Le lancement des activités de la Banque multilatérale régionale de développement maritime (BMRD) est prévue pour le premier trimestre 2026, a, annoncé, le 23 juillet 2025, le secrétaire général de l’Organisation maritime de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (OMAOC). Paul Adalikwu sortait d’une séance de travail avec le vice-Premier ministre, ministre des Transports, Jean-Pierre Bemba. La réunion s’est déroulée en présence d’experts maritimes de la République démocratique du Congo (RDC), du Cameroun et de la Côte d’Ivoire.
Projet porté par les États membres de l’OMAOC, la BMRD a pour objectif de soutenir le développement du secteur maritime en Afrique de l’Ouest et du Centre. D’après M. Adalikwu, cette institution financière régionale financera des projets relatifs aux infrastructures portuaires, à la flotte maritime, à la logistique et à la formation des professionnels du secteur. La banque devrait proposer des prêts à taux préférentiels (à un chiffre), offrant ainsi une opportunité de financement aux pays membres, notamment la RDC.
Malgré un important potentiel hydrographique – avec le fleuve Congo, ses affluents et plusieurs lacs navigables – la RDC peine à exploiter pleinement ce réseau fluvial pour le transport et la pêche. Ce retard est notamment lié au manque d’infrastructures adaptées, à l’absence d’engins de navigation sécurisés et au déficit de ports modernes.
Secteur sous-exploité
Face à la recrudescence des accidents nautiques impliquant les baleinières – embarcations en bois à fond plat pouvant transporter jusqu’à 140 tonnes de marchandises et plusieurs dizaines de passagers – le gouvernement envisage d’en interdire l’usage. Depuis janvier 2025, plus de 200 décès liés à des naufrages ont été recensés. Le ministère des Transports préconise l’introduction de bateaux respectant les normes techniques, ce qui nécessite un accès accru au financement des chantiers navals.
Par ailleurs, le plan d’action gouvernemental 2024-2028 prévoit la construction de 400 ports modulaires afin de faciliter l’évacuation des produits agricoles depuis les zones rurales. Ce projet reste toutefois freiné par les contraintes budgétaires.
Dans ce contexte, la BMRD apparaît comme un outil de financement stratégique pour moderniser la flotte et sécuriser le transport fluvial.
Si le lancement officiel est prévu en 2026, certaines actions préparatoires ont déjà été enclenchées. Le Nigeria, pays hôte de l’institution dont le siège sera établi à Abuja, a nommé en mai dernier Adeniran Aderogba comme président-directeur général de la BMRD. En juin, la banque a annoncé la conclusion prochaine d’un financement de 150 millions de dollars pour un chantier naval stratégique au Nigeria, destiné à améliorer les capacités de réparation et d’entretien des navires dans la sous-région.
Enfin, lors d’une rencontre bilatérale en juillet 2024 entre le ministre congolais des Transports et le secrétaire général de l’OMAOC, les autorités congolaises avaient été invitées à désigner un administrateur pour représenter la RDC au sein du conseil d’administration de la BMRD.
Timothée Manoke, stagiaire
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