Depuis une semaine, la ville de Bukavu est confrontée à une pénurie de produits pétroliers. Les stations-service encore approvisionnées écoulent leurs stocks au compte-gouttes, provoquant de longues files d’attente quotidiennes et paralysant une partie de la mobilité urbaine.
Dans les stations-service, le litre d’essence est passé de 3 200 FC à 3 600 FC (≈ 1,2 USD). Mais dans les quartiers périphériques, le marché noir impose ses propres règles : un litre d’essence s’y négocie entre 4 000 et 4 800 FC (≈ 1,7 USD).
Le secteur du transport est directement touché. Les motos, qui assurent l’essentiel des déplacements urbains, ont relevé leurs tarifs : une course qui coûtait 2 000 FC (0,7 USD) est désormais facturée entre 2 500 et 3 000 FC.
Cette crise intervient alors que la ville est sous contrôle du mouvement rebelle M23. Depuis la prise de Bukavu, capitale du Sud-Kivu, en février, plusieurs acteurs économiques victimes de pillages ont suspendu leurs activités, tandis que toutes les institutions bancaires ont fermé leurs portes.
Une pénurie similaire s’était déjà produite en janvier, lorsque les pétroliers avaient signalé un manque d’approvisionnement en provenance du Rwanda, du Kenya et de la Tanzanie. Cette rupture, liée aux ajustements de planification des pays producteurs en début d’année, avait entraîné la rareté des stocks locaux et ouvert la voie à la spéculation des petits revendeurs appelés « Kadhafi ». Le litre d’essence, alors officiellement fixé à 3 776 FC, s’était vendu jusqu’à 5 000 FC sur le marché parallèle, entraînant une hausse immédiate des tarifs de transport urbain.
Boaz Kabeya
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