Dans une mise à jour de ses perspectives économiques pour l’Afrique subsaharienne, publiée le 22 octobre 2024, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit désormais une création de richesses supplémentaires de 372 325,2 milliards de francs congolais (FC) pour la République Démocratique du Congo (RDC) en 2029. Cette estimation est supérieure à celle d’octobre 2023 (environ 300 000 milliards de FC) et d’avril 2024 (357 789 milliards de FC).
Cependant, on note que la valeur nominale de ces richesses créées devrait équivaloir à seulement 100,5 milliards de dollars en 2029, contre une estimation de 122,5 milliards de dollars faite en avril 2024. Cette révision signifie que le FMI prévoit une dépréciation plus importante du franc congolais vis-à-vis du dollar à cette échéance. Pour l’institution de Bretton Woods, en 2029, un dollar devrait valoir 3705 francs congolais contre 2921 lors de la précédente évaluation.
Par ailleurs, la croissance en termes de pouvoir d’achat est aussi revue à la hausse. En effet, le produit intérieur brut (PIB) en parité de pouvoir d’achat (PPA), qui tient compte du coût de la vie en RDC, est désormais estimé à 261,66 milliards de dollars pour 2029, contre une prévision précédente de 224,5 milliards de dollars en avril 2024. Ce PIB en PPA est un signe de résilience économique pour la RDC et une opportunité de faire en sorte que la richesse créée impacte réellement le niveau de vie local.
Cette création de richesses supplémentaires devrait être alimentée par un accroissement des investissements, un élément clé dans le calcul du PIB. Selon les prévisions du FMI, le taux annuel moyen d’investissement devrait se stabiliser autour de 15,6 % du PIB sur la période 2023-2029, favorisant ainsi le développement économique. Le projet de loi des finances de 2025, en cours de discussion au parlement, prévoit un programme d’investissement public de 10 647 milliards de FC (environ 3,75 milliards de dollars) sur la période 2025-2028. En plus de ces investissements publics, la RDC peut compter sur des financements privés dans des secteurs clés tels que les mines, l’agriculture et l’énergie. Ces secteurs stratégiques devraient non seulement contribuer à la croissance économique, mais aussi à la diversification des sources de revenus.
La consommation, un autre élément clé du PIB, devrait profiter de la maîtrise de l’inflation. Actuellement à 9,3 % en glissement annuel, selon les données de la Banque centrale, l’inflation devrait ralentir pour atteindre une moyenne de 6,9 % par an entre 2025 et 2029, prévoit le FMI. Cette baisse de l’inflation est essentielle pour stabiliser le pouvoir d’achat des Congolais, qui pourraient alors bénéficier davantage de la richesse créée dans le pays.
Défis
Mais, la RDC, qui bénéficie de ressources naturelles abondantes, est encore loin de tirer pleinement parti de son potentiel économique. À titre de comparaison, l’Éthiopie, avec une population proche de celle de la RDC, mais des perspectives de diversification économique plus limitées, devrait réaliser, selon le FMI, un PIB de 201 milliards de dollars à prix courant en 2029, avec un PIB en PPA estimé à 680,5 milliards de dollars, soit plus du double de la RDC. La Tanzanie voisine, moins peuplée, s’attend quant à elle à un PIB équivalent à 402 milliards de dollars en parité de pouvoir d’achat, soit 136 milliards de plus que la RDC.
Il faut dire que la RDC doit encore faire face à plusieurs défis. Avec une population jeune et en expansion, le pays fait face à des besoins croissants en termes d’infrastructures de santé, d’éducation et de services publics, alors que des aspects comme le système d’identification restent encore inefficaces.
De plus, la situation sécuritaire dans le nord-est de la RDC, notamment dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, continue de peser sur les finances publiques. Selon le gouvernement, cette région, marquée par une instabilité chronique, représente un risque majeur pour les projets de développement et pour la répartition des ressources publiques.
Néanmoins, les autorités congolaises s’efforcent d’accroître la part de la richesse créée qui restera dans le pays. La loi sur la sous-traitance dans le secteur privé, par exemple, favorise les investisseurs congolais en leur réservant une part significative des projets locaux. Dans le secteur minier, de nouveaux contrats garantissent également une plus grande part des recettes pour le gouvernement. Par ailleurs, le faible niveau d’endettement de la RDC offre des marges de manœuvre pour augmenter le déficit budgétaire et investir dans les infrastructures sociales. Cette marge est un atout pour le pays qui pourrait ainsi financer des projets d’infrastructure et améliorer le bien-être de sa population.
Georges Auréole Bamba
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