Les besoins électriques du projet de manganèse d’Asia Minerals Limited à Luozi, dans le Kongo Central, sont projetés à plus de 300 MW. L’information a été donnée le 26 novembre dernier lors du Forum Makutano par Fely Samuna, directeur général de Kerith Resources, partenaire congolais de la multinationale japonaise.
Selon lui, ces besoins se répartissent en deux volets : environ 120 MW pour la phase d’exploitation minière et près de 200 MW pour la transformation locale du minerai, conformément à la demande du gouvernement visant à accroître la valeur ajoutée et l’emploi dans la région. Cette demande commencera à se matérialiser dans plus de trois ans : « L’exploration va prendre trois ans, le développement de la mine va commencer après », a-t-il précisé, avant d’interroger les autorités sur la capacité du pays à répondre à ces besoins.
Le ministre des Ressources hydrauliques et de l’Électricité, Aimé Molendo Sakombi, a indiqué que la zone concernée par le projet dispose de sites hydroélectriques susceptibles d’alimenter ces activités, notamment celui de Mpioka, sur la rivière Inkisi. Selon le coordonnateur de l’Unité de coordination et de management des projets du ministère de l’Énergie (UCM), Jean-Pierre Mukadi Kalombo, ce site présente un potentiel d’environ 6 000 MW, pouvant contribuer à l’approvisionnement énergétique de Kinshasa — y compris dans le cadre de son extension — ainsi qu’aux besoins croissants du secteur minier. Il a précisé que ce site fera l’objet d’études dès l’année prochaine afin de fournir au gouvernement les éléments techniques nécessaires pour la suite du projet.
Fely Samuna a également soulevé la question de la compétitivité énergétique du pays. Il a rappelé que le partenaire japonais exploite déjà une fonderie, Pertama Ferroalloys, mise en service en 2016 en Malaisie, où l’approvisionnement repose sur un contrat d’achat d’électricité (PPA) à un tarif d’environ 0,04 dollar/kWh. Il a demandé si un tarif inférieur pouvait être envisagé en RDC afin de garantir la compétitivité des opérations locales et déterminer Asia Minerals à transformer le minerai sur place.
En réponse, Bob Mabiala Mvumbi, directeur général de l’Agence pour le développement et la promotion du projet Grand Inga (ADPI), s’est dit disposé à ouvrir des discussions en vue de la conclusion d’un futur PPA. « Vous fixerez un prix et on en parlera », a-t-il déclaré, précisant que l’ADPI travaille actuellement sur la question de la demande bancable pour Inga 3, dont la capacité installée devrait varier entre 3 000 et 11 000 MW.
Mais l’équation s’annonce difficile. La Société nationale d’électricité (SNEL), estimant que le tarif moyen de 0,17 dollar/kWh est inférieur au coût de revient, demande actuellement une hausse des prix. À titre de comparaison, les opérateurs de mini-réseaux appliquent actuellement des tarifs allant de 0,25 à 0,70 dollar/kWh.
Timothée Manoke
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