Lors de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies tenue le 27 mars 2025, les États-Unis ont exigé la réouverture immédiate de l’aéroport de Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). « Nous exigeons que le M23 (…) prenne les mesures nécessaires pour rouvrir l’aéroport sans délai », a déclaré Dorothy Shea (photo), qui assure l’intérim en tant qu’ambassadrice des États-Unis auprès de l’ONU depuis le 20 janvier 2025.
L’aéroport de Goma constitue une infrastructure essentielle pour l’approvisionnement des acteurs économiques et humanitaires opérant dans la province du Nord-Kivu, difficilement accessible par voie terrestre ou fluviale. Depuis la prise de la ville de Goma, l’ONU, l’Union européenne et d’autres organisations réclament la réouverture de cet aéroport, en vue d’y établir un couloir humanitaire destiné à venir en aide aux victimes d’un conflit qui s’est intensifié depuis le début de l’année. Ce conflit oppose, depuis plusieurs années, les forces gouvernementales au M23, un mouvement soutenu par le Rwanda.
Selon Radio France Internationale (RFI), le M23 aurait déjà entamé des opérations de déminage, une étape indispensable à la réouverture de l’aéroport. Mais d’importants obstacles subsistent : neutraliser totalement les engins explosifs pour garantir la sécurité aérienne, rétablir la tour de contrôle, et relancer la gestion des bagages ainsi que les opérations quotidiennes.
Par ailleurs, l’identité de l’acteur chargé d’assurer le fonctionnement de l’aéroport reste inconnue. Les autorités de la RDC ne se sont pas encore publiquement exprimées sur le sujet, et une collaboration entre Kinshasa et le M23 semble difficilement envisageable, même sur cette question logistique. La Mission des Nations unies en RDC (Monusco) pourrait toutefois jouer un rôle de médiateur ou d’opérateur. « Nous exigeons du M23 qu’il cesse immédiatement d’entraver les opérations de la Monusco », a d’ailleurs souligné Dorothy Shea.
Cette déclaration américaine intervient dans un contexte diplomatique marqué par la controverse. Ronny Jackson, membre du Congrès américain et présenté comme un émissaire de Donald Trump par plusieurs gouvernements de la région des Grands Lacs qu’il a rencontrés à la mi-mars, a récemment fait un compte rendu de sa tournée, suscitant des réactions contrastées.
Devant un comité aux États-Unis, Jackson a réaffirmé l’inviolabilité des frontières de la RDC. Toutefois, il a estimé qu’une solution militaire ne mettrait pas fin au conflit. Lui et d’autres intervenants lors de cette séance ont plaidé pour la mise en place d’un cadre régional garantissant la sécurité et les intérêts économiques de tous les acteurs de la zone, tout en appelant Kinshasa à renforcer sa gouvernance.
Georges Auréole Bamba
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