La Chine a annoncé, le 3 décembre 2024, une interdiction immédiate des exportations vers les États-Unis de plusieurs minéraux critiques, dont le gallium et le germanium. Cette mesure, prise en réaction aux restrictions américaines sur la vente de technologies à Pékin, représente une opportunité pour la République démocratique du Congo (RDC), qui cherche à contester l’hégémonie chinoise sur le germanium.
Le pays d’Afrique centrale souhaite en effet assurer 30 % de l’approvisionnement mondial en germanium, selon la Gécamines, qui porte les ambitions de la RDC sur ce dossier. Dans une interview accordée à Reuters en juillet 2023, son président, Guy Robert Lukama, avait expliqué que les restrictions de la Chine offrent des opportunités à la RDC. Déjà à l’époque, Pékin avait imposé des mesures qui, bien que ne visant pas spécifiquement les États-Unis, perturbaient l’approvisionnement en minéraux critiques, dont le germanium.
« La décision de la Chine va créer une certaine pénurie sur le marché, ce qui signifie que notre germanium, qui n’est pas encore réservé, pourrait avoir plus de valeur […] Il n’y a pas encore de clients, mais il y a de l’intérêt, il y en a depuis que nous avons commencé le projet et nous sommes sûrs que nous aurons bientôt plus d’intérêt pour notre germanium », prédisait alors le dirigeant.
Depuis, la Gécamines a effectivement annoncé, en mai 2024, un accord avec la société belge Umicore, afin d’assurer le traitement du germanium issu du site de résidus miniers dénommé Big Hill à Lubumbashi. Les premières exportations de concentré de germanium vers la Belgique ont ainsi commencé en octobre 2024. Les risques de perturbations accrues déclenchées par la nouvelle mesure de Pékin pourraient aider la Gécamines à attirer de nouveaux clients et inciter à des investissements supplémentaires pour exploiter d’autres sites congolais de résidus miniers.
Rappelons que l’usine hydrométallurgique de Lubumbashi, d’une capacité de production annuelle de 30 tonnes de germanium, est le fruit d’un investissement de 75 millions $ réalisé en 2023. Outre le germanium, l’installation peut également produire de l’oxyde de zinc, du cuivre et du cobalt.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
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