Selon une correspondance datée du 17 juin 2025 adressée au ministre du Travail, Ephraim Akwakwa Nametu, l’intersyndicale d’Equity BCDC accuse la banque de préparer un licenciement massif déguisé. En cause : une communication interne du 6 juin annonçant qu’environ 460 employés soit près de 27 % de l’effectif total à fin 2023 sont soupçonnés de fraude, à la suite d’une enquête menée par la maison mère, Equity Group Holdings (EGH), basée au Kenya.
La direction de la banque aurait prévu d’engager une procédure disciplinaire « rigoureuse et exemplaire » conformément à sa politique de tolérance zéro. Mais les syndicats affirment avoir demandé en vain la communication de plusieurs éléments essentiels avant toute action : code de conduite, liste complète des agents concernés, période couverte par l’enquête, et montant des fraudes alléguées. Faute de réponse, Equity BCDC aurait tout de même adressé, dès le 10 juin, des demandes d’explication aux salariés visés.
Dans un courrier adressé à Equity BCDC le 12 juin, l’intersyndicale fustige une approche « précipitée » et « va-t-en-guerre » de la banque. C’est pourquoi les syndicats en appellent au ministre du Travail pour empêcher ce qu’ils considèrent comme une opération de purge.
Tensions sociales
Depuis le 30 janvier 2025, Equity BCDC et son personnel sont engagés dans un processus de conciliation mené par l’Inspection générale du travail. Cette médiation fait suite à l’inexécution d’un protocole d’accord signé le 20 novembre 2024, prévoyant notamment un alignement salarial avec effet rétroactif au 1er novembre et la finalisation de la classification des emplois. Pour les syndicats, les procédures disciplinaires en cours constituent une manœuvre pour se soustraire à ces engagements sociaux.
En République démocratique du Congo, les dirigent de la banque n’ont pas encore réagi publiquement. Début juin, le PDG de Equity Group, James Mwangi, a annoncé le lancement d’une vaste enquête interne dans l’ensemble de ses filiales, après des pertes évaluées à 2 milliards de shillings kényans (environ 15,4 millions de dollars) sur deux ans, imputées à des fraudes internes, notamment via des comptes offshore et des portefeuilles M-Pesa.
En mai 2025, le groupe avait notifié un licenciement à 1 200 employés au Kenya, leur accordant 48 heures pour prouver leur innocence. À défaut, ils devaient quitter l’entreprise, avec un package minimal : paiement du salaire jusqu’au dernier jour travaillé, indemnité d’un mois de préavis, les jours de congés non pris, et après déduction d’éventuelles dettes envers la banque.
Timothée Manoke, stagiaire
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