La République Démocratique du Congo (RDC) est présentée comme l’un des principaux centres d’influence économique chinoise en Afrique, selon les données de l’Indice d’Influence Globale (Global Influence Index) publiées par le think tank américain China Economic & Strategy Initiative (CESI). Cet indice a pour objectif principal d’informer les décideurs publics et privés américains sur l’impact politique, économique et sécuritaire de la Chine dans divers pays, y compris en Afrique, en comparaison avec celui des États-Unis.
La RDC a obtenu un score de 18 points en matière d’influence économique chinoise, se situant légèrement en dessous de Djibouti (19 points) et à égalité avec l’Algérie (18 points). Le pays se distingue également comme l’un des États africains où l’écart d’influence économique entre la Chine et les États-Unis est le plus marqué, avec un différentiel de 11 points en faveur de Pékin. Cet écart est moins prononcé qu’à Djibouti et en Guinée Conakry (15 points d’écart) ou en Angola (14 points d’écart), mais il reste comparable à celui observé au Bénin et au Niger (11 points d’écart), deux pays actuellement en proie à des tensions diplomatiques.
Plus concrètement, la RDC est le troisième fournisseur de la Chine en Afrique, après l’Angola. En 2023, les exportations congolaises vers la Chine (incluant Hong Kong, selon les données congolaises) ont atteint 18,9 milliards de dollars, juste en dessous des 21,9 milliards de dollars de l’Angola (données directes) et des 32 milliards de dollars de l’Afrique du Sud (données miroirs, selon diverses sources). Lorsque l’on examine la part des exportations vers la Chine par rapport au commerce extérieur total de chaque pays, la RDC se distingue avec un ratio de 67,5 %, devançant l’Angola (42,7 %) et l’Afrique du Sud (21 %).
Vers une renforcement de l’influence chinoise
Cette prédominance s’explique notamment par la concentration de la Chine sur des secteurs stratégiques en RDC, tels que le cuivre et le cobalt, des minerais essentiels à la transition énergétique, ainsi que l’or, dont la valeur continue de progresser. Dans le secteur du cuivre, où la RDC est désormais le deuxième producteur mondial et ambitionne de devenir le premier, les entreprises CMOC et Ivanhoe Mining, contrôlées par des investisseurs chinois, sont les principaux acteurs.
Cependant, l’économie congolaise reste fortement dollarisée, avec le dollar américain représentant 91,9 % des dépôts bancaires, contre seulement 8,1 % pour la monnaie locale, le franc congolais, en août 2024.
L’influence économique de la Chine en RDC pourrait encore s’accroître. Alors que les États-Unis misent sur des initiatives commerciales comme l’AGOA (Loi sur la croissance et les opportunités économiques en Afrique), la Chine a récemment dévoilé une stratégie plus globale, alignée sur les ambitions de diversification économique de son partenaire africain. Les autorités congolaises ont d’ailleurs mis en place une équipe dédiée pour optimiser les retombées des 50 milliards de dollars d’engagements promis par la Chine à ses « amis africains ».
De plus, un accord-cadre a été signé entre les deux pays pour faciliter l’exportation de plus d’un million de produits agricoles congolais vers la Chine. La construction d’une zone économique chinoise en RDC est en projet.
Georges Auréole Bamba
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