Kinshasa accueille, depuis le mardi 20 août 2024, le 14e Forum africain sur le peering et l’interconnexion (AfPIF). Le peering fait référence à l’échange de trafic de données entre différents réseaux, généralement des fournisseurs de services Internet (ISP), de manière directe et souvent gratuite, sans passer par un intermédiaire. Des fournisseurs d’infrastructures, de services et de contenus africains sont réunis dans la capitale de la RDC jusqu’au 22 août pour déterminer les meilleures approches techniques et pratiques pour développer l’interconnexion nationale et transfrontalière des réseaux Internet en Afrique. L’objectif est de réduire le coût de la connectivité et d’accroître le nombre d’utilisateurs d’Internet.
Pour la RDC, cette rencontre revêt une grande importance, compte tenu des ambitions de transformation numérique du gouvernement. Grâce aux avancées dans l’interconnexion et le peering au cours des douze dernières années, avec la création de trois points d’échange Internet (Kinshasa, Lubumbashi, Goma), la RDC a vu le prix du transit Internet chuter de 98 % et le trafic local passer de quelques Mégabits par seconde (Mb/s) à près de 80 Gigabits par seconde (Gb/s), selon João Paulo de Vasconcelos Aguiar, conseiller principal chez Internet Society. Ce dernier explique que cela a permis aux fournisseurs d’accès Internet (FAI) locaux de réduire les coûts, de diminuer le prix de la connectivité pour les utilisateurs, et de connecter un plus grand nombre de personnes.
La RDC, marché de plus de cent millions d’habitants, compte désormais trois IXP (points d’échange Internet) qui offrent un accès rapide et abordable à un peu plus de 30 millions de personnes, selon Nico Tshintu Bakajika, président de l’Association des fournisseurs de services Internet (Ispa) de RDC. Cet environnement de connectivité plus accessible et de meilleure qualité attire déjà des investissements dans d’autres secteurs. OpenAccess a inauguré son Centre de données neutre de type Tier III à Kinshasa le 14 août, et Raxio Group prévoit l’inauguration du sien prochainement.
Pour soutenir cette croissance et attirer de nouveaux acteurs ainsi que des investissements locaux et internationaux dans des segments comme le contenu et les services, des défis restent à relever : assurer la croissance des IXP, renforcer la sécurité du routage, et améliorer la politique et la réglementation de l’interconnexion. Ces enjeux sont au cœur des discussions lors du forum de Kinshasa.
Pour la RDC, ce partage d’expériences et d’apprentissages devrait permettre d’identifier des solutions adaptées pour renforcer le paysage national de l’interconnexion et du peering, porteurs d’opportunités économiques pour le marché Internet et l’écosystème numérique national.
Muriel Edjo
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