Les réserves d’or prouvées de la mine de Kibali, située à 220 kilomètres d’Isiro, capitale de la province du Haut-Uele, en République Démocratique du Congo (RDC), sont estimées à 98,15 tonnes à fin 2024. Ces estimations, effectuées par le groupe minier Barrick Gold, exploitant de la mine, ont été révélées par son partenaire AngloGold Ashanti.
À ces réserves prouvées s’ajoutent des réserves probables, c’est-à-dire celles dont l’exploitation est envisagée mais non encore entièrement confirmée, représentant 217,7 tonnes d’or. Au total, les réserves prouvées et probables de Kibali atteignent environ 315 tonnes.
Ces nouvelles estimations de réserves offrent une perspective positive pour un site minier dont la performance en 2024 a été contrastée. Malgré une baisse de la production, aggravée par la hausse des coûts d’exploitation, la contribution de Kibali au chiffre d’affaires de Barrick Gold a progressé de 30,8 % entre 2023 et 2024, permettant ainsi de compenser en partie ce recul.
Selon diverses statistiques officielles, Kibali reste le principal site de production d’or destiné à l’exportation et le seul complexe industriel majeur exploitant ce minerai en RDC. Toutefois, la valeur effective de ces réserves dépend des acteurs économiques.
Valorisation contrastée des réserves d’or de Kibali
Pour Barrick Gold et AngloGold Ashanti, le prix moyen retenu pour l’once d’or dans leurs estimations est fixé à 1 400 dollars. Cette approche, couramment utilisée par les exploitants miniers, permet de refléter une valeur réaliste des actifs lors des négociations avec les investisseurs.
Cependant, sur les marchés internationaux, le prix de l’or fluctue sous l’effet des contrats d’achat et des mouvements spéculatifs des traders cherchant des profits à court terme. En 2024, le prix moyen annuel de l’or depuis l’an 2000 s’est établi à 1 500 dollars l’once, mais sur le marché des métaux précieux, il dépasse actuellement les 2 900 dollars.
Ainsi, en appliquant la valorisation prudente de Barrick Gold à 1 400 dollars l’once, les réserves de Kibali sont estimées à 10 milliards de dollars. En revanche, si l’on se base sur le cours actuel de l’or, leur valeur pourrait atteindre 21 milliards de dollars.
La mine de Kibali est un maillon clé de la chaîne de valeur minière en RDC, générant des revenus en devises et offrant des opportunités économiques à plusieurs acteurs. Pour les exploitants et actionnaires, elle représente une source de dividendes et de remboursements d’intérêts. En 2024, AngloGold Ashanti a perçu 88 millions de dollars en dividendes, soit une baisse de 51 % par rapport aux 180 millions de 2023. En parallèle, l’entreprise a encaissé 149 millions de dollars au titre du remboursement des prêts accordés pour financer les investissements liés à la mine.
Kibali constitue également une source majeure de revenus fiscaux pour l’État congolais et les administrations locales. Sur les six dernières années, avec la hausse du prix de l’or sur le marché international, les royalties perçues par l’État ont atteint plus de 375 millions de dollars.
Si les réserves actuelles sont confirmées et que les prix du marché restent stables, les royalties issues de l’exploitation de la mine pourraient atteindre 735 millions de dollars (3,5 % de la valeur de la mine). Ce montant pourrait même grimper à 2,1 milliards de dollars si l’or venait à être classé comme minerai stratégique. Le Code minier de 2018, actuellement en vigueur, prévoit en effet un taux de royalties de 10 % pour les minéraux stratégiques, contre 3,5 % pour les autres minerais.
Georges Auréole Bamba
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