Les exportations congolaises d’or artisanal ont fait un bond de plus de 12 000 % en 2023, grâce à la première année d’activité de Primera Gold, fruit d’un partenariat avec la société émiratie Primera Group. Cette dernière détient 55 % de Primera Gold, contre 45 % pour l’État congolais.
Le gouvernement congolais est en passe de racheter les intérêts qu’il ne détient pas encore dans la société Primera Gold, une coentreprise avec le groupe Primera basé aux Émirats arabes unis. Cela mettrait fin à un accord de 25 ans signé en 2022 et portant sur l’achat et l’exportation d’or artisanal par cette société proche du pouvoir politique émirati.
Selon les informations relayées par Bloomberg, la fin du partenariat intervient après l’effondrement des exportations d’or de Primera Gold cette année, et pourrait s’expliquer par les récentes difficultés de la société. Outre les prix plus élevés proposés sur le marché noir aux mineurs artisanaux, Primera Gold a fait face à une réglementation bancaire limitant les transactions quotidiennes en espèces. Depuis novembre, les expéditions d’or auraient chuté de 50 %, après que la société a exporté pour 5 tonnes d’or à partir de la RDC l’année dernière.
Ce changement remet en cause l’existence du partenariat entre le gouvernement congolais et le groupe émirati, qui était censé lutter contre la contrebande d’or artisanal grâce à un « quasi-monopole » sur les exportations. Primera Gold dispose en effet d’une taxe préférentielle de 0,25 % sur les exportations d’or artisanal contre 6 % pour ses rivaux. Notons que l’activité de Primera Gold devrait être poursuivie par le gouvernement, mais rien ne garantit que les autorités aient de meilleurs résultats seuls que dans le cadre de la coentreprise.
Il faut souligner que le retrait de Primera Group du secteur de l’or artisanal ne signifie pas son départ de RDC. La société basée à Abu Dhabi devrait se concentrer désormais sur les minerais 3T (étain, tungstène et tantale), l’autre volet du partenariat noué avec le gouvernement congolais. L’achat et la transformation locale de ces produits miniers grâce à la mise en place d’une raffinerie sont notamment prévus.
Pour rappel, la contrebande d’or en RDC est l’un des moyens de financement des groupes non étatiques qui opèrent dans le pays, alimentant des conflits depuis plusieurs décennies. Cette contrebande est facilitée par la corruption des fonctionnaires chargés de réglementer l’exploitation artisanale et l’absence de l’État dans certaines zones d’exploitation.
Emiliano Tossou
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