Dans la province du Lualaba, la Fédération des entreprises du Congo (FEC) dénonce les décisions prises par la Direction générale des douanes et accises (DGDA). Dans un courrier daté du 5 mai 2025, adressé au directeur général de la DGDA, Bernard Kabese Musangu, le président provincial de la FEC, Germain Pungwe Mabwe, qualifie ces décisions d’« irrégulières » et « potentiellement préjudiciables au climat des affaires et aux investissements » dans la province.
Les décisions contestées concernent l’ouverture de poursuites contre des membres de la FEC opérant dans le traitement et l’exportation du cobalt issu de l’exploitation artisanale. Des procès-verbaux d’infractions ont également été dressés à leur encontre.
La DGDA reproche à ces entreprises de ne pas s’être approvisionnées, entre 2020 et 2024, auprès de l’Entreprise générale du cobalt (EGC) ou via des négociants et coopératives partenaires, comme l’exige le décret du 5 novembre 2019 relatif à la sauvegarde des activités liées aux substances minérales stratégiques d’exploitation artisanale.
Pour la FEC, cette application stricte du décret méconnaît la réalité du terrain. Elle estime qu’il était, à l’époque, impossible de se procurer du cobalt via l’EGC, cette entreprise publique n’étant pas encore opérationnelle.
« En effet, si les services du ministère des Mines n’ont pas encore sanctionné cette infraction liée à l’obligation de s’approvisionner en cobalt auprès de l’EGC, cela indique évidemment que les conditions préalables à l’application effective des dispositions dudit décret ne sont pas réunies », soutient Germain Pungwe Mabwe.
Autre argument invoqué par le patron provincial de la FEC : le Manuel des procédures de traçabilité des produits miniers — de l’extraction à l’exportation. Pour ce dernier, « si l’obligation de s’approvisionner en substance minérale stratégique (cobalt) auprès de l’EGC n’est pas explicitement mentionnée comme document obligatoire dans ce manuel, l’exigence de la DGDA pourrait être perçue comme un ajout non conforme aux procédures établies jusqu’à ce jour ».
Cette situation met en lumière les difficultés d’application des réformes réglementaires dans un contexte où les capacités institutionnelles ne sont pas toujours alignées avec l’ambition des textes. Il conviendrait toutefois d’examiner dans quelle mesure l’opérationnalisation progressive de l’EGC a effectivement empêché l’application du décret du 5 novembre 2019. Le courrier de la FEC ne précise pas si ses membres ont entrepris des démarches pour se conformer à la réglementation avant d’être confrontés à l’inopérationnalité de l’EGC.
Pour rappel, en mars 2021, l’EGC annonçait le lancement de ses activités d’encadrement, d’achat et de commercialisation du cobalt artisanal en RDC. Elle affirmait alors avoir publié les normes d’exploitation minière responsable encadrant ses opérations. En septembre 2023, elle organisait un atelier de validation de ses normes d’achat et d’approvisionnement responsables.
Par ailleurs, le manuel de procédures invoqué par la FEC a été institué par un arrêté ministériel antérieur au décret du 5 novembre 2019, lequel a rendu caduques toutes dispositions contraires.
À ce stade, le volume exact des exportations de cobalt jugées non conformes par la DGDA n’est pas connu. Il est néanmoins établi que la province du Lualaba abrite une part importante de la production artisanale de cobalt du pays.
Georges Auréole Bamba
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Christophe Bitasimwa Bahi a été nommé au poste d’inspecteur général des finances. L’annonce a été faite le 7 mai à la télévision nationale. Il est secondé par Emmanuel Tshibingu Nsenga.
Christophe Bitasimwa Bahi remplace Jules Alingete Key, une figure dont le passage à la tête de l’Inspection générale des finances (IGF) a marqué la République démocratique du Congo (RDC) et au-delà. Après près de cinq ans aux commandes de cette structure chargée de lutter contre la corruption, la fraude et les détournements de fonds publics, cet économiste congolais s’est forgé une réputation d’intransigeant redouté par les gestionnaires des finances publiques.
Dès sa nomination en juillet 2020, il lance une croisade contre la corruption, marquée par un coup d’éclat inattendu : à la suite d’un audit de la Banque centrale du Congo, il désactive plusieurs cartes de crédit directement reliées au compte du Trésor public, utilisées par des autorités politiques. Impôts du secteur minier détournés, écoles fictives créées pour capter des subventions, emplois fictifs… rien n’échappe à la « sentinelle des deniers publics », qui obtient la condamnation de certains gestionnaires à de lourdes peines de prison.
Cette détermination lui vaut également des critiques. Jules Alingete est accusé d’être instrumentalisé à des fins politiques. Ses méthodes sont contestées et certains de ses rapports vivement critiqués. En juillet 2024, une enquête est même ouverte à son encontre, portant sur un contrat avec la Gécamines, soulevant des interrogations sur la transparence de certaines opérations menées sous sa gestion.
À bientôt 62 ans, Jules Alingete Key vient d’être admis à faire valoir ses droits à la retraite, selon une information communiquée par la porte-parole du président de la République, Tina Salama. Avant son départ, l’IGF a présenté son plan d’action pour 2025. Ce plan prévoit la reprise des missions de contrôle. Plusieurs domaines sont concernés : les acquisitions immobilières des établissements et entreprises publics, le paiement des avantages dus aux mandataires publics, le respect des règles de passation des marchés publics, la conformité fiscale des prestataires et fournisseurs en relation avec les entités publiques, ainsi que les paiements liés aux soins médicaux et aux missions de service à l’étranger.
C’est sur cette feuille de route que seront jugés les premiers pas de Christophe Bitasimwa Bahi à la tête de cet organe rattaché à la présidence de la République. Ce dernier possède une expérience de plus de 25 ans dans le secteur des finances publiques. Il a occupé plusieurs postes de responsabilité, notamment à l’Inspection des finances et dans diverses entreprises publiques. Avant sa nomination, il était, depuis 2013, secrétaire général aux Finances.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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La mine de Kibali, située dans la province du Haut-Uélé en République démocratique du Congo (RDC), a produit 141 000 onces (soit 4 384,6 kg) d’or au premier trimestre 2025, selon le rapport trimestriel publié le 7 mai par Barrick Mining, opérateur du site.
Cette production est en recul de 16 % par rapport à la même période en 2024, où elle avait atteint 168 000 onces, et de 20,3 % par rapport au dernier trimestre 2024, qui s’était soldé par 177 000 onces.
Pour l’ensemble de l’année, Barrick table sur une production comprise entre 688 000 et 755 000 onces. Or, les résultats du premier trimestre restent inférieurs à la moyenne trimestrielle nécessaire pour atteindre cet objectif, estimée entre 172 000 et 188 750 onces.
Le groupe minier annonce toutefois « des teneurs plus élevées pour plus tard dans l’année, principalement grâce à l’exploitation souterraine ». Il ne précise toutefois pas si cela suffira à redresser la trajectoire et à atteindre les objectifs annuels.
En 2024, la production de Kibali avait déjà reculé de 10 % en raison d’une baisse des teneurs en or, atteignant 688 000 onces. Malgré ce repli, la contribution de la mine au chiffre d’affaires de Barrick avait augmenté de 30 %, à 316 millions de dollars. En tenant compte de la part de 45 % détenue par Barrick, le chiffre d’affaires global de Kibali est estimé à 702,2 millions de dollars.
Cette hausse s’explique par l’envolée des cours de l’or, qui se poursuit. Le 22 avril, le prix de l’once au comptant a franchi pour la première fois la barre des 3 500 dollars, porté par les tensions commerciales sino-américaines et les différends entre le président Donald Trump et la Réserve fédérale (FED). Selon une note publiée fin avril par JP Morgan, le prix de l’or pourrait dépasser les 4 000 dollars l’once en 2026.
Pierre Mukoko
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Le marché de l’internet mobile a généré un chiffre d’affaires de 970,2 millions de dollars en République démocratique du Congo (RDC) en 2024, selon les données publiées par l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo (ARPTC). Ce segment représente 46,4 % du chiffre d’affaires global du secteur, estimé à 2,09 milliards de dollars.
La contribution de l’internet mobile au chiffre d’affaires des opérateurs de téléphonie mobile est en progression constante : elle était de 29 % en 2022, puis 27,3 % en 2023, avant d’atteindre 46,4 % en 2024. Entre 2023 et 2024, les revenus de l’internet mobile ont bondi de 30,3 %, une croissance bien plus rapide que celle du secteur dans son ensemble (+8,7 %).
Cette dynamique s’explique davantage par l’explosion des volumes consommés que par l’évolution du nombre d’abonnés. En un an, ce dernier a augmenté de 10 % pour atteindre près de 33 millions d’utilisateurs, tandis que le volume de données consommées a atteint un record de 1 083 milliards de gigabits, en hausse de 54 %. En comparaison, les consommations de 2024 sont 2,5 fois supérieures à celles de 2022 (environ 486 milliards de gigabits).
Kinshasa, capitale politique du pays, et le Haut-Katanga, riche province minière, concentrent la majorité des abonnements. Toutefois, les deux Kivu (Nord et Sud) émergent comme des marchés à suivre : à fin 2024, ils totalisaient 5,8 millions d’abonnés, classant cette région en deuxième position, derrière Kinshasa.
Tous les opérateurs ne tirent pas profit du marché avec la même intensité. En nombre d’abonnés actifs (sur 90 jours), Vodacom RDC domine avec 37,78 % de parts de marché, suivi d’Orange (29,97 %), Airtel (29,33 %) et Africell (2,92 %). En revanche, sur le plan des revenus liés à l’internet, Airtel est leader avec 365,5 millions de dollars (37,7 %), devant Orange (31,5 %), Vodacom (27 %) et Africell (3,8 %). Selon des données consultées par Bankable, Airtel maintient cette position depuis 2021.
Le potentiel de croissance du marché congolais reste important. Il constitue un relais de croissance pour les opérateurs télécoms, alors que la GSMA (Association mondiale des opérateurs de téléphonie mobile) prévoit 15 millions de nouveaux abonnés à l’horizon 2030. Une tendance qui justifie les efforts récents des opérateurs pour étendre leur couverture et renforcer la compétitivité de leurs offres.
Georges Auréole Bamba
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A few months ago, the Democratic Republic of Congo (DRC) partnered with former US Navy SEAL officer Erik Prince to secure mining revenues. Concluded before the ongoing conflict with the Rwandan-backed M3 rebels broke out in January, the partnership was reported by Reuters.
According to the international media, which quoted an unnamed source, the move aims to ensure that "extractive and other industries operate transparently, and that their production and revenues are properly distributed under the Congolese Mining Code."
Erik Prince and his team have been contracted to help the DRC earn more mining revenues by combating smuggling and corruption. However, no details have been provided on how the agreement will be implemented. All that is known is that the teams were to start in the south of the country, notably in Katanga, where the DRC is said to be losing up to $40 million in monthly revenues at the border between Kolwezi and Zambia alone, according to a source quoted by Reuters.
This year, the DRC is projecting mining revenues of over $5 billion, up 11% on the 2024 forecast. But according to the authorities, these revenues could be much higher if the country succeeds in reducing smuggling and corruption in this key sector.
Against this backdrop, the government is stepping up initiatives to secure mining resources. Since October 2024, President Félix Tshisekedi has ordered tighter border controls in mining areas.
Born on June 6, 1969, Erik Prince is an American businessman and a former Navy SEAL officer. In 1997, he founded the private military company Blackwater Worldwide (now Academi), which he sold in 2010 after several of its employees were indicted for killing civilians in Iraq. The latter were convicted, then pardoned by Donald Trump during his first term in office.
Erik Prince could benefit from the mining agreement on the table between Washington and Kinshasa–through one of his companies, Frontier Services Group (FSG). In December 2020, the newspaper Africa Intelligence revealed that FSG had signed an agreement with Sicomines. A few months earlier, the same media had reported the existence of a contract with China Nonferrous Metal Mining Corp (CNMC).
This article was initially published in French by Ronsard Luabeya (intern)
Edited in English by Ola Schad Akinocho
Since January, tantalite prices have jumped 25%. According to Reuters, the ore currently trades between $100 and $105 per pound on the European spot market, the highest level seen since April 2023.
In February, data provider Argus had already revised its price estimates upward to $80–$88 per pound, up 8% from the previous range of $75 to $81.
The price rally was mainly spurred by lower supplies from the Democratic Republic of Congo (DRC). According to the United States Geological Survey (USGS), the DRC was the world’s leading tantalum producer in 2023, holding more than 41% of the global market. However, output remains volatile due to ongoing instability in several mining regions. This has only worsened since January 2025 with the advance of M23 rebels into key producer towns.
The conflict-induced instability disrupted supply chains, especially as buyers increasingly demand traceable and conflict-free material. “The conflict affecting eastern DRC makes it difficult to obtain legitimate labeled tantalite. [...] You can place an order for material in a province not affected by the conflict, and the rebels take control of the area within two weeks of signing an agreement,” an anonymous trader told Reuters.
Looking ahead, the situation remains uncertain. Stabilizing key production zones could ease supply pressures, but much will depend on the outcome of peace negotiations between Kinshasa, the M23 rebels, and Rwanda, the rebellion’s main supporter.
This article was initially published in French by Aurel Sèdjro Houenou (Ecofin Agency)
Edited in English by Ola Schad Akinocho
Zambia’s power watchdog greenlit the Kalumbila-Kolwezi Interconnection Project (KKIP) on May 6. The project will see the design, financing, construction, and operation of a 330 kV high-voltage line stretching roughly 190 km to connect Zambia with the Democratic Republic of Congo (DRC).
Backed by Enterprise Power DRC (Enpower), a private electricity trading company, the KKIP has been years in the making. While its approval by the Zambian regulator is laudable, it still needs to be approved by the Congolese power regulator, according to Enpower.
So far, feasibility studies, detailed design, and environmental and social impact assessments have all been completed and validated by authorities in both countries. Concession and implementation agreements are in place, signed by the Ministries of Energy in Zambia and the DRC.
The next hurdle is finalizing the project’s financing. The International Finance Corporation (IFC), the World Bank Group’s private sector arm, was appointed lead arranger in November 2024, with financial close targeted for mid-2025. The total project cost is estimated at $250 million.
The KKIP aims to increase power transmission capacity between Zambia and the DRC, especially to supply the mining regions of Lualaba and north-western Zambia, where energy demand is rising alongside mining expansion. The only existing interconnection line is already saturated. Enpower reports it has signed a 350 MW supply contract with Zambia’s national utility, ZESCO, and has secured a permit to import electricity into the DRC.
This article was initially published in French by Pierre Mukoko
Edited in English by Ola Schad Akinocho
The DR Congo government is looking for a firm to repair and modernize the Bumba-Aketi-Buta-Mungbere railway, stretching 870 km in the northeast part of the country. On May 2, 2025, Kinshasa launched an international tender to find a company.
The line, with a 0.60 m gauge and rails ranging from 18 to 33 kg/m, once anchored the region’s economy by moving agricultural and mining products, but has fallen into disrepair since the late 1990s.
The Ministry of Transport said contractors must have at least 10 years of major rail project experience and proven technical and financial strength. The project scope may include additional feasibility studies, upgrades to track, signaling, and telecoms, and the establishment of a sustainable operating model, such as a PPP, concession, or other institutional arrangement. The deadline for applications is June 30, 2025.
The project ultimately aims to open up Bas-Uélé and Haut-Uélé, strengthen inland rail connectivity, and lay the groundwork for sustainable transport in one of the DRC’s most isolated regions.
Reviving this line would unlock new opportunities for supply, marketing, and processing for local economic actors, crossing areas rich in forestry, agriculture, and mining-including gold in Watsa and Mungbere-and could improve links to the port of Mombasa via Uganda.
From 1924 to the late 1990s, this railway line structured the economy of the Uélé provinces, facilitating the evacuation of agricultural and mining products. Its gradual deterioration led to the collapse of Société des chemins de fer Uélé-Fleuve (SCFUF), formerly known as Vicicongo.
This article was initially published in French by Boaz Kabeya (intern) and Timothée Manoke (intern)
Edited in English by Ola Schad Akinocho
KoBold Metals, the U.S.-based mining company backed by heavyweight investors including Bill Gates and Jeff Bezos, is stepping up its campaign to secure rights to the Manono lithium deposit in the Democratic Republic of Congo (DRC), a site widely seen as having “the potential to become a large-scale, long-life lithium mine.” According to a January 2024 estimate, Manono could hold 669 million tonnes of resources grading 1.61% lithium.
On May 6, 2025, KoBold and Australia’s AVZ Minerals issued a joint statement titled Developing Manono for Peace and Prosperity, signed by their respective CEOs, Kurt House and Nigel Ferguson. The companies announced they had “reached consensus on a commercial framework to enable the rapid development of the Manono deposit.”
The statement specifies: “This framework provides for AVZ to cede its commercial interests in the Manono lithium deposit to KoBold, at fair value.” The document further claims this agreement would allow KoBold to “quickly” mobilize more than a billion dollars “to bring Manono’s lithium to Western markets.”
But the Congolese government maintains that AVZ no longer has any rights to Manono, arguing those rights were lost when state-owned Cominière terminated its partnership with AVZ in 2022. AVZ is contesting the move before the International Court of Arbitration of the International Chamber of Commerce, where it has already secured an order for Cominière to pay €39.1 million in penalties for non-compliance with injunctions. However, the tribunal has yet to rule on the core ownership issue.
KoBold’s January offer proposes to resolve the dispute by granting “appropriate compensation” to AVZ in exchange for relinquishing its claims on Manono. The company says it is prepared to develop the southern part of the deposit, while the northern section would remain under the control of the Chinese group Zijin Mining.
Manono Lithium SAS-a joint venture 61% owned by Zijin (via Jinxiang Lithium) and 39% by Cominière-was granted an operating permit in September 2024 for part of the deposit. The company plans to begin lithium production in the first quarter of 2026.
An offer for “peace and prosperity”
So far, Congolese authorities have not commented publicly on KoBold’s offer. The May 6 joint statement suggests no favorable response yet. “AVZ has undertaken to propose to the Congolese government a temporary suspension of the ICSID arbitration proceedings to facilitate discussions,” the document states.
KoBold and AVZ may be trying to pressure Kinshasa by leveraging the current warming of US-DRC relations, considering the May 6 statement, which reads: “AVZ and KoBold are cooperating with all stakeholders, including the US government, the DRC government, and AVZ’s current development partner.”
AVZ and KoBold frame their proposal as a contribution to “peace and prosperity,” promising “thousands of well-paying jobs for the Congolese, over several decades.”
Kinshasa recently offered the Trump administration a mining agreement in exchange for its support toward resolving the ongoing conflict in Eastern DRC. Since then, the issue has been the subject of bilateral discussions, and Washington is actively involved in the resolution process.
“A lasting peace in the eastern Democratic Republic of Congo will open the door to greater U.S. and Western citizen investment, which will create an ecosystem conducive to responsible and reliable supply chains for things like critical minerals,” declared US Secretary of State Marco Rubio on April 25, 2025, in Washington, at the signing of the “declaration of principles” for a peace agreement between the DRC and Rwanda, the main supporter of the M23 rebellion.
This article was initially published in French by Pierre Mukoko
Edited in English by Ola Schad Akinocho
L’entreprise américaine KoBold Metals, soutenue par des investisseurs comme Bill Gates et Jeff Bezos, passe à l’offensive pour faire accepter l’offre qu’elle a soumise, le 21 janvier 2025, aux autorités de la République démocratique du Congo (RDC) sur le gisement de lithium de Manono, considéré comme ayant « le potentiel de devenir une mine de lithium à grande échelle et de longue durée ». Selon une estimation publiée en janvier 2024, le gisement pourrait héberger 669 millions de tonnes de ressources minérales titrant 1,61 % de lithium.
KoBold a publié une déclaration commune avec l’Australien AVZ Minerals intitulée Développer Manono pour la paix et la prospérité. Dans ce document signé, le 6 mai 2025, par leurs directeurs généraux respectifs, Kurt House (photo) et Nigel Ferguson, les deux entreprises affirment être « parvenues à un consensus sur un cadre commercial permettant le développement rapide du gisement de Manono ».
« Ce cadre prévoit qu’AVZ cède ses intérêts commerciaux dans le gisement de lithium de Manono à KoBold, à une juste valeur », indique la déclaration. Toujours selon le même document, cet accord permettrait à KoBold de mobiliser « rapidement » plus d’un milliard de dollars « pour acheminer le lithium de Manono vers les marchés occidentaux ».
Merci à @SecRubio, @US_SrAdvisorAF & @Presidence_RDC d’avoir ouvert la voie à l’investissement 🇺🇸 @KoBold_Metals & @AvzMinerals ont convenu d’un cadre pour que KoBold achète les intérêts d’AVZ dans le gisement de lithium de Manono. 🇺🇸 & 🇨🇩 seront + sûres, + fortes & + prospères pic.twitter.com/Hj01eCv33w
— KoBold Metals (@KoBold_Metals) May 7, 2025
Sauf que, pour le gouvernement congolais, la compagnie minière australienne n’a plus de droits sur ce gisement. Pour Kinshasa, ces droits ont été perdus après que l’entreprise publique congolaise Cominière a mis fin à son partenariat avec AVZ en 2022. Une décision que conteste AVZ devant la Cour internationale d’arbitrage de la Chambre de commerce internationale, où elle a déjà obtenu la condamnation de Cominière à verser 39,1 millions d’euros de pénalités pour non-respect d’injonctions. Toutefois, le tribunal arbitral ne s’est pas encore prononcé sur le fond du dossier.
Dans son offre faite en janvier, KoBold propose de mettre fin au contentieux en accordant une « compensation appropriée » à AVZ, en échange de l’abandon de ses prétentions sur Manono à son profit. L’entreprise américaine se dit prête à développer la partie sud du gisement, tandis que la section nord resterait sous le contrôle du groupe chinois Zijin Mining.
Il faut rappeler que Manono Lithium SAS, une coentreprise détenue à 61 % par Zijin (via sa filiale Jinxiang Lithium) et à 39 % par Cominière, a obtenu un permis d’exploitation en septembre 2024 sur une partie du gisement. Manono Lithium SAS prévoit de lancer la production de lithium au premier trimestre 2026.
Une offre pour « la paix et la prospérité »
Jusqu’ici, les autorités congolaises ne se sont pas publiquement exprimées sur l’offre de KoBold. Mais la déclaration conjointe du 6 mai suggère qu’elles n’y ont pas encore donné une suite favorable. « AVZ s’est engagée à proposer au gouvernement congolais une suspension temporaire de la procédure d’arbitrage devant le CIRDI afin de faciliter les discussions », indique le document.
Cette déclaration a tout l’air d’un coup de pression sur Kinshasa. KoBold et AVZ semblent vouloir tirer parti du rapprochement actuel entre les États-Unis et la RDC. Le document mentionne d’ailleurs le gouvernement américain comme partie prenante : « AVZ et KoBold coopèrent avec toutes les parties prenantes, y compris le gouvernement des États-Unis, le gouvernement de la RDC, et le partenaire actuel de développement d’AVZ ».
Les deux entreprises positionnent aussi leur proposition comme une contribution à « la paix et la prospérité », promettant « des milliers d’emplois bien rémunérés pour les Congolais, sur plusieurs décennies ».
Avec la détérioration de la situation sécuritaire à l’est de la RDC, Kinshasa a proposé à l’administration Trump un accord minier en échange de son soutien. Depuis, ce dossier fait l’objet de discussions bilatérales et Washington s’implique activement dans la résolution du conflit.
« Une paix durable dans l’est de la République démocratique du Congo ouvrira la porte à des investissements citoyens américains et occidentaux plus importants, qui créeront un écosystème favorable à des chaînes d’approvisionnement responsables et fiables pour des choses comme les minerais critiques », a déclaré le secrétaire d’État, Marco Rubio, le 25 avril 2025 à Washington, lors de la signature de la « déclaration de principes » pour un accord de paix entre la RDC et le Rwanda, soutien de la rébellion du M23 qui contrôle plusieurs pans du territoire congolais.
Pierre Mukoko
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