La République démocratique du Congo (RDC) projette de construire une autoroute reliant la cité de Banana, où un port en eau profonde est en construction sur la côte atlantique, à Kinshasa, la capitale politique de plus de 12 millions d’habitants. Dans cette perspective, un protocole d’accord a été signé le 20 mai 2025 entre le ministre des Infrastructures et Travaux publics, Alexis Gisaro, et les représentants de la société chinoise Zhongshi Wosen Technology Co. LTD.
Selon les services de communication du ministère, cet accord préliminaire prévoit que l’entreprise chinoise — sur laquelle aucune information n’est disponible — réalise les études de faisabilité. C’est à l’issue de cette phase que le tracé de l’autoroute sera connu. Mais déjà, le ministère affirme que l’infrastructure s’étendra sur 450 kilomètres et devrait passer par Matadi. Le port de cette ville, situé sur le fleuve Congo, constitue actuellement la principale porte d’entrée des marchandises destinées à Kinshasa. Il offre également un accès indirect à l’océan Atlantique via un canal fluvial aménagé, ce qui limite toutefois la taille des navires pouvant y accéder.
Cette infrastructure routière est donc stratégique pour la compétitivité du port de Matadi et du port en eau profonde de Banana, dont la livraison de la première phase est prévue pour 2026. Elle permettrait de faciliter l’acheminement des marchandises entre la côte et l’intérieur du pays. À terme, cette autoroute pourrait s’intégrer aux réseaux régionaux reliant la RDC à d'autres pays d’Afrique centrale et australe.
L’axe Banana-Matadi-Kinshasa constitue d’ailleurs une section du corridor Banana-Kolwezi. Long de quelque 2 670 kilomètres, ce corridor a été présenté lors de la 9ᵉ édition d’Expobéton — salon dédié au développement des villes, corridors et zones économiques spéciales — comme une voie 100 % congolaise pouvant servir d’alternative au corridor de Lobito, qui débouche sur la côte angolaise.
Aucune échéance précise ni détail budgétaire n’a encore été rendu public concernant la construction de cette autoroute. On peut néanmoins anticiper de potentiels défis liés, entre autres, à la mobilisation du financement, aux conditions d’exécution et à la sécurité des investissements — d’autant que cet axe traverse certaines zones confrontées à des contraintes sécuritaires. Ces incertitudes ont, par exemple, freiné le projet de chemin de fer envisagé depuis plusieurs années pour desservir le port, et qui n’a jamais vu le jour.
Par ailleurs, la réussite du projet d’autoroute pourrait également dépendre de sa complémentarité avec d’autres investissements structurants, notamment dans les secteurs portuaire, douanier et énergétique, afin de garantir une chaîne logistique fluide et compétitive.
Henoc Dossa et Ronsard Luabeya, stagiaire
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