Le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku, a annoncé ce 11 septembre 2024, après une rencontre avec des équipes de la Banque mondiale, que le projet de construction de postes frontières uniques et de marchés frontaliers pour faciliter les échanges commerciaux entre la République Démocratique du Congo (RDC) et les pays voisins de la région des Grands Lacs devrait être achevé au deuxième trimestre 2025. Il s’agit des postes de Nyamoma, Rubenga, Kanvimvira, Kamanyola, ainsi que les marchés de Kasindi, Bukavu et Idjwi, a listé le ministre sur son compte X (anciennement Twitter).
Aucun autre détail supplémentaire n’a été fourni concernant l’avancement des travaux ou les aspects techniques de l’initiative. Mais l’on sait que ces travaux sont prévus dans le Projet de facilitation du commerce et d’intégration dans la région des Grands Lacs (PFCIGL), lancé avec le soutien technique et financier de la Banque mondiale. Ce projet vise à simplifier le commerce transfrontalier en augmentant les capacités commerciales et en réduisant les coûts pour les commerçants, en particulier les petits commerçants et les femmes, dans des zones frontalières spécifiques. L’initiative devrait ainsi encourager l’intégration économique régionale et soutenir les acteurs les plus vulnérables du commerce transfrontalier.
Dans le cadre du PFCIGL, le ministre des Infrastructures et Travaux publics, Alexis Gisaro, a inauguré, En octobre 2023, les travaux de construction des bâtiments et installations des postes frontaliers de Kavimvira, dans la province du Sud-Kivu, à la frontière avec Gatumba au Burundi, ainsi que la construction d’une petite barrière à Goma. Ici, il est question de dynamiser les échanges commerciaux entre la RDC et le Burundi, tout en améliorant les conditions de travail des agents des services frontaliers. En effet, la construction de ces infrastructures devrait faciliter le passage des marchandises et des personnes, renforçant ainsi la coopération économique entre les deux pays.
Défis financiers
À terme, le PFCIGL aspire à transformer la vie d’une population principalement jeune, engagée dans des activités agricoles, pastorales et piscicoles réparties en huit filières distinctes. Bien que ces activités soient rentables, elles n’ont pas encore généré l’effet de levier nécessaire pour assurer une croissance durable. Les nouvelles infrastructures et marchés contribueront notamment à améliorer la sécurité des biens et des personnes.
Le projet inclut également plusieurs autres composantes importantes, telles que l’amélioration de la gestion financière pour un meilleur accès aux services financiers et aux crédits, le renforcement des capacités en conservation, conditionnement et commercialisation des produits, ainsi qu’une organisation des acteurs afin de mutualiser les efforts face aux divers défis. Cela permettra de maximiser l’impact du projet et de favoriser un développement économique plus inclusif et durable dans la région.
Cependant, au-delà des infrastructures, le véritable défi pourrait être l’accompagnement financier des producteurs. Par exemple, dans la filière du manioc, transformer 500 kilogrammes de tubercules par jour nécessite un investissement initial de 2 030 $ sur une période de 5 ans, avec un amortissement de 13 $ par jour, selon une étude du projet. Malgré une exploitation optimale, où toute la production serait vendue, la marge bénéficiaire par demi-tonne n’est que de 3,7 $. Ainsi, pour accroître la production de manioc et réduire les coûts d’achat, des financements à long terme pourraient être indispensables afin de permettre aux producteurs de mieux investir dans leur activité et augmenter ces marges.
Georges Auréole Bamba