Le projet de loi de finances pour l’année 2025, actuellement en discussion à l’Assemblée nationale, propose que le gouvernement de la République Démocratique du Congo consacre 21 964,7 milliards de francs congolais (FC), soit environ 7,7 milliards de dollars, aux investissements. Si cette proposition est validée en l’état, cela représenterait une augmentation de 18,2 % par rapport à l’année 2024 et constituerait 48,7 % du budget global, soit la part la plus importante.
Cette projection des dépenses est conforme à la volonté des autorités de transformer l’économie de la RDC en créant davantage d’emplois, en garantissant l’accès aux services sociaux de base, tels que la construction d’écoles, d’hôpitaux et de centres administratifs, en répondant à une demande croissante d’électricité et en poursuivant les travaux pour mieux connecter les différentes provinces du pays.
Pour financer ce budget, l’État prévoit de s’appuyer sur ses recettes propres, estimées à 9 828,4 milliards de francs congolais. Plus de 3 200 milliards de FC seront investis directement par les provinces, et environ 1 000 milliards de FC sont attendus de la renégociation du contrat minier de la Sicomines. Enfin, le gouvernement central prendra en charge directement 2 739,4 milliards de FC d’investissements. Le reste, soit 12 136 milliards de FC, proviendra des bailleurs de fonds internationaux.
Si cette projection est pleinement exécutée, cela soutiendra l’augmentation de la richesse créée dans le pays, car les investissements publics sont pris en compte dans le calcul du PIB. Le gouvernement prévoit également d’utiliser les ressources issues d’une péréquation de 10 % sur les recettes purement nationales pour investir dans l’agriculture et accroître les opportunités de travail décent, au-delà du secteur extractif, notamment minier.
Malgré ces efforts notables, des marges de progression subsistent. Les investissements publics en RDC restent encore largement dépendants des bailleurs de fonds étrangers. Bien que la majeure partie de la dette extérieure, au 30 juin 2024, soit détenue par des prêteurs concessionnels tels que la Banque africaine de développement, le Fonds monétaire international (FMI) et, surtout, la Banque mondiale, le pays continue de mobiliser des ressources en dollars pour investir dans une économie dont l’ambition est de renforcer une monnaie nationale stable, bien qu’elle ne résiste pas toujours aux chocs.
Un autre point de progression serait de vérifier si le gouvernement parvient à mieux équilibrer les dépenses d’investissement entre celles allouées à la mise en œuvre des projets et celles destinées directement aux projets eux-mêmes. Dans un rapport de juillet 2024, le FMI soulignait que, pour la construction d’infrastructures sociales, la part des dépenses de salaires et de fonctionnement était parfois supérieure à celle des infrastructures elles-mêmes.
En 2025, les bailleurs de fonds étrangers continueront de jouer un rôle clé. Les autorités poursuivent des discussions avec le FMI pour obtenir de nouveaux accords d’une valeur estimée à 2,5 milliards de dollars. Rappelons que le précédent accord, qui a duré de 2021 à 2024, avait financé en partie (750 millions de dollars) le Plan de développement des 145 territoires. Une deuxième phase est annoncée, mais le gouvernement ne précise pas s’il compte toujours sur le FMI. La Banque mondiale a également annoncé plusieurs projets, dont 1 milliard de dollars pour le projet grand Inga, bien que celui-ci ne soit pas encore inclus dans la liste des projets en cours de validation. Un programme d’infrastructure de connectivité de 500 millions de dollars est également prévu, avec une approbation attendue pour avril 2025.
Georges Auréole Bamba
Lire aussi :