Le gouvernement congolais a procédé à une réorganisation de son dispositif national de lutte contre la fraude et la contrebande minière. Un nouveau comité de la Commission nationale de lutte contre la fraude et la contrebande minière (CNLFM) a été installé le 20 mai 2025 par le ministre des Mines, Kizito Pakabomba. Il est désormais dirigé par l’inspecteur général des Mines, Didier Kaku Kingwabidi, qui succède à Freddy Mwamba, unique coordonnateur national depuis la création de la CNLFM en 2010.
« Ce nouveau comité voit son mandat renforcé à travers l’implication des ministères des Mines, de l’Intérieur, de la Défense et de la Justice », précise le ministère des Mines. La nomination du nouveau coordonnateur est intervenue par arrêté interministériel associant ces quatre ministères. Les services de douane, de police des mines et de renseignement économique sont également mobilisés.
Le mandat élargi du comité comprend la coordination entre institutions de régulation et forces de sécurité, le contrôle des chaînes de production et de commercialisation de l’or, du diamant et du cupro-cobalt, ainsi que l’optimisation des recettes fiscales et douanières. Il intègre aussi le déploiement de technologies de traçabilité et la coopération régionale, notamment dans le cadre de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL).
Le précédent comité, actif depuis plusieurs années, avait été critiqué pour sa faible efficacité, son manque de couverture des sites miniers à risque et ses dysfonctionnements logistiques. Un audit sectoriel, mené en 2020 par le ministère des Mines avec le soutien de la Banque mondiale, avait recommandé une refonte complète du dispositif opérationnel.
Selon le ministère, ces réformes s’inscrivent dans une stratégie globale visant à améliorer la traçabilité des flux miniers, renforcer le recouvrement des recettes et sécuriser les opérations aux frontières.
En 2025, la RDC prévoit plus de 5 milliards de dollars de recettes minières, en hausse de 11 % par rapport à 2024. Pourtant, les pertes liées à la fraude et à la contrebande restent majeures. À titre d’exemple, la frontière entre Kolwezi (Lualaba) et la Zambie serait l’un des principaux points de fuite, avec des pertes estimées à 40 millions de dollars par mois, selon des données relayées par l’agence Reuters.
Ces chiffres soulignent l’urgence de mécanismes de contrôle plus robustes, notamment dans les zones minières du Katanga, du Sud-Kivu et de l’Ituri, où les minerais circulent parfois sans traçabilité réglementaire.
Parallèlement à cette réforme interne, la RDC a signé un accord avec Erik Prince, ex-officier des Navy SEALs et fondateur de la société de sécurité Blackwater. Par l’intermédiaire de son entreprise Frontier Services Group (FSG), il a été recruté pour contribuer à la sécurisation des chaînes logistiques minières, en apportant un appui au contrôle frontalier, à la surveillance des cargaisons et à l’assistance technique aux inspections.
Boaz Kabeya, stagiaire
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