D’après une annonce du ministère des Mines, le ministre Louis Watum Kabamba a signé, le 3 novembre 2025, un arrêté prorogeant pour six mois le statut « rouge » appliqué à 38 sites miniers du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Cette décision prolonge une première mesure prise en février 2025 par son prédécesseur, valable initialement six mois, et visant les concessions situées dans les territoires de Masisi et de Kalehe, passées sous l’influence du M23 depuis 2024.
Cette prorogation s’inscrit dans la stratégie du gouvernement congolais visant à réduire les ressources financières des rebelles. Kinshasa considère en effet les activités minières illégales comme la principale source de financement du mouvement. En octobre 2024, Bintou Keita, cheffe de la Monusco, estimait que les taxes imposées par les rebelles dans les zones minières sous leur contrôle généraient environ 300 000 dollars par mois. Un rapport publié en décembre de la même année chiffrait ces recettes mensuelles à 800 000 dollars.
À ces revenus s’ajouteraient ceux tirés de la mine d’or de Twangiza, au Sud-Kivu, où l’entreprise exploitante affirme que des ventes illicites réalisées par les rebelles auraient atteint 70 millions de dollars depuis mai 2025. Ces estimations illustrent l’importance du secteur minier dans le financement de la rébellion.
Selon l’arrêté signé le 3 novembre, la nouvelle période de six mois est comptée à partir du 12 août 2025, date d’expiration du précédent acte réglementaire. Le classement « rouge » interdit toute activité d’extraction et rend illégale la commercialisation du coltan, de la cassitérite et d’autres minerais provenant de ces sites, ce qui limite leur accès aux circuits formels.
Pour contourner ces restrictions, les réseaux de contrebande s’appuient sur des mécanismes de blanchiment déjà documentés. Le rapport du Groupe d’experts des Nations unies publié en juillet 2025 indique que les minerais 3T - étain (cassitérite), le tungstène (wolframite) et le tantale (coltan)- provenant des zones contrôlées par le M23 sont systématiquement mélangés à la production rwandaise avant leur exportation. Les experts font état d’environ 686 tonnes de minerais sorties clandestinement de la région depuis janvier 2025.
Ces éléments confortent la position du gouvernement congolais, qui considère la filière minière comme un levier essentiel pour assécher le financement de la rébellion.
Timothée Manoke
Lire aussi :
Conflit à l’est de la RDC : 38 sites miniers interdits d’exploitation pour asphyxier le M23









