Les transactions de change, qui consistent à échanger des francs congolais contre d’autres devises, principalement le dollar américain, continuent de croître avec un rôle de plus en plus important joué par les banques commerciales. À la fin du mois d’août 2024, la banque centrale a enregistré 8,62 milliards de dollars de transactions, dont 93,9 % réalisées par les banques. En 2023, ces institutions avaient géré 92,7 % des 10,3 milliards de dollars de transactions de change.
Il convient de noter que les banques disposent principalement de devises, notamment en dollars. Cela leur permet de pratiquer un taux de conversion relativement proche de celui du marché international, avec des marges réduites. De plus, elles ont réussi à diminuer l’écart entre les coûts d’achat et de vente des devises.
Par conséquent, il est désormais plus avantageux d’effectuer ses opérations de change via les banques plutôt que dans les bureaux de change. Ce secteur est d’ailleurs en déclin. En 2023, les bureaux de change ont géré 7,7 millions de dollars de transactions, tandis qu’en 2024, ils n’ont enregistré que 2,28 millions de dollars, selon la banque centrale.
Les bureaux de change en RDC se répartissent en trois catégories : ceux de première catégorie, opérant à l’échelle nationale, ceux de niveau provincial, et les cambistes individuels. Ces derniers ont été les plus touchés par la nouvelle réglementation, qui exige une autorisation de la banque centrale. Cette autorisation requiert des documents que beaucoup de Congolais ne possèdent pas, comme une pièce d’identité nationale.
Les chiffres de la banque centrale ne concernent que les données officiellement transmises. Dans un pays où l’économie informelle est très présente, certains cambistes non régularisés parviennent probablement à subsister. Toutefois, les banques commerciales ont démontré leur efficacité dans ce secteur.
Cette année encore, les autorités ont annoncé des mesures visant à réduire l’usage du dollar dans l’économie, mais le système monétaire en place ne facilite pas cette transition. Fin août 2024, plus de 49 % des billets de francs congolais en circulation étaient des coupures de 20 000 et 10 000. Cette configuration monétaire a tendance à exclure les personnes dont les produits ou services ont une valeur bien inférieure à ces montants.
Dans ces conditions, ramener l’inflation à un niveau capable de soutenir le pouvoir d’achat des ménages les plus modestes s’avère complexe, tandis que la tendance à spéculer sur le dollar reste forte. Il y a dix ans, il ne fallait que 900 CDF pour 1 $. Malgré le renforcement de la RDC en tant qu’acteur clé de la transition énergétique, sa monnaie a continué de perdre de la valeur.
George Auréole Bamba