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Kabila vs Tshisekedi : le duel des bilans économiques

Kabila vs Tshisekedi : le duel des bilans économiques

L’ancien président Joseph Kabila est sorti, ce 23 mai 2025, de son silence pour critiquer sévèrement la gestion actuelle du pays. Dans un discours inhabituellement direct, il a accusé le régime de Félix Tshisekedi d’avoir aggravé la précarité des populations congolaises, en dépit des discours réformateurs répétés depuis 2019. Cette sortie publique a entraîné une réplique immédiate du ministre des Finances, Doudou Fwamba, qui a dressé un tableau accablant de la gouvernance sous Kabila.

Selon l’ancien président, les espoirs de changement suscités par l’alternance de 2019 ont été déçus. Sans avancer de chiffres, il dénonce une détérioration continue du pouvoir d’achat, une hausse du chômage, une flambée des prix et une érosion de la souveraineté économique. Il critique également la gestion budgétaire actuelle, marquée selon lui par une dépendance croissante à l’endettement extérieur, une incapacité à stabiliser la monnaie nationale et l’absence de politiques industrielles structurantes. Il accuse enfin le pouvoir en place d’avoir multiplié les promesses non tenues dans les secteurs de l’énergie, des infrastructures et de la sécurité.

Le lendemain, Doudou Fwamba a contre-attaqué dans une déclaration officielle. Il évoque une « tragédie nationale » héritée des 18 années de pouvoir de Joseph Kabila. Le ministre accuse ce dernier d’avoir cédé à vil prix des actifs miniers, d’avoir permis la disparition de milliards de dollars issus des royalties minières et de fonds publics, notamment 350 millions de dollars liés au contrat Sicomines, retirés de la Banque centrale pour une destination inconnue.

Fwamba rappelle qu’à l’époque de Kabila, les enseignants touchaient entre 45 et 60 dollars par mois, que les militaires vivaient dans la précarité, et que les entreprises publiques étaient systématiquement démantelées au profit d’intérêts familiaux. Il évoque des détournements de plus de 2 milliards de dollars à la Gécamines entre 2010 et 2019, et une gouvernance entachée, selon lui, d’assassinats politiques, de violations des droits humains et de complicités avec des groupes armés.

Les constats des institutions financières internationales permettent de contextualiser les bilans respectifs. Sous Joseph Kabila, les données du FMI montrent que la RDC a connu des périodes de forte croissance, avec un PIB réel parfois supérieur à 8 % dans les années 2010, soutenu par le boom minier. Mais cette croissance reposait sur un secteur extractif dominant, ce qui représentait une fragilité structurelle majeure. Le FMI soulignait déjà la nécessité de diversifier l’économie, de renforcer la transparence et d’améliorer la gouvernance. Malgré une inflation parfois élevée, la stabilité macroéconomique restait relativement maîtrisée, mais l’impact social de la croissance restait limité par la pauvreté persistante et les carences en infrastructures.

Avec l’arrivée de Félix Tshisekedi, le FMI a salué la poursuite des réformes et l’amélioration de la gestion budgétaire. En 2024, la croissance du PIB réel a atteint 6,5 %, portée par le dynamisme du secteur minier et une politique monétaire plus rigoureuse. L’inflation, qui avait culminé à 23,8 % fin 2023, est retombée à un chiffre unique en avril 2025, signal d’une stabilisation monétaire encourageante. Les réserves internationales sont passées de 1,7 à 6 milliards de dollars entre 2021 et 2024, une progression notable, bien que toujours inférieure au niveau optimal pour couvrir les importations.

Le FMI note toutefois que l’intensification du conflit dans l’est a alourdi les dépenses publiques, notamment en matière de sécurité, affectant l’équilibre budgétaire. Pour 2025, la croissance devrait demeurer au-dessus de 5 %, mais le déficit budgétaire devrait se creuser, en raison notamment de la fermeture de bureaux fiscaux dans les zones occupées et de l’exonération de la TVA sur les produits alimentaires de base. Depuis mars 2025, les salaires des militaires et policiers ont été doublés, accentuant encore la pression sur les finances publiques.

Boaz Kabeya, stagiaire

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