Au 25 octobre 2024, le zinc se négociait à 3 070 $ la tonne à la London Metal Exchange (la plus importante bourse des métaux au monde), pour des achats prévus entre le 17 décembre 2024 et le 25 janvier 2025. Ce prix représente une hausse de 27 % par rapport au début de l'année et est le plus élevé depuis février 2023. Il dépasse également de 16,04 % l'estimation de 2 645,5 $ la tonne prévue dans l'étude de faisabilité de la mine de Kipushi, publiée en 2022.
Kipushi est actuellement la plus importante mine industrielle de zinc en RDC, avec des prévisions de production pour 2024 variant entre 50 000 et 70 000 tonnes, contre des exportations totales de 13 403 tonnes en 2023. Kipushi Corporation, qui détient les droits sur cette mine, est une coentreprise détenue à 62 % par Ivanhoe Mines, une société enregistrée au Canada, et à 38 % par l'entreprise publique congolaise Gécamines.
À première vue, le cours actuel du zinc laisse penser que l'État congolais, qui perçoit des revenus par le biais d'une redevance de 3,5 % sur 65 % des ventes de zinc de cette mine, de divers droits fixes, de l'impôt sur les bénéfices, ainsi que des dividendes versés à la Gécamines, pourrait bénéficier de recettes supplémentaires. Cependant, ces retombées dépendent des contrats d’achat, qui fixent le prix du minerai servant de base au calcul des recettes pour l’État. Car les producteurs de minerais, comme Kipushi Corporation, ne vendent pas directement leur production à la bourse notamment à London Metal Exchange.
Non publication des contrats d’achat
Le 2 juillet 2024, un contrat d’achat de la production de zinc de Kipushi a été signé avec Trafigura, un négociant en matières premières basé à Singapour, et Citic Metals Group, principal actionnaire d’Ivanhoe Mines avec une participation de 22,4 %. Cependant, les clauses de l’accord n’ont pas été divulguées, ce qui laisse dans l’ombre le prix auquel le zinc est vendu à ces deux sociétés. On sait néanmoins qu'au moment de l'annonce de la signature de ce contrat, le zinc se négociait à 2 896,5 $ la tonne à la London Metal Exchange.
Conscient de cet enjeu, l’État souhaite désormais s’impliquer davantage dans la sélection des acheteurs des minerais produits sur la mine de Kamoa-Kakula, qui est actuellement la deuxième plus grande mine de cuivre au monde avec une capacité de production de 600 000 tonnes par an. Concernant la mine de Kipushi, un accord signé en janvier 2024 permet à la RDC de progresser vers cet objectif à moyen terme. Cet accord prévoit une augmentation progressive de la participation et des droits de vote de la Gécamines.
Ainsi, la part de l'entreprise minière congolaise passera de 38 % à 43 % à partir du 25 janvier 2027, pour atteindre 80 % une fois que 2 millions de tonnes de minerais auront été extraites et traitées, tandis qu'Ivanhoe, actuellement actionnaire majoritaire, détiendra 20 %. Il est cependant important de noter que, selon l'étude de faisabilité qui prévoit un rendement uniquement pour le zinc de 41 % pour l’entreprise basée au Canada sur la durée de vie du projet (14 ans), Ivanhoe Mines devrait avoir amorti son investissement au bout de trois ans.
Les perspectives du marché restent toutefois incertaines : certains analystes anticipent que l'offre de zinc demeurera inférieure à la demande, ce qui devrait maintenir les prix à un niveau élevé. Cependant, sur la plateforme du London Metal Exchange, les achats prévus entre janvier 2025 et avril 2025 montrent une tendance baissière. Néanmoins, la mine de Kipushi bénéficie également de la production de germanium, dont le prix a doublé en 2024, offrant ainsi une source de revenus supplémentaire pour la RDC.
Georges Auréole Bamba
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