Le ministre des Mines, Louis Watum Kabamba, a suspendu, le 6 novembre 2025, les activités de l’entreprise chinoise Congo Dongfang Mining (CDM) sur son site de Lubumbashi pour une période initiale de trois mois, à la suite d’un épisode de pollution industrielle ayant touché plusieurs quartiers de la ville.
Selon le ministre, pendant cette période — prolongeable en cas de nécessité — le producteur de cuivre et de cobalt doit maintenir la rémunération de l’ensemble du personnel du site concerné. L’entreprise devra également réparer intégralement les dommages environnementaux constatés, indemniser les populations affectées et s’acquitter des pénalités prévues par le Code minier et la réglementation en vigueur.
D’après les médias locaux, dès le lundi 3 novembre, une petite quantité d’eau contaminée s’écoulait déjà des installations de CDM situées dans la commune Annexe, au quartier Kasapa, au nord de Lubumbashi. Le lendemain, 4 novembre, la situation s’est aggravée : d’importantes quantités d’eau issues du bassin de rétention de l’entreprise minière se sont déversées dans plusieurs zones avoisinantes, notamment au marché Moïse, qui approvisionne une grande partie du nord de la ville.
Un bassin de rétention est une infrastructure industrielle destinée à stocker et neutraliser les effluents liquides issus du traitement minier avant leur rejet dans l’environnement. En cas de rupture, ces effluents — souvent acides et chargés de métaux lourds — peuvent contaminer les sols, les habitations et les cours d’eau, provoquant une pollution grave.
Des témoignages recueillis sur place font état de brûlures cutanées chez plusieurs habitants après contact avec l’eau, tandis que des animaux domestiques sont morts après en avoir bu. D’autres images virales sur les réseaux sociaux montrent des poissons morts flottant dans les cours d’eau pollués, notamment dans la rivière Lubumbashi.
Non-respect des normes
Face à la gravité de la situation, le ministre des Mines affirme s’être rendu d’urgence à Lubumbashi dans la nuit du 5 au 6 novembre. Sur le site de CDM, les responsables de l’entreprise ont expliqué que la fuite aurait été causée par un moellon — une grosse pierre tombée dans le bassin de rétention —, brisant la couche d’étanchéité et provoquant la fuite des eaux toxiques.
Ces explications n’ont pas convaincu le ministre, qui a indiqué sur sa page X (ex-Twitter) que « le bassin de rejet de la société ne répond à aucune norme environnementale : absence d’étanchéité, d’équilibre structurel, de dispositifs de contrôle et de plan d’urgence ».
Selon les médias locaux, l’entreprise a entrepris des mesures d’urgence pour contenir la pollution, notamment l’installation d’une barrière chimique à base de chaux pour neutraliser les liquides acides, ainsi que la mise en place d’une pompe destinée à rediriger les eaux contaminées vers un ancien bassin.
Cependant, plusieurs riverains rappellent qu’il ne s’agit pas du premier incident impliquant CDM. En 2022, des habitants avaient déjà dénoncé le déversement d’eaux polluées dans les canalisations et la libération de fumées toxiques depuis les installations de l’entreprise.
Ce nouvel épisode relance le débat sur la responsabilité environnementale des entreprises minières en République démocratique du Congo et sur la capacité des autorités à imposer des normes strictes dans un secteur souvent critiqué pour ses pratiques dangereuses pour les populations et les écosystèmes.
Timothée Manoke
Lire aussi :
Mines : Louis Watum, plus de 30 ans d’expérience portés avec humilité









