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Action climatique : la RDC envisage de convertir sa dette en investissements stratégiques

Action climatique : la RDC envisage de convertir sa dette en investissements stratégiques

Le ministre des Finances, Doudou Fwamba Likunde (photo), semble fonder beaucoup d’espoir sur le debt swap pour financer l’action climatique en République démocratique du Congo (RDC). « Alors que la RDC se positionne comme pays solution face au changement climatique, le debt swap (ou échange dette-nature) représente une opportunité innovante de convertir une partie de notre dette en investissements stratégiques », a-t-il indiqué lors d’un atelier de présentation de l’étude d’un mécanisme de swap de la dette publique pour financer l’action climatique dans le pays, tenu le 21 novembre 2024 à Kinshasa.

Parmi les investissements stratégiques, le ministre pense notamment au projet de développement de la chaîne de valeur des batteries et véhicules électriques. Pour lui, cette initiative industrielle permet de répondre non seulement aux impératifs de verdissement à travers la mobilité électrique, mais aussi aux changements structurels en offrant des emplois de qualité et en améliorant le niveau de vie de la population, tout en renforçant la résilience climatique.

De manière générale, explique la Banque africaine de développement (BAD) dans un rapport paru en octobre 2022, un échange dette-nature implique l’annulation d’un certain montant de dette souveraine en échange d’une action en faveur de l’environnement de la part du pays débiteur. Cette dette peut être annulée directement par le créancier, comme dans le cas des échanges bilatéraux officiels, ou rachetée avec une décote par une organisation donatrice, le plus souvent une ONG de premier plan spécialisée dans la protection de l’environnement, qui procède ensuite à une annulation similaire de la dette.

L’étude présentée le 21 novembre a certes identifié les créanciers qui pourraient être intéressés par ce type d’opération, mais la RDC doit encore franchir plusieurs étapes pour la mener à bien. Il faut, par exemple, identifier les projets que la RDC souhaite réaliser dans le cadre de cet échange dette-nature, les chiffrer et s’assurer qu’ils répondent aux critères du bailleur de fonds.

Couteau à double tranchant

Dans un contexte où les pays les plus riches, historiquement les plus grands pollueurs, ne parviennent pas à respecter leurs engagements visant à soutenir la capacité des pays économiquement plus faibles à financer la résilience et l’adaptation aux effets du changement climatique, on observe un regain d’intérêt pour le debt swap, utilisé pour la première fois à la fin des années 90.

Mais la RDC pourrait mobiliser des sommes importantes différemment, au regard de son faible niveau d’endettement (moins de 16 % du PIB). Selon des données officielles, la dette internationale de la RDC s’élevait à 6,8 milliards de dollars au terme du deuxième trimestre 2024, dont 80 % détenus par les institutions de Bretton Woods (FMI et Banque mondiale). D’une manière générale, les bailleurs multilatéraux (BAD, BADEA et autres) dominent la totalité de la dette extérieure.

L’opération pourrait en plus être contreproductive pour le pays. « Au moins dans le cas de la dette commerciale, toute forme de renégociation des conditions initiales de l’obligation ou du prêt, même dans un but de conservation de la biodiversité, aura naturellement un impact négatif sur l’appréciation de la solvabilité du pays, susceptible d’entraîner une dégradation de sa note et, par conséquent, une augmentation du coût des emprunts futurs », estime la BAD.

En RDC, l’urgence climatique est une réalité qui se traduit par des inondations de fleuves, obligeant des dizaines de milliers de familles à abandonner leurs champs et leurs maisons. La conséquence directe est une crise humanitaire et alimentaire, qui, très souvent, incombe au gouvernement. Le pays tente donc de profiter de tous les mécanismes existants pour mobiliser des ressources au profit du financement des actions climatiques. Dans le cadre d’un nouveau programme avec le Fonds monétaire international, les autorités sont en voie d’obtenir 1,1 milliard de dollars de financements dédiés à cette cause.

George Auréole Bamba

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