Le projet d’extension du réseau national de fibre optique de Tanzanie (NICTBB) vers la République démocratique du Congo (RDC) a été au centre d’une réunion tenue le 20 octobre 2025 au siège de la Tanzania Telecommunications Corporation (TTCL) à Dar es Salaam. Ce projet prévoit la pose d’une liaison sous-marine entre Kigoma (Tanzanie) et Kalemie (RDC), sur une distance estimée entre 160 et 186 km à travers le lac Tanganyika.
La délégation tanzanienne était conduite par Moremi Marwa, directeur général de la TTCL, et Leo Magomba, directeur de l’infrastructure TIC au ministère tanzanien de la Communication et des Technologies de l’information. Côté congolais, la délégation était dirigée par Prosper Ghislain Mpeye, directeur général de la Société congolaise de fibre optique (SOCOF).
Peu d’informations ont filtré de ces discussions, encadrées par un accord de confidentialité signé en février 2023. Les deux parties devraient toutefois être en train de franchir les dernières étapes avant le lancement des travaux, prévu pour début 2026, après l’obtention des autorisations environnementales finales. La mise en service complète est projetée pour la fin de l’année 2027.
Estimé entre 15 et 20 millions de dollars, le projet repose sur un partenariat public-privé impliquant notamment la société mauricienne Bandwidth and Cloud Services Group pour l’expertise technique. Les gouvernements tanzanien et congolais ont convenu de réunions trimestrielles afin de suivre l’avancement du projet, respecter les délais et réduire les risques financiers.
Ce chantier s’inscrit dans le plan d’action prioritaire 2021–2030 de l’Agence de développement de l’Union africaine (AUDA-NEPAD), qui identifie cette interconnexion comme un axe clé pour l’intégration numérique de l’Afrique orientale et australe. Le réseau NICTBB relie déjà six pays voisins — Zambie, Malawi, Kenya, Ouganda, Rwanda et Burundi. L’ajout de la RDC permettrait de compléter un corridor Est-Ouest de fibre optique, avec des effets démultiplicateurs sur l’économie numérique régionale.
« Ce projet stratégique devrait significativement accélérer la transformation digitale de la RDC et stimuler sa croissance économique », a souligné la TTCL, maître d’œuvre du projet.
À ce jour, les provinces de l’Est de la RDC dépendent encore largement de connexions satellitaires onéreuses et instables. L’arrivée de la fibre optique pourrait réduire de moitié les coûts de bande passante, selon les projections. Les secteurs les plus concernés seraient les mines (cuivre, cobalt, or), qui bénéficieront d’analyses en temps réel et de connexions à faible latence, ainsi que l’e-commerce, la finance numérique, l’éducation, la santé et l’administration, grâce à de meilleures infrastructures. Les retombées économiques sont estimées entre 1 et 2 milliards de dollars de valeur commerciale additionnelle dans la sous-région sur dix ans.
Le câble sous-marin utilisera une fibre optique monomode G.652D, avec une capacité initiale de 100 Gbps, extensible à plusieurs térabits. Il devra traverser des zones de grande profondeur — jusqu’à 1 470 mètres — et intégrer des dispositifs de protection sismique. Des études environnementales conjointes menées par la TTCL et la Société congolaise des postes et télécommunications (SCPT) devraient garantir le respect des normes internationales, notamment celles de la Convention de Ramsar, applicable au lac Tanganyika.
PM avec Ecofin Agency