À l’occasion de la visite de l’Émir du Qatar à Kinshasa, la Qatar Investment Authority (QIA), le fonds souverain qatari, a manifesté sa volonté de renforcer sa collaboration avec Ivanhoe Mines. Les deux parties ont signé un mémorandum d’entente (MoU) destiné à encadrer une coopération dans les futurs projets liés aux minéraux critiques, selon un communiqué publié le 21 novembre 2025.
« Ce protocole d’accord témoigne de l’engagement de la QIA à établir des partenariats stratégiques avec des fournisseurs majeurs de minéraux critiques, afin de soutenir les efforts mondiaux visant à développer de nouvelles infrastructures énergétiques et à alimenter les technologies avancées », a indiqué le directeur général de la QIA, Mohammed Saif Al-Sowaidi.
Ce geste intervient moins de deux mois après l’entrée du fonds qatari au capital de l’entreprise canadienne : fin septembre 2025, Ivanhoe Mines a finalisé l’émission de 57,5 millions d’actions au profit de la QIA, désormais détentrice d’environ 4 % du capital.
Au total, l’opération a permis à Ivanhoe de lever près de 570 millions de dollars, dont 500 millions fournis par la QIA et 70 millions par Zijin Mining, qui a exercé son droit de maintien de participation à 12,2 % pour éviter toute dilution. CITIC, de son côté, n’a pas utilisé ce droit.
Aucun financement additionnel n’a été annoncé, mais ce MoU ouvre clairement la voie à d’éventuels soutiens financiers de la QIA aux projets d’Ivanhoe. Selon la communication d’Ivanhoe Mines, le MoU établit un cadre de collaboration dans la recherche, le développement et la fourniture des minéraux critiques nécessaires à la transition énergétique mondiale et à la montée en puissance des technologies avancées. La QIA y exprime également son intérêt pour les futurs projets du groupe, notamment dans le district de Makoko, en RDC.
Les dernières estimations publiées par Ivanhoe en mai 2025 évoquent 8,38 millions de tonnes de cuivre en ressources « inférées » pour l’ensemble formé des gisements Makoko, Makoko Ouest et Kitoko, encore en phase d’exploration. Ivanhoe présente cet ensemble comme l’un des plus hauts teneurs au monde et la cinquième plus importante découverte cuprifère de la dernière décennie.
Préparer l’après-pétrole
Le MoU souligne en outre que la QIA pourrait mobiliser son réseau d’institutions financières afin de faciliter l’accès à des financements préférentiels pour des projets de minéraux critiques en Afrique et ailleurs. La coopération envisagée couvre aussi d’éventuelles opérations de fusions-acquisitions, la participation à des infrastructures liées aux projets miniers (logistique, énergie, eau), ainsi que le développement conjoint de capacités de raffinage ou de transformation en aval.
Parallèlement à la RDC, Ivanhoe poursuit des programmes d’exploration pour de nouvelles découvertes de cuivre sédimentaire en Angola, au Kazakhstan et en Zambie.
Cette dynamique intervient dans un contexte d’intensification des investissements des pays du Golfe dans les minerais stratégiques africains, notamment des Émirats arabes unis et de l’Arabie saoudite. Ces États cherchent à diversifier des portefeuilles historiquement centrés sur le pétrole, afin de préparer l’ère post-pétrole et sécuriser les approvisionnements nécessaires aux chaînes de valeur des batteries et des technologies bas carbone.
Selon les données de la plateforme Critical Minerals: Pivotal Outlook, rapportées par Energia-Africa, les pays du Golfe ont injecté 2,2 milliards de dollars dans des projets liés aux minerais critiques en Afrique au premier semestre 2025. Plusieurs initiatives se développent. Al Mansour Holding, un conglomérat qatari, a annoncé plus de 100 milliards de dollars d’investissements en Afrique, dont quelque 21 milliards potentiellement destinés à la RDC dans plusieurs secteurs, notamment les mines.
De leur côté, les Émirats renforcent leur présence à travers International Resources Holding (IRH), filiale d’IHC, qui a conclu en juin un accord pour acquérir 56 % d’Alphamin, opérateur de la mine d’étain de Bisie — la plus importante de RDC — pour un montant estimé à environ 367 millions de dollars.
Timothée Manoke
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