteur clé de cet écosystème, joue un rôle central dans la mise en œuvre de ces textes. Nous jouons un rôle de facilitateur, de formateur et de porte-parole, appuyé par notre implication au sein du Collectif du secteur privé pour l’application du Startup Act (COSEP).
Nous souhaitons positionner Silikin Village non seulement comme un pôle d’excellence en matière d’innovation entrepreneuriale en RDC, mais également comme un acteur clé dans la sous-région de l’Afrique centrale.
Nous sommes particulièrement bien positionnés pour accompagner les start-up en maximisant les opportunités offertes par ce cadre législatif. Cela passe par des actions concrètes de sensibilisation, de formation et de soutien direct aux entrepreneurs, pour garantir leur succès et favoriser l’essor de l’entrepreneuriat en RDC.
Bankable : Quelles sont vos ambitions futures en matière de promotion de l’entrepreneuriat et de l’innovation ? Et quels projets concrets soutiennent ces ambitions ?
CB : Nous souhaitons positionner Silikin Village non seulement comme un pôle d’excellence en matière d’innovation entrepreneuriale en RDC, mais également comme un acteur clé dans la sous-région de l’Afrique centrale. Notre ambition est de créer un écosystème dynamique où start-up, grandes entreprises et acteurs publics collaborent de manière étroite pour stimuler l’innovation et encourager un développement durable.
Nos projets futurs incluent : l’expansion de nos offres d’accompagnement pour les entrepreneurs locaux, à travers des programmes tels que Grandir & Faire Grandir, afin de soutenir encore davantage de start-up dans leur parcours de croissance et leur accès à l’investissement ; le lancement du programme Scaling Up in DRC, un projet stratégique visant à favoriser la maturité de l’écosystème entrepreneurial en attirant et en accompagnant l’installation de scale-ups, à la fois africaines et internationales, en RDC ; le renforcement de notre collaboration avec les institutions publiques et privées pour créer un cadre propice à l’innovation, en particulier à travers l’établissement de zones économiques dédiées à l’innovation, et en facilitant les synergies entre les différents acteurs du secteur ; ainsi que la production de données clés sur notre écosystème, afin de mieux comprendre ses réalités et ses défis. Ces données seront utilisées pour démystifier la complexité de notre écosystème et encourager davantage l’investissement ainsi que les opportunités de développement.
Ces initiatives soutiennent notre ambition de bâtir un écosystème entrepreneurial solide et durable, capable de répondre aux défis de l’innovation à long terme et de jouer un rôle majeur dans l’émergence de la RDC et de l’Afrique centrale comme des hubs d’innovation en Afrique.
Interview réalisée par Aboudi Ottou
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Dans un communiqué publié le 4 août 2025, le Centre d’expertise, d’évaluation et de certification des substances minérales (CEEC) a annoncé la signature, le 30 juillet, d’un accord avec BGN INT US LLC, filiale américaine de BGN INT DMCC, pour la création de la société HOLDCO IMCC.
Basée au Texas, aux États-Unis, avec une filiale en République démocratique du Congo (RDC), cette entité « aura pour mission de structurer un canal de vente directe des produits miniers marchands vers les marchés internationaux, en conformité avec les normes de traçabilité, d’échange et de durabilité », indique le communiqué.
Selon le CEEC, cette plateforme de commercialisation directe sera dédiée en priorité aux produits miniers issus des entreprises du portefeuille de l’État, telles que Gécamines, Sodimico ou Cominière. Ces dernières pourront vendre leurs minerais via une interface sécurisée, sans passer par des intermédiaires qui captent aujourd’hui une part importante de la valeur.
Le CEEC espère que cette initiative permettra de maximiser les recettes publiques, à travers les dividendes et redevances ; d’accroître la valeur ajoutée locale, en renforçant le contrôle national sur la chaîne de commercialisation, notamment pour les minerais stratégiques comme ceux du secteur cupro-cobaltifère ; d’améliorer les prix de vente, en facilitant un accès direct au marché américain ; de renforcer la traçabilité, y compris pour l’exploitation artisanale, en l’intégrant dans un cadre formel, équitable et bénéfique aux communautés locales.
Pour concrétiser cette ambition, le CEEC s’est associé à BGN INT DMCC, société émiratie fondée en 2017, spécialisée dans le commerce de pétrole, gaz, minerais, fertilisants et crédits carbone. HOLDCO IMCC devrait ainsi combiner expertise technique et ancrage international, tout en répondant aux exigences de gouvernance minière en RDC.
Ce projet intervient dans un contexte de renforcement du rôle du CEEC, qui a récemment mis en service un laboratoire d’analyse dédié aux métaux précieux et rares, consolidant sa place dans l’architecture de régulation du secteur minier congolais.
Ronsard Luabeya
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A l’occasion de l’ouverture de la 47ᵉ édition de la Foire internationale du Congo-Kinshasa (Fickin), tenue le 2 août 2025, le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku Kahongya (photo), a annoncé plusieurs mesures destinées à relancer le secteur des foires commerciales. L’objectif est de faire de ces événements des vitrines du savoir-faire congolais et des leviers de changement d’image pour un pays souvent associé aux conflits et à l’instabilité.
Parmi les actions annoncées figure l’élaboration d’une loi sur l’organisation des foires, visant à encadrer juridiquement l’ensemble des activités foraines en RDC. D’après les médias, les travaux techniques relatifs à ce projet de loi sont désormais finalisés.
Cette mesure répond à une recommandation formulée lors de la clôture de la 46ᵉ édition de la Fickin en janvier 2025, qui appelait à l’instauration d’un cadre légal pour lever les blocages structurels entravant le développement du secteur.
Une autre recommandation issue de la précédente édition suggérait l’extension des activités de la Fickin aux autres provinces afin de mieux valoriser leurs potentialités économiques. Dans cette perspective, Julien Paluku a écrit aux gouvernements provinciaux pour leur demander de mettre des terrains à disposition de la direction générale de la Fickin, afin de faciliter l’organisation de « mini-Fickin » en régions.
Plusieurs provinces ont déjà répondu favorablement : Kongo Central (50 hectares), Maniema (100 hectares), Lualaba (50 hectares), Tshopo (superficie non précisée). Ces terrains accueilleront à terme des infrastructures dédiées aux foires, expositions et événements économiques, à portée locale et régionale.
Lors de la cérémonie d’ouverture, les responsables de Sino-Hunan International Engineering and Development Co. étaient également présents. Cette entreprise chinoise est en discussions avancées avec les autorités congolaises pour la réalisation d’un projet de modernisation du site de la Fickin à Kinshasa. Le projet comprend : la construction d’un nouvel espace d’exposition, l’aménagement d’un parc d’attractions, la création d’un espace commercial, et l’édification d’un hôtel cinq étoiles.
Le partenariat entre la Fickin et l’entreprise chinoise devrait être officiellement signé d’ici le 12 août 2025, une fois les études techniques finalisées. Le chantier est prévu pour une durée de 36 mois. Il fait suite à l’intérêt manifesté par Sino-Hunan lors de la 4ᵉ Exposition économique et commerciale sino-africaine, organisée en juin à Changsha, en Chine.
Au-delà de la Fickin, d’autres types de foires sont régulièrement organisées en RDC : foires agricoles, médiatiques ou régionales. Le développement d’infrastructures foraines en province pourrait ainsi renforcer un écosystème plus large, dédié à la promotion des produits locaux, à la stimulation du commerce intérieur et à l’attractivité du pays sur les marchés internationaux.
Timothée Manoke, stagiaire
Le groupe Equity, présent en République démocratique du Congo via sa filiale bancaire Equity BCDC, ambitionne d’entrer sur le marché local des assurances. L’information a été communiquée par l’Autorité de régulation et de contrôle des assurances (ARCA). Le 30 juillet 2025, le directeur général de l’ARCA, Alain Kaninda, a reçu à Kinshasa une délégation du groupe conduite par son PDG, James Mwangi.
Selon les propos rapportés par l’ARCA, James Mwangi considère que le marché congolais est l’un des plus porteurs et attrayants d’Afrique subsaharienne, juste après celui de l’Afrique du Sud. Depuis sa libéralisation effective en 2019, le marché est passé de 70 millions à plus de 350 millions de dollars en 2024.
Pour l’ARCA, ce marché pourrait atteindre 1 milliard de dollars d’ici dix ans, tandis qu’Equity projette son potentiel à environ 2,1 milliards de dollars à moyen terme. « Nous ouvrons près de 10 000 comptes par jour, dont 4 000 en RDC. L’assurance doit suivre ce rythme », a déclaré James Mwangi, affichant les ambitions du groupe dans le pays.
Pour l’heure, les modalités de l’entrée d’Equity sur le marché congolais de l’assurance ne sont pas encore précisées. Mais le groupe devra composer avec une configuration déjà structurée autour de 48 opérateurs agréés, dont 10 compagnies d’assurance, parmi lesquelles Rawsur, liée à Rawbank (première banque du pays) ; 36 courtiers et 2 réassureurs panafricains. Le marché est aussi en phase de diversification, avec une montée en puissance des segments santé, incendie et crédit, longtemps dominés par l’assurance automobile.
Equity nourrit l’ambition de faire de son pôle assurance une activité aussi stratégique — voire plus — que son activité bancaire d’ici 2030. Toutefois, cette dynamique a marqué le pas en 2024 : les revenus d’assurance du groupe ont reculé de 13 %, tombant à 1,6 milliard de shillings kényans.
Boaz Kabeya
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• The DRC and Rwanda initialed a new regional economic integration framework on August 1, as part of the June 27 peace agreement.
• The framework aims to formalize mineral supply chains, curb illicit trade, and improve local benefits from resource exploitation.
• U.S. investors are closely watching the process, with strategic minerals and transparency topping the agenda.
By initialing the "text of principles" for a regional economic integration framework in Washington on August 1, 2025, the Democratic Republic of Congo (DRC) and Rwanda have taken a tentative but meaningful step toward regulating their shared mineral trade. The document, still confidential, is a follow-up to the peace agreement signed between the two countries on June 27 and is expected to pave the way for greater transparency and regional cooperation.
The framework is described as building upon existing African integration efforts, including the African Continental Free Trade Area (ZLECAf), the International Conference on the Great Lakes Region (CIRGL), the Economic Community of the Great Lakes Countries (CEPGL), and the East African Community (EAC).
According to the peace agreement, the two countries are expected to leverage the framework to "develop foreign trade and investment from the region’s supply chains of critical minerals and introduce greater transparency." The underlying goal is to dismantle illicit circuits that have long fueled regional instability and to promote inclusive prosperity through formalized and regulated resource flows.
This move could mark a turning point in the informal mining trade between the DRC and Rwanda, which has been the subject of multiple UN reports alleging illegal trafficking of minerals — including gold, coltan, and tantalum — mined in eastern DRC and re-exported via Rwanda under new labeling.
American interests in the firing line
For Kinshasa, the formalization process represents an opportunity to recapture lost revenues and align its resource exports with international standards. This is particularly relevant for minerals extracted in conflict-affected regions, which often face scrutiny under global sourcing regulations.
The United States, for its part, has expressed support for the initiative and is engaged in parallel talks with the DRC for a dedicated agreement on strategic minerals. U.S. companies such as Kobold Metals and Starlink are already present in the country, and the Biden administration sees regulated supply chains as critical to both commercial and geopolitical interests.
According to sources close to the talks, a more detailed final agreement is expected by September 27. The rollout of the new regional framework is to begin within three months of the peace agreement’s entry into force, although implementation is likely to be phased.
Whether the text of principles leads to concrete, enforceable changes will depend on political will, investor confidence, and the ability of both countries to implement cross-border oversight mechanisms without reigniting old tensions.
This article was initially reported in French by Pierre Mukoko
Edited in English by Ola Schad Akinocho
Le Cadastre minier (CAMI), organe chargé de la gestion du domaine minier, a présenté le 4 août 2025 son rapport d’assainissement du fichier cadastral au ministre des Mines, Kizito Pakabomba. Au total, 594 titres miniers et de carrières ont été annulés ou retirés, représentant 37 253 carrés miniers, soit 31 648 km² de surface libérée.
Cette initiative ouvre ainsi de nouveaux espaces pour les investisseurs. Le ministre Kizito Pakabomba y voit « un véritable levier dans les négociations internationales en cours ». Un accord sur les minerais stratégiques est d’ailleurs actuellement en discussion entre la RDC et les États-Unis.
Le rapport signale également la régularisation de 210 droits miniers jusque-là en situation prolongée de force majeure, couvrant 18 709 carrés miniers. Ces titres ont été reclassés comme actifs, ce qui rétablit les obligations fiscales, sociales et techniques des entreprises concernées.
En 2024 déjà, les efforts d’assainissement du fichier cadastral avaient permis au CAMI de réaliser 185,05 % de ses prévisions budgétaires au premier trimestre. Cela, grâce notamment à la récupération de 10 000 km² de concessions minières. Plus de 1 000 titres non conformes avaient alors été annulés, représentant environ un tiers des 3 050 titres enregistrés, et ouvrant la voie à de nouveaux investissements.
Ronsard Luabeya
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En paraphant, le 1ᵉʳ août 2025 à Washington, le « texte de principes » du cadre d’intégration économique régionale, la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda ont fait un petit pas vers la normalisation de leurs chaînes d’approvisionnement en minerais. Prévu dans l’accord de paix signé le 27 juin dernier, ce cadre est un accord distinct, qui « s’appuie sur les efforts existants, tels que la ZLECAf, la CIRGL, le CO et la CAE ».
Selon l’accord de paix, Kinshasa et Kigali devraient utiliser ce cadre pour « développer le commerce extérieur et les investissements provenant des chaînes d’approvisionnement de la région en minerais critiques et introduire une plus grande transparence ». L’objectif est de bloquer les circuits économiques illicites et de générer davantage de prospérité pour les deux pays — en particulier pour les populations locales — à partir des ressources naturelles régionales. Le texte évoque également la création de partenariats mutuellement bénéfiques et l’ouverture à de nouvelles opportunités d’investissement.
Il se dégage clairement une volonté de formalisation d’un commerce minier informel déjà existant entre les deux pays. Plusieurs rapports, notamment de l’ONU (voir rapports 1 et 2), documentent des flux illicites de minerais extraits en RDC, acheminés vers le Rwanda pour y être transformés, puis revendus sur les marchés internationaux sous l’étiquette rwandaise.
Des intérêts américains en ligne de mire
La formalisation de ces approvisionnements devrait permettre à Kinshasa de récupérer une partie des revenus miniers qui lui échappent encore. Elle favoriserait aussi la mise en conformité des minerais extraits dans l’est du pays avec les normes internationales, facilitant ainsi leur intégration dans les chaînes de valeur mondiales.
Selon les autorités américaines, cette démarche pourrait attirer des investisseurs internationaux, notamment venus des États-Unis. Un accord spécifique sur les minerais stratégiques est d’ailleurs en discussion entre Kinshasa et Washington. Dans cette dynamique, des entreprises américaines telles que Kobold Metals (secteur minier) et Starlink (Internet par satellite) sont déjà actives en RDC depuis plusieurs mois.
Pour l’instant, les modalités concrètes de cette normalisation restent inconnues, le contenu du « texte de principes » n’ayant pas été rendu public. Il faudra sans doute attendre la signature de l’accord définitif, attendue avant le 27 septembre prochain, pour en savoir davantage.
Le cadre d’intégration économique régionale est en effet prévu pour être lancé progressivement, en plusieurs étapes, dans les trois mois suivant l’entrée en vigueur de l’accord de paix.
Pierre Mukoko
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Lancés officiellement le 31 juillet 2025 par le ministre des Hydrocarbures, Aimé Sakombi Molendo (photo), les travaux de révision de la loi sur le régime général des hydrocarbures, adoptée en 2015, ont démarré ce 4 août à Kinshasa. Objectif : corriger les lacunes de la législation actuelle, responsables notamment de l’échec de l’appel d’offres du 28 juillet 2022 pour l’attribution de 27 blocs pétroliers, comme l’a indiqué le ministre lors de la cérémonie de lancement.
La session de révision repose sur deux commissions spécialisées. La première, dite « Commission amont », se penche sur les aspects liés à la géoscience, au cadre légal et administratif, à la fiscalité, à la transition énergétique, à l’environnement, ainsi qu’au contenu local et à la sous-traitance.
La seconde, la « Commission aval », se concentre quant à elle sur les titres et contrats pétroliers, la régulation des prix, l’approvisionnement, l’électrochimie, ainsi que sur les mêmes thématiques transversales.
Selon Aimé Sakombi Molendo, plusieurs failles du cadre actuel freinent les investissements dans le secteur. Il cite notamment une procédure d’appel d’offres jugée lourde et ambiguë, un régime de transport inadapté, ainsi qu’une fiscalité contraignante et peu incitative.
Le ministre déplore également un système fiscal complexe — comportant quatre zones fiscales, six types de bonus et cinq modalités de partage de production —, l’absence de critères techniques clairs pour la classification des blocs, ainsi que l’inexistence de stocks stratégiques de produits pétroliers.
Le processus en cours devrait déboucher sur une version modernisée et plus compétitive du code pétrolier, capable de raviver l’intérêt des sociétés pétrolières internationales pour le secteur congolais.
Dans un entretien accordé à Jeune Afrique en mai dernier, Aimé Sakombi avait déjà souligné que cette révision s’accompagnerait d’une mise à jour des données géologiques, pour offrir aux investisseurs une meilleure visibilité sur le potentiel pétrolier du pays. Des opérations sismiques sont ainsi envisagées pour constituer une base de données fiable et sécurisée.
Ronsard Luabeya
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• A new decree on the audiovisual licence fee has been sent to the Minister of Finance for review and signature.
• Cable TV operators may be the first to feel the effects of the reform.
A new interministerial decree defining the rates and collection procedures for the Democratic Republic of Congo’s (DRC) audiovisual licence fee has been forwarded to the Minister of Finance. The information appears in the minutes of the 53rd Council of Ministers meeting held on July 25, 2025. Details of the revisions have not been disclosed.
This is the third decree since the licence fee was introduced by the law of June 25, 2011. An initial order was adopted in December 2011, followed by a 2020 amendment. Yet, collection remains limited. In September 2024, Minister of Communication and Media Patrick Muyaya noted that of the nine acts provided for in the law, only three were being "timidly" applied, while the other six remained unenforced.
The licence fee is intended to finance public broadcasting, especially Radio-Télévision Nationale Congolaise (RTNC). It applies to individuals and legal entities possessing or using audiovisual receivers—TVs, radios, car stereos, computers, and phones—for personal or commercial purposes in their homes, offices, or branches.
Under existing regulations, the fee can be collected through various channels: importation of devices, utility and telecom bills, vehicle and aircraft registrations, or spontaneous company declarations.
Cable operators expected to be first affected
The latest reform may prioritize enforcement on cable TV subscriptions. This follows President Félix Tshisekedi’s May 16 call for operators to apply the legal 10% levy on subscriptions. He noted that RTNC already has a partner with a digital interface to facilitate data sharing and tax tracking.
On July 25, Minister Muyaya reported that cable providers—CANAL+, Startimes, Easy TV—had agreed to sign memorandums of understanding (MoUs) with RTNC. These include an initial 2.4% collection rate on subscriptions, though current laws must be amended to support this framework.
Muyaya also denounced inefficiencies in cooperation with public bodies tasked with fee collection, including Regideso, SNEL, ARPTC, and the DGDA. He called for stronger backing from supervisory ministries and the involvement of the Ministry of Justice and tax authorities to ensure compliance and enable legal enforcement when necessary.
This article was initially reported in French by Pierre Mukoko and Boaz Kabeya
Edited in English by Ola Schad Akinocho