Le 22 août 2025, le ministre des Finances, Doudou Fwamba Likunde, a obtenu du Conseil des ministres l’autorisation officielle de préparer la première émission d’eurobonds de la République démocratique du Congo. D’un montant de 1,5 milliard de dollars, l’emprunt est prévu pour être lancé avant le 30 juin 2026. Selon un communiqué officiel publié sur LinkedIn, les ressources mobilisées seront consacrées « au financement des infrastructures prioritaires et à l’amélioration de la connectivité nationale, conformément au Programme d’Actions du Gouvernement 2024-2028 ».
L’initiative est lancée dans un contexte ou la RDC affiche une stabilité macroéconomique relative, avec une inflation à 7,8 % en glissement annuel selon les récentes statistiques, une dépréciation du franc congolais qui reste contenue à 1,1 % depuis décembre 2024, une croissance économique estimée à 5,3 % en 2025. Des notations souveraines spéculatives (B- (S&P) et B3 (Moody’s)), mais deux autres avec perspectives stables. La dette publique demeure relativement faible, autour de 22,5 % du PIB, offrant encore une marge d’endettement
Le ministère des Finances doit encore dévoiler le calendrier précis de l’opération, mais il n’est pas certain que cela se déroule cette année 2025. Ce recours aux marchés internationaux n’était prévu ni par la loi de finances 2025, ni par sa rectification adoptée en juin, pas plus que dans le plus récent rapport du FMI lié au programme FEC (Facilité Elargie de Crédit) en cours. L’autre information qui est attendues concerne les groupes financiers qui seront mandatées pour arranger l’opération
Citi, qui depuis le début de 2025 occupe le premier rang des arrangements de dette en Afrique subsaharienne selon un classement de Reuters sur le premier semestre, possède une filiale en RDC. Il apparaît comme un candidat possible pour piloter l’opération, surtout dans un contexte où sont mises en œuvre des actions communes , avec les États-Unis, pour ramener une paix durable à l’est du pays. Le groupe sud-africain Standard Bank, qui figure dans le top 10 des arrangeurs de dette dans la région possède aussi une filiale à Kinshasa, et pourrait également être impliqué.
Le taux auquel Kinshasa empruntera est aussi une inconnue importante. Les investisseurs surveilleront les comparaisons avec des entreprises opérant en RDC, notamment Ivanhoe Mines, qui en fin janvier 2025 a obtenu 750 millions $ remboursables sur cinq ans, au taux d’intérêt annuel de 7,87%. Si un souverain bénéficie généralement de conditions plus favorables, la prime de risque imposée au Congo pourrait s’en rapprocher, surtout dans un contexte sécuritaire et budgétaire incertain.
Un succès de l’opération renforcerait la crédibilité financière de la RDC et élargirait son accès aux marchés internationaux, au-delà de l’appui du FMI et de la Banque mondiale. Mais une émission trop coûteuse pourrait peser durablement sur le budget et fragiliser la trajectoire macroéconomique, déjà soumise à des pressions sécuritaires et sociales.
Idriss Linge