En visite en République démocratique du Congo (RDC), le ministre belge des Affaires étrangères, Maxime Prévot (photo), a affirmé que son pays disposait d’entreprises capables d’apporter leur expertise dans le secteur minier de son ancienne colonie.
« Nous avons une expertise reconnue mondialement à travers des acteurs comme Umicore et John Cockerill, qui ont la capacité de traiter l’ensemble de ces matériaux critiques rares. Et donc, si l’opportunité se fait jour de pouvoir aussi être un partenaire d’investissement, il n’y a pas de raison que nous l’évacuons », a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse le 28 avril 2025, après des rencontres avec la Première ministre, Judith Suminwa Tuluka, et le président de la République, Félix Antoine Tshisekedi.
Umicore met déjà son expertise au service de la Gécamine. En 2024, l’entreprise minière publique a signé un accord avec la société belge, spécialisée notamment dans le recyclage de métaux, pour raffiner les concentrés de germanium issus du site de résidus miniers dénommé Big Hill à Lubumbashi. La Gécamine a annoncé en octobre 2024 les premières exportations vers la Belgique, dans le cadre de son objectif de fournir jusqu’à 30 % de l’approvisionnement mondial en germanium.
Le Royaume de Belgique est aussi une destination privilégiée pour les diamants congolais, notamment grâce à la ville d’Anvers, un centre mondial du commerce du diamant. En 2024, les statistiques publiées par le ministère des Mines montrent que la RDC a exporté 4,1 millions de carats vers la Belgique, pour une valeur de 42,03 millions de dollars. Le royaume représente ainsi 44 % des exportations congolaises de diamants, devancé seulement par les Émirats arabes unis, qui ont importé 4,9 millions de carats pour 44,9 millions de dollars.
Face à la domination chinoise, la RDC souhaite attirer de nouveaux acteurs dans le secteur minier. Des discussions sont déjà en cours avec les États-Unis, à la suite d’une proposition d’échange « minerais contre sécurité » faite par Kinshasa. Depuis lors, Washington est fortement impliqué dans la résolution du conflit à l’est de la RDC.
« La Belgique n’a à aucun moment conçu sa mission, à travers ma présence, dans une démarche visant à vampiriser quelconque ressource de la RDC. Nous sommes évidemment en observation par rapport aux motivations d’autres acteurs internationaux qui peuvent parfois avoir une approche plus transactionnelle de leur diplomatie. Nous sommes ici d’abord et avant tout parce qu’il y a une population qui souffre et des principes de droit international à faire respecter », a commenté Maxime Prévot.
Au sein de l’Union européenne, Bruxelles apparaît aujourd’hui comme le principal allié de Kinshasa dans le cadre du conflit à l’est de la RDC. En représailles, le Rwanda a suspendu ses relations diplomatiques avec le royaume.
Pierre Mukoko
Lire aussi :
Conflit à l’est de la RDC : une semaine pour concilier de multiples intérêts
Lithium de Manono : terrain favorable à Jeff Bezos et Bill Gates
Minerais de conflit : la RDC attaque Apple au pénal en France et en Belgique