Selon les données publiées par le gouvernement américain, les exportations de la République démocratique du Congo (RDC) vers les États-Unis ont déjà battu tous les records en 2025 alors que l’année n’est pas encore terminée. Entre janvier et juillet 2025, période pour laquelle les chiffres sont disponibles, elles ont atteint près de 1,3 milliard de dollars, soit davantage que le total cumulé des huit dernières années (2017–2024). Il s’agit d’un record inédit depuis au moins 1985, les précédents pics étant de 605,6 millions de dollars en 2011, 527,6 millions en 2010 et 400,7 millions en 1985.
Cette progression spectaculaire s’est surtout concentrée entre avril et juillet, lorsque la RDC a expédié vers les États-Unis plus d’un milliard de dollars de marchandises. Le mois de juin, à lui seul, a frôlé les 400 millions de dollars, un niveau mensuel jamais atteint.
Le Bureau du recensement des États-Unis, qui publie ces statistiques, n’apporte pas d’explications sur cette envolée. Mais la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), qui a également constaté cette hausse des exportations de la RDC et d’autres pays africains vers les États-Unis, y voit le résultat d’une demande américaine soutenue pour les matières premières africaines et des « effets de détournement du commerce ».
La coïncidence avec l’escalade de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine tend à confirmer cette analyse. En avril 2025, l’administration Trump a porté les droits de douane sur les produits chinois à 145 %, avant de les ramener à 57,6 % en moyenne aujourd’hui. Cette situation aurait incité certaines entreprises chinoises opérant en RDC, qui expédiaient d’ordinaire leurs minerais vers la Chine avant de les réexporter après transformation, à les envoyer directement vers les États-Unis.
Plus d’un milliard de dollars de déficit
Cette hypothèse paraît d’autant plus plausible que la RDC est soumise à des droits de douane moyens de 11 %, alors que ses principaux produits d’exportation, comme le cuivre, en sont totalement exonérés à l’entrée aux États-Unis.
La CEA note également que cette performance est soutenue par la hausse des prix des matières premières. Entre janvier 2024 et juillet 2025, le prix de l’or a bondi de plus de 60 %, tandis que celui du café a presque doublé. Bien que en petite quantité ces deux produits figurent souvent parmi les exportations congolaises vers les États-Unis.
Cette croissance exceptionnelle des ventes congolaises se traduit par un creusement inédit du déficit commercial américain vis-à-vis de la RDC. À fin juillet 2025, il atteignait déjà plus d’un milliard de dollars, contre seulement 96 millions en 2024. La fin de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) le 30 septembre dernier — une loi américaine qui depuis 2000 supprimait les droits d’importation sur plus de 6 800 produits africains — ne devrait d’ailleurs avoir qu’un impact limité sur cette dynamique.
Pierre Mukoko
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