Généraliser l’accès à une énergie propre en République démocratique du Congo pourrait ne pas seulement réduire la pollution, selon Al Kintenge, un analyste économique, qui est intervenu lors d’un récent forum national de la société civile sur le secteur de l’énergie.
L’analyste a indirectement rappelé que cela pourrait aussi mettre en difficulté un secteur qui, dans la seule ville de Kinshasa, génère un chiffre d’affaires estimé à 300 millions de dollars par an, soit 25 millions de dollars par mois, selon les indicateurs qu’il a fournis. Dans cette capitale de plus de vingt millions d’habitants, où l’accès à l’électricité est limité, l’utilisation du charbon comme énergie de cuisson est courante.
Des filières parfaitement organisées permettent aux ménages et aux tenanciers de restaurants de proximité de répondre à une demande croissante. Cette dynamique est également présente dans d’autres provinces, notamment à l’est du pays et au Kongo central, où des progrès restent à faire en matière d’énergies propres, poussant les populations à trouver des solutions par elles-mêmes.
Le pays dispose pourtant d’un atout majeur pour attirer davantage de financements verts. Son territoire couvre environ 60 % de la forêt équatoriale, connue pour son efficacité à capturer les gaz à effet de serre. Les autorités ont estimé à 21,6 milliards de dollars les besoins de financement pour les risques climatiques, mais la mobilisation de ces ressources reste difficile, comme pour de nombreux pays africains.
Plusieurs initiatives existent, comme des projets visant à transformer le méthane du lac Kivu en électricité, ou encore la construction de mini-centrales électriques hors réseau. Cependant, l’analyse de ces projets montre qu’il existe encore des opportunités pour répondre à une demande qui concerne au moins 50 millions de personnes vivant dans des zones urbaines et semi-urbaines. Cette demande continue de soutenir le commerce controversé, mais nécessaire, du charbon de bois.
Georges Auréole Bamba