Ethiopian Airlines s’apprête à renforcer sa position stratégique sur le marché congolais du transport aérien avec le lancement d’Air Congo, dont les activités sont prévues pour décembre 2024. Le 3 octobre, des responsables de la compagnie éthiopienne ont rencontré Jean-Lucien Bussa, ministre congolais du Portefeuille, afin de discuter de ce projet, dont le succès repose, de l’avis même des promoteurs, sur la qualité de la coopération entre les parties impliquées.
Air Congo est une société d’économie mixte avec un capital de 40 millions de dollars, détenu à 51 % par l’État congolais et à 49 % par Ethiopian Airlines. Ce partenariat offre à la compagnie éthiopienne l’opportunité de consolider son avance sur ses concurrents en République Démocratique du Congo (RDC). Un pays riche en ressources naturelles essentielles à la transition énergétique, avec une croissance économique projetée à 6,5 % d’ici 2025.
Contrairement aux compagnies privées locales telles que la CAA, Ethiopian Airlines devrait tirer parti de sa vaste connectivité internationale. La compagnie assure déjà quatre vols directs vers la RDC depuis l’étranger : deux vers Kinshasa, un vers Lubumbashi et un vers Goma. En outre, elle est partenaire d’Asky, qui opère deux rotations quotidiennes vers Kinshasa au départ de Lomé et d’Afrique du Sud.
Avec le lancement d’Air Congo, Ethiopian Airlines pourrait également tirer parti de ses relations avec des agences internationales telles que les Nations unies. Grâce à son expérience, la compagnie serait en mesure de répondre à une partie des besoins en transport aérien de ces organisations, qui sont souvent couverts par des compagnies privées ou des avions affrétés.
Première livraison d’avions annoncée pour novembre
Pour la RDC, Air Congo représente un pas crucial vers une amélioration de la desserte aérienne, à un moment où les infrastructures routières peinent à relier efficacement les grandes villes du pays. « Ce projet vise à renforcer la connectivité aérienne nationale, à stimuler l’économie, et marque un tournant stratégique majeur après la suspension de Congo Airways », a déclaré le ministère du Portefeuille.
Faute d’avions opérationnels, Congo Airways est à l’arrêt depuis juillet 2024. Depuis septembre, cette compagnie contrôlée par l’État congolais dispose de 90 jours pour renouveler sa certification internationale IOSA, actuellement suspendue, et préserver son statut de membre de l’Association internationale des transporteurs aériens (IATA). Cette situation contribue à la réduction de l’offre de transport aérien dans le pays. En effet, avant que la pandémie de Covid-19 ne l’affaiblisse encore davantage, alors qu’elle faisait déjà face à des difficultés financières, la compagnie transportait près de 400 000 passagers par an, selon les statistiques de 2018.
D’un point de vue organisationnel, l’État congolais nomme le directeur général adjoint et six administrateurs pour Air Congo, tandis qu’Ethiopian Airlines désigne le directeur général et trois autres administrateurs. Cependant, on a pas, à ce stade, de visibilité sur la stratégie d’investissement. Ethiopian Airlines a déjà apporté des avions à d’autres compagnies où elle est un partenaire de référence, comme avec Asky, mais il n’est pas encore certain que cela se reproduise avec Air Congo. Après avoir rencontré des responsables de la compagnie éthiopienne le 3 octobre, le ministère du Portefeuille a annoncé une première livraison d’avions en novembre, sans fournir davantage de précisions.
Georges Auréole Bamba