En 2024, la Société de microcrédit congolais (SMICO SA), basée à Goma, a réalisé des résultats solides : un bénéfice net de 6,01 milliards de francs congolais, soit environ 2,1 millions de dollars, en hausse de 26 % par rapport à l’année précédente. Son portefeuille de crédits a atteint 101,8 milliards de FC (35,7 millions de dollars), en progression de 43 %, tandis que l’épargne collectée a culminé à 110,5 milliards de FC (38,8 millions de dollars).
Ces performances laissaient entrevoir une trajectoire ascendante en conformité avec son plan stratégique 2023–2027. Dans ce plan, la microfinance vise notamment à porter son portefeuille de crédits à plus de 65 millions de dollars au profit de près de 30 000 micros, petites et moyennes entreprises (MPME), et à dégager un bénéfice net supérieur à 7 millions de dollars à l’horizon 2027.
Cependant, cette dynamique est aujourd’hui compromise par la dégradation sécuritaire dans l’est du pays. Depuis janvier 2025, les villes de Goma et de Bukavu, où se trouvent respectivement le siège et une agence importante de la SMICO, sont sous occupation du M23. Cette situation a entraîné la fermeture des deux agences, perturbant les activités de collecte de l’épargne et de distribution des crédits dans ces zones stratégiques.
Avec un réseau de 10 agences fin 2024 et un total de 82 003 clients, la SMICO compte étendre sa couverture à 12 agences et 110 000 clients d’ici 2027. L’institution vise aussi à mobiliser jusqu’à 70 millions de dollars d’épargne et à développer un réseau de 150 agents bancaires et 40 agents marchands, avec en ligne de mire un chiffre d’affaires de 25 millions de dollars. Mais la fermeture prolongée de ses agences de Goma et Bukavu menace ces objectifs.
Sur le plan de la couverture des emprunteurs, la SMICO a conclu en juillet 2025 un partenariat avec RAWSUR Assurance afin d’assurer l’intégralité de sa clientèle contre les risques, comme prévu. Ce partenariat prévoit aussi la commercialisation de produits d’assurance diversifiés, notamment vie, santé, automobile, incendie et voyage.
Il faudra attendre la publication de ses prochains résultats pour mesurer l’impact concret de l’instabilité sécuritaire de 2025 sur le développement de la SMICO et sur sa capacité à tenir ses engagements dans un environnement aussi incertain.
Timothée Manoke, stagiaire
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