Tout en reconnaissant que le conflit persistant dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, à proximité du Rwanda et de l’Ouganda, représente un défi pour la trajectoire de croissance macroéconomique de la République Démocratique du Congo (RDC), l’agence de notation américaine Moody’s estime que la probabilité d’une généralisation des affrontements le long de la frontière orientale du pays demeure faible à moyen terme.
« Les risques politiques sont accentués par la résurgence du groupe rebelle M23 dans l’est, entraînant des préoccupations continues en matière de sécurité et des enjeux humanitaires. Bien que l’instabilité dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu soit susceptible de persister, le risque d’un conflit transfrontalier de grande envergure reste faible », peut-on lire dans le rapport de l’agence américaine de notation paru le 23 octobre 2024.
Une telle perspective est une bonne nouvelle pour les finances publiques de la RDC. En effet, pour le gouvernement congolais, « la persistance de la guerre dans la partie est du pays depuis plus de 20 ans constitue l’un des risques majeurs qui pèsent sur les finances publiques », peut-on dans un document annexé au projet de loi de finances 2025.
En effet, depuis que l’état de siège a été proclamé, le 6 mai 2021, dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, les taux d’exécution des dépenses exceptionnelles et d’interventions liées aux opérations sécuritaires dépassent très largement les 100 %. Ils sont passés respectivement de 50 % et 254,70 % en 2020 à 336 % et 411,20 % en 2021, atteignant même 508 % et 2001,9 % en 2022. Cette situation réduit les autres dépenses, principalement celles des investissements.
Selon les chiffres officiels, environ 6,3 millions de personnes étaient déplacées à la fin de l’année 2023, et autant de personnes nécessitaient une aide humanitaire. De ce fait, une dégradation de la situation « pourrait entraîner une pression accrue sur les dépenses exceptionnelles allouées au ministère des Actions humanitaires et de la Solidarité nationale entre 2025 et 2027, ainsi que sur d’autres secteurs en raison de leurs effets indirects, notamment sur les dépenses liées à la santé », précise le gouvernement.
De plus, elle entraverait davantage la mobilisation des recettes fiscales dans des régions comme le Nord-Kivu et l’Ituri. « Les revenus collectés au centre d’impôt synthétique de Rutshuru (Nord-Kivu) montrent une chute significative de 87,2 % entre 2020 et 2023, passant de 85,8 millions de francs congolais en 2020 à seulement 11 millions de francs congolais en 2023… L’inaccessibilité des antennes fiscales d’Ituri, Djugu et Mambasa en raison des attaques répétées de groupes armés et de milices a entraîné un manque à gagner de près de 10,3 millions de FC en 2023 », précise l’annexe du projet de loi de finances 2025.
Gorges Auréoles Bamba
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