Des experts du Fonds monétaire international (FMI) sont présents depuis quelques jours en République Démocratique du Congo (RDC) pour finaliser le contenu de deux nouveaux programmes d’un montant global de 2,5 milliards de dollars, sollicités par le gouvernement en juin 2024. Si le principe de ces programmes semble acquis, les parties prenantes doivent encore s'entendre sur les objectifs de cette nouvelle coopération, selon le chef de mission du FMI, Calixte Ahokposi. L’atteinte de ces objectifs conditionnera le décaissement des fonds.
Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement doit prendre des décisions ayant un impact sur la vie quotidienne de millions de Congolais ainsi que sur celle des citoyens étrangers vivant et travaillant en RDC. Dans leur lettre d'intention de juin 2024, sollicitant ces nouveaux programmes, les autorités (gouvernement et banque centrale) ont formulé une série d'engagements, fondés sur leur perception des tendances économiques du pays et leurs ambitions en matière d’amélioration des conditions économiques et de vie.
Certains engagements sont d'ordre purement technique, comme la gestion des données économiques du pays et la fréquence des échanges avec les experts du FMI. D'autres portent sur des réformes pouvant directement ou indirectement affecter la vie des Congolais, notamment le contrôle de l'inflation, l’augmentation de la capacité des banques commerciales à accorder plus de prêts aux acteurs économiques, et la mobilisation de fonds pour construire davantage de routes, d’écoles et d’hôpitaux, tout en créant des emplois.
Une autre dimension des négociations en cours porte sur la mobilisation d’environ 1 milliard de dollars pour financer des politiques de prévention des risques liés au changement climatique et de réponse aux complications qui en découlent, telles que les inondations et la baisse de la production agricole.
Prix du carburant
Un autre point de discussion sera la question des prix de l'essence. Les experts du FMI et de la Banque mondiale estiment de façon récurrente que subventionner le carburant de manière générale constitue une mauvaise utilisation de l’argent public, car cette mesure pourrait surtout bénéficier aux plus riches. Face à l'augmentation continue du coût de la vie, les autorités ont choisi de ne pas imposer de taxes supplémentaires et ont été contraintes de réduire les prix du carburant, indispensable pour les déplacements et l’électrification des foyers.
Les discussions avec le FMI porteront également sur la gestion des dépenses exceptionnelles, notamment celles liées à la crise sécuritaire aux frontières avec le Rwanda et l’Ouganda. Initialement prévues à 2 247 milliards de francs congolais (FC), ces dépenses de sécurité devraient atteindre 4 442 milliards de FC (environ 1,5 milliard de dollars) d’ici fin 2024, selon les prévisions gouvernementales basées sur les dépenses engagées au cours des premiers mois de l'année. Pour mettre en perspective, cette somme équivaut à environ la moitié du budget global des salaires du secteur public (2,85 milliards de dollars) et représente 80 % du financement requis pour un plan directeur établi en 2019 pour transformer Kinshasa. Le gouvernement s’est engagé à réaliser des audits sur ces dépenses exceptionnelles.
Enfin, les discussions avec le FMI aborderont les exonérations fiscales. En 2023, le gouvernement a reconnu avoir renoncé à collecter environ 2 milliards de dollars en impôts et taxes diverses, dont 60 % ont bénéficié aux entreprises, en particulier dans le secteur minier. Bien que ces exonérations visent à garantir que les entreprises puissent investir et maintenir leur liquidité, un suivi sera nécessaire pour vérifier si elles entraînent réellement la création de davantage d'emplois pour les Congolais.
À l'issue de leur mission, les experts du FMI établiront un rapport sur les différents engagements pris et les délais d'exécution. Le gouvernement de la RDC espère parvenir à un accord avant la fin de l'année 2024, ce qui lui permettrait de commencer l'année suivante avec une clarté sur la mise en œuvre de plusieurs de ses stratégies de développement. Cela inclut la composante 2025 du plan national de développement, la deuxième phase de son plan de développement des territoires, son programme d'investissement public, plusieurs autres programmes soutenus par des bailleurs, ainsi que le plan de réponse climatique, estimé à 58 milliards de dollars sur les six prochaines années.
Georges Auréole Bamba
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