Le conseil d’administration de la Société nationale d’électricité (SNEL) a annoncé, dans un communiqué publié le 16 septembre 2025, qu’il mettait un terme aux « réflexions sur le projet de dégroupage des activités de la société en filières ». Sans en préciser les raisons, le document souligne toutefois que « les représentants des travailleurs seront impliqués dans toutes réflexions stratégiques ».
Cette volte-face intervient après une manifestation du personnel organisée le 9 septembre dans l’enceinte de l’entreprise à Kinshasa. Selon l’Agence congolaise de presse (ACP), agents et cadres dénonçaient le projet de démembrement de la société en trois entités distinctes : SNEL Production, SNEL Transport et SNEL Commerciale.
Le conseil d’administration a également tenu à rassurer sur les rumeurs de privatisation, affirmant que celles-ci sont infondées : « Aucune décision, ni initiative, visant à envisager la cession partielle ou totale du capital de la SNEL n’a été prise ni instruite, ni par l’État actionnaire unique, ni par le conseil d’administration », peut-on lire dans le communiqué.
Le projet de démembrement de la SNEL s’inscrivait pourtant dans les réformes prévues par le Compact énergétique conclu entre le gouvernement et ses partenaires. Cette feuille de route vise à accroître le taux d’accès à l’électricité en République démocratique du Congo, actuellement de 21 %, pour le porter à plus de 60 % d’ici 2030, et à permettre à l’entreprise publique de recouvrer 100 % de ses coûts opérationnels d’ici 2029. La privatisation de la société n’y est en revanche pas mentionnée.
La Banque mondiale, qui soutient cette réforme, estime que le découpage de la SNEL permettrait d’améliorer la transparence, d’assurer un suivi plus rigoureux des performances et d’identifier les défis propres à chaque activité. L’objectif affiché est de transformer « la SNEL en une entreprise forte et durable », condition préalable à la mise en œuvre du programme Grand Inga, projet de centrale hydroélectrique d’un potentiel de 42 000 MW nécessitant plusieurs milliards de dollars de financement. Une meilleure santé financière de la SNEL, souvent critiquée pour ses pertes techniques et commerciales dues à la vétusté du réseau et à un faible taux de recouvrement des factures, est jugée essentielle pour garantir la confiance des bailleurs et la récupération des fonds investis.
Timothée Manoke
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