La contribution de la mine d’or de Kibali, située au nord-est de la République Démocratique du Congo (RDC), au chiffre d’affaires de Barrick Gold est en hausse en 2024. A 316 millions dollars, elle demeure inférieur à celle de la mine concurente de Loulo-Gounkoto au Mali (420 millions dollars), mais affiche une progression de 30,8%, contre seulement 8,25% pour le site malien. Pareillement, la contribution de Kibali au résultat d’exploitation de Barrick Gold a atteint 450 millions de dollars en 2024, soit une hausse de 15,8%, contre une augmentation de seulement 2,25% pour Loulo-Gounkoto.
Ces performances financière sont réalisées malgré un en baisse de la production. En dépit d’un volume record de 19,4 millions de tonnes de terres extraites, la mine d’or de Kibali n’a produit que 686 000 onces d’or (21,34 tonnes) en 2024. Il s’agit de son plus bas niveau depuis 2019, année où la production avait atteint un pic de 813 000 onces. Pour la première fois depuis cette date, la mine congolaise est dépassée par celle du Mali qui a produit 22,5 tonnes d’or, lui ravissant ainsi sa place de premier producteur du continent.
L’analyse des indicateurs fournis par Barrick Gold, copropriétaire de Kibali avec 45 % des parts, montre que cette baisse en 2024 s’explique par une teneur en or plus faible dans le minerai extrait. En moyenne, chaque tonne de terre traitée contenait 2,8 grammes d’or, contre 3,8 grammes en 2019. Par ailleurs, la quantité de terre jugée non commercialement exploitable a augmenté, passant de 74 % en 2022 à 78 % en 2024.
Impact positif sur certaines taxes
Malgré cette baisse de production, les redevances versées par Barrick Gold à l’État congolais ont atteint en 2024 un niveau record depuis 2019, s’établissant à 39 millions de dollars. Sur les six dernières années, le groupe minier, coté à la Bourse de Toronto, a déclaré 169 millions de dollars de royalties versées l’État du Congo. Ces paiements correspondent, selon la réglementation en vigueur, à la taxation de la valeur de l’or extrait ainsi qu’à un droit progressif sur l’utilisation des surfaces d’exploitation octroyées.
Il reste donc à savoir quelle aura été la contribution de Kibali au bénéfice net du groupe canadien. Cet indicateur, qui est la base de calcul de l’impôt sur les sociétés prélévé par l’administration fiscale, dépend notamment des charges diverses déclarés par les sociétés. Dans le cas de Barrick Gold, on note une hausse des investissements. L’entreprise dit avoir engagé 116 millions de dollars en 2024, soit son plus haut niveau depuis 2019. Ce montant représente aussi 26 % de l’ensemble des investissements réalisés depuis 2020. En parallèle, les charges d’exploitation en cash sont également annoncées à un niveau record, avec un coût moyen de 905 dollars par once d’or produite, alors même que la production est à son niveau le plus bas depuis l’ouverture de la mine.
Cette augmentation des charges opérationnelles sur Kibali, combinée à la hausse des investissements, n’a pas été directement expliquée par l’opérateur canadien. Toutefois, elle s’inscrit dans un contexte où les coûts de production ont augmenté à deux chiffres chaque année depuis 2021, alors que des investissements pouvant réduire les charges comme l’installation d’une centrale solaire de 16 mégawatts, ont été réalisés sur le site.
Georges Auréole Bamba
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